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Critiques de Alexandre Labruffe (120)
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Cold case

Alexandre Labuffe vit avec Minkyung, une femme sud-coréenne dont l’oncle a été retrouvé mort, congelé dans un local à poubelle, en 1972, alors qu’il venait de s’échapper d’un hôpital psychiatrique de Toronto, la ville où il vivait avec son frère. Une information que l’auteur, un beau jour, reçoit de sa compagne, et à partir de laquelle il va imaginer un récit en forme d’enquête, pour remonter le temps et tenter de comprendre ce qui s’est passé pour cet oncle et surtout d’en apprendre un peu plus sur la famille de Minkyung.



Mi-détective, mi-reporter, mais surtout écrivain complet, notre Alexandre Labruffe, depuis son petit appartement chinois où il est confiné, épluche le net pour remonter aux sources du fait divers, tenter de retrouver un article, même un entrefilet, n’importe quoi qui lui permettrait de démarrer son enquête. Son « cold case », comme il a nommé ce livre.



Remonter le temps pour remonter dans l’arbre généalogique familial, pour se rendre compte que le frère du macchabé était aussi lui aussi hospitalisé en psychiatrie. En compagnie de Minkyung, Labruffe va partir en Corée, pour tenter d’interroger la famille, mais aussi assister à des séances de chamanisme… le livre, prenant, au fil des chapitres, une tournure presque mystique, notamment quand il évoque le souvenir comportements dysfonctionnels de Minkyung, donnant lieu à quelques révélations cocasses, comme cette soirée bien arrosée qui est partie en sucette au moment où Minkyung s’est mise à hurler en pleine nuit, laissant son compagnon dans le désarroi le plus total, devenant d’un seul coup présumé coupable de maltraitance envers sa compagne.



Mais ce livre, c’est aussi et surtout un bel hommage, et, en même temps, une déclaration d’amour d’Alexandre Labuffe à sa compagne. L’auteur s’adresse à elle en permanence, la harcèle de questions, suppute sans cesse pour tenter de l’aider à faire le deuil de ses fantômes, à la faire avancer sur ses traumatismes passés, tout en s’amusant avec elle de son accent, de ses fautes de français, qui lui font dire un mot pour un autre, donnant au livre une forme de fantaisie, malgré la gravité du sujet.



Très libre dans sa forme, le roman est entrecoupé de haïkus, d’extraits de presse, de définitions, avec également des titres de chapitres qui renvoient au cinéma – Dernier train pour Busan, Cris et chuchotements, L’image manquante…



Comme toujours, chez Alexandre Labruffe, les phrases se succèdent un rythme soutenu, elles sont courtes, et l’histoire au moins aussi abracadabrante que dans Chroniques d’une station-service, Un hiver à Wuhan et Wonder Landes, ses trois précédents romans. Bref, du Labruffe pur jus ! Un auteur qui, soyons-en sûr, n’a pas fini de nous étonner avec ses histoires incroyables… mais vraies !








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Wonder Landes

Suite à l’incarcération de son frère, l’auteur retourne dans la maison familiale au cœur de la forêt des Landes. Son père va ensuite être hospitalisé pour de graves problèmes de santé. Commence alors pour Alexandre Labruffe une longue année, hanté par les souvenirs d’enfance, harcelé par les SMS de son frère qui oscille entre appels à l’aide et mensonges inconséquents, angoissé par l’agonie de son père et cerné par les huissiers. Bien qu’il soit quasi toujours entouré, ce sera pour lui l’occasion d’une introspection pour faire face à ses fantômes, aux non-dits et aux secrets familiaux.



Entre stupeur, paranoïa, moments comiques presque burlesques, phase d’angoisse et de panique, il décide de remettre de l’ordre dans un arbre généalogique qui tient plus du miroir aux alouettes.



Pour son troisième livre, Alexandre Labruffe signe un récit qui s’inscrit dans la lignée de son premier texte. Mais la plongée dans les affres de son histoire familiale fait prendre au récit un essor vertigineux. Toujours abreuvé de ses délires, rêveries, fantasmes mais aussi de ses références culturelles, la dimension plus personnelle encore de ce livre lui donne de l’épaisseur et de la profondeur.



On retrouve aussi son sens du rythme, tantôt paragraphes longs, tantôt phrases courtes entre le haïku et l’aphorisme. C’est une langue riche, imagée, poétique mais aussi très épurée, qui se débarrasse du superflu pour servir le rythme sans appauvrir pour autant le style.



L’intrigue familiale donne un aspect enquête, investigation à son récit qui nous tient en haleine. On plonge dans l’histoire avec l’envie d’en apprendre plus, d’en découvrir le fin mot. On s’arrête parfois au détour d’une de ces phrases courtes dont il a le secret, véritable respiration poétique dans une histoire bien particulière. Tout le monde a des histoires de familles, fort heureusement elles ne sont pas toujours aussi complexes que celles-ci !



Un récit fort, puissant, qui divertit autant qu’il bouscule à la lecture. Un rythme efficace, une langue épurée et poétique servie par des références culturelles et un goût prononcé pour la rêverie et le délire. Assurément un coup de cœur de cette rentrée littéraire !

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Wonder Landes

La chronique est un genre qui va bien à Alexandre Labruffe. Après ses Chroniques d’une station-service et son récit d’Un Hiver à Wuhan en tout début de pandémie, c’est à une chronique familiale qu’il se livre ici, à travers l’histoire de son frère et de ses folies, multiples et indéterminées, sur fond de forêts de pins landaises. Ce dernier, embarqué dans une rocambolesque affaire aux contours flous, ouvre la boîte de Pandore des souffrances et des non-dits familiaux. Accompagné de quelques compagnons de voyage joyeusement loufoques, l’auteur, chargé en même temps de vider la maison familiale menacée par les huissiers, affronte comme il peut la folie de son frère, l’agonie de son père et la mémoire de sa mère.

Comme dans ses précédents livres, Alexandre Labruffe oscille entre facétie et poésie pour aborder cette histoire avec une légèreté primesautière et des références nombreuses, qui émaillent le récit comme autant de clins d'œil au lecteur.
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Chroniques d’une station-service

Après un premier bon livre, il arrive que le suivant le soit moins ; ayant inversé la formule, j'avais donc un a priori favorable pour les Chroniques d'une station-service, publiées avant le sinistre Un hiver à Wuhan que je n'avais pas aimé. Je me suis dit que si ce dernier petit ouvrage avait pu être publié, c'est que le précédent avait été apprécié. Conforté dans mon intuition par un regard sur la quatrième de couverture où Frédéric Beigbeder affirme : "J'ai énormément ri", j'ai acheté l'opuscule et suis rentré dans la station.



Résultat ? La cata... Non seulement je n'ai pas ri, mais je n'ai pas compris pourquoi ce livre avait été édité par Gallimard.



Tout ce qui brille n'est pas de l'or. Labruffe bufflera ? En tout cas bluffera ! Dans ce patronyme il y a aussi farfelu et fabuler, baffe et beauf. Bof, je dis bof !



Je vous concède que nous n'avons pas tous les mêmes références culturelles ni le même sens de l'humour, mais je m'en voudrais de vous orienter vers une déception.



Passez votre chemin, vous ne perdrez rien.

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Wonder Landes

Sortir de sa zone de confort pour un plongeon dans un univers quasi fantastique et pourtant réel. Celui d’une famille cabossée et d’un homme qui l’est encore plus, véritable fauve indomptable en proie à des chimères fantasques et passablement explosives. C’est le frère d’Alexandre Labruffe – à qui il dédie son livre – qui, à force de périples extravagants, de relations douteuses, de folies de grandeur et d’affaires calamiteuses sur fond d’escroquerie, se retrouve en prison. L’écorché vif derrière les barreaux. Mais les dérives vont continuer à voguer sur le fil, ce frère funambule du funiculaire des saisons du dérèglement intérieur.



Labrit, département des Landes, lieu de la famille Labruffre où le paternel vit toujours. Lui aussi est sacrément indéfinissable, imprévisible et se sentant certainement supérieur à tout le monde de par sa formation universitaire – trois doctorats – ne comprend guère ses fils avec un effet boomerang. Cet énième épisode de PH (Pierre-Henri) par la case prison va entraîner le père vers la chute finale mais le rapprocher un peu de son fils Alexandre dans les derniers jours de sa vie. Jusqu’à découvrir bien des mystères quand il se chargera de vider la grande bâtisse pour la vendre et rembourser les nombreuses dettes du père Alain.



Alexandre est dans l’impasse, sa compagne Kim soutient que son frère est « malaaaade », ce qui ne fait probablement aucun doute mais là on songe aux paroles du jeune Werther « demandez donc aux fous d’où vient que leur raison s’égare » : héritage familial, accidents psychiques dans l’enfance, choix du prénom… avant de juger tenter de comprendre les êtres nébuleux même si l’exercice relève des travaux d’Hercule, Alexandre en sait quelque chose.



Un récit cathartique très rock, endiablé par les faits et déroulé à la vitesse d’une ivresse incessante. C’est vif, direct et très touchant. Malgré le tragique de l’histoire jamais de misérabilisme, aucune tentative de chercher la pitié, non l’auteur raconte tout la tête haute avec même cet humour et cette désinvolture puisés dans les fossés pour paraître au milieu des plaines.
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Chroniques d’une station-service

Alexandre Labruffe nous avait avisé lui-même lors d'une séance dédicace: à rebours de la tendance actuelle à écrire du vrai, voire du vraisemblable, lui préfère à contrepied "faire de l'hyperfictif".



Comme le laisse présager le titre, l’auteur nous offre une série d'anecdotes sur le microcosme de la vie dans une station-service. Un non-lieu physique, un point de passage, de transhumance, siège de fictions parfois banales, souvent loufoques.



Écrit à la manière d’un journal, de notes prises au jour le jour, ce livre s’articule autour de brefs chapitres numérotés de 1 à 189, parfois constitués d’une unique petite phrase et au maximum de quelques pages. Observations comiques, intrigues à peine ébauchées, ou encore pensées érotiques s’enchaînent dans une station service devenue miroir de notre société contemporaine.



Même s’il soutient que « tout est faux» dans son récit, on devine Alexandre Labruffe à travers les pensées et goûts du narrateur. Dès les premières pages, « Les chroniques d’une station service» est imprégné de culture asiatique, truffé de punchlines et de références pop culture.



Il revendique une certaine filiation avec Jean Baudrillard avec une citation tronquée du philosophe en épigraphe, mais également à travers son personnage principal qui, à de multiples reprises, comme un refrain, nous dit « J’aurais aimé être Baudrillard pour... ». C’est pourtant avec Michel Houellebecq et Frédéric Beigbeder que les similitudes sont les plus évidentes. Pas surprenant que Alexandre Labruffe se soit vu décerner le « G7 littéraire », prix nouvellement créé et présidé par Beigbeder.



Tel un meuble IKEA livré en pièces détachées - et sans mode d'emploi évidemment - ces chroniques en décourageront plus d’un. L’auteur entremêle plusieurs fils d'Ariane dans un dédale narratif fouillis. À l'instar d'un Hydre de Lerne dont trois têtes repousseraient à chaque fois que nous en achevons une, chaque micro-chapitre terminé ouvre sur plusieurs scenarii comme une Matriochka avec une infinité d'emboîtements. Véritable tonneau des Danaïdes, l’auteur part dans de multiples directions sans jamais indiquer de début ni de fin.



Finalement, c'est peut-être ce qui définit le mieux la station-service comme non-lieu ou caravansérail des temps modernes.



Nous avons très certainement apprécié l’œuvre grâce à la grille de lecture permise par la rencontre préalable avec l’auteur. Nous nous sommes donc amusés à repérer les artifices et coquetteries du récit (chapitre manquant, citations réadaptées, etc.). L’oeuvre est bien plus recherchée qu'il n'y paraît, mais reste à savoir qui de l’auteur ou du lecteur ressort le plus amusé de cet exercice ?
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Chroniques d’une station-service

Pourquoi faut-il se projeter d'ici 10 ans? Pourquoi ne pas vivre le jour le jour et se contenter de ce que l'on a si cela nous va? Et bien notre narrateur est dans ce cas là. Il s'occupe d'une station-service dans le temps imparti. Le temps file doucement avec les quelques clients qui viennent faire le plein et le payer en caisse. Parfois, ils en profitent pour acheter du coca et/ou des chips. L'ennui pourtant n'est pas vraiment au rendez-vous, car pendant qu'il ne se passe rien, il peut lire, regarder des films sur internet, discuter avec des amis qui passent, faire un vernissage, exposer des photos... Parfois, son boss passe vérifier que tout reste en ordre même si c'est rarement le cas. Cette routine permet de philosopher sur la vie. Cela a permis d'écrire 189 mini-chroniques allant d'une simple pensée, à une réflexion à une description d'un évènement. On pourrait parfois se croire aux Etats-Unis avec la description des drogués, des alcooliques, des prostitués, des fêlés... C'est incroyable ce que la production hollywoodienne peut influencer notre perception du monde. Les pages se tournent facilement avec sourire. Rien de tel pour se vider la tête avec un ovni littéraire.
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Chroniques d’une station-service

Il s’en passe de belles à la pompe !

Ce livre est composé d’une suite de réflexions qui, mises bout à bout, finissent plus ou moins par former une histoire. Le pompiste, employé d’une station-service en bord de périphérique, est le narrateur et principal protagoniste de ce roman. J’ai beaucoup aimé l’idée de se mettre à la place d’un personnage que peu de gens remarque alors qu’il observe avec acuité le microcosme qui défile à sa caisse. L’histoire, ou plutôt les histoires partent un peu dans tous les sens et toutes ne trouvent pas une résolution claire, ce qui m’a un peu laissé sur ma faim. Néanmoins, les tranches de vie relatées sont assez croustillantes à se mettre sous la dent. Les références sont nombreuses et pertinentes et le ton désabusé de l’auteur est très drôle.
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Un hiver à Wuhan

Un récit qui en dit long sur la Chine. Ça ne fait pas envie. Ça fait même peur. L’auteur a du cran, de l’humour, des trouvailles. Il y a des pages épatantes : on y hésite entre le rire et les larmes. Ça pêche par endroits, un peu comme si ce texte était la synthèse, pas forcément bien aboutie, de plusieurs autres textes possibles, restés à quai. L’auteur écrira-t-il une suite : Un hiver à Paris, confinement acte 2 ?
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Un hiver à Wuhan

je n'ai pas accroché plus que cela avec cette lecture. L'écriture est intéressante et les propos parfois originaux et humoristiques, mais je n'ai pas été convaincue par l'ensemble.

L'auteur nous y raconte ces quelques séjours en Chine pour le travail, nous y dépeignant un pays où le matérialisme est roi et où les espions vous suivent à la trace. Il nous y décrit également le début de la crise sanitaire du Covid19 (passage finalement que j'ai préféré pour son humour concernant le patient zéro).

Mais concernant le covid en lui-même, je viens de terminer le journal de Fang Fang, d'où peut-être mon impression de redondance des sujets. Beaucoup de gens ont écrit sur leur expérience en Chine, et maintenant sur le virus/confinement.
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Chroniques d’une station-service

Gérant d’une station service, le narrateur nous livre des petites anecdotes liées à son emploi. On y rencontre un échantillon représentatif de la société croqué avec humour ainsi que les aspirations, les désirs et les déceptions du pompiste. Un regard un peu désabusé et parfois détaché des contraintes quotidiennes irrigue l’ensemble du roman et fournit un agréable moment de lecture.
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Chroniques d’une station-service

lu rapidement, trop peut-être mais il fallait rendre les notes ce 30 octobre! Ce n'est pas un roman, c'est une suite de petites réflexions ou aventures d'un pompiste qui lit Baudrillard et autres, il est aussi cinéphile et se passe des films tout en guettant les clients; c'est parfois drôle mais je me suis un peu ennuyée, frustrée de ne survoler que des pistes qui pourraient être intéressantes: lumière dans la maison abandonnée, livres déposés mystérieusement etc.

En plus, j'échange toujours quelques mots avec les pompistes quand ils ne sont pas remplacés par des robots mais alors il n'y a que la pompe et pas de vivres ni de toilettes...
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Chroniques d’une station-service

Ce roman composé de textes brefs, nous entraîne dans le quotidien quasi immobile d'un employé de station-service d'une aire urbaine.



Chroniques des clients qui passent et ne reviennent jamais, des habitués auxquels on s'attache, instantanés de conversations de voyageurs de commerce, et description de l'attente fébrile de la reprise de l'approvisionnement en carburant lors d'un blocus des raffineries ... 



J'ai apprécié cette suite de petits textes courts qui gagne en ampleur au fur et à mesure que le texte avance, quand on retrouve des personnages déjà croisés, quand le narrateur dévoile quelques pans de sa vie privée ... 



Un premier roman d'un auteur qui devra confirmer son talent ! 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Cold case

Dans son nouveau roman, «Cold Case», Alexandre Labruffe décongèle l'oncle de sa femme coréenne, tel un inspecteur Columbo qui s'improviserait aussi thérapeute freudien et chaman parisien.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Chroniques d’une station-service

Une station service, dit le narrateur, pompiste philosophe, sociologue et un peu perché, est le lieu du début de l’aventure des possibles. « Passage obligé des gangsters, des fuyards, elle est le pivot du récit des marges ». Et le fait est que cinématographiquement parlant, cette ode à la station service n’est pas sans convoquer un imaginaire de road movies crépusculaire. Mais celle du narrateur se situe à Pantin, en face d’un campanille, à l’enseigne lumineuse clignotante fantasque et à côté d’une maison abandonnée, du moins devrait-elle l’être.



Notre héros, fort peu héros, contemple de ce poste d’observation la vie qui y vient ou s’en va, 189 petits morceaux satiriques, burlesques, fantasques, pertinents et décalés de tranches de vie, dont la sienne, qui n’est pas si simple … Entre deux films de série B, de zombies ou coréens post apocalyptiques, deux parties de dames avec son ami Nietzland, deux coups de fils à son père, dont la vie sentimentale tordue échoue dans les bras d’une psychologue, il se fait voler sa clef USB par un clochard et tombe amoureux d’une cliente au comportement érotique tordu …



Durant les heures qu’il passe derrière le comptoir, il se rêve en Baudrillard, souvent dépassé par ce qui se passe autour des pompes ou des rayons, ce qui s’y dit, il glose autour d’une phrase ( « les migrants surjouent l’exil ») ou d’une figure récurrente : l’habituée du mardi qui vient en vélo acheter un paquet de chips à l’oignon, tous les mardi, à la même heure, en talons aiguilles, laissant derrière elle flotter une sorte de halo qui tétanise le cœur de notre pompiste. Des inconnus lui confient des livres à code secret, ce qui n’est pas sans l’inquiéter. La station service serait-elle un repère terroriste … Entre deux contemplations, et tergiversations, le narrateur organise des expositions clandestines sur les murs, en format A3, avec post it explicatifs, des stations services américaines, puis des pétroliers, son patron passe de temps en temps pour le remotiver par nouvelles techniques de vente du sandwich … Mais l’essentiel de son temps, le pompiste le passe à regarder le monde passer et ce monde est burlesque, drôle, bancal, un poil surréaliste, dans une écriture qui mêle aphorismes doucement déjantés et ironie du dérisoire …



C’est une galerie de personnages, de situations, de conversations, souvent tronquées, qui défilent dans ce lieu de consommation anonyme devenu le centre du monde, le bocal d’agitations éphémères de clients poissons rouges : l’homme ivre qui titube, sandwich au poulet à la main en hurlant le prénom de celle qu’il a dû aimer, la famille de la pompe cinq, la ruée sur le coca zéro qui trouble notre narrateur, invisible philosophe méditant la cocazéroïsation de l’humanité.



De malicieuses » choses vues » dont on se délecte !
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Un hiver à Wuhan

La réussite de l'ouvrage se trouve autant dans son style que dans le fond. D'une part, donc, le style. L'auteur ne se perd pas dans d'interminables descriptions ou des figures littéraires pompeuses. Cela donne un livre concis et simple à lire, soit deux caractéristiques rendant la lecture rapide et agréable. D'autre part, maintenant, le fond. Alexandre Labruffe ne se cache pas lorsqu'il aborde cette crise aux risques libéraux et totalitaires. Son œil est aguerri, son langage sans concession.
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Chroniques d’une station-service

« L’homme ivre me paie son plein et sa bière, en marmonnant je ne sais quoi. Je l’observe partir. Via les écrans de vidéosurveillance : sa démarche de flamant rose claudicant. Chuintement des portes automatiques. Il zigzague jusqu’à sa voiture, qui se trouve à la pompe n°5.



Le chiffre 5, en Chine, c’est le chiffre du Wu, du rien, du vide. À l’origine et à la fin de toute chose. C’est le chiffre du non-agir, du non-être, du pompiste. »



Alexandre Labruffe a exercé le métier de pompiste dans une station service en région parisienne pendant plusieurs mois. Dans ce récit, il livre comme dans un journal de bord sous la forme de courtes entrées ses observations et ses pensées.



Véritable lieu de passage, sa station service le fait osciller entre des clients qui ne le voient même pas et des rencontres improbables, déroutantes. Cela ira de clients mystérieux venant déposer au nom de quelqu’un un livre avec des pages cornées et des mots surlignés à une rencontre amoureuse étonnante. Sans oublier bien sûr les habitués, équivalents de piliers de comptoir refaisant le monde à coup d’affirmations péremptoires.



C’est aussi le théâtre de ses observations, de ses pensées, de ses rêveries voire de ses délires. Les films de série B qu’il projette sur la télé de la station viennent parfois rejoindre la réalité et la rendre encore plus confuse. Y-a-t-il vraiment du mouvement dans la maison abandonnée d’en face ? L’échange de livres dans sa station l’impliquerait-il dans un trafic qui le dépasse ?



Alexandre Labruffe signe là un récit original et inventif, plein d’imagination mais aussi véritable miroir du quotidien où l’ennui laisse place à la rêverie.

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Wonder Landes

Un frère incarcéré ne vivant pas dans la réalité. Un père hospitalisé fuyant la réalité. Alexandre lui-même vivant dans sa réalité. Une histoire familiale loufoque, déjantée, punk, cocasse, tendre et un grand amour pour son frère.

Après "Chroniques d'une station station-service" et "un hiver à wuhan", j'apprécie de plus en plus l'univers singulier dz M. Labruffe.
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Un hiver à Wuhan

En 2019, on avait été séduit par Chroniques d'une station-service, premier roman d'Alexandre Labruffe dans lequel il racontait la vie d'un gérant de station-service, avec un regard décalé sur l'absurdité de notre société actuelle. Quelques mois plus tard, on retrouve l'écrivain avec un texte court, à peine 60 pages, dans lequel il évoque les séjours qu'il a effectués dans la ville de Wuhan en Chine, là où tout a commencé pour le covid-19.



Attaché culturel français à Wuhan fin 2019, Alexandre Labruffe connaît la Chine pour y avoir fait plusieurs séjours de longue durée au cours des vingt dernières années. Il prend le 20 janvier 2020 un des derniers vols Wuhan-Paris ; trois jours plus tard, la ville est mise en quarantaine et l'aéroport fermé.



Ce livre est une série de courtes notes et réflexions qui donnent de la vie actuelle des Chinois une image peu flatteuse, dénonce la pollution apocalyptique des grandes villes et le climat de suspicion permanente qui pèse sur les étrangers.



Un récit court, quelque peu halluciné et décousu, où l'auteur manie dérision et humour avec un certain talent pour décrire une Chine qui préfigure, dit-il, un monde en gestation, le pire du communisme et du capitalisme réunis. Un monde réduit au consumérisme.



Au vu du titre à un livre pandémiesque . Pas vraiment.Le sujet est plus sous-jacent, on voit l'arrivée du virus à Wuhan certes , mais l'hiver , l'auteur le passe en France . Virus qui n'est q'une conséquence logique et inévitable de la politique chinoise.



Vous avez là une sorte de reportage original dans sa forme, parfois agréable par ses clins d'oeil, jeux de mots ou propos humoristiques, mais finalement assez creux en matière d'information.



Le lecteur a la désagréable impression que le livre a été produit en vitesse pour profiter de la vague de la Covid et qu'il eût été bien plus profond si l'auteur avait pris du temps et le recul nécessaire pour nous faire partager ses impressions sur ce pays en pleine mutation.



En définitive, un livre loin d'être désagréable, plutôt bien écrit. Trop à charge à mon goût, mais je ne suis sans doute pas objectif. Davantage de nuances aurait été souhaitable. Les problèmes sont effleurés, les propos assénés, peu développés ou justifiés. L'auteur dit aimer les Chinois mais il est permis d’en douter une fois le livre refermé.
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Chroniques d’une station-service

Ce livre n'est pas un roman mais une accumulation d'anécdotes et de réflexions plus ou moins isolées et plus ou moins filées. L'aspect décousu de l'ensemble est franchement rédhibitoire.
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