Lorsque Babelio, dans le cadre d’une Masse Critique privilégiée, m’a proposé l’ouvrage d’Agathe Lemaître, "Le livre de Liane", j’ai tout de suite accepté. Le bandeau annonçait "D’après une histoire vraie, l’itinéraire bouleversant d’une victime de harcèlement scolaire". Mère, grand-mère, ex-enseignante, forcément, le sujet me parlait.
Bouleversant est le mot ! Bouleversant, poignant, émouvant et même plus. En fait, je ne sais pas s’il existe un mot suffisamment fort pour décrire ce récit. Je ne vous parlerai pas cette fois de l’écriture, même si elle est de qualité, ni de la construction, même si elle est intéressante. Seul le fond a son importance. Seule l’histoire de Liane mérite qu’on s’y arrête, de Liane et des siens a posteriori. C’est la nuit de ses vingt-cinq ans, à minuit précisément que Louise apprend, par son père, le suicide de sa petite sœur Liane. Liane n’en pouvait plus. Liane, depuis son entrée au collège était victime de harcèlement. Le mécanisme est parfaitement décortiqué qui explique l’indicible.
On se demande comment une personne, une élève, une enfant de 12 ans peut faire autant de mal à une de ses camarades. Pour quelles raisons ? On comprend l’engrenage, les mots, les brimades, les moqueries, les attaques, les coups bas. On comprend cette emprise du bourreau (le mot bourrelle existe-t-il ? car ici, c’en est une) qui isole sa proie, qui aspire tous ceux qui pourraient lui porter secours et notamment le meilleur ami qui petit à petit, détourne le regard. Ne reste plus à la victime qu’à sombrer. Mais était-il possible de voir, de savoir ? J’ai moi-même été enseignante et souvent cette question me hante. Ai-je tout vu ? Ai-je pu passer à côté d’une âme en peine, d’un enfant en détresse ? J’ai eu l’impression d’être à l’écoute, attentive, d’avoir la confiance de mes élèves mais… à la lecture de cet ouvrage, je me rends compte à quel point ces jeunes victimes de harcèlement sont souvent incapables de parler, de se confier. Perdant totalement confiance en elles, et dans les autres, elles préfèrent choisir une stratégie d’évitement et, petit à petit se laissent descendre aux enfers.
Ce livre est un ouvrage d’utilité publique, qu’il faut lire et faire lire. C’est un récit à mettre dans les mains de tou(te)s les adolescent(e)s, à étudier avec eux, pour qu’ils, elles, prennent conscience que "…les mots peuvent tuer", sans oublier qu’ils peuvent aussi guérir.
Un immense merci à Babelio et aux Editions Harper Collins pour cette lecture que, pour une fois, j'ose qualifier d'indispensable.
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