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Citations de Alain Damasio (1511)


-Tu sais ce que dit Nietzsche, Capt : que c'est le propre des forces réactives, justement, de vouloir détruire les forces qui s'opposent à elles. Et elles veulent les détruire parce qu'elles n'ont pas la force suffisante pour les subjuguer, se composer avec. S'en servir! vouloir détruire est le symptôme d'une volonté décadente!
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Sahar, elle a eu le visage de ma mère quand elle a crié « vivante ! ». C’est le même cri, le même cri pour toutes les mamans. C’est pas un cri de père. C’est un cri de quelqu’un qui a eu, dans son ventre, une chose qui vit. Et qui l’a fait sortir en poussant. Qui l’a faite avec sa matière à elle, sa boule de cellules, de sang, au toucher, à la mano, du dedans. Pendant neuf mois. Nous, on aime nos gosses, los papitos, che ! A part qu’on les a pas eus vivants dans notre bide, tous bougeant. C’est ce cri du bide qu’elle a eu. Ce cri, il sait.
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- [...] Et pouvez-vous me donner ces six premières formes du vent, par ordre de difficulté ?
- La zéfirine, le slamino, le choo, la stèche...Euh...le crivetz et le furvent !
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Alain Damasio
La SF est une façon d’interroger notre rapport à la technologie. C’est son fondement et son paradigme : comment l’homme réinvente son rapport à soi, à l’autre et au monde par la technologie. La SF est donc complètement intégrée à notre présent, tout ce qui est fait en SF interagit avec ce qui existe déjà.
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Moins que d'autres, je ne savais si le but de notre vie avait un sens. Mais je savais, plus que quiconque, qu'elle avait une valeur.
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Elle me plaît terriblement. J’ai envie d’embrasser sa nuque fraîche. Ses cheveux glissent sur sa joue avec une enfantine grâce. Ils se délient sous le vent par salves joueuses, mobiles, avec des reflets d’écorce et de châtaigne, et viennent parfois se poser sur sa bouche, la voiler… Elle me parle d’une voix pleine qui désarçonne ma pudeur et m’encourage à lui répondre en vrac, à la volée, sans rien contenir. Là où nous sommes, accoudés au gardefou, nous regardons la première lune, la rousse, se lever. La brise bouscule au loin quelques nuages, et les buis, jetés sur la plaine en touffes, prennent doucement feu sous la lueur sélène.
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Fais ce que tu veux, Sov, vas-y puisque tel est ton destin, le destin de toute la horde. Tu ,e te pardonneras jamais de ne pas y être allé, sache-le. Au moins d'avoir essayé. Mais n'y va que si tu as décidé, au plus profond de toi, que tu es prêt à mourir pour l'Extrême-Amont. Et surtout, à voir mourir.
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Alain Damasio
Mallarmé fait partie des trois créateurs qui m’ont le plus influencé, avec Nietzsche et Deleuze. C’est mon phare stylistique, au sens du poème de Baudelaire. Dès que je lève la tête pour progresser, dès que j’essaie de remuer et tordre, décaler ou renverser ma syntaxe, c’est vers lui que je vais.
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Quelques coups de pédales plus loin, je me trouvai au pied de l'antirade. Je souris à la vue du panneau qui indiquait « Sentier pédestre de l'antirade. Déconseillé aux vélos dépourvus de système électronique de freinage et de recycleur de boue. Les personnes souffrant de difficultés pulmonaires ou cardiaques, insuffisamment ou peu entraînées, doivent entreprendre l'ascension avec la plus grande prudence et ne pas hésiter à faire de fréquentes haltes afin de ménager leur organisme. Des sanitaires sont disposés à intervalles réguliers dans la pente pour assurer une hygiène optimale des promeneurs. » J'adorais ce panneau. Il était tellement emblématique de notre société. Tout y était : infantilisation des gens, conseils moraux, définitions de conformité et de non-conformités physique, normes implicites de civilité à respecter, prévention, hygiénisme... Un vrai programme de gouvernement... des âmes.
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Un réseau social est un tissu de solitudes reliées. Pas une communauté. (p. 277)
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Avant même de naître, je crois que nous marchions. Nous étions déjà debout, la horde entière étalée en arc, déjà fermes sur fémurs et nous avancions avec nos carcasses raclées et nos côtes nues, les rotules rouillées de sable, à griffer le roc avec nos tarses. Nous avons marché longtemps ainsi, tous ensemble, à chercher la première de toutes nos prairies. Nous n’avons jamais eu de parents : c’est le vent qui nous a faits. Nous sommes apparus doucement au milieu de la friche armée des hauts plateaux, à grandes truellées de terre voltigée pris dans nos ossements, par l’accumulation des copeaux de fleurs, dit-on aussi, sur cette surface qui allait devenir notre peau. De cette terre sont faits nos yeux et de coquelicots nos lèvres, nos chevelures se teintent de l’orge cueilli tête nue et des graminées attirées par nos fronts. Si vous touchez les seins d’Oroshi, vous sentez qu’ils sortent du choc des fruits sur son torse, et mûrissent toute une vie. Ainsi en est-il des animaux et des arbres, de tout ce qui est : seuls naissent vraiment les squelettes, seuls ont une chance ceux qui se dressent au-dessus de leur paquet d’os et de bois, en quête d’une chair, en quête d’une écorce et d’un cuir, de leur pulpe, en quête d’une matière qui puisse, en les traversant, les remplir.
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En bas, il n’y a que des habitats troglodytes, des galeries enterrées et quelques burons arc-boutés dans le lit du Fleuvent. En bas, il y a surtout ce qui tient les nobles en l’air, ce qui permet ballon et barcarolle, faribole et vie de palais…

— Quoi donc ?

— Les réflecteurs, mignonne ! Alticcio a cette particularité d’être située au débouché d’un canyon très encaissé, presque une fente, une incision dans la montagne. En amont de ce canyon, tu as une vallée très large qui se rétrécit progressivement en entonnoir. Si bien que le vent qui s’engouffre amont dans le goulet – pffffeee, il ressort aval avec une vitesse et une pression énormes – sccchhhha ! Les piles des tours ne tiendraient pas sous l’abrasion si les pionniers n’avaient eu l’idée et le culot d’installer, que dis-je, de cribler le lit du fleuve de grands panneaux en métal inclinés, sur lesquels vient buter le courant. Tu me suis, poupée ? Grâce à ces réflecteurs, le vent horizontal ricoche vers le haut. La cité est en quelque sorte portée, soutenue du sol par un matelas d’air ascendant qui permet aux Tourangeaux de planer paisiblement en altitude
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Darbon demanda pour les autres, où étaient leur corps. Ça craqua en moi, d’un coup, le noyau, la coque dans l’étau. J’eus l’impression que ma colonne fondue, liquide de souffrance, venait de regeler, sur la seule image d’Arval galopant. Toutes mes sutures pétèrent dans mon dos, je ne me tenais plus assis, ça se vida des poumons, sans larme, sec, sec, je hoquetai :
— Je renonce. (Les deux mots m’étaient tombés de la bouche.)
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Ici, c’est le pays des cagouilles, du poiscaille et de la bouillasse. Faut pas chercher à poser la patte sur une motte, pas vouloir réfléchir à la trace sèche, ni quel îlot, bout de roc ou tas de bouse à moitié liquide va pouvoir te servir à te relever pour contrer à la franche – debout, campé. Quand ça pleut ici, ça pleut pas à seaux, plutôt à la barrique de binouse, au tonneau de cent, ça te douche la couenne au jet, plus besoin de te laver petiot, mais ferme ta bouche et boucle ton calbut, et va te jeter à la baille direct, histoire d’enquiller du mille en crawl… Vagues de face, et monte, et descend, et monte, et marche à mi-mollet dans la barbotière, à mi-cuisses, mi-couilles, avance – trace gars, suit le Goth… Je les avais prévenus dans le Pack : y aurait plus de contre en goutte ou en delta, personne pour leur abriter le cul, tout le monde au même niveau, le groin dans l’eau, le baril derrière.
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Elle tourne vers moi le bleu dense de ses yeux, elle est ravie, un peu impressionnée, elle a reconnu le scribe, mes compliments incendient ses joues, sa bouche brille, très rouge sur une peau blanche. Des airs de Coriolis, mais en tellement plus vive ! Elle vient d’un village de l’aval, Ravenne, que nous avons traversé il y a plus de cinq ans. Elle a rejoint l’Escadre frêle pour y vivre la vraie vie. Elle est donc danseuse et joueuse de cannéole, avec un accent attachant qui lui fait dire « Soff » en chuchotant le f. Elle me plaît terriblement. J’ai envie d’embrasser sa nuque fraîche. Ses cheveux glissent sur sa joue avec une enfantine grâce. Ils se délient sous le vent par salves joueuses, mobiles, avec des reflets d’écorce et de châtaigne, et viennent parfois se poser sur sa bouche, la voiler… Elle me parle d’une voix pleine qui désarçonne ma pudeur et m’encourage à lui répondre en vrac, à la volée, sans rien contenir. Là où nous sommes, accoudés au garde-fou, nous regardons la première lune, la rousse, se lever. La brise bouscule au loin quelques nuages, et les buis, jetés sur la plaine en touffes, prennent doucement feu sous la lueur sélène.
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Bonne nuit maman'doline
Toute ronde et toute câline
Quand tu joues en sourdine

Bonne nuit maman'dibule
J'adore quand ta bouche
m'embrasse et fait des bulles

Bonne nuit maman'dragore
qui fleurit en silence
car le silence est d'or

Bonne nuit maman'gouste
Laisse moi rêver maintenant
fais moi un bisou et ouste !
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"Les enfants ne marchent pas, jamais : ils courent." Et si vous les regardez vraiment, ils ont tellement de sève ascendante en eux, ils sont tellement et animaux et buissons à la fois, et pierre en éruption qu'ils ne courent pas sans bondir en même temps, comme si leur propre pied était trop impétueux pour ne pas les enlever du sol. Si la gravité n'existait pas, en tous les sens du terme, on attacherait nos gosses avec des ficelles pour ne pas aller les chercher chaque soir dans le ciel.
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" La maturité de l'homme est d'avoir retrouvé le sérieux qu'on avait au jeu quand on était enfant." Et bien sûr celle qui suggère de vivre chaque instant comme si c'était à la fois le dernier et le premier instant de sa vie.
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Vole donc, vole mon autour, vole encore à travers mes bras à travers ma foi, les faucons sont les rois mais les princes volent au pas à travers les taillis et le fouillis de nos quêtes de soi.
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On n'était qu'un petit tas de chair frêle en mouvement, soudés un bloc, désunis presque rien, à peine un billot de bois craquelé prêt à fendre sous la rafale, de la sciure à souffler à la bouche. Et tout le monde le savait...
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