"Parce que la vie passe tellement vite qu'on n'a pas le choix, il faut la mordre à pleines dents en acceptant que les situations nous échappent, sans s'en faire."
"Elle ouvre ses yeux immenses et m'explique que malgré le temps, les rides et la mémoire qui flanche, les jolies choses restent intactes. Alors quand la vie fait sa garce, parce que la vie peut facilement nous faire dérailler et prendre un mauvais tournant, il ne faut pas hésiter à descendre au plus profond de soi et refaire jaillir une odeur, une matière, une image, une note de musique, quelque chose de doux pour affronter la violence et, surtout, s'en protéger."
"Devenir vieux, c'est devenir bon perdant."
L'établissement est une ancienne ferme plantée au milieu d'un champ, juste à la sortrie de la ville. Des pommiers glandent au milieu de l'espace vert bien taillé. Un jardinier ramasse les fruits. Les pensionnaires n'ont pas le droit d'y toucher pour des raisons d'hygiène et de sécurité. De toute façon la majorité ne peut plus se baisser pour les ramasser, sauf ceux qui vivent déjà pliés en deux, mais ceux là n'ont pas très envie d'attrapper des pommes. Et puis ce n'est pas bon pour ce qu'ils ont.
"Au-delà du verbe et des rêves, il n'y a pas d'autre solution que de se résoudre aux adieux."
La vieillesse, ça ne sert à rien, sauf peut-être à apprendre aux enfants à profiter de la vie avant la liste d’attente pour la Résidence des Lilas. A apprendre qu’il faut vivre sans se retourner. Commencer à oublier avant d’être lâché par sa mémoire. L’entretenir en refusant de se souvenir d’hier pour mieux embrasser demain.
"Il y a des blessures contre lesquelles on ne peut rien, parce qu'elles peuvent durer une éternité lorsqu'on préfère les polir au lieu de les tuer vraiment, en avançant."
Fais toujours de ton mieux et ne regrette rien.
Mouna a peur de mourir et moi j’ai peur de vivre. La fine équipe se serre les coudes en trinquant, verre contre verre, ce whisky est un pacte tacite, notre façon a nous de vaincre nos inquiétudes
Mouna m’a piqué une cigarette et fume la fenêtre ouverte. Elle me fait signe de la suivre sur le balcon. Elle a l’air d’une reine dans sa robe de chambre un peu grande. C’est une soirée douce de printemps. Dehors la campagne est tranquille, plus rien ne bouge. Le calme des alentours impose naturellement de parler à voix basse. Mouna fixe les pommiers du jardin et plonge son regard au loin. Rien n'a plus d'importance quand elle me demande sans me regarder :
- J’aimerais que tu m’emmènes voir la mer. Ça sera peut-être pour moi la dernière fois.