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Critiques de Melanÿn (109)
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Mission M'Other

Un roman écrit comme un journal de bord. La présentation est également faite de cette façon avec un petit clapet aimanté.

On suit donc l'arrivée de Lia sur terre, seule survivante d 'un vaisseau. Elle découvre la terre ou il se passe de drôle de choses.

Au fil des découvertes de Lia , elle "collectionne" certains indices qui sont joints a son journal : des photos, des cartes, des prospectus,...



J'ai trouvé ce roman jeunesse très bien fait. Déjà par son format original et le fait de pouvoir manipuler les indices. D'ailleurs ma deuxième fille qui est très BD et pas du tout roman a directement plongé le nez dedans , grâce a cela.

Effectivement pour nous adultes, ce roman peut paraître très simple parce qu'on devine très vite les tenants et les aboutissants. Par contre pour un jeune ados de 13 ans je suis convaincue que ce roman est une pépite pour s'immerger à la fois dans un roman de SFFF et dans un pseudo polar.

D'autant que ce livre se lit très vite.



Les graphismes sont très réussis, d'une grande finesse, et ils donnent un intérêt notoire a l'histoire. Seul petit bémol, pour mes yeux vieillissants, quand le texte est superposé au dessin.. mais comme c'est un roman jeunesse je ne vais pas tenir rigueur de ce petit défaut.



Je gardais le meilleur pour la fin. On reconnaît bien évidemment la patte de Pierre Bordage, avec des idées qui lui sont chères . Et comme je suis assez souvent d'accord avec lui, j'ai également trouvé un intérêt pour nos enfants grâce a ce roman. Tout d'abord, il va pousser nos chérubins a se questionner, et très certainement a en discuter avec un adulte ou des camarades , et donc de fil en aiguille d'avoir une certaine ouverture d'esprit.



Je conseille donc vivement ce roman.

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Chimère(s) 1887, tome 2 : Dentelles écarlates

Suite de la description sans concessions du Paris de la fin du 19ème siècle, où les affaires du canal de Panama se règlent dans la maison close de madame Gisèle, où les ennemis de Ferdinand de Lesseps sont prêts à tous les coups pendables pour anéantir ses projets, allant jusqu’à le compromettre avec une prostituée mineure : la pauvre Chimère qui se retrouve l’instrument innocent de cette sombre affaire.



Pauvre Chimère, elle n’est pas épargnée par sa maîtresse madame Gisèle qui n’hésite pas à lui mettre la gueule dans la merde, au sens propre, mais rien n’ébranle sa volonté de s’en sortir. Heureusement que certains personnages naïfs et attachants sont là pour lui remonter le moral, comme Oscar l’ado amoureux de la fillette au premier coup d’œil, ou le brave Léonardo, concepteur de sex toys inventifs qui fabrique pour elle une magnifique poupée.



Le propos est bien glauque et cependant le dessin à base d’esquisses, voulant peut-être imiter l’esprit impressionniste naissant de l’époque, est décalé vers la comédie. C’est paradoxal. Je commence à m’y faire mais parfois je râle en estimant que Vincent n’est pas allé au bout de son boulot. Malgré tout l’intrigue politico-affairiste et les malheurs de l’héroïne sont addictifs. Et l’on est ravi de voir passer dans la « maison luxueuse » des personnages célèbres comme Maupassant. Cerise sur le gâteau : les origines de madame Gisèle sont peu à peu dévoilées. Figurez-vous qu’elle connut la gloire des planches, et entama une romance avec un certain Vincent, futur grand peintre…

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Le Chant d'Excalibur, tome 6 : Les gardienn..

Ou comment Arleston revisite les légendes arthuriennes avec un décalage de 600 ans... Ainsi que certaines mythologies pour se sortir de mauvais pas quand la malchance est de leur côté, à Merlin et à la porteuse d'Excalibur.



On ne peut pas dire que les graphismes m'aient conquise pour cette série mais l'histoire a su m'intéresser jusqu'au bout grâce à quelques pointes d'humour et au sacré caractère de la jeune pucelle. Mis à part ça, la fin m'a paru un peu tirée par les cheveux car tout se résout en moins d'un tome alors qu'ils n'ont eu que des problèmes jusqu'à ce dénouement. Alors certes, on ne s'ennuie pas puisque les évènements et les aventures s'enchaînent vite et bien mais il me manque une certaine cohérence et une logique à toute cette histoire. C'est une BD qui se lit sans trop de soucis pour se vider la tête mais il ne faut pas en demander plus pour le coup.



Comme vous l'aurez compris, cette série a été une bonne lecture mais sans plus, elle ne restera pas parmi mes préférées. Je ne suis pas une grande amatrice des légendes arthuriennes, elles ne m'ont jamais plus attirée que ça (je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs, même si j'ai beaucoup aimé le dernier film sur « Le roi Arthur »), mais je ne pense pas que cette série soit faite pour les puristes du genre. Il y a beaucoup trop d'incohérences et surtout de libertés prises par Arleston sur Merlin et sa légende. Si vous cherchez néanmoins une lecture détente, je vous conseille de lire cette BD, elle sort de l'habituel imaginaire d'Arleston. Pour ma part, je vais continuer à vider la bibliothèque de mon ex, plus que quelques séries et j'aurais fini ma découverte d'Arleston.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Légendes de Troy - Tykko des Sables, tome 3 :..

Parmi toutes les séries d'Arleston, je trouve que celle-ci est une excellente découverte. Mon affection pour Tykko a duré jusqu'à la fin du tome 3 et j'ai même été déçue que la série soit déjà finie. J'aurais bien aimé le suivre plus longtemps. L'histoire est plus compliquée qu'elle n'y paraît au premier abord et je suis allée de surprises en surprises tout au long de ma lecture.



On découvre un coin perdu de Troy, qui n'a pas un accès total à la magie mais cela n'a pas toujours été le cas. Par le biais de Tykko, on sait pourquoi et on apprend également quel est son rôle dans toute cette histoire. Les graphismes sont tel que je les aime, superbes, et qui donnent l'impression de voyager même si ce monde est totalement imaginaire.



Une excellente découverte donc pour ma part que je vous conseille très fortement de découvrir si vous voulez parfaire votre connaissance de monde de Troy.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Légendes de Troy - Nuit Safran, tome 2 : La v..

Cette série ne comporte que 2 tomes. Du coup, c'est vite lu et cela sera sans doute vite oublié. J'avais remarqué le premier tome depuis quelques temps déjà sur priceminister mais ayant pas mal à lire, j'en avais toujours repoussé l'achat. J'ai bien fait finalement car l'histoire est sympathique mais pas inoubliable par rapport aux autres séries d'envergure d'Arleston. On y rencontre la famille de la baronnie Nuit Safran lors d'un tournoi. Suite au décès brutal du baron à la fin de celui-ci, sa fille Libbelule va tout faire pour prouver que le second fils est félon, même à se mettre en danger. Nous sommes toujours dans l'univers de Troy mais en baronnie, là où la magie est exécrée au grand dam du petit Moustik.



Je ne suis pas particulièrement fan des graphismes de cette série car on dirait qu'ils sont fait à la va-vite, sans beaucoup de soin ni de détails. Mais ils me rebutent moins que pour « Voyage aux Ombres ». Le dessinateur reste quand même relativement proche de l'univers déjà créé par Tarquin pour les trolls, les dragons, etc. Détail amusant, les 4 enfants du baron ont tous un nom d'insectes (Libellule, Moustique, ...), orthographié différemment bien sûr.



Comme vous l'aurez compris, cette mini-série a été une bonne découverte et je suis bien contente de l'avoir piqué dans la bibliothèque de mon ex. Cela fera toujours une BD de moins à déménager. Si vous êtes amateurs de l'univers de Troy, je vous conseille donc de découvrir ces 2 BD. Arleston a même poussé l'audace à créer une chronologie entre les différentes séries qu'il a inventé autour de Lanfeust et cet univers de magie et de dieux originaux.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Chimère(s) 1887, tome 4 : Les liens du sang

Et voilà, on connait à présent l’identité de Chimère, c’est…

Couic !





Excusez-nous de cette interruption momentanée de l’encre virtuelle. Certains éléments confidentiels menaçant d’être révélés sans qu’une certaine somme nous ait été versée, nous avons été contraints de couper le courant. La liberté d’expression ne va pas jusqu’à la liberté de spoiler (du moins en dessous de la certaine somme susmentionnée)



Vous êtes là ? Je suis à l’antenne ?



Ahlàlà ! Pas facile de faire des critiques dans ces conditions. Pas spoiler, pas spoiler… je fais comment moi !

Disons donc que la nouvelle situation de Chimère lui permet à présent d’intervenir dans la marche à suivre de la Perle Pourpre, le bordel le plus huppé de la capitale. (je suis toujours à l’antenne là ? ok !) Elle y apporte une certaine nouveauté. Et elle essaie de marchander la photo qui compromettrait Ferdinand de Lesseps auprès de ceux qui souhaitent sa chute. Mais elle est un peu trop sûre d’elle et…

Oup ! J’ai failli re-déraper !



Bref j’ai quand même failli croire que l’on tombait dans la routine, le « déijaà-vuou » (à prononcer avec l’accent américain de Néo dans Matrix). Mais bientôt changement de décor, on se retrouve à New York. Aaah ! New York fin 19ème, classe, j’apprécie. Les américains constatent les dégâts de leur complot avorté pour bousiller la réputation de Lesseps (et récupérer ainsi le marché du canal de Panama) et conçoivent un nouveau plan : introduire une espionne à …



Re-Couic !



Tention ! Dernier avertissement avant clôture du compte ! (ou paiement compensatoire)



Bon ! Ras-le-bol ! Zavez qu’à le lire ! Vous devriez d’ailleurs ! Cette série est un petit bijou. Faut juste se faire au dessin, ça surprend au début pis on s’y fait. Vivement la suite !

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Chimère(s) 1887, tome 1 : La perle pourpre

Eh bien voilà qui me change des univers dans lesquels je vaque habituellement.

Ma curiosité a été attisée par la critique de l’excellent site Objectif-BD.be. Elle a bien été rassasiée la petite gourmande. J’ai pris goût au plat. Va me falloir lire tout le service maintenant.



Le premier tome pose la situation. Nous sommes en 1887 (comme c’est écrit dans le titre). Ferdinand de Lesseps galère à essayer de creuser le canal de Panama. Il a besoin de fric. Pour ça le mieux est de lancer un emprunt public. Là faut l’autorisation de l’assemblée (on est en pleine 3ème république hein). Bon, Ferdinand sait s’y prendre : des pots de vin aux bonnes personnes accompagnés de petits cadeaux genre : un petit tour dans l’un des meilleurs bordels de luxe de Paris, la maison de madame Gisèle.

Justement, le pensionnat pour jeunes filles vient de recruter une jeune nouvelle de 13 ans d’apparence très timide : Chimère. L’on va vite comprendre que cette timidité cache une connaissance parfaite de ce qui fait jouir les clients et une volonté de fer concentrée sur un seul objectif : s’en sortir.



L’on découvre donc l’ambiance du bordel et le jardin zoologique des clients riches, étrangers, parfois connus (Sigmund Freud dites-donc !), amateurs de galipettes et de temps en temps carrément pervers. Mais surtout on fait connaissance avec les pensionnaires qui ont toutes leur personnalité. Elles viennent de tous horizons, l’Afrique, l’Asie, l’Europe. Elles n’ont pas froid aux yeux. Elles supportent tant bien que mal de se laisser chevaucher en espérant gagner assez pour pouvoir un jour racheter leur dette auprès de Madame Gisèle. Mais malgré leur sort peu enviable considéré à l’aune des critères d’aujourd’hui, elles savent qu’elles ont de la chance : hors du bordel, dans les bas-fonds de Paris, c’est la jungle. Elles n’y survivraient pas une heure.



Alors on peut considérer que le point faible, c’est le dessin. Moi je m’y suis habitué. Les décors de la ville, des restaurants, des salons sont superbes ; on voit la tour Eiffel se monter petit à petit. Les êtres humains en revanche sont assez bâclés, caricaturés. Ceux situés à l’arrière-plan des dessins sont limités à des esquisses. Ma foi, on peut y voir un clin d’œil à l’Impressionnisme…

Évidemment, c’est plutôt cru et dénudé comme BD. On n’est pas chez les Bisounours. Amis babéliotes prudes s’abstenir.



Chimère montera-t-elle en grade ? Influencera-t-elle les plans de ses riches clients ? Aura-t-elle un rôle dans la lutte sans merci opposant Français et Américains autour du canal de Panama ?

J’ai hâte de le savoir…

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Légendes de Troy - Le mystère d'Alunÿs, tome 1 ..

Ce coup-ci, nous rencontrons un sage d'Eckmül, Alunÿs, en pleine recherche scientifique, qu'il teste sur son chat Shëpah. Faute de malchance, tout ne se passe pas comme prévu et il se retrouve fort diminué intellectuellement. Voulant retrouver son intellect, il se lance à l'aventure avec deux apprentis en stage de fin d'études afin de trouver un traducteur digne de ce nom aux miaulements de Shëpah. S'ensuit différentes aventures liées à leur expédition maritime avec des rencontres inattendues. Le tout pour arriver à une destinée des plus loufoques, mais dès le début, on sait que cette histoire est complètement barrée car le chat a de la suite dans les idées...



J'ai retrouvé un style graphique proche de Lanfeust avec des couleurs très ensoleillées. L'histoire créée est très originale tout en restant dans un univers connu. L'avantage de ces histoires en peu de tomes (1, 2 ou 3) est de nous en faire découvrir davantage car nous suivons des personnages totalement différents de Lanfeust, certains sont plus ou moins loufoques. Pour le moment, je ne me lasse pas d'apprendre à mieux connaître ce monde fantastique des plus complexes. Je vais donc de ce pas en continuer l'exploration.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Chimère(s) 1887, tome 3 : La Furie de St Lazare

A la fin de l’épisode précédent, je me rongeais les ongles d’inquiétude. Pauvre Chimère ! Je l’avais laissée dans une bien fâcheuse situation. Soupçonnée de meurtre, elle est emprisonnée dans l’inquiétant établissement pénitentiaire de Saint Lazare où sont aussi enfermées des « cinglées » traitées par le professeur Charcot.



L’intrigue politico-affairiste est dans l’impasse. Ferdinand de Lesseps a été photographié au lit en galante compagnie dans une maison de luxe mais l’auteur de la photo l’a égaré et son commanditaire n’est pas prêt à passer l’éponge. Ce dernier décide de prendre les choses en main directement mais devra négocier avec… Chimère, eh oui ! Pourquoi ? Je vous laisse vous précipiter sur la série pour le savoir.



Un épisode qui tourne un peu en rond en son milieu, mais dont la fin explosive et bourrée de révélations sur Chimère et sur Gisèle la tenancière de La Perle Pourpre rattrape les faiblesses. Toujours sympa : les descriptions et petites confidences distillées sur le Paris de cette fin de 19ème siècle.



Une anecdote en prime : j’ai par deux fois dû demander à des libraires où ils rangeaient cette série. Les deux m’ont indiqué le rayon fantastique… alors que, je peux vous l’assurer, il n’y a pas un atome de fantastique là-dedans. Le nom de l’héroïne les aura abusés.

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Chimère(s) 1887, tome 1 : La perle pourpre

La retenue conduit souvent à la déconvenue.

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Ce tome est le premier d’une hexalogie, formant une série indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2011. Le scénario a été réalisé par Christophe Pelinq (Christophe Arleston) & Melanÿn (Mélanie Turpyn), les dessins par Vincent Beaufrère et la mise en couleurs par Piero. Cette bande dessinée compte quarante-six pages.



En 1880 à Auvers, dans le grand domaine d’une riche maison, la jeune Chimère, une enfant âgée de six ans, s’amuse au bord du ruisseau à faire peur aux grenouilles. Une des pensionnaires de madame de Montpessus est venue la retrouver pour lui dire que la maîtresse de maison l’attend. Une fois la jeune fille devant elle, madame de Montpessus lui annonce sans ménagement qu’un pli vient d’arriver de Paris : la mère de Chimère est morte la semaine dernière. Elle n’enverra plus d’argent pour sa fille. La propriétaire déclare à Chimère qu’à partir de maintenant, il va falloir qu’elle se rende utile. Elle lui ordonne d’amener le lapin que la fillette tient dans ses bras, à la cuisine et d’y rester. À Panama en 1887, après avoir réussi le percement du canal de Suez, Ferdinand de Lesseps lutte depuis des années pour réunir les océans Atlantique et Pacifique. Mais pour les ouvriers et les ingénieurs sur place, le rêve a tourné au cauchemar. Ce jour-là, il pleut à verse, le sol se dérobe sous l’excavatrice, un énorme engin, qui chute le long de la pente, emportant les rails avec lui, et écrasant un groupe d’ouvriers qui se trouvaient en contrebas. Le docteur Fulgence sur place ordonne de dégager ceux qui peuvent l’être, vers l’infirmerie. Il examinera les autres sur place. Deux observateurs américains se disent que les Français ont à peine besoin qu’on les aide pour tuer leurs ouvriers, il faut tout de même desserrer un petit boulon de temps en temps. Une fois sa besogne terminée, le docteur rejoint l’ingénieur dans la cabane de chantier : il lui annonce qu’il rentre bientôt à Paris pour remettre son rapport à monsieur de Lesseps.



Paris, mars 1887. Monsieur Eiffel a commencé à construire une tour qui défigure la capitale et scandalise les Parisiens. Il est parfois difficile de se faire à trop de modernité. Un sujet qui passionne autant dans les bistrots des Halles que dans ces clubs pour messieurs de la bonne société que sont les bordels de luxe. On s’y rend pour rencontrer des relations, parler affaires, et parfois même pour s’amuser. Plusieurs clients évoquent la stratégie de Ferdinand de Lesseps : ce dernier veut lancer un nouvel emprunt. L’un estime qu’il serait étonnant que l’Assemblée donne son accord. Un autre répond que ces députés-là feront comme les précédents : là où monsieur de Lesseps leur dit de faire. Il suggère au premier de demander son avis à Cornelius Herz qui se trouve là également : sa fonction est de les cajoler pour le plus grand bien de la Compagnie du Canal. Un peu plus loin, Madame Gisèle s’excuse auprès d’un petit groupe : les affaires l’appellent, en lien direct avec l’événement de la soirée.



Même s’il n’a pas identifié le nom du coscénariste comme étant le vrai nom du créateur de Lanfeust, au vu de la couverture, le lecteur se dit qu’il doit s’agir d’un récit de genre, peut-être une version alternative de Paris (la tour Eiffel en construction figure en bas à droite) avec une adolescente comme héroïne, peut-être avec un pouvoir magique. En effet l’esthétique retenue, qui correspond en tout point à celle des dessins à l’intérieur, évoque les productions Soleil, avec en tête leur public cible. La première page introduit un doute avec l’annonce but en blanc de la mort de sa mère à une fillette de sept ans. La deuxième scène semble inscrire le récit dans la véritable Histoire, avec l’évocation du chantier du canal de Panama. La troisième scène se déroule dans une maison close parisienne, de haut standing certes, mais le clou de la soirée, l’événement attendu est la vente aux enchères de la virginité de Chimère, alors âgée de treize ans en 1887. Le bref texte de la quatrième de couverture confirme le fait de manière explicite. Le lecteur comprend qu’il ne doit pas juger une histoire sur les caractéristiques des dessins : des couleurs vives et gaies, la touche de légèreté et d’entrain pour croquer les visages et les silhouettes des personnages, comme une réminiscence de bandes dessinées pour la jeunesse. Il n’en est rien : les conditions de vie dans la maison close expliquée par Madame Gisèle à la nouvelle pensionnaire, s’avèrent explicites quant aux pratiques sexuelles et leur tarif.



Il faut un peu de temps au lecteur pour qu’il réconcilie la nature réelle du récit, à ses a priori sur l’apparence des dessins. Une fois son mode de lecture adapté, il se rend compte que ce décalage apparent d’intention entre dessins et histoire lui évite de devenir le voyeur à son corps défendant de maltraitances et de sévices sur une mineure, sur des femmes privées de leur liberté. Une fois passé le choc de la vente aux enchères de la virginité d’une jeune adolescente de treize ans, il comprend vite qu’il n’est pas au bout de ses peines. Le client ayant remporté l’enchère réserve cette défloraison à un ministre, un cadeau pour services rendus à la Compagnie Universelle du Canal Océanique de Panama. Cet entremetteur s’avère être Cornelius Herz (1845-1898), un médecin et homme d'affaires impliqué dans le scandale de Panama. Le ministre bénéficiaire de ce cadeau, non content de violer une mineure, la violente physiquement en plus. Le lendemain, Chimère a droit à la visite de l’établissement, avec les commentaires de Marguerite, l’une des filles, sur les particularités de chaque chambre et de sa décoration, jusqu’à l’antre de supplices au sous-sol.



Puis Madame Gisèle, la mère maquerelle, explique le fonctionnement des rémunérations à Chimère : la dette initiale de l’adolescente s’élève à quatre cent cinquante louis, son prix d’achat aux Montpessus, moins le prix de la vente de sa virginité, sur lequel Gisèle a menti à la jeune fille, la grugeant ainsi de trois cents louis. La tenancière continue : c’est elle qui tient les comptes, la virginité ne se vend qu’une fois, du moins dans son établissement. Les autres passes de Chimère seront bien plus modestes, entre quinze et vingt francs. Comme elle est particulièrement fraîche, la Perle Pourpre demandera donc trente francs durant quelques semaines, puis vingt-cinq lorsque l’effet de nouveauté s’estompera. La moitié reviendra à Chimère, l’autre moitié est la part de la maison. En outre, à la Perle Pourpre, une fille ne refuse jamais rien au client. Mais Gisèle doit être informée des demandes particulières, afin d’en fixer le tarif. Elle déduira chaque semaine de ses revenus cent-vingt-cinq francs, afin de couvrir les frais de bouche, de gîte, le coiffeur et le médecin. Chimère a tôt fait de calculer combien d’années il lui faudra pour rembourser sa dette et combien de passes ça représente par semaine. Plus loin, sont également évoquées les punitions en cas de désobéissance, en particulier le séjour d’une semaine chez la mère Marville, c’est-à-dire une maison d’abattage, attachée à une paillasse, et c’est un client toutes les dix minutes pendant quatorze heures par jour.



En parallèle de la découverte de la réalité du métier de prostituée dans une maison close, court une intrigue secondaire consacrée à la construction du canal de Panama. Les auteurs évoquent les conditions de travail épouvantables et létales des ouvriers sur le chantier, les méthodes répréhensibles pour convaincre ou forcer les décideurs politiques à favoriser l’entreprise de Ferdinand de Lesseps, y compris par des fonds publics. Cette facette du récit relève de la reconstitution historique alimentée par des personnages ayant réellement existé comme Ferdinand de Lesseps (1805-1894), Cornelius Herz (1845-1898), ou encore Sigmund Freud (1856-1939) comme client de la Perle Pourpre. Il est fait mention de Gustave Eiffel (1832-1923). Le lecteur peut voir la tour Eiffel à l’état de chantier, seul le premier étage ayant été construit. Les dessins font également œuvre de reconstitution historique en montrant l’époque : les tenues vestimentaires des messieurs et des dames, les modes de transport, les rues de Paris, la décoration intérieure des différentes pièces de la Perle Pourpre, les toits de Paris. Le lecteur sent bien que l’artiste prend plaisir à imaginer des tenues de travail sophistiquées pour les prostituées, y compris leurs accessoires. Dans le même temps, il ne les sexualise pas comme si le lecteur tenait le rôle de voyeur. La nudité se cantonne à la poitrine féminine et à quelques postérieurs rebondis, sans se situer dans le registre de l’érotisme, ni même de la titillation. Tout du long, le lecteur se délecte du niveau de détails élevé, de la richesse des images, donnant une consistance rare à la reconstitution historique, accompagnée par la vitalité des personnages. Ceux-ci surjouent parfois un peu, tout en faisant montre d’un registre étendu d’émotions.



Une couverture séduisante et intrigante qui n’en dit pas beaucoup sur le contenu. Le lecteur découvre l’histoire d’une jeune adolescente de treize ans qui est vendue à une maison close, son intégration commençant par la vente aux enchères de sa virginité. La narration visuelle peut décontenancer un instant avec quelques caractéristiques de surface qui peuvent faire penser à une histoire pour jeune adolescent. Après avoir ajusté sa façon d’interpréter les images, le lecteur s’immerge dans un récit noir sur la réalité de la gestion des filles dans une maison close, sur fonds de trafic d’influence et de corruption au profit du projet de construction du canal de Panama par la société de Ferdinand de Lesseps.
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Légendes de Troy - Tykko des Sables, tome 3 :..

Avec la série "Tykko des sables", Christophe Arleston continue d'exploiter le filon du Monde de Troy où tout le monde dispose de pouvoirs magiques à condition de se trouver dans la zone d'influence d'un mage relais (toute allusion à la magie des Nouvelles Technologique d'Information et de Communication n'est sans doute pas fortuite ^^). Sauf que dans le Désert de Delpont, la magie s'est tarie et qu'on doit toucher physiquement lesdits mages pour avoir accès à sa propre magie, et que lesdits mages opèrent à de tarifs à la seconde absolument exorbitants (oui nous vous voyons, opérateurs téléphoniques qui se sont entendus pour arnaquer la population en sa totalité)…





Dans ce tome 3, pour accomplir la prophétie et sauver Ayasha et son peuple du Néant, Tykko rejoint la colline des cent temples. Christophe Arleston se fait plaisir en se plongeant et en nous plongeant dans les aventures picaresques à la Jack Vance dont il est un grand fan, ici avec une série de cultes tous plus baroques et plus déjantés les uns que les autres (les adorateurs de Ganult, le dieu à tête de kamle, des babacools new age et des féministes fanatiques et intégristes), mais on retrouve aussi le dénouement torché plein d'incohérences des familles dont l'auteur américain est coutumier...





On sent bien que quelques tomes de plus étaient prévus pour raconter l'histoire, mais après 4 ans et ½ d'attente on a une conclusion précipitée un peu ratée et on aurait pu espérer un peu mieux des professionnels du milieu même si l'ensemble retombe sur pieds.
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Légendes de Troy - Tykko des sables - Intégrale

Avec la série "Tykko des sables", Christophe Arleston continue d'exploiter le filon du Monde de Troy où tout le monde dispose de pouvoirs magiques à condition de se trouver dans la zone d'influence d'un mage relais (toute allusion à la magie des Nouvelles Technologique d'Information et de Communication n'est sans doute pas fortuite ^^). Sauf que dans le Désert de Delpont, la magie s'est tarie et qu'on doit toucher physiquement lesdits mages pour avoir accès à sa propre magie, et que lesdits mages opèrent à de tarifs à la seconde absolument exorbitants (oui nous vous voyons, messieurs les opérateurs téléphoniques qui se sont entendus pour arnaquer la population)…





Tome 1 : "Les Chevaucheurs des vents"





Tome 2 : "La Cité engloutie"





Tome 3 : "La Colline aux cent temples"







Pas fan des dessins du dénommé Keramadas : plein de bonnes choses pourtant dans la mise en scène et le découpage, mais l'anatomie humaine est d'autant plus mise à rude épreuve que certaines personnages changent de morphologie d'une planche à l'autre, voire d'une case à l'autre… Par contre les couleurs de Bruno Garcia, assisté de Cyril Vincent, sont elles très agréables et tire la série vers le haut !

Sur le fond la série est surtout victime des défauts habituels de Christophe Arleston : ses séries sont précipitées au délayés, et dans les deux cas avec des concepts mis en avant puis oubliés carrément ça peut finir en eau de boudin malgré de bon débuts...
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Légendes de Troy - Tykko des sables, tome 2 :..

Avec la série "Tykko des sables", Christophe Arleston continue d'exploiter le filon du Monde de Troy où tout le monde dispose de pouvoirs magiques à condition de se trouver dans la zone d'influence d'un mage relais (toute allusion à la magie des Nouvelles Technologique d'Information et de Communication n'est sans doute pas fortuite ^^). Sauf que dans le Désert de Delpont, la magie s'est tarie et qu'on doit toucher physiquement lesdits mages pour avoir accès à sa propre magie, et que lesdits mages opèrent à de tarifs à la seconde absolument exorbitants (oui nous vous voyons, opérateurs téléphoniques qui se sont entendus pour arnaquer la population en sa totalité)…





Dans ce tome 2, intitulé "La Cité engloutie", notre ex-orphelin est désormais un apprenti pillard suivant les leçons musclées mais numérotées de Kruug son géniteur : pour moi difficile de m’enlever de la tête le duo formé par Scott Mary / Giuliano Gemma et Frank Talby / Lee Van Cleef dans le western spaghetti "Le Dernier Jour de la colère"… ^^

Mais dans les ruines de la cité de Shantide, le jeune Tykko n’a de cessé de retrouver le fantôme d’Ayasha qui le fait passer de l’autre côté du miroir pour lui conter la triste histoire du peuple des sables et le moyen de le sauver par delà le temps et l’espace… A la première occasion, il prend la poudre d’escampette avec son monture Nuigre et sa mascotte Disney compatible Geck pour accomplir la prophétie, tandis que Flish à force de flatteries et de fourberies monte en grade dans la hiérarchie servile dans l’espoir de se venger de lui…



L’ensemble est d’autant plus sympathique que Christophe Arleston ne peut s’empêcher de multiplier les clins d’œil voire les empruntes en bonnes et dues formes :

- au "Dune" de Frank Herbert avec ces simili Fremens sans cesse en quête d’eau, la Bête qui remplace le Shai-Hulud, les douves des sables qui remplace les truites des sables, Tykko renommé Möh Adyb en l’honneur de l’ombre du ver sur la 3e lune alors que Paul Atreides avait été renommé Muad'Dib, la souris du désert dont on voyait une ombre sur la lune… J’ai aussi cru reconnaître un dénommé Feyd, et je ne vous parle même pas d’Arjakis / Arrakis ! ^^

- à "L’Histoire sans fin" de Michael Ende, avec cet ado rêveur mais aussi courageux que généreux qui doit sauver l’univers de poche d’une petite impératrice qui se réduit comme peau de chagrin face à l’avancée du néant…

- à "Prince of Persia" avec ses histoires de sables magiques, de cités perdues, de pièges diaboliques et de voyages dans le temps

Pas fan des dessins du dénommé Keramadas : plein de bonnes choses pourtant dans la mise en scène et le découpage, mais l'anatomie humaine est d'autant plus mise à rude épreuve que certaines personnages changent de morphologie d'une planche à l'autre, voire d'une case à l'autre… Par contre les couleurs de Bruno Garcia, assisté de Cyril Vincent, sont elles très agréables et tire la série vers le haut !

Sur le fond la série est victime de gros défauts, mais je préfère en parler dans la critique du tome 3…
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Chimère(s) 1887, tome 1 : La perle pourpre

Ce tome de mise en place est assez prometteur et se déroula dans un univers propice aux scénarios divers et sulfureux : les maisons closes du Paris de la fin du XIXe siècle.

Alors, oui, ça permet aussi de se laisser aller sur le côté racoleur...

En parallèle de l'histoire de Chimère (l'héroïne de 13 ans recrutée par la Perle Noire, une maison close haut de gamme), nous suivons aussi l'histoire du Canal de Panama. Les histoires se frôlent et je suis curieuse de connaitre la suite de l'histoire.

Côté dessin, je ne suis pas vraiment séduite. Si les paysages et les décors sont impeccables, je trouve les personnages assez grossiers et trop caricaturaux.

A suivre...
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Légendes de Troy - Le mystère d'Alunÿs, tome 1 ..

Nous sommes dans le monde de Troy, bien avant Lanfeust, mais Eckmül est déjà une université réputée qui forme les plus grands sages. Et parmi eux on trouve Alunÿs, un sage sur le point de faire une grande découverte mais qui tourne court. Une partie de son intelligence se retrouve coincée dans le cerveau de son chat et ce sortilège sera bientôt irrévocable.



Dans la série des légendes de Troy nous faisons donc connaissance avec Alunÿs et son chat, ainsi que d'un étudiant : Kyslapeth le bien nommé et une jeune herboriste qui se rêve sage Marikiri. les voilà tous parti dans une expédition pour concocter le sortilège qui permettra de rendre toutes ses facultés au vieux sage.

Une histoire légère qui se lit facilement mais je n'y ai que partiellement adhéré. Les jeux de mots et situations cocasses sont assez lourdingues. Plutôt humour de collège pas très fin... Et il n'y a riend 'autre dans cette histoire pour relever ça, un dommage

Même le dessin manque cruellement de subtilité.
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Chimère(s) 1887, tome 2 : Dentelles écarlates

À la Perle Pourpre, quoi qu’il arrive, les clients doivent être satisfaits.

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Ce tome fait suite à Chimère(s) 1887, tome 1 : La perle pourpre (2011). Son édition originale date de 2012. Le scénario a été réalisé par Christophe Pelinq (Christophe Arleston) & Melanÿn (Mélanie Turpyn), les dessins par Vincent Beaufrère et la mise en couleurs par Piero. Cette bande dessinée compte quarante-six pages.



À Paris en 1874, dans la boutique d’un marchand d’art, le jeune Vincent entre et se fait fraîchement accueillir par monsieur Boussod qui lui fait observer qu’il est en retard et que ça devient une habitude. Vincent s’excuse. Le patron continue en lui demandant si ça ferait plaisir à son oncle de savoir que son neveu ne prend pas son travail au sérieux. Il enchaîne en lui demandant de l’aider : ils ont reçu un nouvel arrivage de La Haye. Le propriétaire parie que le frère de Vincent lui envoie encore de ces maudits impressionnistes. Le jeune homme répond que Théo sait ce qu’il fait : un jour, les gens s’apercevront qu’il n’y a pas qu’une seule vision de la peinture. Boussod s’emporte en découvrant une toile : N’importe quoi ! Une caricature ! C’est d’une vulgarité sans nom. Il estime qu’ils ne vendront pas un seul de ces machins. Il insiste lourdement pour que Vincent comprenne : C’est la boutique d’un marchand d’art, pas un atelier d’excentriques qui barbouillent comme des enfants. Il s’en va, en demandant à son apprenti d’assurer la fermeture de la boutique. Quelques moments plus tard, Louis entre et propose à Vincent qu’il ferme, pour qu’ils puissent assister à l’inauguration de la réouverture des salles Tuileries, celles qui avaient brûlé. Vincent ne se fait pas prier. En s’y rendant, ils passent devant une affiche pour Olympe qui se produit à l’Opéra Bouffe.



Dans les locaux de la Perle Pourpre en mai 1887, Gisèle s’adresse sèchement à Chimère devant les autres prostituées. Elle lui assène que même si les hommes s’arrachent ses prestations, elle ne se montrera pas plus indulgente avec la jeune adolescente. La patronne la charge de faire le tour des pots de chambre et de remplir le seau qu’elle lui confie. Quand Chimère aura fini, elle pourra revenir, et Gisèle aura autre chose pour elle. Alors que l’adolescente effectue la tournée des pots de chambre, Marguerite la rejoint et elles discutent. L’aînée fait observer qu’en détruisant son carnet devant Gisèle, Chimère est allée un peu loin. Ce à quoi son interlocutrice répond que c’était son journal intime, c’est personnel. Marguerite répond tristement que Chimère n’a plus rien de personnel ici. Elle appartient à la maison jusque dans ses pensées, ce qu’elle a fait était un affront direct. La jeune fille n’est pas plus impressionnée que ça : si la maquerelle ne lui a pas trouvé plus terrible châtiment que de vider les thomas, elle devrait y survivre. En fait, c’est d’Élise qu’elle se soucie, elle espère qu’elle est loin maintenant. Elle confirme qu’elle l’a aidée à s’enfuir, ce que chacune d’entre elles aurait fait. Marguerite est impressionnée, et elle ajoute que Chimère n’a que treize ans, qu’elle peut prendre en main son destin.



Le lecteur ouvre ce tome deux avec la ferme envie de savoir ce qu’il advient de la jeune adolescente Chimère (treize ans) qui se retrouve comme prostituée à l’établissement la Perle Pourpre à Paris, et dont la virginité a été mise aux enchères dans le premier tome. Celui-ci commence par un marchand d’art, en 1874, alors que le temps présent du récit se situe en l’an 1887. Puis l’histoire revient à Chimère et à la Perle Pourpre, et passe une page et demie après à Élise que le lecteur avait peut-être déjà enterrée. Sans oublier Ferdinand de Lesseps (1805-1894) et ses difficultés à financer la poursuite des travaux du canal de Panama. Et même le passé de Gisèle la tenancière de la maison close. L’intrigue peut donc apparaître suivre des méandres qui modifient la perception qu’en a le lecteur. D’un autre côté, cela le renvoie au titre qui se présente avec un S entre parenthèses : cela induit que l’histoire est celle de Chimère, et qu’elle évoque d’autres chimères, c’est-à-dire des projets vains ou impossibles. Le lecteur y voit un commentaire sur le projet du canal de Panama, une chimère entretenue par De Lesseps. Par ricochet, cela peut également s’appliquer au projet de Gustave Eiffel (1832-1923), c’est-à-dire sa tour qui est en construction et dont le premier étage apparaît comme décor en fond de case. Dans le registre des personnages historiques, le lecteur relève le prénom de deux frères : Vincent et Théo, dans une séquence où il est également des premières toiles de peintres impressionnistes. Il n’y a pas à s’y tromper : il s’agit des frères Van Gogh et de la naissance de ce mouvement pictural qui va à l’encontre des canons de l’art établi et des règles académiques, une autre chimère.



La notion de chimère s’applique également aux personnages du récit : le projet de fuite d’Élise, le projet d’un avenir meilleur pour Chimère, et par jeu de miroir le projet de vie de Gisèle (Olympe) jeune, le récit au temps présent montrant ce qu’il en est advenu. De séquence en séquence, l’histoire personnelle de l’adolescente apparaît bien comme le fil conducteur du récit : les vies des uns et des autres se croisent dans l’établissement de la Perle Pourpre, et croisent celle de Chimère. Cette demoiselle voit passer les clients dans les salons de la maison close de luxe, les personnages historiques précités, et quelques autres dont Guy de Maupassant (1850-1893) en personne. Les dessins participent à cette reconstitution historique en montrant l’époque. Dans les décors : les visions de rues de Paris aussi bien en 1874 qu’en 1887, comme une grande avenue de Paris ou une ruelle désaffectée, les toits des bâtiments aux alentours de la Perle Pourpre ou sa cour intérieure, la tour Eiffel en construction ou un bateau sur la Seine, et un peu plus loin l’île de la Jatte avec son temple de l’Amour. Le dessinateur investit également beaucoup de temps pour représenter les intérieurs : le grand salon de la Perle Pourpre et quelques chambres, l’atelier de Leonardo avec ses outils et son établi, la boutique du marchand d’art avec ses tableaux et ses caisses, le bureau du commanditaire de l’enquête de Blandin.



Le lecteur retrouve cette esthétique qui amalgame des caractéristiques visuelles de bande dessinée tout public, avec des situations adultes, entre amour tarifé et violence horrifique. Le coloriste met en œuvre une palette de nature proche du réalisme, avec quelques touches un peu plus vives de ci de là pour mettre en valeur un élément visuel ou une réaction plus intense sous le coup de l’émotion, une giclée de sang, ou un visage faussement amical. Il passe parfois discrètement dans un mode plus allégorique comme l’ambiance très lumineuse du piquenique à l’île de la Jatte pour évoquer un moment hors du temps, enchanteur. L’artiste joue avec des expressions de visage parfois exagérées, comme un sourire trop large, des yeux trop grands et trop humides, des tailles trop fines, des pieds un peu trop effilés. Il peut également accentuer une posture ou un geste, donner un air faussement romantique à une affiche, exagérer le mouvement d’un triporteur dont les roues ne touchent pas le sol dans une course-poursuite, accentuer la giclée de sang jaillissant d’une blessure. Ces caractéristiques visuelles donnent un air de bande dessinée d’aventure tout public, une lecture accessible et facile.



Dans le même temps, le récit se déroule majoritairement à l’intérieur de la maison close, pour un total de trente-et-une pages. L’héroïne est âgée de treize ans, et si la majeure partie des clients vient comme à une soirée mondaine, une bonne partie d’entre eux vient également pour acheter une relation tarifée. Les auteurs se montrent honnêtes avec le lecteur et représentent des femmes pas toutes majeures dans des tenues mettant en valeur leurs rondeurs sexualisées, les dénudant souvent pour appâter le client avec de la chair. Les caractéristiques des dessins font que ces scènes restent dépourvues de caractère érotique : il s’agit d’une transaction commerciale avec des professionnelles qui n’y mettent pas de sentiment. Les hommes obtiennent uniquement ce pour quoi ils payent, la pratique apparaissant globalement comme mécanique, sans joie, aggravée parfois par des coups, tout le temps par les conditions d’emploi de ces femmes et de ces adolescentes, proche de l’extorsion par la tenancière, qui n’hésite pas à les humilier, et mêmes à les faire frapper par Fernand. La narration visuelle devient difficilement soutenable lors d’un avortement pratiqué sans consentement par un médecin, et pire encore lors d’un assassinat ç l’arme blanche, d’une sauvagerie telle que le lecteur pense immédiatement à une série de meurtres immondes dans le quartier de Whitechapel en 1888.



La narration visuelle et l’intrigue montre que l’établissement de la Perle Pourpre voit passer des personnages historiques et des clients influents, des individus vivant selon les mœurs de l’époque, mais manquant toutefois de l’empathie ou de l’humanisme qui leur permettrait de prendre du recul sur les conditions de vie, sur les modalités d’exercice de leur métier par les prostituées de l’établissement qu’ils fréquentent. Pour le lecteur, certains ne peuvent prétendre à aucune circonstance atténuante. C’est ainsi qu’il considère initialement Gisèle la tenancière, et pour autant au cours de ce tome, il sent poindre un début d’empathie pour cette femme marquée par la vie, qui reproduit peut-être des schémas qu’elle-même a subis. Sa sympathie reste tout acquise pour Chimère, et même un réel respect pour cette adolescente qui ne se voit pas en victime, qui d’un côté fait l’expérience de toute la cruauté et l’égoïsme de certains adultes, et de l’autre a déjà adapté pour son propre usage, des stratégies qu’elle a observées.



A priori, la nature du récit semble évidente : les malheurs d’une pauvre adolescente se retrouvant à travailler comme prostituée dans une maison close, à l’âge de treize ans, un drame sordide. À la lecture cette nature présente un goût bien différent : un récit plutôt agréable du fait d’une narration visuelle mêlant descriptions solides et une forme inattendue d’entrain propre à récit d’aventure, avec une saveur feuilletonnante. Avec une composante historique par touches chorales à laquelle les dessins donnent une solide consistance : les prémices du scandale de Panama, la construction de la tour Eiffel, la montée en puissance de l’impressionnisme et un tueur en série tristement célèbre. Avec l’histoire de la jeune Chimère oscillant entre les coups du sort arbitraires, et une solide idée de la stratégie à mettre en œuvre pour atteindre son objectif. Le lecteur côtoie des personnages complexes et adultes, compromis pour la plupart et ayant en tête des projets déraisonnables qu’ils comptent bien mener à terme. Singulier.
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Légendes de Troy - Nuit Safran, tome 2 : La v..

Tome 2 et fin de Nuit Safran, des mondes de Troy.

Dans les baronnies, Libbelule ne se décourage pas et va s'opposer à son frère Aouta qui veut livrer ses terres à Roq Blème leur voisin et rival.

On continue donc sur la même lignée que le premier tome cette histoire de complot familial. L'humour reste toujours le point central de ce diptyque au scénario classique mais néanmoins efficace pour nous faire vivre un petit moment sympathique à Troy bien avant que Lanfeust ne fasse son arrivée.
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Légendes de Troy - Nuit Safran, tome 1 : Albu..

L'Hédulie est le continent nord de Troy, la vie y est rude et dépourvue de magie. Enfin en général... Car dans le castel de Nuit Safran se noue de tragiques événements où les fantômes reviennent hanter les vivants.



Ce diptyque fait partie de la série "Les Légendes de Troy" d'Arleston. Il se passe en Hédulie, un continent au nord de Troy où il fait froid et pluvieux. Ce pays au relents d'Ecosse est composé de baronnies qui se font la guerre et rejettent la magie. Nous nous intéressons plus particulièrement au castel de Nuit Safran où le baron vient de mourir empoissonné et où le fils ainé vient de perdre ses facultés intellectuelles suite à un accident de dragon. Libbelule et son frère Moustik vont tenter de défendre leur fief face à leur autre frangin Aouta qui comme son nom l'indique est un sale insecte qui complote avec le méchant voisin. Bref une histoire de famille.

Le scénario est très classique mais le ton léger où l'humour est mis en avant en fait quelque chose de sympathique à lire, à défaut d'être transcendant.

Pour les fans des mondes de Troy on retrouve les trolls et les jeux de mots à la Arleston, bien que ce dernier co-rédige le scénario avec Mélanyn.



Le coup de crayon est nerveux, fins et met en valeur l'humour de la série.

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Les Guerrières de Troy, tome 1 : Yquem le génér..

Dans le monde de Troy, deux jolies guerrières, mercenaires, veulent pour un temps changer de vie et aspirent à une vie plus paisible sans tomber dans la vie de la femme au foyer. Elles se laissent séduire par la voie envoûtante d'Yquem le Généreux qui invite des bénévoles à venir le rejoindre pour l'aider à récolter des dons en vue d'aider une région sinistrée par la famine. Les deux jeunes femmes se portent volontaire pour accompagner Yquem et son groupe. ...

Bon, j'avoue que j'ai téléchargé cette BD parce que je suis un grand admirateur du trait de Dany depuis Olivier Rameau. Quand Dany s'allie à un bon scénariste, la bande dessinée ainsi produite est en général une réussite car si Dany est un dessinateur de talent, seul, s'il s'occupe du scénario, ses livres manquent franchement d'intérêt. Pour ce premier tome d'une courte saga, le dessin est très réussi. Il faut dire que côté de savoir rendre les femmes jolies par le trait, Dany n'est pas un manchot. Le scénario, écrit par Christophe Arleston, (que je découvre, ayant depuis longtemps, trop longtemps boudé la BD)tient la route. Le cocktail des deux auteurs nous livre au final un premier tome qui donne envie de connaître la suite. Je suis donc sous le charme de cette histoire et de ses héroïnes.

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Légendes de Troy - Nuit Safran, tome 1 : Albu..

Mon premier réflexe a été de voir si la baronnie de Nuit Safran figurait bien sur la cartographie des mondes de Troy établie par Arleston il y a maintenant près de 25 ans (parmi les 77 existantes sur l'Hédulie). Ce fut le cas à mon grand soulagement. J'aime quand il y a de la cohérence dans l'imagination d'un monde nouveau.



Arleston va même jusqu'à établir une chronologie de Troy que l'on voit pour la première fois dans cet ouvrage et qui restitue chaque série crée depuis. Il faut dire qu'on a un peu du mal à suivre avec la multiplication des séries liées au monde de Troy. J'ai souvent hurlé à l'exploitation commerciale à tout va. Je regrette ce faire-valoir d'autant que la série originelle a réellement apporté un vent de fraîcheur dans le paysage de la bande dessinée en contribuant un peu à son renouvellement.



L'originalité de cette bd réside dans le fait de voir s'y associer un dessinateur de renom à savoir Hérenguel qui est également familier du monde des trolls et autres dragons. Rien à dire sur le dessin qui est conforme à ce que l'on pouvait attendre car c'est tout à fait adapté à cet univers.



Cependant, c'est au niveau du scénario que cela pêche. Après un début intéressant, on part sur du n'importe quoi. le pire est d'introduire des scènes d'humour là où elles n'ont pas lieu d'être comme quand notre héroïne assiste à la mort en directe de son père le roi.

C'est franchement pathétique par moment notamment avec l'introduction des fantômes qui envahissent le castel.



On assiste, impuissant, à la décadence du mythe de Troy. Bref, encore une expérience désagréable que ne parviendra pas à sauver le pauvre Hérenguel malgré sa présence sur cette nouvelle licence qui n'apporte rien.
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