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Critiques de Alexandre Labruffe (120)
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Cold case

D’une écriture constellée de jeux de mots lacaniens et d’éclats poétiques, le narrateur pénètre l’inconscient d’une famille coréenne marquée par l’occupation japonaise, l’exil et un patriarche autoritaire.
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Cold case

Alexandre Labuffe vit avec Minkyung, une femme sud-coréenne dont l’oncle a été retrouvé mort, congelé dans un local à poubelle, en 1972, alors qu’il venait de s’échapper d’un hôpital psychiatrique de Toronto, la ville où il vivait avec son frère. Une information que l’auteur, un beau jour, reçoit de sa compagne, et à partir de laquelle il va imaginer un récit en forme d’enquête, pour remonter le temps et tenter de comprendre ce qui s’est passé pour cet oncle et surtout d’en apprendre un peu plus sur la famille de Minkyung.



Mi-détective, mi-reporter, mais surtout écrivain complet, notre Alexandre Labruffe, depuis son petit appartement chinois où il est confiné, épluche le net pour remonter aux sources du fait divers, tenter de retrouver un article, même un entrefilet, n’importe quoi qui lui permettrait de démarrer son enquête. Son « cold case », comme il a nommé ce livre.



Remonter le temps pour remonter dans l’arbre généalogique familial, pour se rendre compte que le frère du macchabé était aussi lui aussi hospitalisé en psychiatrie. En compagnie de Minkyung, Labruffe va partir en Corée, pour tenter d’interroger la famille, mais aussi assister à des séances de chamanisme… le livre, prenant, au fil des chapitres, une tournure presque mystique, notamment quand il évoque le souvenir comportements dysfonctionnels de Minkyung, donnant lieu à quelques révélations cocasses, comme cette soirée bien arrosée qui est partie en sucette au moment où Minkyung s’est mise à hurler en pleine nuit, laissant son compagnon dans le désarroi le plus total, devenant d’un seul coup présumé coupable de maltraitance envers sa compagne.



Mais ce livre, c’est aussi et surtout un bel hommage, et, en même temps, une déclaration d’amour d’Alexandre Labuffe à sa compagne. L’auteur s’adresse à elle en permanence, la harcèle de questions, suppute sans cesse pour tenter de l’aider à faire le deuil de ses fantômes, à la faire avancer sur ses traumatismes passés, tout en s’amusant avec elle de son accent, de ses fautes de français, qui lui font dire un mot pour un autre, donnant au livre une forme de fantaisie, malgré la gravité du sujet.



Très libre dans sa forme, le roman est entrecoupé de haïkus, d’extraits de presse, de définitions, avec également des titres de chapitres qui renvoient au cinéma – Dernier train pour Busan, Cris et chuchotements, L’image manquante…



Comme toujours, chez Alexandre Labruffe, les phrases se succèdent un rythme soutenu, elles sont courtes, et l’histoire au moins aussi abracadabrante que dans Chroniques d’une station-service, Un hiver à Wuhan et Wonder Landes, ses trois précédents romans. Bref, du Labruffe pur jus ! Un auteur qui, soyons-en sûr, n’a pas fini de nous étonner avec ses histoires incroyables… mais vraies !








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Cold case

Tonton givré.

Dans « Wonder Landes », Alexandre Labruffe avait « psychiatré » son frérot un peu un peu frappadingue. Dans Cold case, c’est la famille de sa compagne d’origine sud-coréenne, Minkuyng, qui passe sur le divan de la scène.

La jeune femme qui parle un français au bruit, syntaxe poétique qui permet à l’auteur de jouer avec les mots dans son style caractéristique un peu punk, mais sans les chiens.

Un matin, elle lui révèle entre deux biscottes après plusieurs années de vie commune qu’un de ses oncles a été retrouvé congelé dans les années 70 après s’être évadé d’un hôpital psychiatrique à Toronto. Le genre de révélation à ne pas faire quand on est en couple avec un écrivain.

Le destin de cet oncle désincarné titille la plume d’Alexandre Labruffe qui va trifouiller les secrets de la famille coréenne quitte à Séouler sa compagne et nous faire découvrir une société hyper patriarcale, des mariages de raison même dans la déraison, un « pays du matin calme » qui a eu des journées agitées et un chamanisme discount devenue religion naturelle. Et que dire de la coutume aussi étrange qu’extraordinaire des « noces fantômes » qui consiste quand un homme meurt avant d’avoir pu se marier, à l’enterrer en compagnie d’un cadavre de femme qu’il ne connaissait pas afin d’éviter que son âme ne souffre de solitude et n’attire des malheurs sur sa famille. Comme a peut-être dit Confucius, un peu confus, ainsi, il ne pourra pas laisser ses cendres trainer sans se faire engueuler. On ne connait pas de cas de divorce.

Pourquoi Sang-Young, le Mister freeze au Canada Dry, était parti au Canada avec ses frères alors que Céline Dion n’était même pas encore née et que la Caribou n’était pas son animal totem ? Pourquoi Sang-Hyo, le père de Minkuyng a également sombré dans la folie et finit dans un asile ? Est-ce que la folie est un gène qui part en vrille ? Bon-Sang, cela ne Sang-pas-bon. Et par coréelation, quelle est la responsabilité du grand-père, Jun-Mu, pas mu du genou, qui s’était exilé en Mandchourie à la fin des années 30 et qui régna sur sa famille comme un dictateur coréen joufflu ?

Une nouvelle fois, Alexandre Labruffe parvient à glisser sa prose décalée et inventive dans un récit envoûtant qui fait la part belle au choc des cultures, aux secrets de familles, à la folie et à l’humour. C’est aussi une belle et très pudique déclaration d’amour à sa compagne.

J’ai tellement corné les pages (j’avoue, je suis un décorneur repenti) qui recélaient des citations savoureuses et des trouvailles linguistiques que mon livre ressemble au bréviaire d’un curé surmené.

Un fantôme de chez Picard.

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Cold case

Comment un jeune homme coréen a t'il pu finir congelé à Toronto ?

A partir d'une simple phrase lancée par sa compagne au sujet de son oncle, l'auteur va décider de mener sa petite enquête, et cela deviendra également son nouveau sujet de roman.

J'ai à la fois été étonnée par le sujet mais aussi surprise par la méthode employée par Alexandre Labruffe pour enquêter, il va surtout faire appel aux souvenirs des membres de la famille de sa compagne, alors même que ces derniers semblent ne pas avoir envie du tout de remuer le passé.

Nous serons confrontés à des mystères, des secrets, du surnaturel, peu d'informations concrètes, quelques photos et bribes de souvenirs et au final, on ne sait pas trop si tout ça aura un sens ou si ça se terminera par beaucoup de bruit pour rien.

J'avais beaucoup aimé les ouvrages précédents de cet auteur, mais là, même si j'ai lu le livre jusqu'au bout, je suis restée sur ma faim.
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Chroniques d’une station-service

Le narrateur est pompiste. Il est aussi un peu philosophe et un peu romancier. Il est surtout pas mal perché, et donc (irrémé)diablement sympathique.

Il exerce dans une station-service de la périphérie urbaine parisienne qui fait face à un terrain vague, entourée d’un hôtel bon marché et d’une HLM inhabitée promise à la démolition. Dans ce lieu de de ravitaillement et de transit, il voit passer le monde en un ballet de départs et d’arrivées qui drainent des excités et des épuisés, des camionneurs et des automobilistes ivres, des habitués et des clients éphémères. Il y a les parents qui disputent des enfants rendus capricieux par l’abondance de cochonneries, sucrées ou sacrées, que proposent la boutique, des jeunes de banlieue qui viennent siroter un thé glacé…



Principal dealer d’un mode de consommation rapide dont la station-service, "tremplin de tous les instincts", pourrait être l’emblème, il est pour ses clients au mieux un anonyme, au pire transparent, et se demande pourquoi il n’a pas encore été remplacé par un automate.



Il trompe l’ennui en visionnant en boucle des films de série Z, genre qu’il affectionne, en jouant aux dames avec son meilleur ami, et en observant le monde qui l’entoure. Il remarque ainsi que l’immeuble abandonné qui jouxte la station semble abriter des trafics nocturnes et probablement louches, écoute les disputes des clients de l’hôtel.



L’aventure, parfois, survient de manière inattendue, peut se transformer en péripéties vaguement inquiétantes.



Le narrateur, à la fois curieux et débonnaire, quoique un peu craintif, déroule son quotidien et les réflexions qu’il lui inspire en une succession de brefs paragraphes, certains constitués d’une phrase unique aux allures d’aphorisme.



"La Subaru est au prêtre ce que les bas résille sont aux nonnes."



Au fil de ses observations et des bribes de conversations captées par son oreille attentive, il digresse, se pose des questions qu’il dote toutes d’un même degré d’importance, qu’elles soient pratiques, pseudo-sociologiques ou existentielles, qu’il s’agisse de savoir où sont passés les poètes ou de vanter les avantages du radiateur à énergie fluide… En grand sensible, il sait déceler la beauté dans l’anodin ou le supposément laid, faisant entre autres l’éloge de la station-service et de son imagerie – de Tchao Pantin à Bagdad Café-, lieu de tous les possibles.



C’est savoureux, enlevé, et souvent très drôle, pour qui aime comme moi l’humour décalé, flirtant avec l’absurde. A lire !
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Cold case

L’écrivain part sur les traces d’un oncle retrouvé mort congelé au Canada dans un récit truculent sur l’exil et la folie
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Cold case

Le nouveau roman de l'écrivain est son rapport d?enquête sur un fantôme de famille qui hante sa compagne coréenne. Effervescent.
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Cold case

J’ai eu connaissance de ce livre et de son auteur dans une émission de France Culture qui leur était dédiée. J’ai été intriguée par le livre et séduite par son auteur. Une fois la lecture achevée je ne peux dire qu’une chose: je me suis régalée et alors que le thème n’est pas réjouissant, j’en sors d’humeur légère et charmante. Lire probablement à l’écriture légère et décalée par moments et par l’épisode de la dernière chamane et du magnétophone montrant que la technologie ne vient pas à bout de tout. Un livre que j’ai lu d’une traite et que je veux faire découvrir… bravo:)
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Cold case

L'auteur enquête sur l'oncle de sa compagne coréenne mort congelé au Canada. Cocasse et percutant
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Cold case

Une enquête aussi drôle que loufoque, une autofiction brillante et savoureuse.



« Sans doute, ce décès étrange, au lieu d’ébranler les fondations de leur existence, le bien-fondé de leur mission, les avait-il solidifiés : pas de pitié pour les détraqués. L’ordre était leur raison d’être. L’ordre et l’équilibre, piliers de leur psyché. Eux, les chiens de garde du rationnel, les moines-soldats de la logique, vigies bornées de l’H.P., ils exécraient le chaos. Le chaos et les macchabées. »



Après le frère, l’oncle par alliance. Et un fil rouge entre les deux livres : la folie.

Tout a débuté par une affirmation de sa compagne qui lui raconte que son oncle est mort congelé au début des années 70. Il n’en fallait pas plus à l’écrivain, « greffier du réel » pour se lancer dans l’aventure d’une enquête. Que s’est-il passé ? « Comment en savoir plus ? Comment exhumer l’oncle congelé ? Comment transformer la fable en fait ? »



« Le couteau, c’est ma plume. La plaie, c’est votre silence. La douleur : un puissant somnifère ».



Bien plus que le suivi de ses investigations, Cold Case est à la fois un roman noir, un roman familial, un roman historique, géopolitique… un récit multiforme complètement dingue servi par une écriture "bruffante".

De la Corée du Sud au Canada, de Paris à Toronto, Alexandre Labruffe tente de démêler une histoire complexe.

Si « Le diable est dans le bétail. », l’auteur veille à éviter le trop plein et d’évoluer « en pleine overdose d’hypothèses. »

« Ces cris ne sont pas les tiens. Quand tu cries, tu arases la rage de ta mère, les sables mouvants de ton père. »



L’écriture est fabuleuse, un vrai plaisir. C’est tout simplement beau, poétique et cocasse. Au fil des pages, fou rire des néologismes et langue inventée alternent avec la beauté des rimes et la musicalité des phrases. Sensoriel et visuel, noir et lumineux, silencieux et burlesque. « Ça me laisse bouche buée. » Autant vous prévenir, si « Tu es concombre dans la lune, tu comprend(ra)s rien ». A moins que j’ «extravague grave »



« C’est important pour toi, tu es partie à l’étranger pour t’éloigner du cerveau fêlé de ton père. Tu lui en voulais d’être délirant, absent, bancal. Alors qu’il était vivant, tu l’avais déjà enterré, les funérailles étaient mentales, sans fleurs ni souvenir, sans gloire ni couronnes, il n’était plus rien. »



Fuir pour ne pas sombrer dans la folie, « la prescience du futur », se construire et vivre. C’est ce qu’a fait la compagne d’Alexandre, sa partner en enquête. Alexandre lui rend bien dans ce cold case lumineux et captivant.

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Cold case

Aujourd’hui je vais évoquer Cold case roman autofictionnel à la fois drôle et tragique d’Alexandre Labruffe. Il est notamment l’auteur d’Un hiver à Wuhan et de Wonder Landes. Dans ces précédents textes l’auteur a déjà puisé dans son histoire intime et familiale, notamment à travers la figure de son frère. Cette fois son récit est centré sur sa compagne d’origine coréenne Minkyung.

La signification traditionnelle de Cold case se rapporte à des cas criminels non élucidés sur lesquels la police peut ultérieurement revenir, notamment lorsque de nouveaux éléments sont disponibles ou que les capacités scientifiques ont progressé. Alexandre Labruffe va malgré lui mener une recherche pour tenter d’élucider une histoire qui se déroule entre Corée du Sud, Canada et France. L’enquête oscille entre 1971 (date des faits princeps, la mort de l’oncle de la compagne de l’auteur) et aujourd’hui. L’histoire familiale est insérée dans l’histoire du pays qui en un demi-siècle a changé de catégorie. Tout débute lorsque dans un bar de Télégraphe à Paris Minkyung confie à l’écrivain, avec lequel elle est en couple depuis plusieurs années, qu’elle a un oncle qui est mort dans des circonstances étranges cinquante ans avant alors qu’il était parti avec ses frères à Toronto. A partir de bribes, de fragments de mémoire disloqués il faut reconstituer les faits. Labruffe imagine la réaction lors de la découverte du corps congelé du défunt : « paralysés par la vision de ce cadavre surnaturel, sa pâleur fantasmagorique, les gardiens de l’hôpital psychiatrique s’étaient probablement arrêtés de respirer, crispés, souffle coupé ou aspiré. » C’est donc l’hiver, un jeune homme coréen s’échappe d’un établissement psychiatrique et meurt dans des circonstances glaçantes. Les journaux locaux s’en font l’écho, quelques brèves signalent le décès. Ce qui intéresse Labruffe c’est de comprendre le sens de cette migration de la fratrie et de faire le lien avec le père de son amie actuellement interné en Corée. Cold case est divisé en trois parties : Contes glacés, Archéologie du fantôme et L’illusion de l’île. Le récit est imbriqué et mélange des témoignages et des archives. Il s’agit de réactiver la mémoire et de plonger dans le tabou de secrets de famille et de non-dits savamment camouflés. Le style de l’auteur mêle sérieux et humour. Il retranscrit avec fidélité les bons mots de Minkyung qui parfois a une façon de parler singulière qui porte à quiproquo. Ainsi l’oncle congelé est d’abord pris pour un ongle refroidi ! Son appropriation du français, ses dialogues avec son partenaire amoureux sont souvent savoureux.

Cold case est une chronique des désordres d’une famille et d’un pays. L’auteur manie avec talent et impertinence l’humour pour une nouvelle fois explorer le domaine de la folie et des croyances et superstitions.

Voilà, je vous ai donc parlé de Cold case d’Alexandre Labruffe paru aux éditions Verticales.
Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Cold case

Dans son nouveau roman, «Cold Case», Alexandre Labruffe décongèle l'oncle de sa femme coréenne, tel un inspecteur Columbo qui s'improviserait aussi thérapeute freudien et chaman parisien.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Cold case

Ainsi, il inscrit l’histoire de Minkjung dans une histoire collective et dresse un beau portrait de jeune femme d’aujourd’hui, partie au bout du monde pour se construire loin de ses démons. De ce fait-là, son livre peut également être lu comme une magnifique lettre d’amour.
Lien : https://www.lesinrocks.com/l..
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Chroniques d’une station-service

Moi-même employé en station service, j’ai beaucoup rigolé en lisant ces chroniques, me visualisant parfaitement dans la station service. Pleins de petites anecdotes liées les unes aux autres, ce qui crée un fil conducteur qui donne envie de dévorer le livre en une seul fois !
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Wonder Landes

Après s’être mis dans la peau d’un gérant de station-service à l’âme rêveuse, (« Chroniques d’une station-service »), après nous avoir raconté « de l’intérieur » la vie en Chine (« Un hiver à Wuhan »), Alexandre Labruffe nous propose cette fois une plongée au cœur d’une famille plutôt bizarre, avec d’un côté un frère insaisissable, au parcours plus que chaotique, et de l’autre, un père imprévisible et presque aussi compliqué à gérer que son fils aîné.



Pierre-Henri, le frère du narrateur, a disparu en lui laissant un mystérieux sac noir … Il porte le prénom de son grand-père tué par l’explosion d’une mine en juin 1944. Cette déflagration originelle explique peut-être les troubles de sa personnalité et annonce en tout cas la désintégration de sa famille soixante-quatorze ans plus tard.



Beau parleur, Pierre-Henri dit « PH » aux multiples identités, séduit et trompe son entourage .Tête brûlée, il détruit quinze voitures en quinze ans, il trempe dans des affaires louches et est entraîné par son goût de l’argent dans des projets de plus en plus délirants. Son arrestation, suivie de son incarcération, provoque un séisme, auquel le père, compromis et endetté par les frasques de son fils aîné, ne résistera pas. Il décrit une famille impuissante, le désarroi et l’effroi face à ce frère aîné qui fabule, vole ses affaires et va jusqu’à lui prendre son passeport, usurper son identité.



Le narrateur tente de comprendre comment son frère a pu sombrer ainsi : il découvre avec effarement un « kamikaze, mythomane, pyromane, toxico. ». Cette enquête terrible, menée par le narrateur avec autant de courage que d’humour, réveille des souvenirs enfouis et leurs cicatrices, au cœur de cette forêt des Landes, où il a passé son enfance, alors qu’il a fui en Chine, loin de ses racines.



Sur un ton beaucoup plus grave que dans ses deux précédents livres, Alexandre Labruffe nous plonge dans une histoire de famille dysfonctionnelle par bien des aspects.



Un récit dense, sans temps mort, où le lecteur est aussi désorienté que le narrateur pour comprendre ce qui lui arrive et ce qui arrive à ses proches, avec ce frère qui du fond de sa cellule en prison envoie des SMS à peine compréhensibles. Pourtant, malgré la cacophonie qui règne dans cette famille chancelante, le ton n’est jamais aux larmes ni à l’apitoiement.



Plongé dans la ronde infernale des interrogatoires, des perquisitions, des saisies d’huissiers, des dettes, des messages rageurs de son frère, des menaces de toutes parts, et effondré par le déclin inéluctable de son père, le narrateur conjure la stupeur, l’angoisse et la honte par un ton léger et une distance ironique, qui pimentent cette débâcle familiale.



Si la construction morcelée du récit – façon journal intime - peut déconcerter le lecteur, on se réjouit à y découvrir une série de personnages secondaires tous aussi farfelus les uns que les autres, comme ses amis et surtout sa compagne coréenne, maniaque et soumise aux haïkus mystiques de sa chamane. Ils contribuent à désamorcer le tragique de la situation.



« Wonder Landes » est un texte sincère et déjanté. Ce récit prend les allures d’une catharsis pour digérer les aventures rocambolesques de la famille Labruffe. L'auteur fait preuve d'affection pour son frangin (à qui le livre est dédicacé) même s'il est bien en peine de le comprendre et de l'aider. Tout est symbole psychanalytique… sans vraiment convaincre.



A partir d’une intrigue proche d’un fait divers, la magie de la littérature opère. Alexandre Labruffe réussit à raconter ce drame familial, tout en évitant les écueils du pathétique larmoyant ou du règlement de comptes. Un roman tout aussi original dans son contenu que dans sa forme !
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Chroniques d’une station-service

"Le chiffre 5 en Chine, c'est le chiffre du Wu, du rien, du vide. À L'origine et à la fin de toute chose. C'est le chiffre du non-agir, du non-être, du pompiste."



Je retrouve ces phrases courtes, tranchées, ces cris silencieux face à l'absurdité d'une époque vide de sens et emplie de consommation, consumation.

À défaut d'une indignation beuglée nait chez Labruffe un constat incisif. Constat brut et détonant d'une société carbonisée transportant vers un proche néant l'homme déjà fossilisé.

Délectable poésie apocalyptique, cerveau propulseur de réflexions, succession de pensées en injection, Labruffe est un turboréacteur, un avion de chasse ovni lancé en pleine vitesse sur la planète pour la stimuler.



"Tout le monde demande le plein. Mais personne n'a jamais demandé le vide"



Vacuité d'un système, zombis du quotidien perfusés au coca zero et chips aux oignons.

Quel pouvoir nous reste-t-il avant la poussée d'un troisième oeil ?

La post culture apocalyptique, dystopique nous à-elle-déjà imaginés en être demystifiés mais plastifiés ?

Précisément, nous sommes dans l'ère du néant, en panne d'essence.

Accessoirement, Labruffe invoque Baudrillard.

Concrètement, je me shoote , m'enfile des lignes de virtuosité et de maîtrise me menant aux confins d'une construction littéraire artistique des plus cinématographiques.



"Je me dis qu'une pensée est un feu d'artifice figé".

 

Labruffe en est l'artificier.

Réservoir inépuisable de traits d'esprit , il carbure à l'à propos et la substance première de ses élucubrations est un pur elixir d'essentialisme sous des airs flegmatiques.

De contemplations en imaginations, il nous offre un subtil roman distillant l'intelligence et l'humour corrosif, au même titre que" Wonder Landes" et " Un hiver à Wuhan", et ca vaut de l'or (noir).



Totalement addicte et momentanément désœuvrée de ne plus pouvoir aller au ravitaillement ayant épuisé cette bibliographie.



"Je respire l'odeur humaine, aggravée de fleur morte et de pétrole, qui offense le jardin [Colette]"

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Chroniques d’une station-service

Une station service, dit le narrateur, pompiste philosophe, sociologue et un peu perché, est le lieu du début de l’aventure des possibles. « Passage obligé des gangsters, des fuyards, elle est le pivot du récit des marges ». Et le fait est que cinématographiquement parlant, cette ode à la station service n’est pas sans convoquer un imaginaire de road movies crépusculaire. Mais celle du narrateur se situe à Pantin, en face d’un campanille, à l’enseigne lumineuse clignotante fantasque et à côté d’une maison abandonnée, du moins devrait-elle l’être.



Notre héros, fort peu héros, contemple de ce poste d’observation la vie qui y vient ou s’en va, 189 petits morceaux satiriques, burlesques, fantasques, pertinents et décalés de tranches de vie, dont la sienne, qui n’est pas si simple … Entre deux films de série B, de zombies ou coréens post apocalyptiques, deux parties de dames avec son ami Nietzland, deux coups de fils à son père, dont la vie sentimentale tordue échoue dans les bras d’une psychologue, il se fait voler sa clef USB par un clochard et tombe amoureux d’une cliente au comportement érotique tordu …



Durant les heures qu’il passe derrière le comptoir, il se rêve en Baudrillard, souvent dépassé par ce qui se passe autour des pompes ou des rayons, ce qui s’y dit, il glose autour d’une phrase ( « les migrants surjouent l’exil ») ou d’une figure récurrente : l’habituée du mardi qui vient en vélo acheter un paquet de chips à l’oignon, tous les mardi, à la même heure, en talons aiguilles, laissant derrière elle flotter une sorte de halo qui tétanise le cœur de notre pompiste. Des inconnus lui confient des livres à code secret, ce qui n’est pas sans l’inquiéter. La station service serait-elle un repère terroriste … Entre deux contemplations, et tergiversations, le narrateur organise des expositions clandestines sur les murs, en format A3, avec post it explicatifs, des stations services américaines, puis des pétroliers, son patron passe de temps en temps pour le remotiver par nouvelles techniques de vente du sandwich … Mais l’essentiel de son temps, le pompiste le passe à regarder le monde passer et ce monde est burlesque, drôle, bancal, un poil surréaliste, dans une écriture qui mêle aphorismes doucement déjantés et ironie du dérisoire …



C’est une galerie de personnages, de situations, de conversations, souvent tronquées, qui défilent dans ce lieu de consommation anonyme devenu le centre du monde, le bocal d’agitations éphémères de clients poissons rouges : l’homme ivre qui titube, sandwich au poulet à la main en hurlant le prénom de celle qu’il a dû aimer, la famille de la pompe cinq, la ruée sur le coca zéro qui trouble notre narrateur, invisible philosophe méditant la cocazéroïsation de l’humanité.



De malicieuses » choses vues » dont on se délecte !
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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Un hiver à Wuhan

Une immersion dans la Chine d’aujourd’hui, dans ses villes polluées, dans ses décors de sciences fictions, dans son besoin de tout contrôler, de surveiller, d’allier vite…



A l’automne 2019, Alexandre part à Wuhan en tant qu’attaché culturel.

La Chine n’est pas un pays inconnu pour lui car en 1996 il y contrôlait la qualité des produits français fabriqués dans les usines chinoises.



Le langage est tantôt humoristique, tantôt caustique pour nous dépeindre la vie en Chine.

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Un hiver à Wuhan

Il y a des écritures singulières qui s'inscrivent, s'impriment instantanément dans notre cerveau. Ce genre d'écriture d'auteur inconnu qui nous paraît pourtant familière, celle qu'on a la sensation d'habiter depuis toujours.

Celle d'Alexandre Labruffe m'a obsédée il y a peu lors de ma première rencontre avec ses phrases concises et percutantes dans "Wonder Landes".

Je me suis alors précipitée afin de le retrouver en Chine cette fois-ci, curieuse de lire sous sa plume cynique et éclairée sa vision sur la megapole libérale-totalitaire. Ce nouveau monde et ses obsessions qui veut reléguer l' Amérique aux oubliettes, au delà du rêve, au delà de la réalité. L' affection toute particulière qu'il voue aux chinois face à l'étrangeté d'une nation mutant vers la SF version K-Dick. Et Labruffe à eu tout le temps de l'étudier cette Chine durant toutes ces années où il a été l'oeil de l'occident en tant que contrôleur qualité puis attaché culturel. Il a vécu en live l'agonie de ce grand pays dans les années 80 puis son ascension, ses "micro-apocalypses" qui la mène sur le toit du monde. La réalité est digne d'une dystopie, entre surveillance et pollution, dématérialisation de la consommation, vitesse tyrannique et souveraine.

Sans surprise, Labruffe apprend de la Chine "la paranopocalypse", ces genres de coups de foudre qui nous font déconnecter les neurones, un orage neuronal tel un shoot de drogue douce. Un genre d'opium qui noie l'esprit et l'entendement. Hallucination ? Non, il suffit d*ouvrir les yeux et de lire sur les panneaux publicitaires "exploring the endless future".

Wuhan accueille également le covid, les autorités admettent tardivement mais officiellement son existence. Tout est sous contrôle...

Des chiffres qui ne bougent pas durant 15 jours au nombre de 41 alors que les cas explosent dans le monde.

Paranoia ou lucidité ?... Puis :

Lock-Down. Black-out.

Labruffe secoue, nous mène dans l'antichambre du délire programmé, le point zéro de l'atelier du monde de la mondialisation sauvage, la barbarie du réel, le tout servi par une plume audacieuse et caustique doublée d'un esprit brillant

Impact immédiat.

J'aime. J'adore. J'adhère.

Adhérez au plus vite !



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Un hiver à Wuhan

Un hiver à Wuhan est un récit autobiographique. L'auteur partage son expérience de vie en Chine à deux moments de sa vie: les années 1990 et les années 2010.

C'est assez saisissant, parfois drôle et ironique. Cela permet une bonne prise de recul par rapport à la vie en Occident, l'absurdité de la mondialisation.

L'auteur nous fait découvrir le monde du travail en Chine, la démesure des villes et des projets urbains, la censure et le contrôle quasi permanent de la population.

Ce fut un bon moment de lecture et une réflexion sur la liberté.
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