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Critiques de Alexandre Labruffe (120)
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Chroniques d’une station-service

Plate-forme pétrolière en pleine mer de Pantin, la station-service s'avère être un point de ravitaillement pour tout voyageur en quête d'essence. "Parfois je regrette l'époque dorée du super et je me dis que le sans-plomb est à l'essence ce que le préservatif est au sexe". "Je fais le plein. C'est de l'ordinaire. Chose de plus en plus rare. Mais je sais où la trouver en France. (Je connais le secret de l'ordinaire)."

Il y a différents flux comme différents courants de pensée, mais il y a aussi ... le coca zéro (à quand la voiture qui tourne au coca ?), les chips, les barres chocolatées, les sandwichs industriels, et ... des langoustes, qui, bizarrement, se vendent dans cette station-service, point de ralliement pour tous ceux qui voyagent en banlieue parisienne à défaut d'être sur la route 66. Le pétrole, l'or noir, ce flux des bas-fonds, se prête ici à la littérature urbaine et ... à la fulgurance poétique. Mais pour apprécier ce livre, il faut être comme le pompiste celui ou celle qui a le permis (80% des annonces l'exigent) et qui aime l'odeur de l'essence (100% des annonces l'oublient)
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Chroniques d’une station-service

lu rapidement, trop peut-être mais il fallait rendre les notes ce 30 octobre! Ce n'est pas un roman, c'est une suite de petites réflexions ou aventures d'un pompiste qui lit Baudrillard et autres, il est aussi cinéphile et se passe des films tout en guettant les clients; c'est parfois drôle mais je me suis un peu ennuyée, frustrée de ne survoler que des pistes qui pourraient être intéressantes: lumière dans la maison abandonnée, livres déposés mystérieusement etc.

En plus, j'échange toujours quelques mots avec les pompistes quand ils ne sont pas remplacés par des robots mais alors il n'y a que la pompe et pas de vivres ni de toilettes...
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Chroniques d’une station-service

Il y a quelques décennies, ce petit livre aurait pu être intitulé "Journal d'un pompiste" mais le narrateur, ici, se contente d'encaisser les sommes correspondant aux volumes de carburant que les clients ont eux-mêmes versés dans le réservoir de leur véhicule et le cas échéant aux boissons, bonbons, magazines érotiques, cartes routières... en vente dans la station. Il relate les événements le plus souvent minuscules qui surviennent dans sa boutique (sa "capsule"), sur le parking et aux alentours immédiats. Il nous fait part des réflexions qui lui viennent pendant ses parenthèses de temps libre, qui se situent à une altitude largement supérieure à celle des brèves de comptoir standard : par exemple celle-ci, attribuée par lui à Baudrillard : "Tout le monde demande le plein. Mais personne n'a jamais demandé le vide." Il joue aux dames avec un ami qui lui rend visite régulièrement, installe sur un espace inoccupé de son local des mini expos photo que son patron, lors de sa tournée hebdomadaire, lui demande d'enlever illico, participe de temps à autre aux conversations des clients qui s'incrustent, échafaude des scénarios à propos de ceux, insolites, qui ne font que passer. Et comme la vie ne se résume pas à une distribution d'hydrocarbures, il raconte aussi des fragments de son existence hors de la station, entre autres sa relation avec Seiza, une Japonaise qui n'est d'abord qu'une cliente (cycliste) venant ponctuellement acheter un paquet de chips tous les mardis avant qu'il puisse découvrir qu'elle prend des cours d'hojōjutsu et qu'elle cuisine à merveille les plats typiques de son pays.

Ce livre, d'ailleurs, fait par moments penser à un recueil de haikus.
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Chroniques d’une station-service

La respiration d'humour qu'il nous fallait dans la rentrée littéraire ! Cultivé, cynique, passif, Beauvoire, le narrateur pompiste de ces chroniques nous livre toutes crues ses remarques et réflexions sur l'ennui absolu dans sa station-service de Pantin. Comme il ne se prend jamais au sérieux, son petit monde devient très vite hilarant, et on se laisse embarquer volontiers pour le voyage (immobile).
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Chroniques d’une station-service

Pourquoi faut-il se projeter d'ici 10 ans? Pourquoi ne pas vivre le jour le jour et se contenter de ce que l'on a si cela nous va? Et bien notre narrateur est dans ce cas là. Il s'occupe d'une station-service dans le temps imparti. Le temps file doucement avec les quelques clients qui viennent faire le plein et le payer en caisse. Parfois, ils en profitent pour acheter du coca et/ou des chips. L'ennui pourtant n'est pas vraiment au rendez-vous, car pendant qu'il ne se passe rien, il peut lire, regarder des films sur internet, discuter avec des amis qui passent, faire un vernissage, exposer des photos... Parfois, son boss passe vérifier que tout reste en ordre même si c'est rarement le cas. Cette routine permet de philosopher sur la vie. Cela a permis d'écrire 189 mini-chroniques allant d'une simple pensée, à une réflexion à une description d'un évènement. On pourrait parfois se croire aux Etats-Unis avec la description des drogués, des alcooliques, des prostitués, des fêlés... C'est incroyable ce que la production hollywoodienne peut influencer notre perception du monde. Les pages se tournent facilement avec sourire. Rien de tel pour se vider la tête avec un ovni littéraire.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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Chroniques d’une station-service

Une lecture à côté de laquelle je suis passée...



Il est pompiste dans une station service de banlieue parisienne.

Il décrit quelques scènes de son quotidien professionnel et personnel. Des scènes où la superficialité de notre monde sont mises en exergue (mais pour moi, de façon trop superficiellement justement...), des scènes où l'érotisme est au premier plan (mais pas de vulgarité), des scènes qui au final sont le reflet du néant et d'une certaine vacuité de notre existence...





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Chroniques d’une station-service

C'est comme le livre intime d'un gars qui est pompiste et qui raconte en peu de mots ce qu'il vit tous les jours ou presque. C'est court et succinct et ça laisse un peu sur sa fin ;-)

Comme dit "beleval" y'a quand même des choses qu'on aurait aimé savoir, concernant la maison abandonnée ou le mystère des livres déposés.
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Chroniques d’une station-service

⛽️ « 131

Mon souffle coupé. Est-ce la cruelle Nipponne ? Que faire ? Retourner à la fête ? Faire demi tour ? Un tête-à-queue ? Il est trop tard.

131 bis

Comme dirait Camus : « Heureusement il est toujours trop tard. » »

(P.110)



⛽️ A quoi carburez-vous ? Aux Haribo acidulés, aux chips saveur barbecue, aux sandwiches sous vide ? Dans la station service du pompiste Beauvoire, pas de place pour l’ennui. En 189 chroniques, un lieu aussi banal et quasi insignifiant qu’une station service devient le théâtre de l’absurdité la plus totale, savamment orchestrée par l’auteur. Rien ne devrait se passer dans ces lieux de passage, hormis un plein, un café, une pause pipi vite expédiée. Et pourtant…



⛽️ Ces gestes, aussi vides de sens soient-ils, laissent place à d’autres, des appels au secours, des questions existentielles, des actes désespérés. Qu’il s’agisse de connaître l’avenir de l’essence et de l’homme, de livres qu’on dépose et que d’autres viennent chercher, de messages cachés à l’intérieur, de coups de foudre improbables, de troc essence/homard, de prêtres en rangers qui font le plein sans payer, la station est bel et bien un lieu tout sauf banal, où l’être humain cherche un réconfort, une normalité qui lui échappe, un sens qu’il a perdu. Dans ce théâtre loufoque, notre pompiste devient le protagoniste drôle et cynique d’intrigues complètement déjantées.



⛽️ Alors si vous êtes en panne et que vous avez besoin d’un refill, lisez ce livre et vous ferez le plein de bonne humeur !
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Chroniques d’une station-service

Petit livre sympa et alerte pour passer un moment.
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Chroniques d’une station-service

Après un premier bon livre, il arrive que le suivant le soit moins ; ayant inversé la formule, j'avais donc un a priori favorable pour les Chroniques d'une station-service, publiées avant le sinistre Un hiver à Wuhan que je n'avais pas aimé. Je me suis dit que si ce dernier petit ouvrage avait pu être publié, c'est que le précédent avait été apprécié. Conforté dans mon intuition par un regard sur la quatrième de couverture où Frédéric Beigbeder affirme : "J'ai énormément ri", j'ai acheté l'opuscule et suis rentré dans la station.



Résultat ? La cata... Non seulement je n'ai pas ri, mais je n'ai pas compris pourquoi ce livre avait été édité par Gallimard.



Tout ce qui brille n'est pas de l'or. Labruffe bufflera ? En tout cas bluffera ! Dans ce patronyme il y a aussi farfelu et fabuler, baffe et beauf. Bof, je dis bof !



Je vous concède que nous n'avons pas tous les mêmes références culturelles ni le même sens de l'humour, mais je m'en voudrais de vous orienter vers une déception.



Passez votre chemin, vous ne perdrez rien.

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Chroniques d’une station-service

Si vous voulez faire le plein…



…d’histoires cocasses, philosophiques, économiques, sentimentales, alors rendez-vous dans la station-service de la banlieue parisienne où travaille le narrateur du premier roman de Alexandre Labruffe.



Quoi de plus banal et de plus ennuyeux que le travail dans une station-service? Comme le dit le narrateur de ce roman très original, la plupart des automobilistes ignorent jusqu’à l’existence de l’employé qui n’est plus pompiste. Mais à bien y regarder, cet endroit offre un point d’observation privilégié sur le monde, à condition d’élaborer une stratégie pour tromper la routine et l’ennui. Car, que l’on soit riche ou pauvre, en déplacement professionnel ou pour touriste, que l’on soit seul au volant ou en famille, tous se retrouvent un jour à devoir faire le plein ou effectuer un achat de dernière minute et laissent transparaître un bout de leur vie derrière les pompes à essence.

Le jeune homme que met en scène Alexandre Labruffe aime autant l’odeur de l’essence que son poste situé en banlieue parisienne, près de Pantin. Il se voit comme une «vigie sociétale» qui voit passer le monde devant lui «partir ou arriver, excité ou épuisé». La galerie de personnages qui défile là nous donne en effet de quoi nous divertir ou nous faire réfléchir sur des sujets aussi variés que la famille, la politique, l’environnement, les médias ou encore les relations hommes-femmes.

Plus pu moins sérieuses, les notations sur le Coca zéro, le plus produit qu’il vend le plus, sur les films de série B ou de science-fiction qu’il passe en boucle sur son écran ou encore sur les manies des habitués vont le rapprocher de son mentor, lui qui aurait aimé être Baudrillard.

Les mini-chroniques, qui sont autant de choses vues, vont prendre un tour plus intime quand apparaît la jeune femme asiatique: «Cette femme est un mirage. Elle vient probablement d’une autre galaxie. Tous les mardis à la même heure, vers 18 heures, habillée invariablement de talons hauts, de collants (noir ou chair) et d’une jupe à pois (ce qui renforce son innocence et son éclat), elle achète un paquet de chips à l’oignon et repart. Tétanisé, je la regarde pénétrer dans le magasin. Je retiens mon souffle. Tout se contracte, se fige. Le temps. La station. L’espace. Mon cœur.» Que les lecteurs à la recherche d’un plan de drague infaillible passent leur chemin… À moins qu’ils cherchent la confirmation que pour peu que la volonté soit là, il est possible que des miracles se réalisent. Mais je vous laisse découvrir les charmes de la relation qui va se nouer avec Seiza pour en venir aux autres relations de notre employé-sociologue, Ray, Jean Pol, Nietzland et les autres. Cet ami qui divorce sans vouloir quitter sa femme, ce patron qui voit d’un mauvais œil ses initiatives artistiques – transformer la station en galerie d’art – ou encore cette Cassandre qu’il retrouve dans son lit. Un vrai régal de «choses vues», avec un œil pétillant de malice.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Chroniques d’une station-service

Voila typiquement, le genre de roman qui va fonctionner par le bouche à oreille. Car avouons le, personne n’a envie de lire des Chroniques d’une station-service. J’ai tendu l’oreille et entendu de belles choses sur ce roman d’Alexandre Labruffe et maintenant que je l’ai lu, je vais ouvrir la bouche pour en parler et rassurez-vous c’est bien d’un roman qu’il s’agit. malgré le titre et malgré les chapitres courts qui, lorsqu’on le feuillette, laisse vraiment penser qu’il s’agit de Chroniques d’une station-service, d’anecdotes de pompistes.



Alexandre Labruffe nous immerge au côté d’un pompiste de nuit, lequel partage son quotidien, les bizarreries de son travail et de ses clients et on ne peut qu’aimer toutes ses folies possibles. Chroniques d’une station-service, c’est l’histoire de ce narrateur, son analyse de la vie, ses aventures ubuesques et ça fonctionne super bien. Les chapitres courts, très courts donnent au roman beaucoup de punch.



Les personnages/clients récurrents apportent cette touche qui décale un peu tout et Chroniques d’une station-service se teinte d’une forme d’étrangeté sans toutefois que l’humour ne disparaisse.



En tous cas, Chroniques d’une station-service me donne très envie de lire d’autres romans d’Alexandre Labruffe et découvrir son univers.
Lien : http://livrepoche.fr/chroniq..
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Chroniques d’une station-service

pas roman svp par respect pour les lecteurs, nouvelle et avec plusieurs nouvelles on editait un bouquin!
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Chroniques d’une station-service

Bien écrit, facile et rapide à lire, le quotidien d'un homme gérant une station service. Quelle place occupe-t-il dans ce monde, dans la société actuelle? Il s'interroge ...
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Chroniques d’une station-service

J'ai découvert Alexandre Labruffe lors d'un entretien radiophonique au sujet de la sortie de son roman "un Hiver à Wuhan"où il a été rappelé la qualité de son premier ouvrage "Chroniques d'une station service".

Dans ce premier roman, il est question d'un pompiste Beauvoire (nom évocateur) officiant en périphérie de la région parisienne. Cette station au milieu de nulle part, semble à la fois hors du temps et au "carrefour du monde". L'auteur nous plonge dans les réflexions du narrateur philosophe au regard acéré, nous fait suivre un ballet quotidien de personnages variés, ordinaires ou loufoques, cotoyer des histoires d'amour ou de trafics. L'écriture est dépouillée, caustique, avec des chapitres courts qui rythme la vie de cette station. On ne s'ennuie pas en lisant ces chroniques, et l'on portera peut-être un autre regard sur les pompistes à l'avenir !

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Chroniques d’une station-service

Raconter la vie d’une station-service de l’intérieur. Pour un premier roman, le pari était osé, et Alexandre Labruffe l’a relevé dans Chroniques d’une station-service paru en mai 2019 aux éditions Verticales. Lettres it be vous livre sa critique !



# La bande-annonce



# L’avis de Lettres it be



Primo-romancier né en 1974, Alexandre Labruffe n’en est pas moins un homme d’expériences. Ayant travaillé en usine puis dans les Alliances françaises de Chine puis de Corée du Sud, Alexandre Labruffe travaille aujourd’hui sur plusieurs projets artistiques et cinématographiques. Le voilà qui s’essaie à l’écriture avec un premier roman ambitieux qui emporte son lecteur tout droit… dans une station-service.



C’est un pompiste qui vous parle. Ses aventures commencent avec la venue d’un premier client, puis d’un autre. Et encore un autre. Sans arrêt. Pourtant, c’est dans le quotidien le plus plat aux premières apparences que l’on trouve les étincelles de vie les plus brillantes. Et Alexandre Labruffe de nous le rappeler à travers les songes et péripéties amicales et amoureuses de son héros en bleu de travail.



« Je me sens utile maintenant, c’est vrai. J’en connais un bout sur la révolution du sandwich industriel. »



C’est un peu la tarte à la crème quand un auteur brille par sa morosité, sa plume déprimée et un tel récit du quotidien. Mais Alexandre Labruffe enfile sans trop de problèmes le maillot de l’équipe de ces auteurs que l’on pourrait désormais nommer les « comme Houellebecq ». Pourtant, en osant le pari du récit de la station-service, le primo-romancier apporte sa patte, sa touche et son inventivité dans un roman qui s’assume seul et sort de bien des étiquettes qu’on pourrait lui accoler.



À la façon d’un Debout-payé de Gauz ou d’autres romans du genre, Alexandre Labruffe propose avec Chroniques d’une station-service d’entrer directement dans le quotidien d’un pompiste, un Monsieur Tout-le-monde qui œuvre chaque jour dans l’un de ces métiers que l’on ne voit pas, ou plus. Le choix d’une construction parcellaire est séduisant pour donner à ce livre un rythme particulier, le rythme de la vie et des songes. En somme, sur près de 140 pages, Chroniques d’une station-service est un premier roman satisfaisant, qui a de quoi lire. Jolie découverte.



Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Chroniques d’une station-service

« Je suis au sommet de la pyramide de la mobilité en quelque sorte : le rouage essentiel de la mondialisation. (Sans moi, la mondialisation n'est rien.) » (p. 7) Beauvoire est pompiste dans une station-service de la région parisienne. En courtes phrases, il raconte son quotidien. « Rares sont les clients qui me voient ou me parlent. Je suis transparent pour la plupart des gens. Certains se demandent sans doute pourquoi j'existe encore, pourquoi je n'ai pas été remplacé par un automate. Des fois, je me le demande aussi. » (p. 6 & 7) Les automobiles qui s'arrêtent le temps d'un plein, d'un café, d'un sandwiche ou d'une miction. Les habitués qui viennent partager une partie de dames ou un verre. Beauvoire est un observateur essentiellement passif, mais qui parfois, de bon gré ou à contrecœur, se retrouve acteur. Sans savoir pour qui ni dans quel but, il fait passer des messages. Il ose aussi aborder la sublime cliente japonaise qui passe une fois par semaine. Il se rebelle contre son patron en organisant des expositions sauvages sur les murs de la station. Quant au temps qui coule, poisseux comme l'essence, le pompiste le trompe en lisant, en regardant des films ou en pensant à Jean Baudrillard, philosophe qui semble donner à toute chose un sens plus profond, pour peu qu'on accepte de renoncer aux évidences. Avec la lueur vacillante des néons et des enseignes pour seules étoiles, Beauvoire rêve à plus grand, plus loin, mais pour quitter sa station-service, il faudrait un éclat, un coup de tonnerre qui peut-être jamais ne viendra.



Non-lieu par excellence, la station-service est un espace étrange : on ne s'y arrête que pour mieux repartir, regonflé, rempli, reposé. Ce lieu de passage où l'on ne laisse rien porte un nom trompeur. Une station, c'est là où l'on s'arrête, mais la finalité de la station-service n'est pas l'arrêt, c'est le renouvellement du mouvement. De fait, produire des chroniques sur l'impermanence, c'est paradoxal, c'est un pari pris sur l'éphémère. C'est vouloir écrire la répétition là où rien ne revient ni ne perdure. C'est parfaitement vain. Et donc totalement sublime. À l'image du premier roman d'Alexandre Labruffe.
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Chroniques d’une station-service

Une station service, dit le narrateur, pompiste philosophe, sociologue et un peu perché, est le lieu du début de l’aventure des possibles. « Passage obligé des gangsters, des fuyards, elle est le pivot du récit des marges ». Et le fait est que cinématographiquement parlant, cette ode à la station service n’est pas sans convoquer un imaginaire de road movies crépusculaire. Mais celle du narrateur se situe à Pantin, en face d’un campanille, à l’enseigne lumineuse clignotante fantasque et à côté d’une maison abandonnée, du moins devrait-elle l’être.



Notre héros, fort peu héros, contemple de ce poste d’observation la vie qui y vient ou s’en va, 189 petits morceaux satiriques, burlesques, fantasques, pertinents et décalés de tranches de vie, dont la sienne, qui n’est pas si simple … Entre deux films de série B, de zombies ou coréens post apocalyptiques, deux parties de dames avec son ami Nietzland, deux coups de fils à son père, dont la vie sentimentale tordue échoue dans les bras d’une psychologue, il se fait voler sa clef USB par un clochard et tombe amoureux d’une cliente au comportement érotique tordu …



Durant les heures qu’il passe derrière le comptoir, il se rêve en Baudrillard, souvent dépassé par ce qui se passe autour des pompes ou des rayons, ce qui s’y dit, il glose autour d’une phrase ( « les migrants surjouent l’exil ») ou d’une figure récurrente : l’habituée du mardi qui vient en vélo acheter un paquet de chips à l’oignon, tous les mardi, à la même heure, en talons aiguilles, laissant derrière elle flotter une sorte de halo qui tétanise le cœur de notre pompiste. Des inconnus lui confient des livres à code secret, ce qui n’est pas sans l’inquiéter. La station service serait-elle un repère terroriste … Entre deux contemplations, et tergiversations, le narrateur organise des expositions clandestines sur les murs, en format A3, avec post it explicatifs, des stations services américaines, puis des pétroliers, son patron passe de temps en temps pour le remotiver par nouvelles techniques de vente du sandwich … Mais l’essentiel de son temps, le pompiste le passe à regarder le monde passer et ce monde est burlesque, drôle, bancal, un poil surréaliste, dans une écriture qui mêle aphorismes doucement déjantés et ironie du dérisoire …



C’est une galerie de personnages, de situations, de conversations, souvent tronquées, qui défilent dans ce lieu de consommation anonyme devenu le centre du monde, le bocal d’agitations éphémères de clients poissons rouges : l’homme ivre qui titube, sandwich au poulet à la main en hurlant le prénom de celle qu’il a dû aimer, la famille de la pompe cinq, la ruée sur le coca zéro qui trouble notre narrateur, invisible philosophe méditant la cocazéroïsation de l’humanité.



De malicieuses » choses vues » dont on se délecte !
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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Chroniques d’une station-service

Gérant d’une station service, le narrateur nous livre des petites anecdotes liées à son emploi. On y rencontre un échantillon représentatif de la société croqué avec humour ainsi que les aspirations, les désirs et les déceptions du pompiste. Un regard un peu désabusé et parfois détaché des contraintes quotidiennes irrigue l’ensemble du roman et fournit un agréable moment de lecture.
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Chroniques d’une station-service

Ce roman composé de textes brefs, nous entraîne dans le quotidien quasi immobile d'un employé de station-service d'une aire urbaine.



Chroniques des clients qui passent et ne reviennent jamais, des habitués auxquels on s'attache, instantanés de conversations de voyageurs de commerce, et description de l'attente fébrile de la reprise de l'approvisionnement en carburant lors d'un blocus des raffineries ... 



J'ai apprécié cette suite de petits textes courts qui gagne en ampleur au fur et à mesure que le texte avance, quand on retrouve des personnages déjà croisés, quand le narrateur dévoile quelques pans de sa vie privée ... 



Un premier roman d'un auteur qui devra confirmer son talent ! 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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