Citations de Cali (174)
Ça fait trembler le cœur de voir tous les amis du village, grands comme petits, vêtus de ce costume qui raconte tellement de choses pour les Catalans. Une sono de fortune envoie avec énergie les premières musiques. Déjà les grands exécutent avec une grâce magnifique une sardane.
C'est donc ça, la vie: des rêves qui se noient petit à petit, un sac où s'entassent pêle-mêle amours et joies, des chagrins qui pèsent et vous emportent vers le fond? Un sac que l'on porte en vacillant; alors on chute; notre vie se blesse à chaque mètre.
page 122
Il y a un passage secret au bout du jour. Les enfants parviennent toujours à le trouver. Il mène à un lieu sacré; on y confesse tout. Il a la forme parfaite d'un nid, le nid des bras de sa maman chérie. Quelque chose s'est effondré. Le passage n'est plus accessible; on ne distingue plus rien. J'en ai même perdu la trace. On me l'a volé, il est définitivement bouché.
pages 103-104.
Ça pue le tabac et l'alcool; l'alcool qui ruine tout bien-être, attaque vos sens comme un acide.
page 85.
La première fois où j'ai aperçu Fabienne, j'ai voulu vivre.
Cette vision de ces fesses sauvages délicieuses sous la jupe jaune, rouge et bleue, ondulant comme l'espoir au printemps, je l'ai toujours gravée là.
La première fois que j'ai vu Rachel à la rentrée scolaire, j'ai cru que c'était Marylin qui venait s'amuser à repasser sa classe de seconde.
Sylvia m'a vraiment appris à embrasser. Vraiment avant, rien avant. Sa langue comme une amie qui venait chercher la mienne pour la taquiner, la frôler, l'enrouler, la déshabiller et pour danser avec elle. Nos langues se découvraient, comme ça, dans nos bouches. Je suivais ses conseils. Parfois, elle me reprenait : "Tu tournes à l'envers."
J'ai ouvert la fenêtre et pour la première fois de ma vie, j'ai fumé. J'ai crapoté comme les grands qui se moquent des jeunes qui jouent aux grands. C'était dégueulasse, vraiment immonde, mais plus rien à vomir.
J'en étais arrivé à la conclusion que mon cœur devait être plus gros que la normale. Une obésité à sentiments, c'est ça.
Fabienne s'est peut-être aperçu de mon trouble. Elle s'est tournée vers moi en emportant son sourire. Alors, ses yeux. J'ai découvert les deux plus beaux yeux qu'il m'ait été donné de voir depuis ceux d'Alec. Depuis le début, depuis le tout début de ma vie, depuis quinze ans environ. Des yeux vert et violet. Un ravage.
C'était l'été, c'était Vernet et c'était doux. Je crois que j'étais en train de passer du côté de l'amour.
L'heure que je n'ai pas vécue.Ton enterrement.Ils m'ont dit de rester à la maison,et je me retrouve là,dans ta chambre,prés du lit.
C'est donc ça la vie : des rêves qui se noient petit à petit, un sac où s'entassent pêle-mêle amours et joies, des chagrins qui pèsent et vous emportent vers le fond ? Un sac que l'on porte en vacillant; alors on chute; notre vie se blesse à chaque mètre.
J'ai six ans. Et je suis seul à guetter depuis cette chambre plongée dans le noir. Ils vont bientôt revenir de là-bas, du chemin creux derrière l‘église. J‘ai six ans at j‘attends. J‘attends quoi ? Je ne sais pas. Que mon grand frère Aldo revienne. Qu'on s'amuse un peu. Je n'ai pas le droit d‘être triste. non ? J'ai envie que ces volets s‘ouvrent. envie de lumière. être sous le soleil de ton enterrement...
Aujourd’hui, il n'y a pas école. Impossible de toute façon. C'est toi la maîtresse. Nous sommes le 7 janvier. La date est sur le réveil posé près de ton lit, maman.
7 janvier. six ans, Vemet-les-Bains, enterrement de maman, interdiction d’y aller, ai tout vu de la chambre, volet mal fermé, ne pas pleurer.
Notre appartement est juste au-dessus de ta classe. On vit ici tous les six. C'est grâce à toi, grâce à ton métier qu'on a cette maison.
Je suis content de retrouver notre maison. Bien sûr, j‘aime beaucoup tonton Octave et tata Marcelle, mais je suis parti trop longtemps de chez moi. J'aime bien aussi leur chienne Diane, toute petite, toute minuscule. Leur bébé à eux. Tata Marcelle lui met même des pulls quand il fait trop froid. Eh oui. ça existe des pulls pour chiens. La preuve, elle en tricote. Papa a dit qu'il fallait que tu te reposes. maman. Alors, je suis parti là-bas.
Rue des Baux. C’est là qu‘est leur maison. Au bout de la rue, en bas du village, numéro 8. Tonton, sa passion c'est son jardin japonais, immense comme le monde avec des arbres tout petits. Il faut le voir s'affairer, tonton, parmi ces vies minuscules. Ces arbres de quelques centimètres frémissent dans l'air et dessinent un paradis de quelques mètres carrés. Depuis mon arrivée, je trace des petites routes de cailloux blancs. Elles Went entre des minicactus et des arbres nains. J‘exécute ma tâche délicatement, essayant de ne rien bousculer de mon corps de petit devenu un jardinier géant.
Tout le monde sait bien que le mensonge c'est comme la mort : ça n'existe pas.
Depuis ton départ, un voile noir a recouvert notre maison. Nous peignons tes silences sur les papiers chagrins des murs.
Seuls les enfants savent aimer.
Seuls les enfant aperçoivent l'amour au loin, qui arrive de toute sa lenteur, de toute sa douceur, pour venir nous consumer.
Seuls les enfants embrassent le désespoir vertigineux de la solitude quand l'amour s'en va.
Seuls les enfants meurent d'amour.
Seuls les enfants jouent leur coeur à chaque instant, à chaque souffle.
A chaque seconde le coeur d'un enfant explose.
Le docteur a même prononcé un mot, pas facile à dire vite : péritonite. C'est quoi ça encore ? Un copain de Tétanos ? Une maladie à tête de mort qui s'acharne sur les petits ?
Le chagrin n'est pas un papillon prisonnier. Il ne s'envole pas.