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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est plus qu'un thriller, c'est un roman géopolitique qui, au travers d'un récit haletant, mêle l'histoire de la Chine à ses objectifs actuels, plus exactement ceux du Parti communiste chinois. Deux intrigues se croisent dans ce livre: le récit du héros historien portugais Tomas Noronha qui va tout tenter pour retrouver sa fiancée enlevée en même temps qu'une inconnue qui est une Chinoise de la minorité ouïghoure, minorité durement opprimée par le régime chinois.

C'est une course contre la montre et qui va mener nos héros à travers l'Inde, le Sri Lanka et le Japon...

La clé sera de trouver un dossier qui retrace la stratégie secrète de la Chine.

La jeune femme Ouïghoure dont il est question ici a une vie particulièrement difficile. Bien que membre du Parti communiste chinois, elle va subir des vexations, des discriminations et des violences, surtout à l'occasion de son emprisonnement dans un camp spécial, où elle va séjourner deux ans, à l'instar de près de 3 millions de personnes de cette minorité ethnique qui vont être également emprisonnées et amenées à faire des travaux non rémunérés après leur emprisonnement.

Au départ Madina avait tout pour réussir: intelligente et travailleuse, elle arrive à avoir un bon poste. Mais c'est alors que la présence des Hans (majorité ethnique du pays) dans sa région du Xin-Jiang (autrefois appelé Turkestan oriental) va devenir particulièrement oppressante: les élèves ouïghours n'ont plus le droit de parler dans leur langue à l'école, les adultes subissent quantités de mesures discriminatoires: files d'attente dans les administrations alors que les Hans chinois n'ont aucune queue à faire, retrait des passeports, mise sur écoute, non accès aux postes de l'administration ..

Elle va connaître l'horreur des camps de concentration, les laogai de sinistre réputation, où les prisonniers et prisonnières sont maltraités et affamés, et où des horreurs sont courantes: stérilisations forcées, trafic d'organes humains...De nombreuses personnes de cette minorité sont enfermées, pour un oui ou pour un non: ceux qui téléchargent l'appli Whatsapp par exemple, ou ceux qui ont communiqué avec des membres de leur famille partis en Turquie ou au Kazakhstan afin de fuir les discriminations...De manière générale, tous les "fengjiang" sont suspects, tous ceux qui n'appartiennent pas à l'ethnie dominante han.

L'histoire est très mouvementée et je n'en dirai pas plus.. Encore une fois l'auteur-journaliste portugais dos Santos nous impressionne par son talent et toute la documentation qu'il a utilisée, tant dans le domaine historique que technologique et social.

Le livre donne un aperçu de la stratégie chinoise actuelle qui se base sur des faits historiques anciens, stratégie inspirée entre autres par l'épopée historique ancienne des Royaumes combattants. La Chine aurait perdu le "ba" (sorte de suprématie) du fait de l'essor de l'Occident dans le passé. Elle chercherait à retrouver cette position de dominante du monde autour de plusieurs axes:
- utiliser la campagne pour encercler la ville = vassaliser les pays en voie de développement par le biais des nouvelles routes de la soie et ceci pour assiéger les pays développés;
- avancer "caché", se dissimuler afin de mieux obtenir des transferts de technologie vers la Chine et ceci en adoptant l'attitude "wan yuan nei fang" = rond à l'extérieur, carré à l'intérieur.. tout un programme, souple et gentil à l'extérieur mais dur et implacable à l'intérieur...
- être patient et attendre son heure (le shi)..
- encourager l'espionnage, entre autres en faisant pression sur les Chinois résidant en Occident,
- rendre la dénonciation de tout fait suspect obligatoire.

Tout cela est bien inquiétant et dépasse de loin le cadre de la fiction.. à tel point que la postface de l'auteur est très éclairante: il nous montre toute l'étendue de ce régime totalitaire: on a ici la plus grande détention de masse d'une minorité depuis l'Holocauste. D'autre part la Chine exporte ses technologies de "surveillance de la population" dans d'autres pays pas particulièrement démocratiques.. le Parti sait également, d'après l'auteur, tirer toutes les ficelles du lobbying, en matière culturelle par exemple, afin de "soigner" l'image de la Chine à l'étranger..
Dernière question évoquée par le livre: expansionnisme pour se maintenir au pouvoir? vaste question... l'expansionnisme serait une arme pour imposer une vision totalitaire des choses et empêcher les récits contradictoires à l'étranger... hypothèse largement suggérée dans le livre... de quoi frémir..

Bref un excellent livre du très talentueux dos Santos.. à lire surtout pour la documentation historique et géopolitique.
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« Big brother is watching you » avec des yeux bridés…

A travers ce volumineux roman ( 600 pages), José-Rodrigues Dos Santos nous plonge dans l'enfer que subissent le peuple Ouïghours, mais aussi les Kazakhs et les Kirghizes dans la province du Xinjiang à l'ouest de la Chine, près de la frontière tibétaine. On suit le parcours de Madina, jeune fille ouïghours que sa famille, de confession musulmane, a choisi, pour la protéger elle et sa famille, de faire entrer dès son plus jeune âge dans le système du parti communiste chinois.
Mais malgré son travail acharné, son adhésion aux idées du parti, son formatage intellectuel, elle reste et sera toujours considérée comme une autochtone, une « chinoise » de seconde zone. Malgré sa carte du parti, elle va endurer tous les tourments, toutes les atrocités que le parti communiste chinois a fait, continue de faire et fera encore subir à cette population que ce même parti trouve réfractaire à sa pensée unique.

Parallèlement à l'histoire de Madina, nous suivons les pérégrinations de l'historien Tomàs Noronha, personnage récurant de J-R Dos Santos, sorte d'Indiana Jones portugais, qui part secourir son épouse Maria-Flor, enlevée en même temps qu'une femme voilée, à la frontière du Tibet par des militaires chinois.

Par l'alternance des chapitres, l'auteur nous fait vivre tantôt les difficultés de Madina, tantôt les recherches de Tomàs pour retrouver son épouse.

Il y a donc bien deux livres dans ce roman. Deux ouvrages bien différents.
Le premier nous raconte la vie ou plutôt la non-vie de Madina qui ne comprend pas tous les obstacles placés sur son chemin malgré tous ses efforts. Cette partie, très documentés, nous fait entrer dans les coulisses du fonctionnement du parti communiste chinois et de la mainmise de ce dernier sur toute la population, ainsi que l'acharnement mis en place pour lutter contre toutes les formes de contre-pouvoir. Ce récit, bien que parfois un peu répétitif, nous interpelle, nous glace et ne peut nous laisser indifférent.

Le second de prime abord, n'apporte rien à l'histoire de Madina. Mais il permet surtout de mettre en évidence et d'expliquer les objectifs mis en place par le parti communiste chinois à travers la création des « Nouvelles Routes de la Soie ». Tomàs est aidé dans sa quête par Chang un agent de la CIA, chinois d'origine (on se croirait plonger dans Tintin au Tibet ).

Cette histoire « parallèle » permet à l'auteur de mettre en évidence les trois principes de base de l'actuel parti communiste chinois :
1-« Utiliser la campagne pour encercler la ville » ;
2- « Être rond à l'extérieur et carré à l'intérieur » ;
3- Cacher son jeu et attendre son heure ».
Si les deux premiers sont de Mao Tsé Toung, le troisième remonte à l'antiquité chinoise. Par contre, l'entrée en scène de la toute puissance américaine et à la fin de l'ouvrage, les effets spéciaux dignes d'un film de l'univers Marvel nuisent à la qualité du récit de l'histoire de Madina. C'est dommage.

En conclusion, ce roman très documenté et édifiant nous informe sur les visées mondialistes du parti communiste chinois, avec comme objectif de devenir la première puissance mondiale à l'horizon 2049, soit pour le centenaire de sa création, en rappelant la formule de Sun Tzu présente au début de l'ouvrage : « Tout l'art de la guerre est basé sur la duperie » !
Une belle découverte, que je conseille.

Chronique en collaboration avec poesidées.
Blog : http://gerardpipa.blogspot.com/

Merci aux Editions Hervé Chopin de m'avoir permis de découvrir cet auteur
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Passionnant… et révoltant. C'est le premier livre de cet auteur que je lis et certainement pas le dernier. Avant d'être écrivain, José Rodriguez dos Santos est un journaliste, et le présentateur vedette du 20h au Portugal. Et ça se ressent dans son roman.

Très documenté et s'appuyant sur des faits vérifiés, c'est une plongée sans concessions dans la Chine d'aujourd'hui. Système quasi totalitaire, surveillance massive et totale des citoyens, oppression, persécution, torture et exécution des minorités ethniques ou de tous ceux qui s'opposent à la ligne imposée par le Parti.

On a bien sûr tous entendu parler des Ouighours et le monde s'est à plusieurs reprises ému de l'existence de ces centres appelés « camps de rééducation » par la Chine. Je savais que cette minorité ethnique vivait sous une menace constante de répression. Je ne me doutais pas que c'était à ce point.
Les faits décrits dans le roman, et confirmés dans les notes de l'auteur à la fin, sont terrifiants, et stupéfiants. Des millions de personnes sont enfermées de façon arbitraire dans des conditions qui rappellent les camps de la mort de l'Allemagne nazie. Pour les hommes et femmes qui y survivent, c'est le travail forcé, l'esclavage qui permet à la Chine d'inonder le marché international avec des produits à très bas coût. Pour ceux qui auront le droit un jour de rentrer chez eux, ce sera avec l'obligation de se soumettre entièrement à la doctrine du Parti. Une vie sous surveillance totale dans laquelle le moindre écart, télécharger l'application WhatsApp par exemple, peut valoir un retour direct dans ces camps infernaux.

Au delà des révélations sur les persécutions et le génocide en cours, ce sont également les perspectives de la Chine communiste et sa stratégie à long terme qui sont dévoilées. Comment le Parti place ses pions sur le plan international, année après année, décennie après décennie, en caressant l'espoir d'arriver à soumettre le monde à son idéologie un jour. Inquiétant.

Ceux qui ont déjà lu cet auteur retrouveront son personnage récurrent, Tomàs Noronha, qui fait équipe avec la CIA pour retrouver sa compagne ainsi qu'une autre femme au nom de code Dragon Rouge, enlevée par le pouvoir chinois car détenant des informations susceptibles de le déstabiliser
En parallèle nous suivons le parcours de Madina, une jeune femme ouïghoure qui va subir de plein fouet la violence du régime chinois.

Au niveau purement littéraire ce n'est pas le meilleur roman que j'ai lu. Certains dialogues manquent de justesse et certaines scènes d'action, de crédibilité. Mais qu'importe. du début à la fin on est emporté dans cette histoire et on découvre, au delà de ce qu'on sait déjà sur la répression des Ouighours, la réalité concrète de la dictature que le Parti communiste chinois a mise en place et ses velléités expansionnistes.

À lire absolument.
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Avec La femme au Dragon rouge, thriller érudit inspiré de faits réels, J.R. dos Santos récidive avec une 10e « aventure » de son historien expert en cryptologie et omniscient. Cette fois-ci avec comme objectif de décrypter les visées du Parti communiste chinois, particulièrement depuis 1949, « des stratégies fondatrices du Royaume des combattants aux nouvelles routes de la soie ». Un roman qui repose sur une recherche documentaire toujours impressionnante et sur des témoignages recueillis auprès de ressortissants qui ont fui le régime. Un roman qui « n'est pas un roman sur la Chine et les Chinois, mais un roman sur le Parti communiste chinois et sa vision de la dictature du socialisme nationaliste - c'est-à-dire le fascisme - qui produit tant de souffrances à l'intérieur de ses frontières, et qui est déjà en train de tenter de s'exporter vers le reste du monde. »

La recette dos Santos est mise à profit un récit en deux volets, raconté en alternance de chapitre en chapitre.

D'abord celui qui nous fait découvrir l'histoire une jeune Ouïghour (60 % du roman), Madina qui, en quittant son village pour sauver sa famille, subira les humiliations et les violences engendrées par les actions du Parti communiste chinois pour fomenter le génocide des communautés « non chinoises » (Ouïgours, Kazakhs, Huis, Kirghizes...) de la région du Xinjiang. Une opportunité pour l'auteur lui permettant de mettre en évidence les répressions du système :

• ne jamais contredire le Parti : « Tout ce que le Parti dit est vrai, même ce qui peut sembler contradictoire » ; « le véritable communiste est celui qui est prêt à croire que le noir est blanc et que le blanc est noir si le Parti l'exige » ;
• discrimination dans les offres d'emploi et au travail ;
• surveillance de qui fait quoi, qui lit quoi : tout le monde surveille tout et tout le monde se surveille ;
• omniprésence des caméras dans les rues, les édifices, au travail et même dans les résidences et différents moyens de surveillance pour étouffer toute révolte ;
• stérilisations forcées ;
• programme « Devenir une famille » avec pour but d'établir une unité ethnique et d'apprendre à vivre à la chinoise : vivre avec un Han (un Chinois) une semaine par mois avec prises de photos diffusées sur Internet pour montrer l'ampleur et l'étendue de l'emprise du Parti sur sur les Ouïghours et les humilier. Programme obligatoire ? « Non, mais refuser c'est remettre en cause le Parti » ;
• postes de contrôle d'identité et de permission de circuler « check points » à tous les 200 mètres ;
• ruban adhésif apposé sur la bouche des enfants qui, à l'école, osent parler leur langue maternelle au lieu du chinois même s'ils sont trop jeunes pour en connaître la langue.
• statut de précriminel et de contre-révolutionnaire comme, par exemple, avoir eu 3 enfants, ne pas avoir mis un « J'aime » sur un message d'éloge du Parti... invité à « prendre le thé au poste de police » ;
• camps de rééducation : lavage de cerveau, tortures, conditions de vie inhumaines ;
• usines de production de biens où les travailleurs non rémunérés sont traités comme des esclaves.

En parallèle, Tomá Noronha fait équipe avec un jeune professionnel de la CIA dénommé Chang, ex-espion aux États-Unis pour le compte de son pays d'origine ayant viré capotm se remémorant les affres subites par ses grands-parents à l'époque du Grand bond en avant de Mao Zedong qui a éliminé 30 millions de personnes refusant d'adhérer à l'idéologie du régime.

Les chapitres du volet fictionnel du roman permettent de dévoiler progressivement le jeu politique du Parti. Une stratégie inspirée par la période des Royaumes combattants, il y a deux mille cinq cents ans, qui dura cinq siècles, avec à son apogée l'unification des sept États sous la dynastie Qin. À l'origine du nom de la Chine, la terre des Chin :

• endormir sa méfiance de l'adversaire ;
• manipuler ses conseillers et l'encercler sans qu'il s'en rende compte ;
• voler ses connaissances et ses technologies qui lui donnent un avantage ;
• garder à l'esprit qu'une puissance militaire plus grande n'est pas un élément essentiel dans une guerre longue, si les autres facteurs ne sont pas favorables ;
• ne jamais se laisser tromper ni encercler par l'adversaire ;
• être patients et attendre le shi, le bon moment pour arracher la victoire « cacher son jeu et attendre son heure ».

Les exemples cités dans les conversations entre Tomá et Chang sont nombreux. Dans le contexte canadien, avec le scandale de l'ingérence chinoise dans le processus électoral, l'affaire Huawei et celle des postes de police chinois, l'emprisonnement des deux Michael... ce roman donne des frissons dans le dos :

• la nouvelle route de la soie : le financement des pays pauvres jusqu'à l'étranglement subtil de leur économie ;
• la mainmise sur des ports pour contrôler et s'assurer les allées et venues ;
• censure chinoise sur des produits culturels de l'Occident, la stratégie « utiliser un bateau emprunté pour aller sur l'océan » : « utiliser les outils culturels d'autres pays pour faire passer, de manière subliminale, le message du Parti. Les gens commencent à se construire une image fantasmée et bienveillante de la Chine, et surtout de son régime, sans avoir conscience que les films qu'ils regardent sont préalablement soumis à la censure du Parti communiste chinois. Ça ne vaut pas seulement pour les films, mais aussi pour la littérature, le journalisme... pour tous les aspects de la production culturelle. Et c'est insidieux. »
• les principes wai yuan nei fang (rond à l'extérieur, carré à l'intérieur : l'apparence extérieure flexible, la réalité intérieure inflexible ; wai ru nei fa (extérieurement bienveillant, intérieurement impitoyable) ;
• intervention des « amis de la Chine » lors de grands événements, par exemple dans les universités, ou lors d'interventions de personnes susceptibles « de heurter les sentiments du peuple chinois »
• l'image publique même du Lingxiu, le timonier du parti, le Chef « plus de deux mille délégués présents au congrès [...] debout, en train de l'applaudir en rythme, tandis qu'une musique triomphale [rend] le moment grandiose. [...] élégant, vêtu d'un costume sombre et d'une cravate magenta, une étiquette rouge avec son nom accrochée au revers de sa veste, arborant un sourire contagieux et un air bon enfant, tandis qu'il [arpente] la scène devant de gigantesques rideaux rouges. Winnie l'ourson. Une personne aussi sympathique pourrait-elle faire du mal à une mouche ? » ;
• et son discours sur :
o « le socialisme aux caractéristiques chinoises » qui ne commettait pas les erreurs ayant conduit à la chute de l'Union soviétique ;
o « la démocratie aux caractéristiques chinoises » signifiant qu'il n'y a pas de démocratie ;
o « la vie privée aux caractéristiques chinoises », qu'il n'y a pas de vie privée ;
o « les droits de l'homme aux caractéristiques chinoises » qu'il n'y a pas de respect des droits de l'homme ;
o « l'État de droit aux caractéristiques chinoises » qu'il n'y a pas de loi à laquelle une personne peut faire appel pour se protéger des décisions arbitraires du Parti ;
o « Internet aux caractéristiques chinoises », qu'il faut une forte censure imposée à Internet ;
o « la mondialisation aux caractéristiques chinoises », qu'il est impératif de voler la propriété intellectuelle étrangère et de protéger le marché chinois des produits étrangers, tout en exigeant le respect de la propriété intellectuelle chinoise ainsi que le libre accès des produits chinois aux marchés étrangers.
• « Une hypocrisie sans limites, un univers de rhétorique mensongère, un ensemble de phrases qui signifiaient le contraire de ce qu'elles disaient. le monde du Parti était un monde de mensonges, de duplicité et de dissimulation. Les mots n'existaient pas pour exprimer la vérité, mais pour la cacher. »

L'objectif didactique de dos Santos est évident et l'emporte sur l'action romanesque comme c'est généralement le cas dans cette saga consacrée à différents sujets d'intérêt. La thématique du scénario de la femme au Dragon rouge est définitivement d'actualité, entre autres avec les liens qui « unissent » la Russie et la Chine dans la guerre en Ukraine. Elle amène le lecteur à réfléchir sur son rapport à acheter et à utiliser des produits chinois : par exemple des téléphones et des ordinateurs dont certaines composantes sont susceptibles d'en tracer l'utilisation ou des vêtements bon marché « fabriqués par une main-d'oeuvre forcée à travailler et qui n'a pas été rémunérée. En d'autres termes, nous achetons un produit fait par des esclaves et, ce faisant, nous finançons l'esclavage. »

Je ne souligne ici que la pointe de l'iceberg de ce que vous découvrirez dans ce roman troublant. Bien sûr, Tomá Noronha est un super héros : il connaît évidemment « assez bien l'histoire de l'ascension du Parti communiste chinois », entre autres, et est « très à l'aise avec la géographie, comme tout historien ». Les fonctions des unités américaines NAVCOMM, TSCCOMM, CMS, SURTASS n'ont pour lui aucun secret. Il n'hésite pas à sauter en parachute, à revêtir un exosquelette et à tirer sur l'ennemi. Sans oublier, son talent inné pour résoudre un message codé.

Malgré plusieurs redites qui auraient pu être éliminées et quelques « du coup » de la traductrice, ce roman contient de belles descriptions, telle celle du Grand Bazar d'Ürümqi et des scènes sur l'absurdité bureaucratique comme celle avec l'ambassade du Portugal à New Delhi. Il est complété par une carte qui permet de situer l'action, une note finale dans laquelle l'auteur présente ses sources d'inspiration et une vaste bibliographie spécialisée.

À noter dans l'épilogue l'étonnante déclaration de Maria Flor à Tomá qui influencera peut-être le futur de la série : « Quand il s'agit de sentiments, tu n'es rien d'autre qu'un lâche. Tu fuis le passé, tu me fuis, tu te fuis toi-même. Tu as subi un traumatisme et tu refuses de l'affronter, parce que tu as peur d'y faire face. D'où ces courses effrénées, ces aventures constantes, cette fuite incessante. Je pense [...] que le moment est venu, pour nous, de faire une pause. »

Il faut lire La femme au Dragon rouge pour apprendre, tout en se divertissant, à mieux connaître cette République populaire de l'amnésie qu'est la Chine moderne qui s'apprêterait à soumettre l'Europe en 2049, cent ans après le Grand bond en avant de Mao Zedong.


Originalité/Choix du sujet : *****

Qualité littéraire : ****

Intrigue : **

Psychologie des personnages : ****

Intérêt/Émotion ressentie : *****

Appréciation générale : ****

Lien : https://avisdelecturepolarsr..
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Le moins que l'on puisse dire, c'est que lorsque qu'un sujet tient à coeur à José-Rodrigues Dos Santos, il ne lâche rien et va jusqu'au bout. Comme d'accoutumée, l'auteur y va de son expérience, de son savoir et de ses recherches pour rendre son "dossier" le plus fiable et le plus complet possible...

Certes ! le sujet en question, le Parti Communiste Chinois, est très intéressant, et l'auteur est très consciencieux, d'ailleurs j'ai pu vérifié toutes ses informations sur le net, c'est complet, objectif, tout ce qu'on attend dans journaliste tel que lui... Cependant, ce que l'on attend d'un romancier, c'est un peu plus de... roman ! Les personnages principaux sont oubliés et l'histoire traine en longueur par trop d'informations et surtout beaucoup de répétitions. Je me suis lassée pour être honnête.

Pourtant, le concept était intéressant, récit en deux étapes qui se chevauchaient tout le long, c'est à dire, une partie en Chine avec "Madina" et le récit qui explique le pourquoi du comment elle finit par rencontrer Maria-Flor, l'épouse de Tomas Noronha, l'historien héros de cette sage. Puis le récit concernant justement le héros, qui est notre réceptacle à informations sur le Partie Communiste chinois.

Je suis ressortie frustrée de cette lecture, même si, grâce à J.R. Dos Santos, j'ai pu étendre des connaissances sur un sujet qu'au final je connaissais mal, le roman en lui même m'a déçue. Je pense que justement, l'auteur était trop préoccupé à faire connaître son sujet, mais trop...

Je n'arrêterai pas pour autant de suivre cet auteur qui est un vrai bain de sciences, dans la même lignée que Dan Brown.
Lien : https://pasionlivres.blogspo..
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Je suis toujours très partagé avec cet auteur
Il nous fait des révélations extraordinaires sur des sujets sensibles, mais le tout avec un super “ anti-hero” intellectuel à la JamesBond
J'ai adoré le sujet,
J ai adoré les 50 dernières pages d explications et de recherches , mais qu il m est difficile de lire un “ Marvel” avec un tel sujet et une telle documentation
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Fiction inspirée de fait réels comme toujours avec Dos Santos. Cette fois-ci, c'est l'histoire des Ouïghours qui nous est racontée en même temps que les visées du Parti communiste chinois sur le monde occidental. le roman est très intense et très troublant ! Heureusement, les chapitres sont courts. On peut le lire à petites doses. À certains moments, on a l'impression d'être dans 1984 de George Orwell ( l'auteur y fait référence d'ailleurs ). Il y a bien des répétitions cependant, mais on peut s'en accommoder : rappels pour notre mémoire ou encore mimétisme de ce lavage de cerveau que subissent les prisonniers dans les camps. C'est avec beaucoup de précision que Dos Santos nous présente les tactiques du Parti pour atteindre ses objectifs et c'est un peu affolant… J'ai beaucoup appris sur la politique internationale, comme c'est toujours le cas avec cet auteur. Comme toujours, Dos Santos, à la fin du roman, fait la part du réel et de la fiction et nous cite ses sources, ce qui nous trouble encore plus, car le réel y a une plus grande part que la fiction, le tout a tout simplement été inscrit dans un bon suspense. P.S. Ce n'est pas une lecture facile, mais je la recommande fortement.
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Ce roman se compose de deux histoires narrées en alternance, une qui trace la vie de Madina et la persécution des ouïghours (et autres minorités) et l'autre qui suit les pérégrinations de Tomas Noronha qui tente de sauver son epouse Maria-Flor et une inconnue détenues à la frontière chinoise.
Même si ce roman est une fiction, il est inspiré de faits réels. D'ailleurs, l'auteur prend un temps conséquent et c'est très louable, de détailler toutes ses sources. JR Santos a fait un travail énorme de recherche et se base ici sur des documents officiels ainsi que des témoignages de personnes ayant réussi à fuir le régime chinois.
Un thriller géopolitique qui met en lumière certaines des stratégies du parti communiste chinois :
- Utiliser la nouvelle route de la soie comme cheval de Troie afin de dissimuler son expansionnisme
- Utiliser la campagne pour encercler la ville soit soumettre les pays pauvres et en faire des vassaux afin d'assiéger les pays développés
- La dissimulation, principale stratégie utilisée à l'époque des Royaumes combattants telle que préconisée par Sun Tzu dans l'Art de la guerre
- Reaffirmer sa position de "ba" perdu au profit de l'occident
- Unification des esprits sous une culture chinoise unique dictée par le parti et par consequent l'éradication des cultures minoritaires notamment ouïghoure à travers les persécutions ethniques allant jusqu'à l'institutionnalisation du viol, l'esclavage, l'endoctrinement et les camps de concentration
Un roman percutant même si je n'ai pas vraiment apprécié les passages policiers qui m'ont semblé peu crédibles et qui ressemblent plus à blockbuster hollywoodien.


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Excellent roman, la femme au dragon rouge m'a été prêter par un collègue du club de lecture. La vie en Chine d'une jeune femme issu d'une minorité ainsi que le kidnapping d'une américaine sur une terrasse sont racontés en parallèle dans ce roman de José Rodrigues Dos Santos. J'ai mis plus de la moitié du roman (SPOILERS ALERLT) a réalisé que cette femme appelée Dragon rouge est en fait cette jeune chinoise qu'ont persécute et trimballe d'un camp de travail a un autre.
Je connais l'histoire, je savais en gros ce que pouvais être la vie en Chine ou la liberté d'expression est un concept plutôt flou. Mais d'y faire face de façon aussi frontale est toute qu'une expérience. C'était ma première lecture de cet auteur, ce ne sera sûrement pas la dernière. Dos Santos à une écriture très sure, un bon sens du rythme. La traduction, plutôt bonne. Et bien sur, référencé au possible. Ne vous laissez pas influencer par le nombre de pages et plongez!
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Un roman très dense et riche en informations et en témoignages sur un sujet difficile et dramatique: la persécution et l'anéantissement du peuple Ouïghour et, à travers ce drame, les ambitions de l'Empire du Milieu.

Si l'histoire est pure fiction et basée sur des personnages imaginaires, comme l'auteur le précise au début du livre il s'est largement inspiré de faits réels et d'évènements relatés par des témoins ayant subi directement cette violence. Il a d'ailleurs compilé l'ensemble de ses sources dans une note finale dont la richesse et l'exhaustivité justifie à elle-seule la lecture de ce livre pour quiconque s'intéresse à ce sujet et, plus globalement à la géopolitique et à l'évolution de notre société. Si, par contre, vous cherchez un roman avec beaucoup d'action et un scénario qui vous retourne le cerveau, cette lecture ne s'adresse pas forcément à vous. Vous serez certainement chamboulé, mais plus par le désarroi et la détresse qui s'accentuent au fil des pages que par le suspense ou un retournement de situation inattendu.

Si l'on retrouve bien le héros récurrent de l'auteur, Tomàs Noronha, engagé encore une fois dans une mission suicide dont il a le secret avec les services secrets américains, l'entièreté du scénario s'attache à suivre la vie de Madina, jeune Ouïghoure confrontée aux décisions du Parti communiste Chinois dans cette région du Xinjiang qui se transforme peu à peu en prison à ciel ouvert. Ces passages sont très développés et décrivent en profondeur, à la façon d'un documentaire, l'évolution de la société chinoise et le drame subit par l'héroïne et par les membres de sa communauté au quotidien dans un mélange d'injustices, de violences et de châtiments.

Plus globalement, l'auteur décrit, dans ce thriller bien documenté, le modèle de société imposé par le pouvoir chinois, basé à la fois sur la surveillance généralisée, la délation, la collaboration, la propagande ou encore le crédit social, avec un niveau de perfectionnement et de rendement à faire pâlir l'auteur de 1984. La rééducation combinant répression et technologie avancée comme fondement de la liberté et du droit des individus: un big brother version moderne et numérique qui fait froid dans le dos. Et l'auteur donne le coup final en évoquant ni plus ni moins que le projet du parti au pouvoir qu'il déploie, tel un être tentaculaire, depuis plusieurs décennies, sur ses membres et dans les pays « partenaires » développant, dans l'ombre, une "nouvelle route de la soie" dont l'apogée pourrait être son expansion au monde entier, jusqu'à en devenir le maître absolu. Perspective autant choquante que flippante mais que l'on peut malgré tout bien percevoir dans l'évolution silencieuse mais inéluctable de notre monde.

Au final, si j'ai parfois trouvé la lecture assez ardue, vu la complexité du sujet avec des passages assez longs sans trop d'action, en écho au supplice subie par l'héroïne, je ressors plus éclairé sur la réalité de la situation et sur la nécessité de défendre les valeurs humaines pour se préserver un avenir libre et sans fumée.
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