Agnès Ledig

Tout en refaisant le monde, nous mangeons des madeleines qu'il a préparées dans l'après-midi.

Il a hésité entre infirmier et pâtissier. Il a fait le bon choix.
Pour lui, je ne sais pas, mais pour ses collègues, c'est indéniable.
Il peut plus facilement faire des gâteaux en étant infirmier
que soigner des gens en étant pâtissier.

Dans les jolies histoires, les femmes n'élèvent pas seules leur enfant, elles ne triment pas toute la journée pour pouvoir survivre. Dans les jolies histoires, les femmes sont belles, les hommes sont forts, ils s'aiment et la vie leur est aussi douce que bienveillante. C'est nul les contes de fée.

"Diane ressent toujours un pincement dans le coeur le soir de Noël. Chaque année, j'essaie de lui trouver un endroit insolite, magique, dépaysant, pour qu'elle oublie que nous n'avons pas d'enfants. Certaines blessures ne cicatrisent jamais assez pour ne pas s'ouvrir au premier tiraillement. Nous sommes pourtant clairs avec l'idée, ce qui n'empêche pas la mélancolie."

Les gens que nous avons aimés ne seront plus jamais où ils étaient, mais ils sont partout où nous sommes.

Je sais que je suis à l'hôpital. Je reconnais le bruit des machines, le brassard de tension qui se gonfle régulièrement. Je suis donc intubé.
Parfois, je sens qu'on s'agite autour de moi, qu'on me manipule légèrement, ou qu'on replace un fil sur ma peau. Tout est douleur, même le moindre effleurement. Même un fil.
Alors je replonge dans le noir-refuge.

La vie est simple quand on ne s'encombre pas de peurs et de pensées inutiles et quand on est sincère.

Quand on quitte le long fleuve tranquille de l'existence, on découvre des voies parallèles , certes plus difficiles à naviguer, mais plus intéressantes, plus riches que celles du flot commun qu'on emprunte par facilité.

Ce n'est pas de la faute des gens. Ils ne se fient qu'aux apparences. Il faut gratter pour voir ce qu'il y a au fond. Si vous jetez une grosse pierre dans une mare, elle va faire des remous à la surface. Des gros remous d'abord, qui vont gifler les rives, et puis des remous plus petits, qui vont finir par disparaître. Peu à peu, la surface redevient lisse et paisible. Mais la grosse pierre est quand même au fond. La grosse pierre est quand même au fond.

Hervé colle le rabat, écrit l'adresse de la jeune femme, qu'il connaît désormais par coeur, et cherche un timbre dans le premier tiroir de son bureau. Il ira lui-même à la poste. Il aime de temps en temps éprouver ce petit frisson de plaisir quand, une fois l'enveloppe lâchée dans la fente de la boîte, plus rien ne peut interrompre sa route vers le destinataire.

Le petit s'est endormi, le corps épuisé par la lutte, mais rassuré de sentir le jeune homme à ses côtés. Il a cette chance de sombrer encore dans un sommeil d'enfant puissant et infaillible. Des rêves en forme de bulles impénétrables qui le protègent de cette réalité qui le rattrape aussitôt les yeux ouverts.
Il n'a rien demandé, rien fait de mal. Il ne comprend pas tout de cette maladie qui le ronge, mais le plaisir du jeu, et l'insouciance, et la chance folle d'ignorer ce que savent les adultes lui offrent de dormir ainsi.
Il accepte les événements, même s'ils sont injustes. comme ils s'imposent à lui. Pas le choix.

- Avais-je le choix ? Je l'aimais. On supporte beaucoup de choses par amour.

Mais le temps a-t-il une importance quand la rencontre est évidente ? On peut savoir au bout de quelques minutes que la personne que l'on vient de croiser comptera dans notre vie.

Le courage ne vacille que dans les moments où la faiblesse est permise.

Le temps n'aide pas à oublier mais à s'habituer

ça fait deux ans que je suis caissière et c'est la première fois qu'un client me dit bonjour en m'appelant par mon prénom. C'est tellement rare de croiser des gens agréables.

Ce n'est pas la vie qui est belle,c'est nous qui la voyons belle ou moins belle.Ne cherchez pas a vouloir atteindre un bonheur parfait,mais contentez-vous des petites choses de la vie,qui,mises bout à bout,permettent de tenir la distance.

"Toutes les plaies cicatrisent, plus ou moins vite, plus ou moins bien, mais la peau se referme. On garde une trace, mais la vie est plus forte."

On peut briller pour soi , mais voir notre propre lumière se refléter dans les yeux de ceux qu'on aime concentre le rayon et nous le renvoie directement dans le cœur.

Lui revint la description que Gaëlle avait fait de son fils, et qui le replongea au creux de sa propre enfance. L’hypersensibilité dont il avait souffert, sur laquelle il n’avait jamais posé de mots. Il avait dû appartenir à cette catégorie d’enfants différents qu‘on appelait aujourd’hui précoces, ou dys-quelque chose. Quarante ans plus tôt, ce genre de dépistage n‘était pas monnaie courante. Le comportement de cet adolescent le renvoyait à sa propre réalité – il en fut consolé. Sa différence, ressentie depuis toujours, ne lui apparaissait plus comme une faiblesse mais comme un fait dont il s’était accommodé. p. 272

"Vivre au rythme des saisons, s'organiser selon ses besoins, et parfois ses envies, est un luxe qu'aucun argent ne peut acquérir."