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Critique de Fleitour


Je n'avais jamais imaginé rédiger une chronique sur les écrits d'un rappeur? Brassé dans ma jeunesse par la musique classique, la seule permise dans notre maison de Sceaux, puis drogué par mes enfants à la musique punk et aux rocks les plus divers, faire un saut dans le rap de banlieue, d' Abd al Malik relève de l'inexplicable.


Quoique, un de mes petits enfants fait du Hip-Hop et même en compétition, il a bien fallu apprendre, puis apprendre à aimer.

Abd al Malik, est d'une force incroyable quand il chante Brel, et s'approprie ses mots, comme sa fureur, "chez ces gens là on ne pense pas monsieur", ou, "les autres, c'est pas moi c'est les autres, et puis c'est les autres". A écouter sur https://www.youtube.com/watch?v=qsgs_nOYBxQ


Sa course, est celle, d'un homme issu des banlieues, dans la cité au Neuhof, une époque où l'héroïne était partout, une course qui finit par dévier et le heurter à la voix de Camus.
Pourtant dit-il," je conjuguais mon présent imparfait, d'une drôle de manière, entre les rires de mes potes, et les larmes de ma mère, les m'nottes des keufs et l'absence de mon père..."

Bouleversé par la voix monocorde de meursault, il entreprend après
l' Étranger, la lecture de l'Envers et l'Endroit, et sans le comprendre toujours, dit-il page 37, " je lisais, ébahi, par la puissance des émotions que me donnait la lecture de Camus."


Cette rencontre avec Albert Camus est le thème du livre d'Abd al Malik, Camus , L'Art de la Révolte. du père absent on file vers Camus le modèle,
" Et moi je voulais lui ressembler, la source de la vie, après avoir lu camus on ne peut plus vendre la mort".
Abd al Malik, reprend tous les thèmes chers à Camus, l'amour de ses racines, de sa rue, de ses immeubles, de sa tour...


Pendant son séjour d'une année passée à l'hôpital, il décide de faire face à la douleur et la solitude, et si, "Camus avait les siens et la lumière qui rit à Alger, il y a, " à Strasbourg la musique et ses frères d'armes."

C'est par ce qu'il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre qu'il faut continuer à vivre ( l'Envers et l'Endroit ).
Comme une évidence Abd al Malik poursuit par une sorte de mimétisme la vie de Camus.
La tuberculose se déclare, et Camus à 17 ans arrête le lycée, et part en convalescence chez son oncle.


Lecteur attentif de Camus, avec une sensibilité, plus perceptible que celle exprimée par certains casmusiens, Abd al Malik ne craint pas de citer le fameux discours de Suède : " les deux charges qui font la grandeur de l'écrivain, le service de la vérité et celui de la liberté". " Elle ne peut pas s'accommoder du mensonge et de la servitude qui là où ils règnent font proliférer les solitudes."

Abd al Malik, le rappeur, le Strasbourgeois, dont la famille est originaire du Congo, rajeunit d'une façon étonnante, et fait revivre les mots, les idées, les idéaux, de Camus, des thèmes universels que raconte ce rap : "mais des droits universels pour extraire les miens d'une lutte perpétuelle, c'est violent, c'est violent, c'est violent, ça c'est vraiment monstrueux.p 151."


Et pourquoi ne pas lire Abd al Malik, avant d'entreprendre la lecture de Camus, Camus l'art de la révolte.
Je suis resté, de très longs moments sous le charme de ces textes si simples, inspirés par un écrivain si limpide, qui ne cachait aucune de ses positions humaines ou philosophiques, mais cachait les noms de ceux pour qui il demandait la grâce présidentielle, sans oublier aucun de ses ennemis.
"Voir le monde avec des yeux neufs
loin des tours, des embrouilles et des keufs. P 171."

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