Citations de Alain Damasio (1511)
Cet individualiste qu'ils ont voulu faire, très tôt, de moi... je le tuerai, à la longue. La machine à écrire la légende. Celle qui leur servira à faire rêver la plèbe, encore et encore, à travers nos « exploits ». s'ils savaient, à Aberlaas, Extrême-Aval, dans cet amas de tours et de beffrois, de burons grisâtres où toute la poussière crasseuse du monde échoue, les millions d'habitants, s'ils comprenaient vraiment nos vies ! Des années de routine, de contre monotone, pour quelques éclats, deux prouesses, un furvent et finir où ? À crever de soif en plein rien parce qu'Aoi, trois soirs de suite, n'aura pas su trouver une source ?
p.642-641
Cet individualiste qu'ils ont voulu faire, très tôt, de moi... je le tuerai, à la longue.
Je n'ai jamais pu oublier ma lâcheté. Le bras que je n'ai pas tendu vers lui lorsque j'ai senti « l'accident » approcher. Le bras, le lien qui l'aurait retenu. Je ne suis pas devenu scribe parce que j'étais le meilleur, loin de là. Je n'étais pas brillant : j'étais obstiné. Je le suis devenu pour comprendre pourquoi je n'avais pas eu le courage d'être solidaire. Afin qu'un petit bout de lui, au moins, soit sauvé à travers moi et accède à la charge qu'il méritait.
p.642
Qu'est-ce que j'ai voulu me prouver ? La noblesse, n'est-ce pas, toujours elle. Être noble, aider. Le prince, mais charmant. Au sein de la horde, qui pourrait comprendre ce que je fais là ? Sov ? Sov comprendrait. Un Della Rocca qui prend la pelle, qui ne se contente plus, comme ses ancêtres, des lettres de sa noblesse. Qui veut mériter le prestige qu'on lui accorde de fait.
Les facilités de mon statut, je les ai toujours tenues à distance. Pour me fondre, devenir un hordier comme un autre ? Plutôt pour en revenir à l'esprit de la noblesse que ma lignée indique et qu'elle avait fini par négliger, au bénéfice de l'apparat et du jeu des signes. L'atteindre et l'incarner. Sans éclats, au quotidien. Sobrement. J'empoigne la pelle et j'ouvre la porte.
p.647
Faut dire qu'ils ont tellement l'habitude d'être sous la couveuse dans le pack qu'au moindre blaast, ça saigne du nez ! Mouchez-vous la truffe, les chiots : le costaud arrive !
Extrait page 453 la zone du dehors
Tout cela me confortait dans mon intuition, souvent moquée par mes amis, que l’homme était fondamentalement bon–à condition d’être en rapport direct et vital avec d’autres hommes. Impersonnel, un système social écarte l’homme de l’homme. Dans la lézarde ainsi creusée, la plante du ressentiment pouce est nourrit la fraude, le parasitisme et l'abus–puisqu’on ne voit jamais qui paie ni qui souffle de nos abus. On espère que c’est le système qui paie quand lui se contente de répartir les coûts et d'inoculer ce que chacun, par sa rancœur, fait subir de manière diffuse à tous. Les dysfonctionnements s'accroissent, les honnêtes gens s’en prennent aux saboteur et bientôt les imitent… On se retrouve contraint, pour maintenir la cohésion sociale, d’instaurer un contrôle maniaque et vétilleux sur le moindre petit comportement potentiellement fautif de chaque citoyen.
Étrange à quel point la douleur des autres bute au rebord du partage, si proche que je sois de Silamphre (je me sens presque au chaud dans mes petites laies, préservé, privilégié d'être à peu près intact)
Le hasard est un allié aussi fugitif que mortel. Il tue avec la même facilité qu'il te sauve. Apprends à réduire ce fauve à la dimension d'un chat.
Ceux qui vous disent « pendant la vague, j'ai pensé à ceci et à cela » mentent. Quand elle passe, tu ne penses plus. Tu oublies ce que tu voulais faire, rêvais d'être, croyais pouvoir. Le corps seul répond. Et il répond ce qu'il peut. Il défèque, il se pisse dessus. Il se mange la bouche avec les dents, comme une viande. Il brûle ses tendons à crisper la sangle devant. Il bave. Après ? Après chacun dit ce qu'il veut, il raconte, elle étire, il introduit des mots, il fend ce qui n'est qu'un roc de peur brute... Ce que je pourrais vous dire – à vous, tas d'abrités blottis dans vos cages de pierre [...] c'est que sous furvent... Mais n'en parlons plus. Sous furvent, il n'y a rien à dire.
« Vif est celui qui se dresse et fait face. Ne te retourne jamais que pour pisser » p.678 Folio SF
écartez-vous, laissez venir les pattes cassées ! Réparation immédiate et sans douleur ! Satisfait ou pétrifié !
p.661 Folio SF
Comme souvent avec Carac, nul ne sait ou commene la farce, si seulement elle a commencé, et si seulement elle s'achèvera. Le sérieux rete chez lui indémêlable du jeu, cousu dans la même étoffe gestuelle et verbale, la même malice filante. Du troubadour, il offre l'incarnation la plus éclatée, le pur brio quotidien, infatigable... et fatigant. La scène où il se produit a la dimension de la Terre et son rideau de ciel ne ferme depuis longtemps plus. Plus grave est l'évènement, plus fantasques ses écarts – et plus frivole l'attitude.
- Tu blagues encore ou...
le furvent est un serval dont la griffe aime votre peau. Tout ce qui reste à nu criera !
Dès que j'ai reniflé le blaast, à l'odeur de froid, j'ai su que ça allait charcler. J'ai enfoncé mon casque de cuir, plein front, sanglé le pourpointn, sec. Jusqu'au groin. Puis j'ai plongé la tête et je le suis rentré dedans. Au schnee. Dans la ruelle, ça picorait au bec dans les joues. À y foutre les mains. J'ai culbuté le lux, j'y ai mis des coups d'épaules, droite, gauche, cadré, en appui. Une chaise m'a enflé le genou, les tuiles valdinguaient par-dessus nos têtes. J'ai éviter de trop longer les burons, à cause des chars à voile chaînés au crochet, qui tossaient brutaux, à entailler les murs. Je pige pour Coriolis. Elle caque, c'est son premier furvent. Une pucelle encore, qui serre les cuisses. Mais putain, on va la couvrir ! Au mieux. On lui a déjà pris le chariot des pognes. Quoi ? On tient à elle.
Nous sommes fait de l'étoffe dont sont tissés les vents.
Quitte à mourir le ventre troué par un morceau de bois, ils préféreront toujours que ce soit en plein vent, dans la plaine, qu'ici-bas ensevelis dans un puits, les vertèbres rompues sous le poids d'une poutre. Il n'y aa rien de rationnel à ces choses là. La menace dehors, sera extrême. Ici, elle reste apprivoisable, il suffirait de choisir un bon mur, j'en ai aperçu un ou deux, et de s'attacher. Mais voilà. Ce n'est pas ce qu'on va faire.
Tu caresses et tu câlines
Tu caramélises les sons
Tu carambouilles et tu babilles
Sans rime aucune, ni raison
Ton escarcelle n'a pas de billes,
Stylite à tort déifié,
T'es qu'un tocard qu'écarquille
La peur panique du brancard,
Un scarabée à scarifié,
Que j'écartèle adagio
Quartier de barbaque, hip !
Carpaccio !
à l'origine fut la vitesse, le pur mouvement furtif, le "vent-foudre". Puis le cosmos décéléra, prit consistance et forme, jusqu'aux lenteurs habitables, jusqu'au vivant, jusqu'à vous.
Bienvenue à toi, lent homme lié, poussif tresseur des vitesses.
La roche n'est que du feu recourbé, pris dans des croûtes d'ombre.