Citations de Novalis (386)
Est-il un homme qui ne soit pas, à tout instant, en train de se rêver ?
Un homme mort est un homme élevé à l'état de mystère absolu.
(Fragments)
L’amour est le but final de l’histoire universelle. L’amen de l’univers.
Le temps est l’espace intérieur, — l’espace est le temps extérieur. Tout corps a son temps ; tout temps a son corps. L’espace se résout dans le temps comme le corps se résout dans l’âme.
Un corps est à l’espace ce qu’un objet visible est à la lumière.
Le rêve est souvent significatif et prophétique parce qu’il est une opération de l’âme de la nature ; et repose ainsi sur l’ordre des associations. Il est significatif comme la poésie, mais aussi, à cause de cela même, d’un significatif déréglé, absolument libre.
De même que toutes les connaissances s’enchaînent, de même toutes les non-connaissances s’enchaînent aussi. Qui peut créer une science, doit aussi pouvoir créer une non-science. Qui peut rendre une chose compréhensible doit aussi pouvoir la rendre incompréhensible. Le maître doit pouvoir produire de la science et de l’ignorance.
Toutes choses arrivent en nous bien avant qu’elles aient lieu.
L’âme de celui qui, dans l’espace, voit tout figuré et plastique, est musicale. Les formes apparaissent par des vibrations inconscientes. — L’âme de celui qui voit le son, le mouvement en soi, est plastique, car la multiplicité des sons et des mouvements ne naît que par la figuration. Mais l’homme musical deviendra-t-il bon peintre et sculpteur, de même que l’homme plastique peut devenir bon musicien, etc., attendu que toute forme exclusive se nuit à elle-même ? Ou bien le génie réside-t-il précisément dans l’unification, et le développement du génie dans la construction de cette unification ? — Développement du germe unificateur le plus faible ? Tout homme aurait le germe génial, mais seulement à divers degrés de développement et d’énergie.
Notre vie est incomplète parce qu’elle a des périodes. Il faudrait qu’elle ne fût qu’une période, alors elle serait infinie. Le processus relatif est le processus substantiel. Là où l’augmentation est liée à la condensation, il y a vie.
La raison et la divinité ne parlent pas, à ces époques, d’une manière assez distincte, assez frappante, par la bouche d’un homme. Les pierres, les arbres, les animaux doivent parler, pour que l’homme se sente lui-même et réfléchisse sur lui-même. L’art est d’abord hiéroglyphique.
On ne peut devenir qu’autant qu’on soit déjà.
L’imagination est le sens étonnant qui peut nous tenir lieu de tous les autres, et qui déjà est si soumis à notre volonté. Tandis que les sens extérieurs semblent entièrement soumis à des lois mécaniques, l’imagination ne dépend pas visiblement du présent, ni d’une excitation extérieure.
Tout le visible adhère à l’invisible, tout ce qui peut s’entendre à ce qui ne peut pas s’entendre, tout le sensible à l’insensible. Peut-être tout ce qui peut se penser à ce qui ne peut pas se penser.
Saisons, heures, vie et destin sont, chose remarquable, entièrement rythmiques et métriques. Dans tous les métiers, dans tous les arts, toutes les machines, les corps organiques, nos travaux quotidiens, partout : rythme, mesure, mélodie. Tout ce que nous faisons avec une certaine facilité, sans le savoir, nous le faisons rythmiquement. Le rythme se trouve partout, se glisse partout. Tout mécanisme est métrique, rythmique. Il faut qu’il y ait encore autre chose sous ceci. Serait-ce uniquement l’influence de la pesanteur ?
Chez celui qui a beaucoup d’esprit, en un certain sens, tout devient unique, — ses passions, sa position, ses aventures, ses penchants ; bref, tout ce qui le touche devient absolu — fatalité.
Le monde doit être romantisé. C’est ainsi qu’on retrouvera le sens originel. La romantisation n’est autre chose qu’une élévation aux puissances qualificatives. Le moi inférieur est identifié dans cette opération, avec un moi meilleur. Nous sommes nous-mêmes une telle série de puissances qualificatives. Cette opération est encore entièrement inconnue. Si je donne à l’ordinaire un sens supérieur, à l’habituel un aspect mystérieux, au connu la dignité de l’inconnu, au fini l’aspect de l’infini, je le romantise. L’opération est renversée pour le sublime, l’inconnu, le mystique, l’infini. — Ceux-ci sont rendus logarithmiques par ce lien. — Ils deviennent une expression courante.
La vie d’un homme cultivé devrait simplement alterner de la musique à la non-musique, comme elle alterne de la veille au sommeil.
La mort est le principe romantisé de notre vie. La mort est la vie. La vie est fortifiée par la mort.
Aplanissez les montagnes, la mer vous en saura gré. La mer est l’élément de liberté et d’égalité.