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Critiques de Alan Moore (715)
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From Hell

Vision ésotérique et hallucinée du Londres de l'époque victorienne, lors de la chasse lancée contre Jack l'éventreur, ce roman graphique culte d'Alan Moore, adapté mollement au cinéma en 2001, est un "must-have read".

Ici Jack the Ripper, selon une thèse bien connue, n'est autre que le médecin de la reine Victoria. Alan Moore nous convie à suivre les errances franc-maçonniques et ésotériques du docteur Gull, en parcourant et jalonnant Londres de ces meurtres rituels. On suit également l'histoire des prostituées assassinées, et un nouveau schéma se dessine, la magie noire est à l'oeuvre, et Jack l'éventreur, le docteur Gull, est son instrument, tranchant et précis : il met fin au 19ème siècle, assassine ce siècle des lumières, et souhaite la bienvenue à l'avènement de l'ère sombre, le naissant 20ème siècle...
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Watchmen (Intégrale)

La satyre de Juvénal "Quis custodiet ipsos custodes ?" (Qui garde les gardiens eux-mêmes ?) est devenue "Who watches the watchmen ?" et symbolise bien la remise en cause de la légitimité des Super-Héros à faire régner l’ordre.



Comment vous parler de ce comics en restant simple ? Et sans rien oublier ? Impossible…



Déjà que je devrai sans doute la relire plusieurs fois avant d’arriver à appréhender tous les détails qui se cachent dans les dessins, avant de saisir la profondeur des propos et de comprendre la richesse de l’histoire, et l’histoire dans l’histoire.



Watchmen met en scène des super-héros sans pouvoirs, des super-héros comme on n’a pas l’habitude de voir.



Oui, on a affaire à des hommes ou femmes qui se déguisent comme au bal costumé, qui tentent de faire régner l’ordre mais où aucun ne s’est fait mordre par une araignée irradiée et où personne ne vient de la planète Krypton.



Le seul qui a les pouvoirs d’un dieu, c’est le Dr Manhattan (Jonathan Osterman) car cet homme a été désintégré, mais s’est reconstitué petit à petit avant de réapparaître dans le monde réel. Il est omnipotent, omniscient, et immortel, et aux services des États-Unis.



En plus de nous proposer un univers de super-héros revisités, Alan Moore nous offre un uchronie où les États-Unis ont gagné la guerre du Vietnam et où Nixon vient d’être réélu pour la 4ème fois d’affilée (le scandale du Watergate a été évité et on a changé le XXIIème amendement de la Constitution des États-Unis).



Ironiquement, il n’y a plus de comic de super-héros, le genre préféré des lecteurs étant devenu les bandes dessinées de pirates, dont nous aurons un aperçu dans l’histoire, mais je vous en reparlerai plus bas.



Pour le reste, c’est comme dans la réalité avec la guerre froide entre les américains et les russes et des menaces de Troisième Guerre Mondiale. Bienvenue en 1985…



Si au départ les dessins ne m’ont pas vraiment attirés, j’ai vite réalisé que je devais être super attentive à tout ce qui se passait dans la case, aussi bien dans les dessins que dans les textes car ils sont tous, au niveau des détails, d’une richesse époustouflante et je sais que je pourrai reprendre la bédé d’ici quelques temps et encore y découvrir des choses.



La richesse ne se trouve pas que là car les personnages des Super-Héros sont eux aussi riches en détails qui les rendent réalistes, humains, car ils sont porteurs de tous nos défauts.



Leurs complexités fait que personne n’est ni tout blanc, ni tout noir, et que ceux qui ont l’air sympa peuvent être des brutes épaisses mais animées d’un désir de vérité, et que ceux qui ont du sang de la multitude sur les mains ne sont peut-être pas à blâmer…



Là, vous serez le seul juge, car dans ce comics, on ne définit pas qui sont les méchants et qui sont les gentils et tout dépend du point de vue duquel on se place (celui de Rorschach ou ceux de Ozymandias et du Dr Manhattan).



Divisé en douze épisodes comme autant de chiffres sur le cadran d’une montre, chaque chapitre se rapproche un peu plus de minuit et le sang descend de plus en plus sur l’horloge.



Tache de sang que l’on retrouvera en forme de symbole d’aiguille d’horloge sur le smiley tombé dans le caniveau après la chute du 10ème étage faite par Le Comédien, défenestré violemment.



Le diable se cache dans les détails et dans ce comics, c’est vérifié à chaque page, à chaque dessin, dans chaque retour vers le passé pour tenter de nous expliquer le tout et de nous faire voir l’intégralité de la trame qui est loin d’être simple.



Là où l’on atteint le summum du summum, c’est dans le chapitre 5 (Terrible symétrie) où le lecteur attentif remarquera que ce chapitre est construit comme un palindrome, la première page faisant écho à la dernière, que ce soit sur le thème, la mise en page ou les personnages mis en image. Fortiche le scénariste !



Palindrome dont la page centrale est une scène d’action qui reproduit les motifs symétriques et toujours changeants du masque de Rorschach (son nom vient du test du même nom). J’avoue que si je n’avais pas fait des recherches sur le comics, je ne l’aurais pas remarqué…



Plus haut, je vous parlais de pirates… Et c’est là que l’on applaudit aussi le soucis du détail du scénario et sa recherche car par l’entremise d’un lecteur assidu, on se retrouve même à lire deux comics en même temps, Alan Moore ayant réussi à glisser au cœur de sa narration, et parallèlement à celle-ci, une histoire de pirates !



Et les bandeaux-titres dévolus au récit de pirates s’accordent très bien avec l’autre récit consacré à nos Super-Héros et leurs interrogations car ce récit de pirates nous explique, de par les péripéties de son personnage principal, que la compréhension de la réalité dépend de la personne qui la regarde.



Ma main à couper que j’ai oublié de vous parler de tas de choses hyper importantes, que j’ai loupé des tas de choses vachement importantes aussi dans les dessins ou dans les pages de documents écrits insérés à la fin de chaque chapitre, écrits issus de l’univers des Watchmen, dans les articles de journaux, dans les longs passages du journal intime de l’un des personnages,…



Watchmen est plus qu’un comics : c’est une histoire dense, un récit complexe, profond, rempli de détails, de choses pertinentes, d’analyses cyniques de notre société et des gens qui la composent, une analyse sans concession de la société contemporaine, des personnages principaux riches et réalistes, des personnages secondaires qui auront leur importance aussi…



C’est une œuvre de philosophie, porteuse de messages, bourrée d’astuces scénaristiques qui montre, une fois de plus, le génie d’Allan Moore.



Anybref, ce n’est pas qu’une simple histoire de Super-Héros qui mettent leurs slips sur leurs collants !!


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, int..

J'avais vu le film éponyme, à sa sortie, en 2003 et le moins que l'on puisse dire, c'est que j'étais ressortie de la salle dans un état dubitatif... Alors, quand je suis tombée sur cet ouvrage en recherchant From Hell du même auteur, je me suis dite que j'allais retenter le coup pour deux raisons : la première, je préfère souvent le livre original à l'adaptation tandis que la seconde, je suis devenue plus ouverte en matière de Littérature de l'Imaginaire. En effet, il y a encore dix ou quinze ans, j'aurais boudé une uchronie ou une Fantasy historique (la faute à ma formation en Histoire, je pense) alors qu'aujourd'hui, je n'ai plus l'esprit aussi étriqué et je me dis que, parfois, prendre des libertés avec L Histoire, cela peut s'avérer intéressant. (Juste pour information, je cantonne cette réflexion à la SFFF uniquement car prendre des libertés avec L Histoire dans un roman historique, cela reste encore un crève-coeur pour moi, même aujourd'hui).



Pour en revenir à la Ligue des Gentlemen Extraordinaires, l'idée d'Alan Moore est de ressembler différents protagonistes de la littérature marquante du XIXème siècle : ainsi se côtoient Mina du Dracula de Bram Stoker, Allan Quaterman crée par Henry Ridder Haggard, le Capitaine Nemo issu de 20000 lieues sous les mers de Jules Verne, le Docteur Jekyll et Mr Hyde de Robert Louis Stevenson et enfin l'albinos Griffin plus connu sous le nom de l'Homme invisible inventé par Herbert George Wells. Notre équipe de choc est ainsi recrutée par un mystérieux "M" qui leur confie différentes missions et dont le but est de protéger les intérêts de l'Empire britannique.



Je dois bien avouer que l'idée de rassembler différents personnages issus de la Littérature SF et fantastique du XIXème siècle est assez original (c'est d'ailleurs, ce même principe qui m'avait séduit dans la série Penny Dreadful). J'aime beaucoup cette idée car elle peut s'avérer être une porte pour découvrir les classiques originaux (dans le cadre de Penny Dreadful, par exemple, j'ai eu envie de découvrir Frankenstein de Mary Shelley ou L'étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde de Robert Louis Stevenson) et pousser un lectorat non initié à franchir le seuil.



Le choix des personnages d'Alan Moore est assez percutant et tous se complètent bien malgré leur diversité et leur histoire. Ils possèdent tous leurs failles et leurs faiblesses, mais unis, ils constituent une équipe de choc très efficace! Mes deux personnages préférés restent Mina, en femme forte et intelligente ainsi que Griffin, drôle et indépendant. En revanche, j'ai plus de mal à comprendre pourquoi les scénaristes tiennent tant à rapprocher Mina d'Allan Quaterman : je les trouve plutôt mal assortis.



Le scénario, quant à lui, m'est apparu assez classique : je n'ai pas réellement été surprise ni par les rebondissements, ni par les révélations (peut-être uniquement par la révélation du fameux Mr "M"). Quelques scènes possèdent également son lot de violence, aussi je ne recommanderai pas cette bande dessinée à des personnes sensibles.



Enfin, (et c'est pour moi, le gros point noir), je n'ai pas du tout été séduite par les dessins. le worldbuilding, notamment des villes de Paris ou de Londres, est assez déroutant car certains détails sont très fantaisistes. Quant aux personnages, je ne les trouve pas vraiment mis en valeur et l'accent est trop peu mis sur les costumes ou les accessoires des différents protagonistes. Or, quand je lis une bande dessinée sur le XIXème siècle, ce sont ce genre de détails qui me font rêver.



En conclusion, La ligue des Gentlemen extraordinaires est une bande dessinée aux idées assez originales et aux personnages sympathiques mais qui pour moi, est appesantie par un scénario relativement simpliste et des dessins pas très attractifs. Elle reste, néanmoins, un bon moyen de découvrir des personnages fictifs issus de la Littérature SFFF du XIXème siècle.
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Batman : The Killing Joke

C'est l'histoire de deux fous...



Alan Moore revient sur les origines de mal, de la folie du Joker. En prenant connaissance de ses malheurs, Moore nous demande, si après tout, nous mêmes ne serions nous pas devenus fous alliés dans pareilles circonstances.

Du point de vue narratif, l'histoire résume à elle seule la problématique des liens qui unissent le Batman et son alter ego/ennemi.

Visuellement le travail de Brian Bolland est une très grande réussite. Tant dans sa version colorisé que noir et blanc.



Un incontournable.

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La coiffe de naissance

Après s’être déjà énormément dévoilé –mais de manière indirecte- dans ses plus grandes œuvres (La créature du marais, V pour Vendetta…), Alan Moore révèle quelques pans autobiographiques de sa personnalité. Le texte de La coiffe de naissance, écrit à l’occasion d’un spectacle donné pour son 42e anniversaire, est ici repris et illustré par Eddie Campbell qui effectue un travail tout en nuances et en inspirations. Au milieu de ses propres dessins, tout de noir et blanc vêtus, se glissent Jérôme Bosch, Billy Stockman Tjapaltjarri ou Hokusai, comme de brefs appels à une communion élargie.





En se focalisant sur la coiffe de naissance –une fine membrane qui recouvre la tête du bébé à la naissance et sur laquelle sont imprimés les traits de son visage-, Alan Moore cherche à nous révéler l’importance des détails. La coiffe devient l’allégorie des masques que nous empruntons dans nos existences pour limiter la casse et renforcer l’intégration sociétale –mais à quel prix ? La mise au rebut de sa personnalité, les imitations de débuts de vie factices, la perte de son identité profondes, sont des thèmes qu’Alan Moore aborde avec une naïveté qu’on lui connait peu et sur un mode poétique désabusé, sans tragédie ni éclats. La traduction aurait-elle fait perdre de sa noblesse à Alan Moore –de cette noblesse lyrique qu’on lui connaissait dans la créature du marais ? Malgré ces défauts de style qui donnent l’impression de lire le plaidoyer mécontent d’un adolescent qu’on aurait privé de sortie, émergent parfois des vérités profondes qui réussissent à bousculer notre assurance de lecteur pour nous interroger.





Et puis le langage se déconstruit peu à peu. Alan Moore revient à ses plus jeunes âges, retranscrit les premières frayeurs et les premières blessures. A notre tour de retourner sur notre enfance et de nous souvenir des abandons et de la survenue de la mort. Serait-ce à ce moment-là que nous avons commencé à nous fuir ? Régression, régressions… nous inscrivons à nouveau notre visage à l’intérieur de la coiffe de naissance, et plus loin encore, nous remontons le long de l’échelle de l’évolution. Du microscopique au macroscopique, la coiffe de naissance inscrit l’individu à la fois dans son insignifiance mais aussi dans la grandeur de son appartenance au phénomène de la vie.





Parce que ce récit est autobiographique, il se fait moins fulgurant que les pures œuvres de fiction d’Alan Moore. Ici, il prend la pose même s’il s’en défend –peut-on éternellement se passer de sa coiffe de naissance ? Et cependant, le résultat parvient encore à nous troubler d’une manière toute personnelle. En parlant de lui, Alan Moore réussit brillamment à parler de tous…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Providence, tome 1

La dernière page d'Alan Moore que j'avais tournée était la dernière du Neonomicon, son adaptation ou plutôt sa relecture moderne de l'oeuvre de Lovecraft, une oeuvre fascinante quoique tout de même inégale et parfois assez glauque. L'idée de Moore de rendre explicites des aspects volontairement cachés par Lovecraft ne me plaisait pas tellement. Peut-être, comme le pense Moore, Lovecraft était-il très réticent à l'idée de parler de sexe. Toutefois, mettre au premier plan certains aspects cachés ne les rend pas toujours plus terrifiants ou intéressants, au contraire.



Alan Moore, malgré tout son amour pour l'oeuvre de Lovecraft, regrettait ainsi que les rituels occultes et sexuels pourtant au centre de certains de ses récits se résument à quelques mots timides. En adaptant librement son oeuvre, Moore décida donc de ne rien cacher de l'horreur dans son Neonomicon. le résultat était, disais-je, inégal. Ce sont justement les premières pages, les moins explicites qui sont les plus brillantes.



J'avais évidemment envie de poursuivre avec Providence, nouvelle incursion du mage noire du comics dans l'oeuvre de son maître Lovecraft (soyons polémique un instant, l'oeuvre de Moore n'a t-elle pas dépassé celle de Lovecraft depuis longtemps ? ).



Ce premier volume de Providence dépasse de très loin toutes nos espérances. Sombre sans n'être jamais glauque, ce volume est d'une richesse inouïe -mais n'est-ce pas la marque de fabrique d'Alan Moore ?-, et est remplie d'allusions à l'oeuvre de Lovecraft sans que cela n'étouffe jamais le récit.

On peut en effet la lire et y succomber sans n'avoir jamais lu une ligne de l'écrivain américain. On peut aussi la lire en la connaissant par coeur et y trouver mille choses intéressantes.



C'est un récit sur les rêves, l'influence de ceux-ci sur nos vies et une recherche constante de ce territoire inconnu que l'on nomme l'inconscient. Peut-être existe-t-il quelque part ce territoire, peut-être peut on en dresser les contours et peut-être peut on voir cette BD comme un pur récit d'aventure.



On suit tout du long, Robert Black, un journaliste qui aimerait écrire un livre d'importance sans qu'il ne sache encore quel pourrait en être le sujet. Il a des secrets honteux, se dit que tout le monde en a, certains plus honteux que d'autres. Si on croise tous ces secrets, cela formerait comme un continent monstrueux. C'est une piste. Peut-être le sujet de son roman. Et c'est ainsi que commence l'aventure.



Contrairement au Neonomicon, tout ici semble suggéré même si ce n'est pas tout à fait le cas. Les choses les plus horribles ne sont pas tellement cachées, mais exactement comme ce Robert Black un peu falot, on les voit à peine. On en aperçoit les contours mais jamais en entier. Je ne sais même pas comment c'est possible de rendre cela en BD mais Alan Moore et Jacen Burrows ont réussi ce tour de force. Imaginez donc : vous voyez un monstre mais comme votre cerveau n'est pas prêt à l'accepter alors vous ne le voyez pas totalement. Ce n'est qu'après, en regardant en arrière, que vous vous dites que vous avez réellement vu un monstre. Incroyable, incroyable tour de force des auteurs.



Autre chose d'importance, je trouve toujours réjouissant quand la forme d'une oeuvre épouse son propos, quand la BD en tant que telle ou le storytelling participe aux reflexions de l'auteur. Alan Moore veut parler de notre vie de tous les jours, de ce que l'on voit, de ce que l'on est au quotidien mais aussi, donc, de notre inconscient, de nos mensonges, de notre vie secrète, de notre vie intérieure, cet Inland empire qui fascine également David Lynch. Pour rendre cela palpable, il divise son récit en deux parties : la première, dessinée, raconte les aventures de Robert Black. La seconde est le journal quotidien de ce même Robert Black. on a une vision à la troisième personne et une autre à la première personne avec tous les conflits d'interprétations que cela entraîne. On entre dans la tête, dans la vie secrète de ce Robert Black et c'est fascinant.





Un récit à ne pas manquer, que vous soyez fan de Lovecraft ou non et que vous soyez fan d'Alan Moore ou pas ( mais est-ce seulement possible de ne pas aimer son oeuvre ?)
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Batman : The Killing Joke

"Se souvenir n'est pas sain. Le passé est un endroit riche en tracas et complications. "Le passé simple" ça n'existe pas !"

Le passé du Joker n'est pas simple, pour lui tout s'est joué sur un mauvais jour et il est devenu un criminel fou, enfin, c'est ainsi que lui voit la chose car pour Batman, son ennemi juré, il n'en est pas de même et son voire même ses mauvais jours ne peuvent lui servir d'excuses ni de justificatifs.



Pour cet opus de Batman, Alan Moore a décidé de revisiter les origines du Joker et de le confronter une nouvelle fois à Batman, confrontation qui laissera des traces puisqu'il paralyse Barbara Gordon en lui tirant dans la colonne vertébrale et capture son père, le commissaire Gordon, pour tenter dans le rendre fou dans le parc d'attractions qu'il vient d'acquérir, après s'être une nouvelle fois échappé de l'asile d'Arkham : "Mesdames et messieurs ! Vous en avez entendu parler dans les journaux ! Maintenant, tremblez alors qu'apparaît devant vos yeux ébahis l'une des plus lamentables erreurs de la nature ! Voici l'homme ordinaire ! Ordinaire physiquement, mais affligé d'une moralité difforme. Voyez comme la foi en l'humanité est enflée, l'odieuse bosse que forme la conscience sociale, la décoloration de l'optimisme flétri ... âmes sensibles s'abstenir.".

Choix judicieux que de montrer au lecteur le passé du Joker, avec des planches en noir et blanc qui se colorisent au fur et à mesure mais uniquement avec un rouge qui devient de plus en plus dominant, d'autant plus que l'auteur ne cherche pas à excuser ou faire aimer son personnage.

Le Joker reste un personnage fou à lier et détestable, avant de plonger dans une cuve de produit chimique il était même plutôt un raté, un homme qui s’apitoyait sur lui-même et incapable de gagner sa vie et de s'occuper de sa famille.

Il était absurde, tout comme la mort de sa femme avec un chauffe-biberon l'est, mais sa nouvelle situation lui a ouvert une autre voie dans l'absurde : celle de la menace qu'il représente par ses pulsions meurtrières mais surtout sa folie : "Les souvenirs forment une foire perfide. Elle vous entraîne des pommes d'amour de l'enfance aux montagnes russes de l'adolescence, états d'âme doux comme la barbe-à-papa mais soudain, vous prenez un virage malheureux et vous retrouvez dans les ténèbres froides, sales et ambiguës de ces souvenirs que vous auriez préféré oublier. [...] Mais peut-on vivre sans eux ? Les souvenirs sont la base de notre raison. Refuser d'y faire face, c'est nier la raison elle-même. Quoique, pourquoi pas ? Nous ne sommes pas tenus de garder la raison. Il faut savoir raison perdre !".

La colorisation faite par Brian Bolland est une franche réussite, il n'hésite pas à utiliser des couleurs tranchantes, comme le jaune du chemisier de Barbara, avec des nuances plus sombres pour le Batman, l'homme chauve-souris qui agit la nuit.

Mais l'opposition entre Batman et le Joker ne se limite pas qu'aux couleurs caractérisant ces personnages, ils ont une vision diamétralement opposée de la vie et de ses aléas, ainsi pour le Joker : "Tout ce en quoi nous croyons, ce pour quoi nous luttons ... ce n'est qu'une horrible, monstrueuse farce !" alors que pour Batman c'est l'inverse qui est vrai.

Pourtant, la fin est des plus surprenantes, comme un pied de nez à cette guerre à la vie à la mort entre ces deux personnages.



Première incursion réussie dans l'univers de Batman avec "The killing joke", album qui s'est offert Alan Moore pour un scénario ciselé, Brian Bolland à la colorisation, ce dernier offrant également une histoire courte inédite "Un parfait innocent" en fin d'album ainsi qu'une série d'esquisses.
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Jérusalem

Je n’avais encore rien lu de tel… et je crois bien qu’on n’avait encore jamais rien écrit de tel. « Livre-monde » a-t-on avancé pour essayer de le caser quand même dans un genre ; oui, si l’on veut, à condition d’entendre le mot au pluriel, car le livre embrasse plusieurs mondes. Il y a le monde « réel » ou, disons, ordinaire et commun, et celui des rêves, des souvenirs et des états seconds. Il y a en arrière-plan tout un univers de littérature BD et populaire, alternativement trash et fantasy, et en avant, manifeste, une écriture d’orfèvre, savante et précieuse, avec des hommages aux poètes et littérateurs les plus classiques et des morceaux de bravoure à la manière de Joyce, Beckett ou Claude Simon, jusqu’à un chapitre tout en alexandrins. Il y a aussi le monde des religions (ici baptisées « religatures » pour mieux rappeler leur fonction de reliance : de l’ici-bas et de l’« en-haut », des vivants et des morts, des siècles des siècles) et le monde de la science (science-fiction sans doute, mais surtout science tout court, relativiste, quantique et surtout heuristique et exploratrice).

Au départ, semble-t-il, l’ambition amoureuse et faustienne de retrouver, de restaurer et de célébrer, sous les transformations de l’espace et sous des couches de temps, l’âme amochée et résiliente, sordide et solide à la fois, éphémère et éternelle, de ce quartier populaire et historique des Boroughs à Southampton (au nord-est de Londres), où l’auteur est né et où il a toujours vécu depuis 70 ans. Nostalgie, nostalgie ! Sauver du temps dévorateur (le grand «Destructeur » qui fonctionne comme un incinérateur géant et universel) tout ce qui peut l’être d’une histoire complexe croisant les lieux et les époques, les destins anonymes et fugitifs avec les personnages, les œuvres et les événements durables et mémorables et mêlant en conséquence les trajets individuels et triviaux du quotidien et les pérégrinations culturelles sur les hauts lieux de mémoire, religieux, politiques, militaires ou littéraires. « Une histoire, si grande et si complexe qu’elle exigeait peut-être une dimension mathématique supplémentaire pour être racontée. » (pp. 1241-1242).

Et c’est ainsi qu’Alan Moore suit la suggestion du mathématicien Edwin Abbott dans Flatland (1884) et qu’il ouvre les portes de l’imagination sur un monde à quatre dimensions où le temps se trouve comme réifié et où il peut donc être creusé, traversé et parcouru en tous sens puisqu’il est depuis toujours et pour toujours déjà là, dans l’identité éternelle de l’Être. L’histoire se raconte donc depuis ce point de l’espace-temps qu’est le modeste quartier des Boroughs (même si celui-ci est réputé être le centre de l’Angleterre, Terre des Angles ou des Anges, et partant une sorte de point focal de l’univers, en affinité avec la Jérusalem céleste) ; mais, vu la relativité de l’espace-temps, elle prend du coup une dimension universelle et ontologique. L’Être comme la ville s’étage sur trois niveaux, du Premier au Troisième Boroughs, de « l’En Bas » terrestre à « l’En-Haut » des Anges Bâtisseurs et des Démons. Le Premier Borough, c’est la réalité ordinaire et le monde des sens, à ceci près que s’y meuvent aussi des morts qui, n’ayant pas liquidé tous leurs attachements terrestres, continuent de le hanter à l’état de spectres condamnés à la grisaille. Le Deuxième Borough, c’est l’étage invisible au-dessus, où tout est plus pur, plus beau, plus coloré et plus intense ; là où on continue de vivre après la mort et où on fait aussi des incursions de son vivant par le rêve, la folie ou la drogue ; là où le temps ne s’écoule plus, où s’aventurent parfois les pigeons et où continue de s’étendre la cime des arbres. On l’appelle aussi Mansoul (Âme de l’Homme), car c’est le monde des rêves, des pensées et des projections de l’âme humaine, dans tous ses remous et ses méangles, angles vifs/angles morts. Le Troisième Borough est encore plus haut et réellement transcendant : c’est l’Empyrée ou le domaine réservé des Bâtisseurs, eux qui font et défont les mondes immenses, les puissances, les alliances et les existences sur un simple coup de dé, ou plutôt de queue de « trillard » (ce billard de niveau 3 qui correspond justement au troisième Borough). Retraite mystérieuse donc des Bâtisseurs, et aussi de leurs frères ennemis les Démons, (qui, les uns et les autres, descendent pourtant et se montrent parfois dans Mansoul), c’est surtout l’objet d’une quête obsédante et apparemment inaccessible des humains (p. 1082 : « Pourquoi Dieu n’est-il pas là ? »). Quant à l’histoire, parmi d’autres comparses, personnages historiques ou fictionnels, elle met surtout en scène des membres de la famille Vernall sur plusieurs générations car — leur nom en atteste — ils ont des accointances avec les coins, les angles, les encoignures, les lisières et les frontières, et, plus généralement, avec tout l’entre-deux ambigu des limites, et ils sont ici évidemment dans leur élément, acteurs et témoins d’étranges aventures entre Enfer et Paradis.

Aventures rocambolesques à vrai dire, parfois un peu trop guignolesques à mon goût et alors plus abracadabrantes que dantesques… L’effet peut-être de quelque atavisme ou idiosyncrasie, sur vieux fond de culture BD de l’auteur, qui pousserait celui-ci, comme malgré lui, à forcer le mot, le trait ou la situation ? Sans doute aussi ou surtout, la contrepartie d’une nécessité évangélique ou métaphysique, qui s’impose à qui prétend entrer « dans le royaume des cieux » ou tricher avec les lois de la transcendance : « si vous ne devenez semblables à des petits enfants… » Laissons-nous donc entraîner dans ce « Gang des Enfantômes », avec les yeux desquels se vit, se dit et se lit une grande partie de l’histoire, ainsi ramenée à hauteur d’enfant ! A-t-on le choix d’ailleurs ? Car comment éviter, autrement, qu’elle ne se perde dans l’amphitectonique et l’amphibologie des limites, des tangences, des encoignements et des angles, et qu’elle ne tourne inévitablement à l’embrouillamini et à l’amphigouri, comme on peut en faire l’expérience avec le langage des Bâtisseurs ou, par ailleurs, celui de Lucia Joyce, la folle illuminée ? Charles Dodgson, autre mathématicien, n’eut pas non plus d’autre choix pour se mettre à hauteur d’Alice et la suivre au pays des merveilles. Allez ! Soyons joueurs… aucun risque de régression infantile : dans un cas comme dans l’autre, le burlesque de l’histoire n’empêche nullement la fable de nous titiller la fibre métaphysique comme aussi toutes les papilles esthétiques.

Livre-mondes, disais-je, et livre-monstre tout aussi bien, avec ses 1250 pages bien serrées, en trois parties emboîtées comme poupées russes et composées chacune de onze chapitres calibrés comme des briques ou des blocs d’immeubles sur ce chantier en perpétuelle construction que sont les Boroughs. Tout est dans la structure, le détail de l’histoire compte aussi peu, finalement, que l’ordre linéaire du temps, du défilement des pages et de la lecture. « Ça marche pas comme ça. Tout le monde est déjà là. Depuis toujours. Tout le monde. C’est juste qu’en bas vous vous emmêlez les pendules. […] C’est juste quand on feuillette un livre qu’on a l’impression d’un ordre. Quand le livre est fermé, toutes ses feuilles sont pressées les unes contre les autres et forment un bloc, sans direction particulière. C’est là, c’est tout » (p. 393). En fait le livre se lit comme on reconstruit un puzzle, ici un puzzle en quatre dimensions, dont les éléments viennent s’ajouter et se compléter ici ou là, de manière imprévisible sinon hasardeuse, mais toujours parfaitement ajustée, l’élément nouveau révélant des angles inédits de l’élément adjacent déjà en place depuis longtemps.

Mais, s’il n’y a pas de temps, s’il n’y a ni passé ni avenir, si tout est éternellement donné, éternellement présent, alors il n’y a pas non plus de liberté, donc pas de justes ni de coupables, quoi qu’en dise la devise récurrente : « Justice au-dessus des rues ». Tout est prédestiné et l’espace cadastré des Boroughs est une scène tragique à l’antique sur laquelle, aussi inexorable que l’épaisse fumée du Destructeur entropique, plane l’ombre du Fatum. Les jeux sont faits depuis toujours, le « postlude » du livre rejoint le « prélude » dans une boucle ou un cercle qui pourrait paraître infernal ou vicieux mais qui finit en fait en pirouette, sur une illusion de déjà-vu et sur une parodie. La vie comme le livre seraient-ils donc un jeu ? À la manière du marabout ou d’un puzzle ? Recommençant indéfiniment et ne menant nulle part ? Pour le seul plaisir de vivre ou de lire ?

Dans un magnifique passage de mise en abyme (pp. 834-835), tout semble dit, avec une grande lucidité, de la fascination qu’exerce ce livre, mais aussi des difficultés qu’il présente et de l’agacement qu’il suscite parfois. Comme le livre qu’est notre vie… « Je sais que je suis un texte. Je sais que vous me lisez. C’est la plus grande différence entre nous : vous ne savez pas que vous êtes un texte. Vous ne savez pas que vous vous lisez. Ce que vous pensez être la vie autodéterminée que vous vivez est en fait un livre déjà écrit dans lequel vous vous êtes absorbé, et pas pour la première fois. Quand la lecture présente sera finie, quand la couverture-couvercle sera enfin refermée sur le livre-cercueil, alors vous oublierez immédiatement que vous avez déjà vécu tout ça et vous recommencerez. […] Quand vous comprenez que tout n’est pas rose, ni aussi riche que vous l’aviez supposé, vous vous sentez légèrement dupé et vous fustigez l’auteur pendant un moment. Mais entre-temps, les thèmes principaux de l’histoire s’élèvent autour de vous dans le récit, folie, amour, deuil, destin et rédemption. Vous commencez à comprendre la véritable échelle de l’œuvre, sa profondeur et son ambition, les qualités qui vous ont échappé jusqu’ici. L’inquiétude vous gagne, le sentiment que le récit n’appartient pas au genre auquel vous aviez pensé au début […]. Pour la première fois, vous vous demandez si vous n’avez pas eu les yeux plus gros que le ventre […]. Vous commencez à douter de vos qualités de lecteur, de votre capacité à suivre cette fable mortelle jusqu’à sa conclusion sans que votre attention se disperse. Et même si vous la finissez, vous doutez d’être assez malin pour comprendre le message de cette saga, si tant est qu’il y ait un message. Vous soupçonnez que ça vous passe au-dessus, et pourtant que faire sinon continuer de vivre, continuer de tourner les pages de ce livre-éphéméride […]. Ce n’est que lorsque vous avez dépassé la moitié du volume, et en êtes presque aux deux tiers, que les premières intrigues apparemment annexes commencent à prendre sens à vos yeux. Les sens et les métaphores se mettent à résonner ; les paradoxes et les motifs se révèlent. […] Il importe peu que ce soit votre deuxième ou centième lecture : elle vous semble nouvelle, et que ce soit contre votre gré ou non, vous semblez l’apprécier. Vous ne voulez pas qu’elle s’achève. Mais quand elle s’achève, quand la couverture-couvercle de cercueil se referme finalement, vous oubliez aussitôt que vous avez déjà tout lu et vous reprenez l’ouvrage […] On reconnaît un bon livre, dit-on, au fait qu’on puisse le relire plus d’une fois et y trouver encore du nouveau à chaque fois. »

Si je prévoyais de me retrouver sur une île déserte, je crois que je choisirais d’emporter ce livre-là…



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Jérusalem

Il va m'être difficile de faire une critique à la hauteur de ce monument qu'est Jérusalem. Livre aux dimensions pharaoniques, extrêmement addictif, qui nous emporte dans des mondes fabuleux et d'une très vaste étendue.

Le territoire du livre est pourtant restreint, il est limité au quartier des Burroughs de Northampton.

Mais on voyage, à travers le temps et à travers les vies des habitants qui peuplent ou ont peuplé ce territoire.

Le récit va convoquer certaines icônes de la culture britannique de Oliver Cromwell à Charlie Chaplin en passant par Lucia Joyce.

Le style d'Alan Moore nous prend à bras le corps pour nous emmener dans une prose hallucinée et dense dans un voyage à travers ce mille-feuille qu'est cette construction romanesque gigantesque.

De plus dans la troisième partie du roman, l'auteur tente des variations de style avec un chapitre en forme de pièce de théâtre, ou un chapitre au style très spécial, le fameux chapitre 26, très difficile à lire, sans doute un enfer à traduire, mais un remarquable rendu de la folie.

Derrière ces expériences on ne peut s'empêcher de voir planer les ombres James Joyce ou de Samuel Beckett. D'autres grands auteurs sont cités toutefois, comme John Clare par exemple.

Cependant les personnages centraux du roman sont les membres de la famille Vernall-Warren et les gens avec lesquels ils interagissent. Et tout ce monde est haut en couleur et on fréquente des marginaux, des freaks et autres artistes et poètes locaux. Cette population des marges et son observation minutieuse vont nous permettre de sonder notre monde et de mieux comprendre comment il fonctionne et se construit.

Par ailleurs, j'ai particulièrement apprécié les extrapolations métaphysiques et ésotériques auxquelles s'adonne Alan Moore. Certes il y a un gros travail d'imagination mais il nous expose aussi le fruit des théories physiques de pointe.

Pour conclure, je dirai que la réputation « culte » de ce livre n'est en rien usurpée. A tous les instants on est absorbé par sa lecture, emporté dans le temps et l'espace dans différentes dimensions extraordinaires.

Le temps important de lecture n’est pas perdu et on termine ce livre fasciné et enrichi, avec un léger pincement au cœur de laisser Alma et Mick et leur quartier fantastique.

Un dernier mot pour saluer la qualité de l'édition du livre qui est certes massif, mais qui se manipule te se lit très bien, avec ses pages satinées très agréables à tourner.
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From Hell

Il y a trois ans, j'ai fait un exposé en anglais pour la fac sur Alan Moore et, dès lors, j'ai eu envie d'en apprendre davantage sur cet auteur et sur ses œuvres, d'autant plus que j'avais adoré V pour Vendetta. C'est pour cela que j'ai acheté From Hell, que j'ai mis longtemps à sortir de ma PAL.



Dans cette histoire, nous sommes en 1888, à Whitechapel, un quartier pauvre de Londres. Une série de meurtres sanglants visant uniquement des femmes prostituées va secouer la population et faire parler les médias. Le criminel va être surnommé Jack l'Éventreur en raison d'un courrier envoyé d'un inconnu qui se vante d'avoir commis ces meurtres et qui se présente comme tel. L'identité de Jack l'Éventreur est encore aujourd'hui un mystère. Alan Moore et Eddie Campbell nous proposent ici leur version de l'histoire, où la politique tient une place importante.



J'ai eu besoin de quelques jours pour achever cette lecture, tant elle était dense. Autant en terme de contenu que d'illustrations, mais également en raison de son propos. En effet, Alan Moore revient sur la série de meurtres, commis par Jack l'Éventreur, ayant eu lieu à la fin du 19ème siècle et aborde cela de façon très politique. Tout d'abord, la société britannique de l'époque est largement détaillée. Ensuite, les prostituées sont tuées suite à une conspiration orchestrée par la Reine Victoria. Et, enfin, ce roman graphique parle évidemment de la pauvreté et du traitement des femmes - notamment pauvres - dans la société.



C'est une œuvre monumentale, assez fouillée et parfois fouillie, si bien qu'il n'est pas simple de s'y retrouver tant c'est labyrinthique. J'ai fait l'erreur de lire les notes seulement à la fin et ma compréhension du texte aurait sans doute été différente si j'avais eu toutes les informations en main au fur et à mesure.



Le bémol, c'est les illustrations d'Eddie Campbell, auxquelles je n'ai vraiment pas adhérées. Elles sont entièrement en noir et blanc et très fouillies. Ça brouille davantage l'intrigue - sans doute est-ce volontaire - et ça rend la lecture assez ardue.



Même si je n'ai pas réussi à accrocher pleinement aux illustrations, c'est un comics que j'ai beaucoup aimé. Il y a un aspect historique important puisque cela reprend les crimes de Jack l'Éventreur, mais beaucoup d'éléments sont romancés. Le scénariste s'est même autorisé un aspect ésotérique. Au-delà de l'horreur des événements racontés, c'est surtout un livre social qui raconte la société britannique du 19ème siècle.
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Providence - Intégrale

En 1919, un journaliste new-yorkais, Robert Black, met entre parenthèse sa carrière pour partir en Nouvelle-Angleterre, s’intéressant à la vie locale et aux mystères de cette région. Il y recherche l’inspiration pour écrire ses propres histoires, fasciné par plusieurs romans ou nouvelles comme Le roi en jaune, de Robert W. Chambers. Ses rencontres, plus ou moins hasardeuses, plus ou moins mystérieuses et inquiétantes, le mèneront d’évènements troubles en évènements troubles, jusqu’à Rhode Island, et jusqu’à un certain écrivain de Providence, capitale de l’état, écrivain encore peu connu, mais qui fera son bonheur, et tout autant son malheur…



Publié en 12 tomes aux États-Unis, réuni ici en une intégrale, Providence est une réécriture proposée par Alan Moore de l’univers de Lovecraft, qui rend hommage autant qu’elle donne une interprétation de l’œuvre complexe de l’écrivain américain.



En ce qui concerne la réécriture proprement dite de cet univers, je n’entrerai pas dans les détails, n’ayant que peu de souvenirs de mes lectures lovecraftiennes, très anciennes – une petite mise à jour s’impose pour compléter cet avis, elle se fera sous peu. Quant à l’ambiance, cependant, elle est au plus proche de mes souvenirs, tout d’abord dans cette ambivalence propre au fantastique, faisant osciller, et récit, et personnage principal, entre sensation de rêve éveillé, comme hallucinatoire, et réalisme on ne peut plus banal ; puis lorsque, finalement, cette ambiance fantastique se tourne davantage vers son aspect hallucinatoire, faisant pénétrer avec perte et fracas l’horreur et la folie dans l’esprit du protagoniste, jusqu’à son acmé final.



Alan Moore, comme dans la majorité de ses œuvres lues, maîtrise son récit à la perfection, instillant par petites gouttes les informations, et sur l’intrigue, et sur les personnages, transmet ici le tout via une narration linéaire classique, au plus proche des récits de Lovecraft. L’ensemble est cohérent, riche – nous découvrons en effet des extraits du journal de Black à la fin de chaque tome, permettant de rendre l’immersion à travers l’esprit du personnage encore plus complète -, tout bonnement captivant. Le graphisme de Jacen Burrows, quant à lui tout aussi précis et riche, somme toute assez classique mais que je trouve personnellement bienvenu, correspond parfaitement, à mon sens, et à l’ambiance lovecraftienne, et à cette histoire.



Une nouvelle incursion réussie dans une création romanesque de l’auteur/dessinateur anglais, parfaitement servie par les graphismes de Jacen Burrows. Je vais de fait continuer avec une autre œuvre du duo, Neonomicon, sous peu.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Watchmen (Intégrale)

Qui custodiet ipsos custodes ? Qui garde les gardiens ? C'est une des questions, et pas la moindre, que pose ce livre qui s'affirme avec le temps comme un des chefs-d'oeuvre de la bande dessinée. Conçu extérieurement comme un comics américain de super-héros, il en épouse artificiellement les codes pour mieux les détourner et se pose comme un ouvrage très structuré, d'où est bannie la moindre superficialité. Ici, on parle d'ailleurs de héros costumés ; aucun ne possède de super-pouvoirs (sauf un !) et, dans l'imaginaire collectif, ils sont vus comme des étrangetés, au mieux tolérées, mais plus souvent contraintes à la mise en parenthèse de leurs activités. D'ailleurs, eux-mêmes le reconnaissent, les méchants masqués se font rares et justifient par leur absence leur propre reconversion. Détail hilarant, dans ce monde-là, les histoires de super-héros n'ont jamais fait recette et les jeunes américains lisent des comics mettant en scène des histoires...de pirates.



Le récit met en avant une légère distorsion de notre histoire. Les U.S.A ont gagné au Vietnam, Nixon est réélu pour la cinquième fois et les valeurs de droite triomphent sans partage sur l'ensemble du monde libre. Par contre, la planète est à un ongle d'un conflit majeur, l'U.R.S.S jouant la carte d'une escalade nucléaire pour compenser sa propre infériorité militaire.

Au moment où l'histoire commence, un des anciens héros costumés, une montagne de muscles misogyne et fascisante, est assassiné chez lui. Parallèlement au travail de la police, une enquête est menée par un de ses anciens collègues, un ultra-conservateur cinglé et en voie de clochardisation. Celui-ci sera amené à reprendre contact avec ses collègues pour dévoiler peu à peu une vérité étrange qui nous laissera tous perplexe.



Le travail du dessin, l'agencement des cases, la dissémination visuelle d'indices tout au long du récit font de cette bande dessinée un ouvrage très plaisant à lire et qui donne matière à réflexion, jusqu'au personnage du docteur Manhattan, individu omniscient et omnipotent, mais dont le désintérêt pour lui-même et pour le reste de l'humanité va croissant. Qui custodiet ipsos custodes ? Personne, je crois...
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From Hell

Comment parler d’un pavé pareil ? En commençant pas le début, sans doute.



1888, tout Londres frémi sous les coups de couteau d’un envahisseur : Jack The Ripper. Tout le monde ? Oui ! Sauf l’assassin, bien entendu, qui lui résiste encore et toujours à la police…



Qui a tué les 5 prostituées entre le 31 août et le 9 novembre 1888 ? Et bien, cette bédé vous offre une réponse et un coupable.



Mais attention, Allan Moore s’est inspiré de la théorie folle de Stephen Knight publiée dans "Jack The Ripper : The final solution", donc, ne prenez pas ce coupable pour argent comptant.



Les dessins sont en noir et blanc, il y a des tas de dialogues à lire et j’en suis venue à bout après une grosse semaine de lecture, le tout fractionné, sinon, ce serait indigeste tant il y a une multitude de détails à ingurgiter car l’auteur ne se contente pas de nous raconter les meurtres, il nous offre aussi une plongée dans le peuple de l’abîme.



Si le coupable désigné dans ce livre est bidon (à savoir William Gull, le médecin de Victoria), le reste ne l’est pas, notamment la description des meurtres et le vie merdique dans les bas-fonds de Londres, à celle époque. Le tout étant bien mis en page.



Dans les appendices, l’auteur nous détaille tout cela plus en profondeur, et souligne que lorsque Campbell a dessiné l’intérieur d’un Workhouse, c’était le véritable Workhouse de Marylbone !



On sent, derrière les dessins, que les auteurs se sont renseignés, ont potassés leur sujet et cela donne un réalisme à cette plongée en eaux troubles, dans cette fange de laissés-pour-compte, dans ce peuple des abîmes que tout une partie de la ville ne voyait pas.



Le résultat étant que, malgré l’impossibilité pour cet homme d’être le coupable, le tout est tellement bien amené que ça passe comme un couteau bien aiguisé dans la poitrine d’une des victimes de celui qui signa "Jack The Ripper" la lettre "Dear Boss".



Malgré tout, faut s’accrocher, les dessins en noir et blanc, hachurés, parfois, ne sont pas toujours des plus agréables pour les yeux et la visite du Londres en version métaphysique est assez fastidieuse (mais elle éclaire le côté zinzin de Gull).



Heureusement qu’il y a les pages explicatives en fin d’ouvrage, elles ont éclairé ma lanterne, surtout en ce concernait une partie de jambes en l’air, en allemand, et la vision, par l’épouse, d’un flot de sang sortant d’une église. Le Mal venait d’être conçu.



J’ai bien aimé aussi le dernier appendice "Le bal des chasseurs de mouettes" qui nous laisse voir toutes les théories fumeuses et tous les coupables désignés au fil des années.



C’est sombre, violent, noir, pas de lumière, pas couleur, c’est du lourd quand bien même le livre met en scène ne théorie fumeuse de Knight, celle-là même qui avait été reprise dans "Murder by decret", c’est à dire le complot royal et maçonnique.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Jérusalem

1900 pages ou presque dans la version poche qui est par conséquent intransportable.

Il faut oser. Mais IL FAUT ! OUI IL FAUT !

Il faut faire des oeuvres folles, des oeuvres où on pousse tous les curseurs aussi haut que possible.

Plein de pages, plein de styles, plein d'humour.s, plein de cruauté.s, plein de philosophie.s, plein de science.s ou pseudo-science.s, plein de tentatives et de ratés, quoicoubeh, quoicoucest, quRoicoucass...



Prenez une bête ville d'Angleterre, mais vous auriez pu prendre absolument n'importe quelle ville, n'importe quel point ou particule. Et commencez à tourner autour, à zoomer, dézoomer, pénétrer dans ses strates visibles, puis passez aux invisibles, aux dimensions impalpables, et donner-les à voir et à palper aux lecteurs. Beaucoup de phrases dans ce livre demanderaient un gros temps d'analyse, parce qu'elle ne sont pas compréhensibles. Elles sont trop uniques, dans leur unicité et dans leur enchaînement, seul Alan Moore, le natif de Northampton (la ville quelconque en question) peut saisir tout ce dont il parle. Ou de sacrés putains de dingos d'exégètes de cet auteur.

Il y a la Bible dont une multitude s'occupe. Mais il s'agit bien d'un livre de cet ordre.

Un truc tellement dingue, tellement massif, tellement exagéré dans tout...

Il est vrai que je ne vois pas qui se lancera dans la lecture de ce Jérusalem.

Jérusalem et non pas Northampton comme titre. Tout est déjà là, dans cette espèce d'arnaque de substitution, de Jérusalem-Céleste et Northampton-Céleste aussi, de N'importe-quel-point-de-l-univers et de N'importe-quel-point-de-l-univers-Céleste. Aussi. Aussi. Faire du tout un trou perdu... Merveilleuse "perte" de "temps"...



Des personnages en multi-dimensions vont vous frapper le cerveau, dans tous les sens. L'écriture est à la fois magique et insupportable, trop compliquée, trop folle. Et je ne parle même pas d'un chapitre 26 que si vous voulez... ben non vous voulez pas...

Parce qu'il faut n'avoir pas de vie. Sacrifier. Pour... Ca. (Qu'en penserait Freud) (On s'en fout)

Mais tout ça a un sens, une architecture, Bâtisseur, Destructeur, les liens, familiaux, passants. L'histoire, tout se tient, le temps disparu, tout s'entrechoque. L'Art. Mal de tête.

A la fin, on décide de tout brûler. Mais ça ne changera rien à l'univers. Croyez-le bien.

Sur ce chapeau bas aux barrés qui écrivent ça, chapeau bas aux barrés qui éditent ça, chapeau bas aux traducteurs qui traduisent ça (Claro est un génie), chapeau quand même aussi un peu aux lecteurs qui lisent ça.



Donc, voilà dans la littérature, vous avez des bons livres, des livres qui vous fondent, qui vous édifient, vous font grandir, vous bouleversent.

D'autres cassent tout et proposent quelque chose que vous ne comprendrez pas, mais c'est pas grave, c'est une chose rare, précieuse. Donc on dit merci, on se demande comment se remettre, et s'il le faut, et puis c'est...

tout.

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Jérusalem

J'ai fini !!! Pardon, mais j'ai mis des mois à lire ces plus de 1500 pages. Pas que je n'ai pas aimé, loin de là, mais ce n'est pas une lecture simple que celle-ci, c'est le moins que l'on puisse dire.

Alan Moore nous livre tout un monde ici. Dans les 2 premières parties, il recrée un univers, présent, passé et d'ailleurs. le point de départ est les Burroughs de Northampton, ville chère à l'auteur. Mais il dépasse son décor, en croisant les époques, les réalités et l'au-delà. Ce voyage est dense, sollicite tous les sens. Très visuel, ce monde a aussi des odeurs, des textures, des sons voire même une certaine saveur. Les mots, les phrases sont denses. Impossible de survoler, il faut plonger dans la lecture, au bord de la noyade. Difficile de résumer pour moi. C'est une sorte de portrait d'un quartier populaire et de ses habitants, sous forme d'un palimpseste où les différentes époques et réalités se croisent et resurgissent. Là un personnage, là un bâtiment, là une oeuvre, tout un pan de monde. C'est foisonnant, déboussolant et tellement génial.

La troisième partie est à part. J'ai eu l'impression d'avoir un retour d'écrivain sur les deux premières, d'avoir sous les yeux des exercices de styles, des réflexions. Un chapitre théâtral, un poétique, un écrit dans une langue étrange, un sans ponctuation, un dont les paragraphes alternent les mondes jusqu'à se confondre,... Même les personnages font un retour sur cette expérience. C'est une partie plus complexe encore, mais passionnante pour le travail qu'elle représente, qu'elle rend visible.

J'aurais mis le temps, mais je suis ravie d'être parvenue au bout de cette lecture.

Ah et un énorme Bravo à Claro qui a fait là un travail colossale, bien au-delà d'une simple traduction.
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Batman : Le chevalier noir

Batman ne craint rien ni personne...à l'exception près de la peur...

Confronté aux versions Dc Comics des protagonistes d'Alice aux pays des merveilles et surtout à l'Epouvantail, il va devoir lutter contre ses démons intérieurs pour sauver ce qui peut l'être de Gotham...

Noir au possible, ultra violent et tellement beau visuellement !!!
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Jérusalem

Je mets 3, car écrire un pavé de plus de 100 pages, c'est déjà énorme.



Mais après, (et je n'en suis qu'au premier tiers), je ne rentre pas vraiment dedans. Je dirais même que ce livre est énervant à lire, tant il est redondant et prétentieux dans le style. Des phrases loooongues et ennuyeuses, souvent bardées de mots que personne n'utilise sauf peut-être quelques spécialistes. Cette manie de décrire le nom des rues et les moindres recoins du quartier, pousser le détail aussi loin embrouille et ennuie le lecteur qui n'a jamais mis les pieds dans les Burroughs.

Certaines descriptions, même si elles sont ennuyeuses à mourir, imposent malgré tout le respect par l'hyper-réalisme de leur détails. C'est impressionnant, mais cela n'apporte que lourdeur, fatigue à lire. Et cette manière d'alambiquer un récit, pour ma part, tient plus de la prétention que du talent. Pour ce que j'en ressens, Moore est un auteur qui fait sa prose et s'amuse avec ses effets de style, qui doit sûrement s'éclater en écrivant ce charivari d'infos le plus souvent inutiles et casse-pieds, mais qui, en aucun cas, se soucie de la lisibilité et du confort du lecteur.

Je me suis laissée prendre par les critiques dithyrambiques sur Babelio. Mais en fouillant un peu sur l'auteur et la maison d'édition, j'ai eu un petit doute, et me suis dit que j'allais le regretter. Bingo.

Pour le moment, je décide quand-même d'aller jusqu'au bout. Il est vrai que ce mélange de rêves ou hallucinations étranges que vivent certains personnages atteints de folie depuis des générations ( peut-on vraiment parler de folie puisque leurs rêves et visions sont très proches ), m'intriguent et que ce côté ésotérico-métaphysique donne envie d'aller plus loin, faisant fi de l'ennui prodigieux qu'impose un style aussi lourd et confus.

Mais je ne garanti pas d'y arriver. Si je compare cet auteur avec les pavés de Donna Tarrt, qui elle aussi écrit des monuments une fois tous les 10 ans, bardés aussi de descriptions précises, de détails, elle n'est jamais fatigante à lire, et point n'est besoin de relire 4 fois une phrase pour tenter de comprendre ce que l 'auteur a voulu dire, ou si il a écrit cette phrase après avoir pris un trip ou autre drogue. Je ne plaisante pas, parfois, il me semble lire des incohérences. Je me demande si c'est moi qui perd mon cerveau et devient complètement idiote, ou si vraiment cet auteur est vraiment insupportable à lire et à comprendre.



Oui ma critique n'est pas sympa, et je m 'en excuse, mais je préfère avertir le lecteur que c'est un livre pas facile du tout. Quand je lis, dans les critiques ci-dessus que la fin du roman est encore plus difficile à lire, et bien je me permets carrément de déconseiller au lecteur d'aller perdre du temps et des sous avec ce livre.

C'est totalement personnel bien entendu. Les goûts et les couleurs...
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Jack B. Quick, Tome 1 :

Alan Moore est connu des amateurs pour ses scénarii bizarres, sombres, disons même parfois un chouia tordus (From Hell).

Avec Jack b. Quick (enfant prodige) il lève -un peu- le pied, et nous livre une série humoristique décalée, mais plutôt bon enfant en comparaisons de ses productions habituelles !



A Queerwater, dans une petite ferme, vit un garçonnet blond à lunettes, particularité, c'est un authentique génie, qui ferait passer Einstein pour un demeuré...



Et que je te bricole l'aspirateur de maman, pour faire apparaître une singularité quantique...



Comme tous les petits garçons, il lui arrive bien de faire une bêtise, mais avec lui pas de vaisselle cassée (c'est la fessée !)

Mais il coince Bessie, la vache de la famille dans un trou noir artificiel.

Que voulez-vous, il faut bien que jeunesse se passe !



Mais Jack est un gentil p'tit gars, il offre au policier local une moto qui va à la vitesse de la lumière, et à ses parents un canard génétiquement modifié de la taille d'un veau.



Un sacré petit bonhomme que vous devez connaître !
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V pour Vendetta

Enorme !

J'avais vu passer la bande annonce pour le film à l'époque, et franchement il ne me disait rien. Il aura fallut qu'un ami insiste et me prête son livre pour me laisser tenter et découvrir cette histoire. Bien lui en a pris !

Le discours, les actes, les images sont d'une rare violence. Et pourtant j'ai été happée, hypnotisée par toute cette noirceur. J'aime même eu parfois une impression de lumière (non, je ne parle pas des explosions). Le propos, le contenu politique est puissant. Cette lecture ne peut pas laisser indifférent. On aime et on déteste V. J'ai aimé son idéal, moins sa méthode, tout en reconnaissant qu'elle n'était peut-être pas la plus mauvaise. Il m'a mis mal à l'aise, m'a mis face à mes contradictions, me force à réfléchir un minimum.

Une lecture qui marque, pour un bon moment.
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DC Comics - Anthologie

DC Comics Anthologie ! Une anthologie sur toute l'histoire des comics venus de DC ! Rien que le titre dit tout et envoie franchement du rêve !



Le nouvel éditeur français de DC Comics, Urban Comics, filiale de Dargaud, consacrent sa première publication inédite (après la réédition renouvelée des Watchmen) à une compilation des meilleures histoires issues de la plus ancienne maison d'éditions de comics américains. Choix intéressant, choix stratégique, mais surtout choix payant ! Car c'est un véritable guide de lecteurs des comics de chez DC que nous offre Urban Comics ! C'est du bon, du très très bon même ! De l'Âge d'Or des Comics à celui de Bronze, en passant par l'Argent jusqu'à celui dit "Moderne", nous découvrons ou redécouvrons l'envers du décor en des termes techniques mais simples afin de devenir, qui sait, de vrais spécialistes du genre !

Le principe est simple : retracer plus de soixante-dix ans de lecture en seize histoires parmi les plus connues de l'histoire des comics. Nostalgie pour les habitués, découvertes pour les néophytes. L'intérêt de cette anthologie, que dis-je ? de cette Bible ! est sans équivoque ! Panini ferait d'ailleurs bien de s'en inspirer pour créer une Marvel Anthologie si elle veut renouveler son lectorat... Tout en servant à présenter une histoire de comics, cet ouvrage réussit un objectif peut-être plus sournois : nous guider vers la lecture des prochaines sorties d'Urban Comics. En effet, expliquer la "Renaissance" ou le "Relaunch" de 2011 (2012 en France) permet de lancer les lecteurs sur la piste des "New 52", les cinquante-deux séries de chez DC Comics à être chamboulés pour cet énième "remise à zéro afin de faire repartir les séries au numéro 1, attirer de nouveaux lecteurs et susciter de l'engouement" (phénomène d'ailleurs majeur chez les comics anglo-saxons depuis soixante ans...).

Enfin, louons une dernière fois le travail éditorial made in Urban Comics, car non contents de nous offrir une panoplie de récits majeurs, une histoire quasi complète du genre et un guide de lecture très appréciable, ils nous gratifient de biographies d'auteurs, de résumés de certaines histoires capitales qu'ils n'ont pu éditer présentement, de connaissances précises et d'anecdotes croustillantes. bref, une mine d'or que cette anthologie !



En somme, en effet, cette DC Comics Anthologie vaut son pesant d'or fin. Elle constitue à mes yeux une Bible inestimable sur l'histoire des comics de chez DC et nous permet de manière unique constater l'évolution constante des comics depuis les années 1930 jusqu'à nos jours. On peut regretter seulement le manque de couvertures originales (qui sont toujours plus soignées que le reste), elles sont réduites à l'état de vignettes sur le quatrième de couverture, mais leur ajout aurait sûrement fait monter un peu le prix, qui soit dit en passant est plus qu'abordable : 22,50 € ou 21,38 avec une réduction de 5% ! Une édition pleine de superlatifs donc !!!
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