Citations de Novalis (385)
Il est certain que la conviction se trouve infiniment renforcée dès l'instant où une autre âme accepte de la partager.
Le monde se fait rêve; et rêver devient monde.
La nature de la maladie est aussi obscure que la nature de la vie.
Nous rêvons de voyager à travers l’univers ; l’univers n’est-il donc pas en nous ?
Pollens
Le saint frisson de la mélancolie,
Le sortilège, en nous, du souvenir,
Ont opéré profondément
A fraîchir notre ardeur.
Les blessures existent , d'un mal éternel ;
Nous avons tous au cœur une tristesse
Divinement profonde qui demeure,
Et qui fait de nous tous un même flot.
Et de façon mystérieuse,
Nous, dans, ce flot, nous allons nous jeter
Dans l'océan immense de la vie
Au plus profond de Dieu.
Puis de ce cœur rugissant
Nous refluons dans notre cercle,
Où dans notre remous vient se plonger
Le pur esprit de la sublimité.
(Materialien)
L’extérieur est un intérieur élevé à l’état de mystère.
Le rêve est un bouclier contre la régularité, la monotonie de la vie, il est un libre divertissement de notre imagination enchaînée qui mélange alors toutes les images de la vie et interrompt le sérieux continuel de l’adulte par un joyeux amusement d’enfant ; assurément, nous vieillirions plus vite sans les rêves ; si nous ne considérons pas le rêve comme un don immédiat du ciel, du moins est-ce une exquise tâche et un amical compagnon dans le pèlerinage vers la tombe.
“Quelque temps encore
je serai libéré
et couché ivre
dans le sein de l’amour.
une vie infinie
ondoie en moi puissamment.
(…)
Ô mon aimé aspire-moi
Violemment.
Que j’entre en sommeil
et puisse aimer.”
La poésie plutôt que la poudre. Un mot, une phrase contiennent des charges explosives, susceptibles de libérer leur énergie latente lorsque s'offre l'occasion, qui servira de détonateur.
Nous ne comprenons naturellement tout ce qui est étranger que par un se-rendre-étranger - une modification de soi.
Nous avons à être non pas simplement des hommes, nous devons aussi être plus que des hommes. –L’homme est en somme tout autant que l’univers. Ce n’est rien de défini ; mais il peut et doit en même temps être quelque chose de défini et d’indéfini.
Les fleurs, les arbres, tout poussait avec force, tout verdissait avec vigueur. Il semblait que tout avait reçu une âme. Tout parlait; tout chantait.
Mon amour s'est transformé en flamme , et cette flamme consume peu à peu ce qui est terrestre en moi.
Le rêve nous apprend d’une manière remarquable la subtilité de notre âme à s’insinuer entre les objets et à se transformer en même temps en chacun d’eux.
La pensée n'est qu'un rêve du toucher, un attouchement mort, une vie grise et faible.
(Les disciples à Saïs)
“Le monde doit être romantisé. C’est ainsi que l’on retrouvera le sens originel. Cette opération est encore totalement inconnue. Lorsque je donne à l’ordinaire un sens élevé, au commun un aspect mystérieux, au connu la dignité de l’inconnu, au fini l’apparence de l’infini, alors je les romantise.”
Was man liebt, findet man überall und sieht überall Ähnlichkeiten.
Ce que l'on aime, on le trouve partout et l’on voit partout des ressemblances
"C'est intérieurement que va le chemin mystérieux. En nous, ou nulle part, sont l'éternité et ses mondes, l'avenir et le passé. Le monde extérieur est l'univers des ombres, qui projette ses ombres dans le royaume de la lumière. Si tout ce qui nous est intérieur nous apparaît aujourd'hui tellement obscur, solitaire et informe, combien en sera-t-il autrement quand cet obscurcissement sera derrière nous, et rejeté ce corps d'ombre ! Nous serons satisfaits de jouissances comme jamais, car notre esprit a souffert privation."
Plus une chose est poétique, plus elle est réelle.
La magie de l'or, le mystère des couleurs, les joies de l'eau ne lui sont point inconnus et dans les marbres antiques il entrevoit la nature miraculeuse des pierres. Pourtant il lui manque encore une tendre passion pour tout ce qui anime la Nature, un regard qui pénétrerait nos mystères ravissants. Apprendra-t-il jamais à sentir ? Ce sens divin, le plus naturel de tous nos sens, il le connaît peu encore : c'est par le sentiment que les temps anciens ardemment regrettés pourraient renaître. L'élément du sentir, c'est une lumière intérieure en couleurs plus vivantes et plus belles. Alors les étoiles se lèveraient en lui, il apprendrait à sentir l'univers dans sa totalité, plus lumineux, plus varié que lorsque son oeil lui montre, comme aujourd'hui, des surfaces et des contours.
...
Quelle félicité goûteraient à nouveau ces villes que la mer baigne ou qu'un grand fleuve arrose ! – et chaque source redeviendrait l'asile de l'amour, le séjour de l'homme riche d'expérience et d'esprit. Voilà pourquoi les enfants eux aussi ne voient rien de plus attirant que le feu et l'eau, et chaque fleuve leur fait promesse de les conduire là-bas vers l'horizon multicolore, dans des pays plus beaux. Ce n'est point seulement une apparence qui couche le ciel dans l'onde, mais une tendre alliance, un signe de bon voisinage. Alors que le désir insatisfait s'élance vers les hauteurs insondables, l'amour heureux, lui, s'abîme avec joie dans l'infini des profondeurs.
Les disciples à Saïs / La nature, extraits, pp. 49 & 61-62
Traduit de l'allemand par Gustave Roud