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Citations de Albert Cossery (316)


Albert Cossery
“- pourquoi écrivez vous ?
- pour que quelqu’un qui vient de me lire n’aille pas travailler le lendemain”
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Assis à la terrasse du café, Teymour se sentait aussi malchanceux qu'un pou sur la tête d'un chauve.
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- Dieu est grand ! répondit le mendiant. Mais qu’importe les affaires. Il y a tant de joie dans l’existence. Tu ne connais pas l’histoire des élections ?
- Non, je ne lis jamais les journaux.
- Celle-là n’était pas dans les journaux. C’est quelqu’un qui me l’a racontée.
- Alors je t’écoute.
- Eh bien ! Cela s’est passé il y a quelque temps dans un petit village de Basse-Égypte, pendant les élections pour le maire. Quand les employés du gouvernement ouvrirent les ruines, ils s’aperçurent que la majorité des bulletins de vote portaient le nom de Barghout. Les employés du gouvernement ne connaissaient pas ce nom-là ; il n’était sur la liste d’aucun parti. Affolés, ils allèrent aux renseignements et furent sidérés d’apprendre que Barghout était le nom d’un âne très estimé pour sa sagesse dans tout le village. Presque tous les habitants avaient voté pour lui. Qu’est-ce que tu penses de cette histoire ?

Gohar respira avec allégresse ; il était ravi. « Ils sont ignorants et illettrés, pensa-t-il, pourtant ils viennent de faire la chose la plus intelligente que le monde ait connue depuis qu’il y a des élections. » Le comportement de ces paysans perdus au fond de leur village était le témoignage réconfortant sans lequel la vie deviendrait impossible. Gohar était anéanti d’admiration. La nature de sa joie était si pénétrante qu’il resta un moment épouvanté à regarder le mendiant. Un milan vint se poser sur la chaussée, à quelques pas d’eux, fureta du bec à la recherche de quelque pourriture, ne trouva rien et reprit son vol.

- Admirable ! s’exclama Gohar. Et comment se termine l’histoire ?
- Certainement il ne fut pas élu. Tu penses bien, un âne à quatre pattes ! Ce qu’ils voulaient, en haut lieu, c’était un âne à deux pattes.
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Albert Cossery
Je ne peux pas écrire une phrase qui ne contienne pas une dose de rébellion. Sinon elle ne m'intéresse pas.
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Il n'était pas gêné par sa misère. Elle était grande et large et il s'y promenait librement. Elle était comme une prison spacieuse ; il était libre d'aller d'un mur à l'autre de sa misère sans demander la permission à personne. Il était seulement gêné de la sentir si abondante. C'était une misère riche. Il ne savait comment la dépenser.
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Albert Cossery
Quand quelqu'un te parle de progrès dis-toi qu'il veut t'asservir.
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– Maître, je ne comprends pas. Comment peux-tu rester insensible aux agissements des salauds qui abusent de ce peuple ?

Gohar éleva la voix pour répondre :

– Je n’ai jamais nié l’existence des salauds, mon fils !

– Mais tu les acceptes. Tu ne fais rien pour les combattre.

– Mon silence n’est pas une acceptation. Je les combats plus efficacement que toi.

– De quelle manière ?

– Par la non-coopération, dit Gohar. Je refuse tout simplement de collaborer à cette immense duperie.

– Mais tout un peuple ne peut pas se permettre cette attitude négative. Ils sont obligés de travailler pour vivre. Comment peuvent-ils ne pas collaborer ?

– Qu’ils deviennent tous mendiants. Ne suis-je pas moi-même un mendiant ? Quand nous aurons un pays où le peuple sera uniquement composé de mendiants, tu verras alors ce que deviendra cette superbe domination. Elle tombera en poussière. Crois-moi.
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- Dis moi Rafik, mon frère, ce n'est pas vrai ce que tu viens de me dire ?
- Quoi donc !
- Que dans certains pays, les hommes se réveillent à quatre heures du matin pour aller travailler dans les mines.
- C'est vrai, dit Rafik. Ici nous n'avons pas encore de mines, mais ça viendra. On en découvrira. On découvrira n'importe quoi pour faire travailler les hommes et les abrutir.
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"L'amertume le rongeait. Il poussa quelques soupirs d'une profondeur insoupçonnée, regarda autour de lui dans le vague. Les soupirs de l'oncle Mustapha donnaient toujours l'impression d'une fatalité inique et redoutable, qui assombrissait l'existence au delà des limites de l'ennui.
- Oncle Mustapha, dit Rafik, tu devrais te faire engager à la radio. Tes soupirs auront ainsi une résonance mondiale. J'aime tes soupirs ; c'est comme si le monde entier s'ennuyait en toi."
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Ils approchent de la ville. Les réverbères se font plus nombreux et plus éclatants.
La civilisation se fait sentir comme ça, aux lumières qu'elle prodigue autour d'elle pour aveugler les gens.
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Ne crois-tu pas, monsieur l'officier, que l'homme a depuis quelque temps dépassé en horreur les cataclysmes de la nature ?
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Tous ces grands esprits, qu'il avait admirés durant des années, lui apparaissaient à présent comme de vils empoisonneurs, dépourvus de toute autorité. Enseigner la vie sans la vivre était le crime de l'ignorance la plus détestable.
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Eh bien, quand un homme te parle de progrès, sache qu'il veut t'asservir!
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À notre époque, les révolutionnaires faméliques et crasseux n’existent pratiquement plus. Ils ont été atteints eux aussi par la vague de promotion sociale. Plus ils sont instruits et élégants, et plus ils sont à craindre.
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- Mère ! dit-il d'une voix pleurnicharde.
Puisqu'elle ne voulait pas le voir rire, eh bien ! il pleurerait s'il le fallait.
- Qu'est-ce que tu veux encore ?
- Tu ne pourrais pas me donner cinq piastres, mère ?
Elle poussa un soupir de bête traquée.
- Encore ! Quand donc comprendras-tu que je suis pauvre ?
- Je le sais, mère !
- Non, tu n'as pas l'air de le savoir.
- Si je ne le savais pas, je t'aurais demandé beaucoup plus.
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- Il n' y a personne qui connaisse la ville aussi bien que moi, répondit l'enfant. Je connais ses moindres ruelles, et tous ses mendiants.
- C'est très bien dit Serag. Je suis sûr que tu pourras m'aider à trouver du travail.
- Quel genre de travail?
- N'importe quoi?
- Je te conseille de ne pas en chercher dit l'enfant.
- Pourquoi? demanda Serag.
- Parce que tu risques d'en trouver.
- Et alors?
- Alors ce sera terrible pour toi.

.
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Désormais, mon amour aura un sens et ma vie une raison. Vivre va signifier pour moi : combattre. Combattre dès maintenant et toujours les puissances barbares qui font que les enfants du peuple marchent pieds nus dans le ruisseau ; que les hommes de ce peuple mendient dans la rue, ou bien acceptent un travail d'esclaves qui ne leur assure même pas le pain de chaque jour.
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Malheur au pauvre qui a des loisirs.
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A notre époque, les révolutionnaires faméliques et crasseux n’existent pratiquement plus. Ils ont été atteints eux aussi par la vague de promotion sociale. Plus ils sont instruits et élégants, et plus ils sont à craindre.
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Gohar était arrivé à cette conclusion fondamentale : le pouvoir sanguinaire n'avait aucune prise sur des individus qui ne lisaient pas les journaux.
L'angoisse ne pouvait atteindre ces gens-là.
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