Ils sont deux, un père et sa fille. Ils ont fui la guerre. Clandestins dans un pays dont ils ont rêvé après un long voyage raconté en quelques lignes. Mais on sent que cela a été dur pour la petite fille. Et puis..
'" Et puis, tout au bout du voyage, il y eut Paris.
Place de la République.
Nous sommes allés main dans la main jusqu'à la Seine.
Heureux et malheureux d'être là. "
La petite fille se dit française, enracinée. Mais il faut croire que la haine des hommes n'a jamais de fin....
Ce devait être une belle journée pour elle pourtant, ce jour-là. Elle qui avait tant assimilé en 4 ans...
Une histoire pour dire le drame des sans-papiers, vu à travers les yeux d'une fillette. Un texte sobre accompagné d'une illustration sombre, trop souvent, et animé d'ombres car dans ce monde il faut passer inaperçu, s'effacer...
Il y a du rouge aussi, celui du sang de toutes ces guerres et de rares taches de jaune. Rayon d'espoir vite disparu.
Un livre fort. Court et terrible.
A lire à tout âge.
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Oncle Michel emmène le petit Paul en balade dans son camion rouge : la Marilyn Rouge.
Ils se dirigent vers l'Espagne. La route défile. Les dessins de Louis Joos sont superbes. Un chien égaré sur la route devient leur compagnon de voyage. Paul Verlaine et Arthur Rimbaud s'invitent à bord. Paul a donné à son oncle le goût de la poésie.
"Mon préféré, c'est Rimbaud...Arthur Rimbaud !
En retard pour en retard,
Il m'a même donné des envies de vagabonder..."
Un beau moment de complicité. Destination Madrid , Olé, Olé ! Et pourquoi pas vagabonder jusqu'à la mer :
"Elle est retrouvée,
Quoi ? - L’éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil."
Rascal et Louis Joos nous donnent la bougeotte.
"Allons, chapeau, capote, les deux poings dans les poches et sortons !"
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C'est dramatique! 99 poussins
sont nés, d'un beau jaune plumette,
mais, notre petit ami est seul à être
"noir comme un café sans lait"
Pas de recherche ADN possible
dans cette ferme traditionnelle.
Le petit poussin noir part
en quête de ses geniteurs.
Il s'adresse à tous: la chèvre, le cochon,
la cane,la chatte...
Es tu ma maman?Es tu mon papa?
Chacun lui répond : " non mon poussin
ce n'est pas moi...vas voir par là bas.".
Et puis, il croit enfin les trouver..
Et la fin de l'histoire pourrait être
aussi malheureuse que son début !
A moins que...
Une drôle d'initiation au drame de l'abandon
et aux dangers latents qui m'a surprise
par son hard end.
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Trait brut mais réaliste, presque photographique, très contrasté, en noir, accompagné de lavis pâles, assez neutres, à dominante bleu ou violet, le texte est dactylographié, cela donne un aspect usé, vieux et pauvre. Les cadrages, les angles de vue font très reportage, la beauté émane d’une certaine simplicité, d’une modestie dans le choix des images, rien de grandiloquent, au contraire, visions de câbles, de vieilles usine, personnages à moitié hors cadre... C’est en totale adéquation avec le récit : un homme sort de prison, il trouve un téléphone et décide de le renvoyer à sa propriétaire en Italie. S’en suit un voyage chargé de lenteur, de mélancolie, un voyage désabusé, à l’espoir bancal et fragile. Je me suis laissé embarquer dans ce road trip, avec un côté Thelma et Louise, mais en encore plus désabusé. Ce n’est pas très gai, pourtant j’ai aimé m'immiscer dans cette ambiance, dans cette torpeur, les personnages sont touchants, même le chien qui ne dit rien, l’émotion est au rendez-vous, l’espoir, non. A travers ce voyage, on visite l’état de notre société, un peu en ruine, usé et éteinte comme cet ex-taulard. On en ressort ému et troublé, juste ce qu’il faut. Au vent mauvais est un combat poétique entre la liberté et le désespoir. Superbe.
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Ouvrage pour enfants (et ados ou adultes amateurs d'histoires et d'illustrations qui font rêver). Le personnage, Alexandre, plante un arbre en dépit des avis et du sol. L'arbre et Alexandre vont s'épanouir petit à petit côte à côte. Pour le détail, je vous laisserai vous-même ouvrir ce très bel ouvrage à la couverture de qualité. Les illustrations sont superbes, inventives, sensibles, tout à fait mon style, permettant les rêveries et les discussions à la lecture avant de dormir, l'échange à la narration. Le texte est simple et beau, j'ai beaucoup apprécié que ce ne soit pas écrit en langage "bébé" ce qui permet d'enrichir le vocabulaire des petits.
Un tout grand merci aux éditions "A pas de loups" d'éditer ce genre de rareté, à Rascal pour le talent et à l'opération "Masse critique" pour la possibilité de ce genre de découverte.
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Marie-Paule est une petite fille qui déambule sur une jolie plage désertique. Elle porte le prénom que son papa lui a choisi, celui de sa grand-mère paternelle qui est morte juste avant sa naissance. Elle nous parle de son poupon, Martin, et de sa meilleure amie aussi, car du plus loin qu'elle s'en souvienne, Cassandre est son amie...
Mon avis : C’est en lisant un petit livret présentant l'auteur et illustrateur Rascal, livret qui m’a été envoyé gracieusement par l’École des Loisirs, que j’ai découvert cette petite merveille d’album. Quand on lui pose la question : « Quel est, de vos livres, votre préféré ? », son auteur le cite en seconde position, juste après « Eva ou le pays des fleurs », et en explique les raisons :
« C’est l’histoire que j’ai écrite le plus rapidement. D’un seul jet. Comme crachée. C’est également la plus intime. Et même si c’est une petite fille qui nous raconte ses histoires, c’est elle qui me ressemble le plus dans ce que je suis et étais. ». Bien sûr, la double page issue de l’album et qui nous offre un aperçu de la magie des illustrations que l’on doit à Claude K. Dubois, aurait très largement suffit à me pousser à demander ce titre à la Bibliothèque Départementale de Prêt des Bouches du Rhône… mais ma motivation était autre, elle était un peu comme un coup au cœur. D’ici quelques jours, un bébé va naître, ma petite fille, et mes enfants m’ont confié leur envie de l’appeler Cassandre… Et bien ce n’est pas Cassandre, peut-être un peu trop enfant gâtée à mon goût, qui m’a faite fondre mais bel et bien la toute jeune narratrice, Marie-Paule. Un texte très simple à comprendre mais si riche d’émotions et de sentiments, de vie tout simplement, un texte si poétique aussi. Marie-Paule est seule sur la plage, tout juste accompagnée de son poupon Martin ou de son chien… un instant de solitude voulu sans aucun doute, à aucun moment il ne nous semble qu’elle s’ennuie, et c’est plus à elle-même qu’elle parle de sa famille, de son amitié pour Cassandre et de son affection pour Martin, qu’à nous, lecteurs. Les illustrations sont des aquarelles aux teintes très pales. Elles renforcent et enrichissent le récit : on a vraiment l’impression d’être sur cette plage, sous un ciel automnal, et de suivre des yeux la fillette en mouvement. On distingue très peu les traits de son visage, l’émotion nait plus de ses attitudes et de sa façon de se fondre dans le paysage... si bien que s’il m’était donné d’aller me promener aujourd’hui sur une plage de la mer du Nord, mon regard ne pourrait s’empêcher de la chercher au loin, dans sa petite robe rouge… Quand à savoir si mon bébichon se nommera Cassandre, l’histoire ne le dit pas… mais une chose est sûre, dans quelques années, très bientôt en fait, le temps passe si vite, je lui offrirai ce petit bijou d’amour et de douceur.
Public : à partir de quatre – cinq ans en lecture accompagnée mais sans autre limite, pour le plaisir des yeux !
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C'est l'histoire d'une libération. Libération d'un rôle d'amuseur imposé par la société à Oregon et son compagnon à cause de ce qu'ils sont.
Alors ils quittent tout ce qu'ils connaissent pour retourner à la nature, en Oregon.
Les dessins traduisent parfaitement le mouvement qui anime nos personnages. C'est simple, beau, efficace. Et profond si l'on veut bien se donner la peine de réfléchir aux motivations et aux rencontres des personnages.
À préférer en grand format pour mieux profiter des illustrations !
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Une courte déclaration d'amour au doudou, qui est ici un bout de tissu - irremplaçable, bien sûr.
Pas de grand message (à part qu'il faut savoir le lâcher pour le laver, de temps en temps) juste l'idée que le doudou accompagne le jeune enfant un peu partout. Pas seulement au lit, dans ce cas précis, contrairement à ce qui est préconisé par certains pédiatres, mais peu importe, là n'est pas le sujet.
Ce court album cartonné plaisait beaucoup en lecture du soir chez nous, notamment pour le texte rythmé, les rimes, les dessins sur fond 'papier kraft' colorés à la gouache, et les bouilles des animaux : le lapin vedette, mais aussi les petits cochons et moutons.
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Cet excellent ouvrage au titre approprié a le grand mérite d'aborder un sujet sensible et pour tout dire incontournable sur Babélio: les amis.
Ce mot est tellement abusivement utilisé qu'il perd toute signification. Les demandes d'amis pleuvent comme en période de mousson, on ignore tout de ce qui détermine cette démarche, le plus souvent. En dehors des lecteurs avec qui se sont établis certains échanges de points de vue, commentaires, blagounettes ou appréciations diverses, il se trouve des demandeurs, en quête d'amis comme d'autres sont en quête d'un asile, et qui débarquent à l'improviste et sans sommation.
Et là je m'insurge, je m'indigne, je proteste: halte aux pique-assiette, quémandeurs, profiteurs et opportunistes. Ceux qui refusent les messages, qui cachent leur bibliothèque, ou ceux qui essaient de se faire de la pub à bon marché.
Ils ne jouent pas le jeu, car la relation amicale est dénuée de calcul, elle repose sur la confiance. Donc, pas d'indulgence pour les faux amis.
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Abel Mérian est-il un type bien ?... Un sale type ?
On s’en fout.
Il sort de prison aujourd’hui de la même façon qu’il y est entré, seul, désabusé, avec un drôle de ciel au-dessus de sa tête, un ciel voilé comme un mauvais présage, comme issu d’une mauvaise pellicule, d’un mauvais tirage, un tirage qui aurait trop de grain et trop de contraste. Un ciel où seuls les oiseaux semblent avoir leur place et l’immensité comme limite devant eux.
Abel porte la trentaine sympathique et n’a que quelques ambitions quant à ses nouvelles heures de vie en liberté ; remplacer ces vieux vêtements malodorants et récupérer l’argent qu’il avait mis de côté au fond d’une vieille usine désaffectée.
Pour les vêtements, c’est simple et rapide ; ses économies y passent presque intégralement mais au moins a-t-il l’impression de revivre. Reste à se rendre à l’usine ; comme des centaines de milliers de parisiens…
La gare, un train, le monde qui défile à grande vitesse, un homme, une jeune femme qui se maquille… Le désir qui sommeille et la vie qui renaît doucement.
Oui, mais…
L’usine est encore debout, elle est même transfigurée !
Mais ses économies sont définitivement à l’abri sous l’épaisse dalle de béton du nouveau musée d’Art Moderne et Contemporain.
Assis sur une banquette de cuir lisse, sonné et tentant de retrouver à quel moment le fil lui a définitivement échappé, Mérian contemple un René Magritte qui le retient dans le passé jusqu’à ce que sonne un petit Nokia rose oublié par une belle inconnue.
- “ Che gioia sentirla, signor Mérian! Ho perso questo telefono e sono in aeroporto. Il mio aereo decolla in meno di quindici minuti. Saresti così gentile da inviarmelo per posta?”
Abel va faire le choix de lui remettre en main propre. Mais sans chargeur, le téléphone va se décharger lentement… digit après digit. Tout comme la vie qui sans recharge régulière d’amour ou de tendresse s’étiole lentement. Jour après jour.
Qui vaincra ?
Un road movie tendre et mélancolique sur fond de routes françaises et italiennes.
Le traitement du dessin est superbe.
La police de caractères rappelle fortement la typographie des machines à écrire, ce qui donne un côté narratif distant comme le ferait un légiste ou un enquêteur.
Une sacrée bonne trouvaille, même si, comme le dit Rimbaud, « La vie est la farce à mener par tous ».
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Même s'il n'y a pas beaucoup d'originalité dans le traitement des contraires entre Petit et Grand Lapin, cet album est un joli univers graphique peu courant.
Les photographies sont d'une qualite et d'un réalisme saisissant, on est tenté de tendre la main pour attraper les figurines et jouer avec. Les couleurs très années 70 permettent autant aux parents qu'aux tout-petits de partager avec plaosier cette lecture.
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Roman graphique ambitieux et élégant, l'oeuvre peche par une abondance de clichés et un manque d'écriture dans les personnages . On ne connait pas grand chose des motivations de ce Abel qui subit les évenements et l'intrigue se suite non sans intéret mais sans passion aucune.
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Au vent mauvais est un roman graphique de Thierry Murat (au dessin) et de Rascal (au scénario). Il relate l'histoire de Abel Merian qui sort tout juste de prison. Il décide, comme prévu, de récupérer son argent, caché dans une usine désaffectée. Mais, surprise à son arrivé, Abel découvre un musée d'art contemporain. Ses plans changent alors et plus encore lorsqu'un téléphone rose sonne : Abel décide alors de voyager jusqu'en Italie...
Au vent mauvais est un roman graphique qui transporte le lecteur dans un voyage philosophique, dans une quête d'identité qui fait réfléchir sur la vie après la prison. Abel Merian est un personnage assez attachant malgré son côté sombre... Son coup de foudre pour la jeune italienne-française est d'autant plus touchant. Le dessin ainsi que le scénario s’imbriquent parfaitement et créent une ambiance tout à fait particulière. J'ai lu en parallèle de Au vent mauvais un autre roman de Thierry Muscat, Les larmes de l'assassin, qui suit la même atmosphère...
Pour moi, Au vent mauvais est un petit bijou de noirceur poétique sous les codes d'un road-movie autour de la vie...
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On trouve parfois, injustement relégué au fond d'une étagère poussiéreuse, des pépites d'or. "Au Coin du coeur" est une invitation chaleureuse à une introspection sans concession. Empreint de paganisme, il ouvre à son lecteur le chemin qui lui permet de trouver sa place dans l'univers.
Et l'on se surprend, à la lumière du verbe, à contempler sous un autre jour les peintures célèbres d'un Magritte ; car, nous dit-on, c'est le coeur qui donne à toute chose sa signification profonde et qui fait de petits riens, de grandes choses.
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Ah poussin noir. Le seul poussin noir de la couvée alors qu'il sont tous jaunes ! Alors que fait Poussin noir, il cherche d'où il vient forcément. Et le voilà parti dans la ferme à demander à tous les animaux qu'ils rencontrent s'il est leur fils... Jusqu'à ce que...
Raconter la chute de cet album... Non.
Je vous laisse le soin de la découvrir. Rascal disait dans une intervention que cet album qu'il avait offert à des enfants d'amis était devenu un livre de chevet, obsédant. L'expérience qu'en ont eu mes deux enfants vient confirmer ses dires. Aujourd'hui encore, Poussin noir reste un livre que l'on relit et qui garde la même force.
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Un artiste: un clown et un ours appelé Orégon traversent les Etats Unis pour revenir au lieu qui a donné naissance à l'ours... les forêts de l'Oregon.
Ils embarquent dans un bus dans la grisaille d'une ville américaine. Prennent une camionnette Wolkswagen pour cette traversée
dans ces lointaines contrées.
Traversent de paysages magnifiques parsemées de champs de blés...
J'aime particulièrement le passage avec un feu de camps dans une clairière au sein de la forêt... avec la cafetière en "bandoulière" sur une branche.
Il prend son café lors d'une pause
sur une page qui est l'une de mes préférées de l'album:
"Dans le matin blanc,
je partirai, le coeur léger et la tête libre".
Un retour aux origines avec un idéal de liberté:
mélancolie et beauté sont au rendez-vous.
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