Citations de Martial (30)
A EMILIEN
Si tu es pauvre, Emilien,
Il n'est pas de remède :
L'argent ne va, tu le sais bien,
Qu'à celui qui possède.
SUR CHLOE
Pour ses sept maris morts, Chloé a fait inscrire
Au monument ces mots : "C'est Chloé qui l'a fait."
Je ne pense pas, en effet,
Qu'elle aurait pu mieux dire.
( humour noir )
CONTRE LINUS
Cher Linus, tu me demandais
Ce que rapporte ma campagne
De Nomentum. Ce que j'y gagne,
C'est que je ne t'y vois jamais.
(ma campagne = ma propriété à la campagne)
CONTRE CANDIDUS
A toi seul tes biens, tes écus,
Tes vases, ta vaisselle unique,
Tes vins du temps d'Opimius :
Fabuleux Cécube ou Massique.
Toi seul as un esprit mordant,
Toi seul la sagesse profonde.
Toi seul as tout, c'est évident...
Mais ta femme est à tout le monde.
Lycoris, ô Fabianus, a mis au tombeau toutes ses amies. Puisse-t-elle devenir l'amie de ma femme !
Par peur de l'ennemi se priver de la vie,
C'est se jeter dans l'eau par crainte de la pluie.
II.80
Pendant que tu es chez toi, Galla, on s'occupe de ta parure dans la rue Suburra, où l'on est en train de friser les cheveux qui suppléent à ceux que tu n'as plus ; tu ôtes chaque soir tes dents comme ta robe ; tes attraits reposent dans cent boites diverses, et ton visage ne couche pas avec toi ; tu t'avises pourtant de m'agacer avec le sourcil qu'on t'apporte le matin ; et tu oses montrer sans rougir ces secrets appas que les années ont blanchis, et que tu peux déjà compter au nombre de tes aïeux. Quoi qu'il en soit, tu me promets monts et merveilles ; mais ma mentule fait la sourde oreille ; et, toute borgne qu'elle est, elle te voit.
IX.38
Dasius sait compter les baigneurs : il a réclamé pour la grosse Spatalé trois places : elle a payé.
II.52
Quand dans les bains on entend crépiter des applaudissements, il est probable que l’énorme bite de Maron en est la cause.
IX.34
Tu veux, Lesbie, que je sois toujours en érection devant toi ; crois-le bien, l'arc viril ne se tend pas comme le doigt. Tu as beau l'exciter par une main caressante et de douces paroles, ta figure agit contre toi avec un empire invincible.
De quoi ta femme te soupçonne-t-elle, Linus et de quel côté veut-elle que tu sois le plus chaste ? Elle te l'a montré assez par des indices certains : elle t'a donné comme gardien un eunuque. Elle a beaucoup de flair et elle est très intelligente.
II.54
Eh bien ! Candide, soit : toi seul, possèdes tout ;
Toi seul tu réunis l'agréable et l'utile.
Biens de campagne, biens de ville.
Beaux vases, bonne cave, et bon sens et bon goût,
Bon coeur et bon esprit surtout.
Enfin, chez toi, pour toi, Candide, tout abonde,
Puisque tu le veux, j'en conviens ;
Oui, tout est pour toi seul ; j'en excepte un seul bien,
Ta femme, qu'avec toi partage tout le monde.
III.26
Le fait que tu t'épiles la poitrine, les jambes, les bras ; le fait que ta verge tondue n'est entourée que de fins poils, tu le fais, Labienus – qui ne le sait pas ? – pour ta maîtresse. Mais quel est ton but, Labienus, quand tu t'épiles le cul ?
II.62
Doris veut épouser Damon,
Et je trouve qu'elle a raison ;
Damon refuse la femelle,
Je le crois aussi fin qu'elle.
IX.6
J'ai bu dernièrement du vin consulaire. Tu me demandes s'il était vieux, s'il était généreux ? Le consul lui-même l'avait mis en bouteille, et, Severus, c'était le consul lui-même qui nous le versait.
VII.79
Contre Maximina
’Ride si sapis, o puella, ride’
Paelignus, puto, dixerat poeta.
Sed non dixerat omnibus puellis.
Verum ut dixerit omnibus puellis,
Non dixit tibi: tu puella non es,
Et tres sunt tibi, Maximina, dentes,
Sed plane piceique buxeique.
Quare si speculo mihique credis,
Debes non aliter timere risum,
Quam ventum Spanius manumque Priscus,
Quam cretata timet Fabulla nimbum,
Cerussata timet Sabella solem.
Voltus indue tu magis severos,
Quam coniunx Priami nurusque maior.
Mimos ridiculi Philistionis
Et convivia nequiora vita
Et quidquid lepida procacitate
Laxat perspicuo labella risu.
Te maestae decet adsidere matri
Lugentive virum piumve fratrem,
Et tantum tragicis vacare Musis.
At tu iudicium secuta nostrum
Plora, si sapis, o puella, plora.
MARTIAL, II, 41.
Le rire vous sied bien ; riez, nymphes gentilles,
A dit certain auteur, de Sulmone, je crois.
Mais ce conseil qu’il donne à quelques jeunes filles,
Maxime, si tu veux être de bonne foi,
Conviens qu’il ne s’adresse à nulle moins qu’à toi.
Tu n’as plus que trois dents d’une ébène assez noire,
Cesse de les montrer ; et si tu veux m’en croire,
D’un rire délateur crains l’éclat imprudent,
Comme pour ses cheveux Spanius craint le vent,
Pour sa robe, Priscus un fâcheux voisinage,
Pour ses roses, Fabulle ou la pluie ou l’orage,
Sabella, pour ses lys un soleil trop ardent.
D’Hécube ou d’Andromaque affiche l’air austère :
Fuis tout plaisir bruyant, évite tout banquet
Où la gaîté se donne une libre carrière ;
Les propos agaçants où le rire pourrait
Épanouir ta lèvre et trahir ton secret.
Redoute Philiston et ses farces comiques ;
N’assiste désormais qu’aux spectacles tragiques.
Mêle tes pleurs à ceux dont une femme en deuil
De l’objet le plus cher arrose le cercueil.
Aux beautés de vingt ans laisse la gaîté folle ;
Pleure, Maxime, pleure ; aujourd’hui c’est ton rôle.
Contre Linus.
Cher Linus, tu me demandais
Ce que rapporte ma campagne
De Nomentum. Ce que j'y gagne,
C'est que je ne t'y vois jamais.
In LInum.
Quid mihi reddat ager quaeris, Line, Nomentanus ?
Hoc mihi reddit ager : te, Line, non video.
Contre Candidus (III, 26)
Praedia solus habes et solus, Candide, nummos
Aurea solus habes, murrina solus habes (…)
Omnia solus habes – nec me puta uelle negare –
Uxorem sed habes, Candide, cum populo.
A toi seul tes biens, tes écus,
Tes vases, ta vaisselle unique (…)
Toi seul as tout, c’est évident…
Mais ta femme est à tout le monde.
Gellia a perdu son père et ne le pleure pas quand elle est seule.
Voici quelqu'un: des larmes de commande jaillissent.
On ne pleure pas pour être admiré, Gellia;
La vraie douleur, c'est la douleur sans témoin.