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Citations sur La forme de l'eau (27)

Incapable de percevoir Ta forme, je Te trouve tout autour de moi. Ta présence emplit mes yeux de Ton Amour, Elle rend humble mon coeur, Car Tu es parTout.
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Ce qu'elle ignore, c'est à quoi elle servira une fois là-bas, et quelles seront les conséquences. Mais on ne peut jamais savoir ces choses à l'avance, pas vrai ? Le monde change, ou il reste le même. On se bat pour ce qu'on croit juste, et on se réjouit de l'avoir fait.
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Le réveil secoue la table de chevet. Sans ouvrir les yeux, Elisa tâtonne en quête du bouton d’arrêt glacé. Elle était plongée dans un rêve profond, doux et chaud, et elle veut y retourner rien qu’une minute. Mais comme toujours, son rêve se dérobe à sa poursuite consciente. Il y avait de l’eau, de l’eau noire – ça, elle s’en souvient. Des tonnes d’eau qui l’entouraient de toutes parts ; pourtant, elle ne se noyait pas. En fait, elle respirait mieux qu’elle ne le fait dans sa vie éveillée, dans des pièces pleines de courants d’air, dans la bouffe bon marché et l’électricité crachotante.

Des tubas claironnent au niveau de la rue. Une femme crie. Elisa soupire dans son oreiller. C’est vendredi ; l’Arcade Marquee, le cinéma vingt-quatre heures sur vingt-quatre du rez-de-chaussée, diffuse un nouveau film – autrement dit, elle va devoir intégrer de nouveaux dialogues, de nouveaux effets sonores et une nouvelle bande-son à son rituel matinal si elle ne veut pas risquer la crise cardiaque en permanence. Maintenant, des trompettes. Maintenant, une foule d’hommes hurlants. Elle ouvre les yeux et voit d’abord le « 22:30 » affiché par le réveil, puis les lames de lumière du projecteur qui jaillissent entre les lattes du plancher, parant les moutons de poussière de teintes Technicolor.

Elle s’assoit et carre les épaules pour se protéger du froid. Pourquoi ce parfum de chocolat chaud dans l’air ? L’étrange odeur s’accompagne d’un bruit désagréable : un camion de pompiers au nord-est de Patterson Park. Elisa pose ses pieds sur le sol glacé et regarde clignoter la lumière du projecteur. Du moins ce nouveau film est-il moins sombre que le précédent, un truc en noir et blanc appelé Carnaval des âmes ; les riches couleurs qui se déversent sur ses pieds l’autorisent à glisser dans un confortable rêve éveillé. Elle a de l’argent, beaucoup d’argent, et des vendeurs obséquieux lui présentent un assortiment d’escarpins multicolores. « C’est ravissant, mademoiselle. Avec une paire de chaussures pareille, ma foi, vous allez conquérir le monde. »

Au lieu de ça, c’est le monde qui l’a conquise. Aucune quantité de babioles achetées dans des vide-greniers pour quelques pennies et punaisées aux murs ne pourrait dissimuler le bois rongé par les termites ou détourner l’attention des cafards qui s’éparpillent dès qu’elle allume la lumière. Elle choisit de les ignorer ; c’est son seul espoir de traverser la nuit, le lendemain, le reste de sa vie. Elle se dirige vers le coin cuisine, règle le minuteur, plonge trois œufs dans une casserole d’eau et passe à la salle de bains.

Elisa ne prend que des bains. Elle ôte son pyjama en flanelle tandis que l’eau coule. Au boulot, ses collègues abandonnent des magazines féminins sur les tables de la cafèt’, et d’innombrables articles ont informé Elisa des zones précises de son corps sur lesquelles elle doit faire une fixation. Mais les hanches et les seins ne peuvent rivaliser avec les chéloïdes roses et boursouflées des cicatrices sur les deux côtés de son cou. Elle s’enfonce dans la baignoire jusqu’à ce que son épaule nue touche le fond. Chaque cicatrice mesure sept ou huit centimètres de long et file de sa jugulaire à son larynx. Au loin, la sirène se rapproche. Elisa a passé toute sa vie à Baltimore, trente-trois années, et elle peut suivre la progression du camion dans Broadway. D’une certaine façon, ses cicatrices aussi dessinent un plan, pas vrai ? Le plan d’endroits qu’elle préfère ne pas se rappeler.

Enfoncer ses oreilles dans l’eau du bain amplifie les bruits du cinéma. « Mourir pour Chemosh, crie une fille dans le film, c’est vivre éternellement ! » Elisa n’est pas sûre d’avoir bien entendu. Elle presse un bout de savon entre ses mains savourant la sensation d’être plus mouillée que l’eau, si glissante qu’elle pourrait la fendre tel un poisson. Des bribes de son rêve agréable pressent sur elle, aussi lourdes que le corps d’un homme. Brusquement submergée par leur érotisme, elle insinue ses doigts savonneux entre ses cuisses. Elle est sortie avec des hommes et a eu des rapports sexuels, tout ça. Mais cela fait des années. Quand ils tombent sur une femme muette, les hommes profitent d’elle. Pas un seul d’entre eux n’a tenté de communiquer vraiment lors d’un rendez-vous. Ils se sont contentés de l’empoigner et de la prendre comme si, n’ayant pas plus de voix qu’un animal, elle en était un. Ça, c’est bien mieux. Si flou soit-il, l’homme de son rêve est bien mieux.

Mais le minuteur, cet avorton infernal, se met à couiner. Elisa postillonne, embarrassée même si elle est seule, et se dresse dans la baignoire, ses membres luisants et dégoulinants. Elle s’enveloppe d’un peignoir et, frissonnante, revient vers la cuisine où elle éteint le feu et accepte la mauvaise nouvelle dispensée par l’horloge : il est « 23:07 ». Comment a-t-elle perdu autant de temps ? Elle enfile un soutien-gorge au hasard, boutonne un chemisier au hasard, lisse une jupe au hasard. Elle se sentait intensément vivante dans son rêve, mais à présent, elle est aussi inerte que les œufs qui refroidissent sur une assiette. Il y a un autre miroir dans la chambre, mais elle choisit de ne pas le regarder, au cas où son impression serait justifiée et où elle serait invisible.
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La plupart des indigènes croient que le dauphin d’eau douce rose est un encantado, un métamorphe. Par les nuits comme celle-ci, il se change en homme d’une beauté irrésistible et se rend au village le plus proche. On peut le reconnaître au chapeau qu’il porte pour dissimuler son évent. Grâce à son déguisement, il séduit la plus belle femme du village et l’emmène dans sa maison sous l’eau. Attendez et vous verrez. Nous ne croiserons que très peu de femmes le long de la rivière la nuit ; elles ont trop peur d’être enlevées par l’encantado.
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Les indigènes sont des mutants que la chaleur ne ralentit pas. Ils marchent, ils grimpent, ils coupent. Strickland n’a jamais vu autant de machettes à la fois. Ils les appellent falcóns. Qu’ils les appellent comme ça leur chante : Strickland, lui, prendra son M63, merci bien. Le voyage à l’intérieur des terres commence sur une route de pénétration que quelque héros a ouverte tout droit dans la forêt tropicale.
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Henríquez raconte avec une ennuyeuse profusion de détails son voyage vers un avant-poste de l’Instituto de Biologia Maritima. Il affirme avoir manipulé – de ses propres mains ! – des fossiles calcaires ressemblant aux descriptions de Deus Brânquia. Les scientifiques les datent de la période du dévonien qui, le saviez-vous, monssieur Striickland, appartient à l’ère paléozoïque ? Voilà ce qui attire les hommes comme eux en Amazonie, affirme Henríquez. En ce lieu encore grouillant de vie primitive. Où l’homme peut remonter le cours du calendrier et toucher l’intouchable.
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L’atterrissage est terrifiant, la piste taillée à même la jungle.
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L’armée américaine, lit-il, pense que Deus Brânquia possède des capacités qui pourraient avoir des applications militaires significatives.
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S’il réussit cette mission, la plus importante à ce jour, il disposera des arguments nécessaires pour se récuser du service de Hoyt. Alors, il pourra rentrer à la maison – à Orlando, auprès de Lainie et de ses gosses, Timmy et Tammy. Il pourra devenir le mari et le père que le sale boulot de Hoyt ne lui a jamais permis d’être. Il sera un homme tout à fait nouveau. Il sera libre.
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On vous apprend surtout à connaître les flingues et les balles, hein ? La plupart des indigènes croient que le dauphin d’eau douce rose est un encantado, un métamorphe. Par les nuits comme celle-ci, il se change en homme d’une beauté irrésistible et se rend au village le plus proche. On peut le reconnaître au chapeau qu’il porte pour dissimuler son évent. Grâce à son déguisement, il séduit la plus belle femme du village et l’emmène dans sa maison sous l’eau. Attendez et vous verrez. Nous ne croiserons que très peu de femmes le long de la rivière la nuit ; elles ont trop peur d’être enlevées par l’encantado. Mais je trouve que c’est une histoire pleine d’espoir. Ne vaut-il pas mieux un paradis sous l’eau qu’une vie de pauvreté, d’inceste et de violence ?
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