Simple, modeste, tendre et beau, ce portrait de Bonbon,Bartolo et Zalamite, trois "chibanis" à Paris depuis longtemps. Leur temps de retraite, les dominos, les amis et la famille restée au pays. Morceaux de vie mêlés à des bribes de leur passé. C'est très émouvant et plein de dignité.
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« Il s’est toujours nourri des lieux qu’il a habités et qui finissent un jour par l’habiter. » Lahouari Belguendouz, le narrateur de ce récit, est la figure, à peine voilée, du romancier qui se souvient, à travers lui, de la ville de son enfance, Oran, qui continue à l’habiter. « La Radieuse », comme on l’appelait alors, avant la guerre d’Algérie qui l’a meurtrie. Le récit commence sur ces notes colorées, heureuses, dont la misère transmuée par les souvenirs d’enfance prend des allures de conte de fées. Pas pour longtemps. Insidieusement, la guerre fait son apparition, par des notations d’apparence anodine, le changement de destination d’un lieu sous occupation militaire : les arènes sont devenues un centre de tri des troupes françaises ; le grand hôtel abrite le siège de la commission locale du cessez-le-feu ; le fort de Santa Cruz, « qui ressemblait à un gâteau au miel roux », accueille un centre de transmissions de l’armée…
Ce qui change est très subtil, car la matière même de ville reste identique, le soleil continue de baigner la terre et la mer. « Telle l’eau dans l’anisette, les choses s’étaient précipitées. Désormais, on n’allait pas tuer que le temps, l’ennui et les moustiques. La lumière, qui faisait la réputation du pays, prenait peu à peu la couleur de la cendre. » On ne regarde plus le bleu, du ciel, de la mer ; la beauté n’a pas disparu : elle est oubliée. Ce sont les regards qui ont changé, et sur le même ton neutre dont il racontait son enfance, l’auteur en évoque le saccage. Avec nostalgie, souvent ; avec humour, parfois, lorsqu’il évoque la « pucelle d’Alger », la statue de Jeanne d’Arc, affublée d’un haïk après l’indépendance.
Reste le souvenir. « Il sait que les villes sont comme les gants. Qu’importe la matière dans laquelle ils ont été taillés, l’important ce sont les traces et la tiédeur qu’ils laissent, après avoir été ôtés, sur la chair des mains qui parlent elles aussi. » C’est ce souvenir qui nous touche, cinquante ans plus tard, parce qu’il a laissé sa tiédeur dans la mémoire de l’auteur, et qu’il nous la lègue.
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Un beau texte qui m'a permis d'envisager Matisse, ses oeuvres, et la peinture en général sous un prisme nouveau.
Je ne connaissais que très peu les oeuvres citées, et je suis ravie de les découvrir par les mots d'Abdelkader Djemaï. C'est un bel exemple d'un riche échange entre la littérature et la peinture !
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Un homme accepte d'écrire la biographie d'un autre homme par amour pour sa femme. Il sera en contact avec l'homme et espère pouvoir ainsi rencontrer la jeune femme et lui montrer sa flamme. L'action se situe dans une ville d'Afrique du Nord. Le lecteur voyage : dans la ville, dans la maison, sur la terrasse, à travers cette fuite d'eau, omniprésente, qui traverse le roman. Abdelkader Djemaï n'est pas un auteur facile. A lire à haute voix...
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Les vacances en camping d'un jeune garçon de 11 ans qui s'éveille aux plaisirs de la vie. Savoureux
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Un recueil de textes courts par une trentaine d’écrivains et écrivaines, sur le thème du train et du chemin de fer, en soutien aux cheminots en grève en 2018. Comme souvent dans ce genre d’ouvrage, il y a du très bon et des textes moins mémorables, mais l’ensemble est plutôt plaisant à lire, et engagé.
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Une autobiographie romancée de l'abbé Lambert, l'histoire d'un sourcier qui devient maire de la ville d'Oran de 1934 à 1941.
Mon avis : Une écriture fluide, une lecture légère, un récit qui fait son job, à découvrir ! ce qui ne va pas empercher de tenter d'autres titres de cet auteur .
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C'est l'histoire d'un homme meurtri dans sa chair et dans son âme. Un homme qui ne peut plus affronter le regard de son épouse. C'est une histoire triste sur l'amour, la famille et les erreurs commises.
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Le texte est accompagné de peintures abstraites, en nuances de gris. La couverture est agréable. Dommage que les illustrations ne soient pas dans les mêmes teintes. Pour le texte, il parle du quotidien dans un petit village algérien. Il y a des références aux actes commis par certains soldats de la Légion. Il est fait mention de lupanar, de marins… Ce texte m’a déprimée, je n’ai pas sur trouver l’humour. Je n’ai plus envie de lire une telle œuvre.
Je remercie tout de même les éditions La Dragonne pour m’avoir permis de lire ce livre.
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En toile de fond cent ans de l'histoire de l'Algérie et les sables du désert et Tagdempt la Rêvée, images sur lesquelles s'imprime le magnifique personnage de l'émir Abd el Kader au soir de son exil. Un récit superbe !
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Un récit asphyxiant, où la folie d'une ville, d'un pays, se concentre dans celle d'un seul homme. Paranoïa ? Menaces ? Une chape de plomb semble recouvrir progressivement la vie. Les images du passé sont autant d'éclaircies colorées dans cette atmosphère de cendres.
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Après la lecture de Camping, j'avais été un perturbé je me retrouvais plus en Algérie mais à Paris. Et, l'impression que j'ai ressenti après avoir refermé le livre est la suivante.
C'est d'avoir certainement croisé ces trois émigrés un jour à Paris du côté de la Gare du Nord ou de la goute d'or. J'ai bien aimé retrouvé l'écriture d'Abdelkader Djemaï dans ce court roman dont la construction ressemble à Camping.
L'histoire est celle de trois hommes retraités dans les années 50 , Bonbon, Bartolo et Zalamite qui après avoir vécu en Algérie posent leurs valises pour finir leur vie à Paris. Ils ont leurs habitudes au café la Chope Verte pour boire des bières et au foyer de l'Espérance c'est là où ils vivent. La nostalgie du pays est là . Abdelkader Djemaï rend hommage à ces immigrés déraciné qui sont arrivés en France dans les années cinquante, soixante. L'auteur nous décrit leur quotidien. Un livre touchant et l'auteur a dédié ce livre à son père. L'auteur aime être habité par les quartiers, pour une question de justesse, il a voulu être habité par le quartier de la Goutte d'or, c'est documenté en ce qui concerne la gare celle de la gare du Nord. Cette gare il la trouve très maternelle.
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Il est question de souvenirs d’enfance. Le narrateur un enfant de onze ans, il est issu d’une famille modeste. Il passe ses premières vacances dans un camping zéro étoile à la Salamane. Il nous raconte ses premiers émois amoureux, amour platonique qui rend notre jeune narrateur plein d’espoirs. Il a un regard neuf sur le monde qu’il entoure. Mais le monde autour de lui bouge et l’année d’après il reviendra au camping la Marmite mais cela ne sera plus pareil. À la première lecture on peut passer à côté de la gravité de ce merveilleux petit roman grave, subtil engagé, on retrouve l’Algérie actuel : la corruption, le fanatisme et le blanchiment d’argent. Très beau passage chap. 7, plein de sensualité quand l’enfant est au hamman au milieu des femmes. Puis la fin, arrive elle nous glace, nous somme sous le choc, une chape de plomb s'abat sur le camping.Pour conclure, “Camping” est un magnifique court roman, il nous trotte dans la tête pendant plusieurs jours. Ce petit roman marque la fin d'une époque le passage à l'âge adulte.
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