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Citations de Agustina Izquierdo (27)


Les femmes laissent croire que nous sommes maîtres de cette crampe douloureuse, ou bien que son surgissement à la fin de la nuit n'est qu'un évènement mécanique dont nous pourrions parfois leur éviter l'importunité.
C'est un visiteur, comme il est en elles, même si son aspect est plus visible. Nous l'espérons parfois des nuits durant. Nous allumons la lampe, nous lisons, nous regardons des images, nous nous servons à boire, nous buvons, nous rêvons mais il ne vient pas. Quand il arrive, il réclame sa place, il tend l'étoffe, il se presse contre la cuisse de la dormeuse. S'il n'est pas reçu très vite, avec joie et avec chaleur, il se vexe et il s'en va.
C'est une joie qu'il faut accueillir à quelque heure qu'elle se présente. C'est un orphelin qui hurle et dont les pieds trépignent pour réclamer le sein et le lait tiède de sa mère. C'est un fils prodigue qui revient à la demeure de son père. C'est un parasite singulier des rêves, des arts, des nuits, du vin, des doigts, des lèvres, des odeurs, des humeurs.
Nulle part il n'est pensionnaire. Nulle part il ne s'installe à demeure. Personne ne le commande. Il déserte on ne sait pourquoi. Il envahit on ne sait quand. Il peut surgir dans le deuil lui-même.
Il faut accepter de ne pas le comprendre. Et profiter, quelque lassitude ou quelque gêne qui s'ensuivent, de son arrivée inopinée, de sa fureur imprévisible.
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au hasard :
"Je préfèrerai toujours, dans l'amour, au plaisir lui-même juste après le râle, la nuit immense où l'on échoue."
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Un jour, tout ce qu'on aime s'offre à la lassitude. Le sexe des hommes ne se dresse plus au point de trembler, comme font les mains des vieillards, avant de pénétrer le ventre d'une femme. Les mains elles-mêmes cessent de se tourner spontanément vers les touches du piano ouvert ou sur les quatre pétales si doux des fleurs des tulipes. On ne prend plus rendez-vous avec les amis dans l'espérance des dépits qui les ravagent, ou dans l'appréhension des bonheurs qui les secourraient. On a perdu le meilleur d'entre eux. La faim ne creuse plus ni son vide ni son vertige au centre du corps. Ni les yeux ne s'émerveillent désormais de la clarté qui point le matin, qui s'étend, qui dénude, qui fait resplendir peu à peu le volume des objets et le contour des seins, la rondeur des épaules, le relief angoissant du nez et des joues des femmes qui dorment auprès de vous sans qu'on sache pourquoi.
Alors on se tient la bouche ouverte devant la nuit sur un quai et on regarde des prisons que bornent des nuages. Alors on reste les mains vides, sans plus aucun désespoir. Alors on n'est plus qu'un orifice ouvert sur la mort — un orifice qui ne songe pas à se refuser.
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Jamais elle ne l’avait autant aimé. Il découvrit son amour dans ses yeux. Elle se tenait droite, plus large, plus cambrée, plus altière. Elle eut l’impression d’être une reine. Cette femme très formée et robuste luisait dans l’ombre comme un meuble ciré, comme l’eau d’un grand miroir, comme l’eau d’un lac dans la foret. Elle avait un éclat incomparable.
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Il y a des choses dans le monde qui, dès qu'elles deviennent visibles et que nous tombons nez à nez devant elles par hasard, font expirer aussitôt une part de nous mêmes.
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Il ne se trouve jamais rien dans les reproches qu'on fait qui puisse attendrir ceux à qui on les adresse. Il n'y a jamais rien dans la rancune qui puisse attirer à soi.
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La concupiscence est le plus sûr chemin vers la solitude.
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Je préférerai toujours, dans l'amour, au plaisir lui même, juste après le râle, la nuit immense où on échoue.
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Le taureau s'est rué de nouveau contre le cheval qui tentait de se relever, les entrailles ruisselant dans le sable. Tous hurlaient leur joie.
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Au fond, elle était anarchiste. Si ce mot veut dire quelque chose de précis, elle l'était. Tout Dieu, tout gouvernement, tout général, tout père, tout prêtre, tout langage était son ennemi.
(...) Elle était pour la reine Marie-Christine. Elle était passionnément pour tous les complots, contre les absolutistes et la garde royale. Elle était pour la franc-maçonnerie des femmes, pour le Tragala, pour le camp des exaltés.
(...) Elle nous choquait par la crudité de son langage. Les métaphores sexuelles les plus choquantes abondaient sur ses lèvres dans le même temps qu'elle conservait les anciennes moeurs patriciennes. C'était une patricienne. Elle n'avait pas de voiture. Elle possédait un cheval. Elle se tenait droite, arrogante, sur son cheval. Elle conduisait son cheval à l'église, à la fête de la saint Antoine, pour que le prêtre le bénît.
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Le réel met aux abois le langage. Dans la musique aussi, dans les livres aussi, le désir tient table ouverte. Les femmes préféreraient-elles un banquet de sentiments, de mort et de reproduction ? Qui ne tient pas la porte ouverte sur le désir, la refermant sur une ou deux apparitions, referme la porte sur soi et sur la mort. Il ne se représente plus. Qui le boude, la vie le boude.
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L'obscurité unit ce que le regard divise.
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Elle se mit à chantonner en se balançant sur elle-même et en tournant la tête sur le bois de la poutre. Elle avait un cadeau et elle commençait à souffrir.
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Sa façon de vivre paraissait à Didac Cabanillas contre nature, sa conduite peu féminine, ses desseins imprévisibles, son refus du mariage craintif, son rejet de la procréation anormal, son besoin d'infraction risible et le goût qui la portait vers l'indépendance tyrannique.
"Ma vie est simple et obscure, lui répondait-elle. Je vous ai vu. Vous paraissiez vivant. Je désirai le bonheur. J'essaie tout le temps d'être sincère avec l'impulsion qui me gouverne."
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Pourquoi traiter de vices les besoins ? Pourquoi transporter dans la honte une inclination qui est fichée dans notre condition comme le nombril sur notre ventre ou les yeux sur notre visage ?
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Je n’ai jamais vu un saint. Quelles étranges images donnent d’eux-mêmes les hommes ? Vous voyez couler leurs larmes mais vous ne voyez jamais la main qui les essuie.
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Je n'ai jamais cherché à plaire à un homme, puis à un autre homme. Je n'ai jamais songé à être belle pour la mince satisfaction de leurs regards. J'aurais aimé attirer vers moi la nuit elle-même.
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L'évêque français dit : "La nature a attaché à l'homme un instinct qui le précipite dans la grossièreté des bêtes plus anciennes qu'on appelle l'amour. J'approuve le mépris de la passion parce que c'est ce que Dieu nous demande. Je ne conçois pas la haine de l'amour parce que nous ne saurions être saufs de l'état de bête où Dieu nous a mis.
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Un autre jour le père Guimera dit à l'évêque français :
"Si Dieu ne nous donne les désirs que sous forme de remords, et de joies que sous forme de hontes angoissées, nous les subirons comme les déchets de chaque jour que nous fuyons dans la gêne. "
L"évêque lui répondit :
"Vous êtes un imbécile."
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Comme individus, les femmes et les hommes se séparaient, s'acharnaient à se distinguer, rivaliser ; ils s'entre-tuaient. Comme corps pourvus d'un sexe, les femmes et les hommes dépendaient les uns des autres comme les torrents sont dépendants des pentes des montagnes et des roches qui entravent leur course, des roches sur lesquelles ils rebondissent, et qui les précipitent plus violemment encore en eux-mêmes. C'est pourquoi les corps s'aimaient et qu'on ne pouvait parler d'amour sans que les corps fussent aussitôt présents, de toute leur incompréhensible et embarrassante présence.
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