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Critiques de Allain Glykos (49)
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Gilets de sauvetage

Un million de personnes environ sont entrées en Europe sans visa en 2015, au péril de leur vie, au cours de périples variés sur terre et sur mer.



Lorsqu'Allain et sa femme se rendent sur l'île de Chio en septembre 2015, à huit kilomètres de la côte turque, c'est toutes les nuits (ou presque) qu'ils peuvent observer des petits rafiots pneumatiques bondés de réfugiés qui fuient leur pays. Hommes, femmes, enfants, en quête d'un espoir d'une vie meilleure, loin des "boom boom" de Damas.



Pendant leur séjour, entre deux visites du patrimoine grec, l'auteur raconte ce qu'un touriste n'aurait pas dû voir : les centaines de migrants qui font halte sur l'île, leur détresse, leur misère. Il se fait le témoin de ces pauvres gens qui ont tout perdu et que personne ne veut.



Témoignage fort efficace, on ne ressort pas indemne de cette lecture. Le pays, déjà en pleine crise économique et politique, se voit submergé par la crise migrante également. Alors qu'Allain avait choisi cette destination pour découvrir la terre natale de son père, que ce dernier a dû fuir en 1922, il n'a pu trouver ce qu'il était venu chercher. À la place, il ouvre les yeux sur la situation actuelle. Il ouvre le carnet qu'il s'était acheté à l'aéroport et met en mots ce qu'il voit, ce qu'il a vécu auprès d'eux (par deux fois, au milieu de la nuit, il a apporté son aide aux arrivants), ce que lui ont raconté certains migrants mais aussi certains habitants.



Et voilà ce que ça donne quelques trois ans plus tard : "Gilets de sauvetage", un roman graphique qui marque.



Les textes forts sont accompagnés de très beaux dessins, tels des peintures figées montrant la beauté des paysages ou au contraire la réalité de la situation. Y sont intercalées des images réelles, des photos que l'auteur a pris sur le vif lors de son séjour, montrant là le visage d'un enfant, ici un gilet de sauvetage coincé dans les branches d'un arbre, ou encore un rafiot échoué sur la plage... La réalité est dure, d'autant plus quand elle fait contraste aux décors paradisiaques...



C'est une nouvelle fois grâce aux conseils de ma bibliothécaire que j'ai ouvert ce livre et je ne peux que la remercier, encore, de bien faire son travail. "Gilets de sauvetage" est une véritable prise de conscience, un livre percutant et empli d'humanité qui ne laisse pas indifférent.



La seule chose que j'ai à lui reprocher, c'est le choix de la police d'écriture qui rend parfois certains mots difficiles à déchiffrer et pour lesquels il faut s'y prendre à deux fois pour les reconnaître.

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Gilets de sauvetage

Le scénariste emmène sa famille en Grèce, pays de ses ascendants. Soleil, mer, paysage de rêve, mais au travers des vitres de l'hôtel, il aperçoit quelque chose flotter. Peu à peu, apparaît deux hommes, des migrants qui vont rejoindre le grand nombre déjà amassé : 600 réfugiés par jour accostent à Chio. Avec sa femme, il va aller à leur encontre, tenter de les aider, leur parler. Leurs témoignages se rapprochent de son grand-père qui a dû fuir sa terre, chassé par les Turcs lors de la Grande Catastrophe en 1922. Au milieu des planches, quelques photos comme ce gilet de sauvetage accroché à un arbre ou sur le dos d'un enfant. Un témoignage fort, sensible, triste, trop réel.
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À proprement parler

Aimant faire des découvertes, j'ai coché ce titre proposé lors de la masse critique complètement par hasard. Jamais je n'aurais pensé à acheter de moi-même ce tout petit livre (une centaine de pages) d'un auteur inconnu de moi et d'une maison d'édition que je ne connais pas plus. Et je serais bêtement passée à côté d'un bon moment.

Car ce fut une excellente surprise, trop vite lue, qui m'a fait beaucoup sourire, et même rire parfois.

Mais comment raconter, ou même analyser, ce petit livre inclassable?

Est-ce un roman? Pas sûr, cela s'apparente davantage à un exercice de style.

Un prétexte: la sœur du narrateur (de l'auteur puisque le narrateur a les mêmes initiales que lui) dit lors d'un repas de famille une phrase toute simple : "je ne me souviens pas l'avoir vu se laver". Pour le narrateur, cette phrase est au contraire pleine de sens, avec une lourde portée (d'autant plus qu'il s'agit d'un alexandrin), car "ne pas l'avoir vu se laver" n'est-ce pas sous entendre qu'il est sale?

Autour de cette phrase qui revient comme un leitmotiv au fil du texte se construisent des interprétations et des suppositions de plus en plus abracadabrantes, alors que le narrateur montre une paranoïa croissante. Petit à petit, ce n'est plus seulement sa sœur qui, à ses yeux, lui en veut, mais aussi sa femme, sa voisine, une collègue, une amie... et finalement le monde entier (monde entier très féminin, on le remarquera).

L'auteur joue autant sur les idées (par exemple: il accuse sa sœur d'avoir dit cette phrase en sachant qu'il ne peut s'empêcher d'écrire les phrases qu'il entend. Elle sait donc qu'ensuite, puisqu'il l'a écrite - et publiée - tout le monde sera au courant) que sur les mots (toujours autour de sale et propre; par exemple, sur les noms propres salis par son attitude). Tout, autour de lui, devient une évocation et une accusation de sa supposée saleté.

Certains passages m'ont fait penser aux sketchs de Raymond Devos, et je crois qu'ils passeraient très bien sur scène, racontés avec autant de verves qu'ils sont écrits.



En résumé, si vous voulez une lecture rapide, facile, mais agréablement écrite, pour passer un petit moment de détente, ponctués de passages réellement savoureux, si vous n'avez pas peur de sourire tout seul ou d'éclater de rire en public, n'hésitez pas à vous tourner vers ce petit ouvrage pour le déguster dès que vous avez un moment.



En tout cas, cela m'a donné envie de découvrir d'autres œuvres de cet auteur et d'autres publications de l'Escampette


Lien : http://lesmotsdag.over-blog...
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Manolis

Cette bande dessinée est en noir et blanc, le graphisme mêle lavis et crayon, cela donne un résultat brut et comme pris sur le vif. C'est une histoire d'immigration, celle des grecs chassés de Turquie en 1922, après la guerre. On va suivre le personnage de Manolis, le récit est touchant parce c'est un témoignage de famille, Il est le père du scénariste d'Alain Glykos. Manolis n'a que 7 ans en 1922, dans la fuite, il va être séparé de sa famille, seul avec sa grand-mère, à prendre le bateau, à se retrouver dans des camps de migrants, et à traverser la Méditerranée dans tous les sens pour retrouver sa famille. C'est un passage de l'histoire assez méconnu qu'il fait ressurgir. C'est raconté avec tendresse, mais il ne nous épargne pas pour autant la violence, c'est parfois assez dur, mais c'est les moments heureux qui poussent la larme à l'oeil, c'est très émouvant. J'ai été assez troublé par les similitudes avec des évènements plus récents, l'histoire bégaye, et ne semble pas en tirer de leçons. Encore une bande dessinée sur l'immigration à lire absolument.
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Manolis

Manolis est une bande dessinée adaptée du roman Manolis de Vourla d'Alain Glykos.

La couverture est sobre et évocatrice, le ciel prend toute la place, un enfant marche dans une ruelle entre une mosquée et une église.

Seule la couverture a quelques couleurs , le reste est blanc , noir et gris.

Les deux premières pages surprennent , un théâtre d'ombre avec d'un côté: bulle en grec et église et de l'autre :bulle en turc et mosquée.

Un enfant, Manolis, présente sa famille qui vit près de Smyrne ( Izmir en turc), et la situation après 1918, les alliés partagent le Turquie en plusieurs territoires, mais Mustafa Kemal refuse cette situation et reconquiert son pays.



La vie quotidienne à cette époque est très agréablement évoquée avec les mots simples de l'enfant : ses visites à sa grand-mère , les relations entre voisins. Les deux communautés grecques et turques s'entendent bien, vivent dans l'amitié, la douceur, le respect, la joie de s'amuser ensemble.



Mais quelque chose se prépare, les femmes turques pleurent et les hommes partent.

Avec la défaite des troupes grecques face à l'armée conduite par Mustafa Kemal,les chrétiens sont chassés de Turquie et déportés, les maisons détruites, les hommes tués. Des bateaux bondés coulent, les familles sont séparées.Ces réfugiés sont souvent les malvenus sur le territoire qrec.



Manolis raconte le voyage qu'il a effectué en bateau avec sa grand-mère vers l'île de Samos, puis Nauplie pour quitter le pays, et son périple pour retrouver ses parents!



J'ai beaucoup aimé cette bande dessinée , avec ses dessins sobres et évocateurs, l'histoire de cet enfant Manolis qui explique bien le début de la "grande catastrophe" d'Asie Mineure.

En plus des dessins,à la fin du livre, une page explique l'intégrations de ces Grecs d'Asie Mineure à la population de la Grèce, un lexique présente les spécialités ou les lieux dont il est question, et une chronologie reprend la situation de 1914 à 1923.



Je remercie Babélio et les Editions Cambourakis de m'avoir permis de découvrir ce livre et m'avoir fait plonger d'une manière sereine dans une Histoire douloureuse que je ne connaissais pas.



Superbe découverte!
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Manolis

L’épisode de l’expulsion des populations grecques de Turquie est évoqué sur le plan émotionnel, à travers les souvenirs d’un petit garçon, et sur le plan mythique, à travers le refrain récurrent des épisodes d’Ulysse dans l’Odyssée.





Foutue histoire qui ne laisse personne en paix. A cause d’elle, Manolis a perdu sa joie innocente, sa famille a éclaté, et les nuits le torturent quand elles lui rappellent que son père n’a pas reçu de tombe décente. Manolis pense qu’il trouvera réparation en émigrant vers la France mais comme nous le savons, et comme eux ne le savaient pas, la rédemption n’est pas offerte en cadeau de bienvenue.





Le parcours de Manolis témoigne de la grande et de la petite histoire. Enrichissant, à condition de tolérer la gangue émotionnelle sous laquelle on veut nous faire mijoter lentement.

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Manolis

Encore un conflit sanglant pour une histoire de territoires. A partir de 1919, les soldats turcs ont chassé les populations grecques installées en Anatolie et en Thrace orientale.

Lors d'une visite en Turquie, j'avais entendu parler d'un "simple" échange de populations en 1920 (1 300 000 Grecs de Turquie contre 385 000 Turcs de Grèce). C'est bien ainsi que cette guerre a pris fin, mais la genèse de ces migrations est plus complexe et surtout beaucoup plus tragique que les déménagements pacifiques présentés. Ce conflit méconnu est en effet "l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire grecque du XXe siècle, connu sous le nom de Grande Catastrophe" (cf. présentation de l'éditeur).



L'auteur nous fait découvrir cette guerre à travers le regard de son grand-père grec, Manolis. Il avait sept ans en 1919. Lui et ses proches, grecs, turcs, musulmans, chrétiens, vivaient alors harmonieusement.

Difficile de comprendre le chaos, a fortiori pour un enfant si jeune : des amis qui passent soudain dans le 'mauvais' camp, des proches massacrés, les familles éparpillées, la fuite comme seul moyen de survie.



Ce roman graphique est superbe à tous les égards : le graphisme est doux et expressif, le personnage central très attachant dans son désarroi, sa douleur et son errance, et le propos est à la fois explicite et sobre.

Une page d'Histoire à connaître, une réflexion sur l'exil - qui est parfois un leurre. Et aussi l'occasion de revoir à quel point, d'une guerre à l'autre, les effets désastreux sont les mêmes pour les populations qui en sont victimes.



--- Un grand merci à Babelio (MC du 04/07/2013) et aux éditions Cambourakis pour cette très belle découverte.
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Manolis

1923. Suite à la défaite des armées grecques face aux troupes de Mustafa Kémal, des centaines de milliers de grecs vivant sur la côte ouest de la Turquie furent expulsés vers leur mère patrie. Un déplacement de population massif effectué à marche forcée et qui laissa sur le carreau nombre de réfugiés. Ayant tout perdu au moment de leur départ ces réfugiés durent de plus, une fois de retour en Grèce, affronter les réactions hostiles de la population locale qui ne les considérait pas comme des compatriotes mais voyait plutôt en eux des immigrés. Une intégration difficile voir impossible et des conditions de vie extrêmement précaires ont longtemps fait de ces Micrasiates (Grecs d’Asie Mineure) des parias dans leur propre pays.



Ce roman graphique raconte l’histoire de Manolis, enfant grec né en Turquie et frappé de plein fouet par « la grande catastrophe ». Séparé de ses parents et de ses frères au moment de monter sur le bateau devant les ramener en Grèce, le jeune garçon reste sous la protection de sa grand-mère. Ensemble ils vont connaître bien des épreuves et échouer dans une ville du Péloponnèse où personne ne fait grand cas d’eux. Placé un temps en famille d’accueil, Manolis apprend que les membres de sa famille sont en Crète. Décidé à les rejoindre coûte que coûte, il part seul pour Athènes afin d’embarquer dans le port du Pirée…



Voila une fois encore un album qui entremêle la petite et la grande histoire. Personnellement j’ai préféré m’attarder sur l’aspect individuel du destin de Manolis plutôt que sur l’universalité de la réflexion concernant les ravages de la guerre. Ce récit d’exil et d’initiation à hauteur d’enfant est simple et touchant, sans excès de pathos. Il est intéressant de constater qu’en grandissant le gamin au départ un peu perdu se forge une identité forte et pose un regard lucide et déterminé sur son avenir.



La narration, surtout dans les premières pages m’a fait penser à la très jolie série « Marzi » de Sylvain Savoia et Marzena Sowa. Graphiquement, on sent l’influence de Craig Thompson mais aussi du Sergio Salma de « Marcinelle, 1956 » (surtout à cause de l’encrage épais et charbonneux).



Tout en émotion et en retenu, ce destin individuel pris dans le tourbillon de l’histoire permet de mettre en lumière un épisode tragique sans doute trop peu connue sous nos contrées. Une belle réussite.
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Poétique de famille

Aujourd'hui, papa est mort. Ou bien était-ce hier. Ainsi aurait pu commencer la Poétique de famille d'Allain (avec deux L, oui…) Glykos. Comme dans ses romans Parle-moi de Manolis ou encore Aller au diable, l'auteur bordelais, grand fidèle de L'Escampette (éditeur à Chauvigny), puise une nouvelle fois son inspiration dans la famille dont la vie est « une pièce de théâtre jouée par des fous ». On ne croit pas si bien dire.

Effectivement, d'entrée de jeu, rien que du très familier, du déjà vécu peut-être, d'où une identification quasi immédiate à ces personnages dont le sort et les décisions successives pourraient être nôtres en pareille circonstance, la mort d'un proche, celle du Père : les coups de fil, l'arrivée à l'hôpital, les pompes funèbres, le partage des meubles et des objets dans la maison du défunt…

Et voilà que les phrases s'enchaînent, des discussions sans tirets ni guillemets, ni même retour à la ligne. C'est au lecteur de prendre le texte en main, de savoir qui prend la parole. Un exercice de style exigeant qui offre cependant une entière liberté. Il a de quoi dérouter, mais le lecteur est vite absorbé, et on se laisse emporter par le rythme des échanges verbaux. On ne sait plus qui parle d'une phrase à l'autre, et cette confusion semble épouser celle des sentiments. Confusion face à la nouvelle de la mort du père, la terrible, l'accablante, la douce nouvelle, qui sait ? Face aux souvenirs qui remontent à la surface, aussi. C'est vif, pris dans le quotidien, ça ressemble à ce que tout le monde a vécu, des pleurs, des colères, du faux réconfort, des banalités et des pics vachards, le tout entrecoupé de considérations philosophiques. Les sottises proférées revêtent parfois une dimension mystique et se révèlent infiniment profondes : « Quand aura-t-il fini d'être mort ? » Avec les éruptions de vieilles rancœurs, le chocs des émotions, des ressentis, des convictions, le lecteur assiste à de tordantes séances de lavage de linge sale. En famille, bien évidemment.

Les oppositions et les causes de querelles se mêlent davantage qu'elles ne s'entrechoquent. Les membres de la famille semblent dilués les uns dans les autres, du fait de cet enchaînement étonnant des phrases. Qui engueule qui ? Qui critique qui ? La lecture devient franchement ludique : on peut s'amuser à savoir quel personnage parle ; on repère ici – et assez souvent - le frère intellectuel cynique, et là la soeurette bigote – son opposée… On croit à un dialogue, et un troisième personnage se détache. On aurait presque envie de surligner les phrases avec plusieurs couleurs de Stabilo pour y voir clair. Mais, à vouloir tout maîtriser, il y aurait de quoi devenir… fou.

Finalement, le personnage qui se distingue le mieux, grâce aux souvenirs ressurgis, grâce aux évocations tendres mais pas toujours, c'est le défunt lui-même ; il se dessine bien dans notre esprit de lecteur ce bonhomme à forte personnalité, bien campé sur ses jambes et ses principes, ce patriarche ambigu qui a su traverser tout le siècle et ses turbulences (le XXe, s'entend…).

Avec la forme utilisée par Allain Glykos et le ton qui s'en dégage (tantôt doux-amer, tantôt franchement ironique), les discussions de la fratrie endeuillée (mais combien sont-ils exactement ces frangins-frangines, sans parler des beaux-frères-belles-soeurs ?) s'apparentent à un monologue. Malgré la dissonance des idées et la rivalités des sentiments, les phrases se suivent, se lient, et les paragraphes homogénéisent la tribu. Les rôles attribués s'effacent. C'est comme s'il n'y avait qu'une seule voix. La fratrie n'est plus qu'un seul individu, pétri par ses propres contradictions, ses paradoxes, ses doutes, ses reniements ; elle devient un personnage en introspection, une seule âme, morcelée et complexe. Dans le deuil, tous ces êtres déchirés entre eux, déchirés en eux, n'en forment plus qu'un, indécis, fluctuant, irrésolu. Comment mieux illustrer la solitude de l'être face au grand questionnement existentiel de la Mort, face au vide immense à combler ?

Les dernières pages sont une jolie pirouette narrative, surprenante et drôlement futée. Elle réjouit et éclaire beaucoup. Réconcilie avec la mort, et surtout avec la vie. Le plaisir du jeu, comme ultime pudeur face à l'inéluctable. Le pari vraiment fou, c'était de tenir cet équilibre entre rire, réflexion et méditation ; il est parfaitement tenu par A. Glykos.



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Kazantzaki, Vol. 2: La rumeur du monde

Suite et fin de la vie de Nikos Kazantzaki en bande dessinée, le célèbre écrivain grec qui aurait pu obtenir le prix Nobel de littérature s'il n'avait pas été aussi dérangeant pour ses prises de positions (ce n'est pas moi mais Albert Camus qui le dit).

Allain Glykos au scénario et Antonin Dubuisson au dessin proposent deux albums suivant la chronologie. Ce second volume est consacré à l'âge adulte et aux nombreux voyages de l'auteur d'"Alexis Zorba", intitulé "Kazantzaki, Vol. 2: La rumeur du monde" de 1921 à 1957.



Alors que durant sa jeunesse il a été accompagné par l'image du Christ qui hante beaucoup son oeuvre, plus tard il rencontre Bouddha à Vienne ou l'insouciance égoïste de certains et la misère d'un grand nombre font remonter en lui son enseignement.

Dans les quartiers populaires de Berlin la pauvreté l'indigne et lui donne soif de justice. C'est là qu'une ouvrière juive lui fait connaître l'amour et Lénine son nouveau maître, le christ rouge.

Il poursuit son périple à travers le monde en retournant notamment en Russie où il devient trotskiste et cautionne le régime avant de constater ses dérives. D'ailleurs, son engagement ne s'arrête pas là puisqu'il fait partie du comité anticolonialiste grec et milite pour l'autodétermination des peuples en particulier africains.



S'il vit en Grèce sur l'ile d'Egine durant la guerre civile, les voyages représentent une composante majeure du parcours passionnant de Nikos Kazantsaki qui croise beaucoup d'intellectuel.le.s. tout au long de son chemin. Mais c'est en France qu'il trouve refuge à la fin de sa vie où il écrit l'essentiel de son oeuvre romanesque.





Challenge Riquiqui 2023

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Kazantzaki, tome 1 : Le regard crétois (1883-..

La bande dessinée est une façon agréable de lire une biographie. Personnellement je l'apprécie.

Comme je viens de lire "Alexis Zorba" je me suis intéressée à la vie de l'écrivain grec Nikos Kazantzakis (écrit sans le S dans le titre de la BD mais qui s'écrit aussi avec) dont les romans ont souvent une part d'autofiction semble-t-il.

Allain Glykos au scénario et Antonin Dubuisson au dessin proposent deux albums suivant la chronologie avec un premier volume consacré à son enfance et sa jeunesse intitulé "Kazantzaki, tome 1 : Le regard crétois (1883-1919)".

Le parti pris des auteurs est de faire revivre graphiquement Nikos Kazantzakis accompagné de son petit-fils qui lui pose des questions. On a donc deux petits personnages sur chaque planche, l'un en rouge l'autre en bleu avec des écritures de mêmes couleurs qui correspondent à ce qu'ils disent. Il est donc facile de s'y retrouver d'autant plus qu'il y a de nombreux petits chapitres. Pourtant, cela donne un côté saucissonné au texte, ce qui n'est pas toujours agréable.

L'album est centré sur le territoire de la Crête et son histoire puisque Nikos est né sur l'île occupée par les turcs, sous l'empire Ottoman. C'est Georges 1er qui rattachera la Crête à la Grèce en 1898.

Malgré la violence de son père et la soumission de sa mère on comprend que les massacres des turcs ont traumatisé la famille qui se réfugie à Naxos où le garçon est instruit par des catholiques.

Il apprend à revendiquer son identité de Crétois et sa passion pour la liberté. Pour autant, cela lui donne un côté intellectuel égocentrique notamment dans son rapport aux femmes.

Après des études de droit à Athènes il publie son premier roman "Le lys et le serpent" à 23 ans puis va à Paris, la capitale intellectuelle et artistique de l'époque où il suivra les cours de Bergson.

Mais c'est loin d'être son dernier voyage.

J'attends de les découvrir dans le deuxième volume de la série.





Challenge Riquiqui 2023

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Parle-moi de Manolis

Quelle plume ! Je me suis glissée au creux de l'épaule du narrateur et j'ai découvert la Crète par ses yeux, ses oreilles et sa bouche. Quel plaisir de jouer avec les mots comme cela. Cette quête familiale d'un enfant d'immigré est intéressante, on en apprend plus sur les différentes vagues de migration de cette région-là.

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Kazantzaki, tome 1 : Le regard crétois (1883-..

Allain Glykos et Antonin Dubuisson se penchent sur la vie de l'écrivain crétois Nikos Kazantzaki. le tome 1 est consacré à la jeunesse du personnage et nous le suivons tout à tour enfant dans la Crète occupée par les Turcs, étudiant à Paris ou encore en mission diplomatique en Géorgie.

J'ai découvert ce roman graphique au hasard d'un Salon de la BD. Je ne connaissais Kazantzaki que de nom. La bande dessinée est agréable à lire, j'ai beaucoup aimé tant les dessins eux-mêmes, qui sont colorés et doux, que la construction de l'histoire. Je pense que j'achèterai la suite !



Challenge ABC 2021/2022
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Gilets de sauvetage

Allain Glycos part en vacances sur l'île grec de Chio. Un retour vers le passé puisqu'en 1922 son grand père a été massacré par l'envahisseur Turc, tandis que sa grand mère et son futur père - alors enfant - parvenaient à s'enfuir.

Sur place, l'auteur ressent une grande émotion, renforcée par l'arrivée continue de migrants sur des embarcations de fortune.

J'ai beaucoup aimé cette BD, en particulier le début , particulièrement émouvant. L'auteur parvient à faire le lien entre le massacre de 1922 et l'abandon des migrants. le propos est renforcé par le dessin magnifique d'Antonin, parfois troublé par des photos.

Une réussite !
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Faute de parler

Une plongée intéressante dans l'abîme entre l'enfance et l'âge adulte, où nous revoyons les mêmes choses avec des regards si différents et où finalement notre regard d'enfant nous a forgé.

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Un message caché selon Holbein

J'ai passé un bon moment de lecture avec ce roman : c'est très intéressant de découvrir la vie de Jean de Dinteville, le contexte qui l'a amené en Angleterre et comment il en est arrivé à commander son portrait à Holbein. J'ai également beaucoup aimé les passages sur la création du tableau en lui-même, l'explication sur la composition de l'oeuvre, sur tous les petits détails qui y figurent et leur signification... Malgré le fait qu'Holbein soit très célèbre pour Les Ambassadeurs et ses portraits d'Henry VIII et de ses épouses, j'ai l'impression que sa vie est assez mal connue en France : ce roman nous en dévoile plus et c'est là aussi un aspect qui m'a plu.



Pourtant, je ressors de cette lecture un peu frustrée : vu que chaque livre de cette collection fait grosso modo 125 pages, l'auteur est obligé de faire une intrigue qui tienne la route sur ce format court et ici je regrette qu'on ne passe pas plus de temps à développer le contexte historique, l'ambiance à la cour d'Henry VIII, la vie de Jean de Dinteville après sa "mission anglaise"... Autre frustration : l'auteur ne donne finalement pas trop d'explications sur pourquoi Holbein a placé une anamorphose dans Les Ambassadeurs, c'est dommage car pendant tout le roman on échafaude des théories, on attend de connaître la solution de l'énigme... et finalement, rien !
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À proprement parler

J'ai beaucoup moins accroché à la lecture de ce traité un peu déboussolé et déboussolant sur la propreté... Le fait de partir d'une simple phrase me paraissait intéressant mais j'ai trouvé lassant que le narrateur y revienne sans cesse. Cela m'a par contre fait réfléchir sur le fait de "faire sale même si l'on est propre".
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Le silence de chacun

Une histoire terrible, qui prend aux tripes, tant on espère que le frère du narrateur sortira vainqueur de cette maladie. Cette histoire a trouvé une véritable résonance en moi, avec un proche malade.



J'ai beaucoup aimé la description des proches du malade, l'ambivalence de leurs sentiments, ne sachant que faire pour soulager et où finalement, seule leur présence compte, peu importe les silences...
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Les boîtes. puis La décision

Ces deux histoires m'ont beaucoup plu. La perte d'un être cher est toujours un passage compliqué et Allain Glykos l'aborde avec tendresse et humilité. Dans la Décision, la question de mettre fin aux souffrances de son animal de compagnie est traitée avec beaucoup d'humanité et retranscrit bien la dualité des sentiments qui accompagne la fin de vie de nos tendres boules de poil.



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La signature

Comment, en plein mois d'août, vendre à des touristes insulaires un livre concernant la violence conjugale ? C'est la question à laquelle répond Allain Glykos avec autodérision dans son livre La Signature. Nous le retrouvons en effet à la librairie des Flots Bleus, assis devant une « table de formica beige modèle cantine scolaire » (détail auquel il tient beaucoup, et qui tend à amplifier le décalage entre son œuvre d'écrivain et la foule des touristes qui défile devant lui, de retour de la mer en direction du centre-ville).

A cette table, il va passer la journée. Parler peu, dédicacer encore moins, mais surtout observer, réfléchir, analyser, et mieux : ébaucher le livre que nous tenons en main.

Car La Signature n'est pas que le récit teinté d'humour d'un écrivain peu connu qui ne parvient ni à vendre ni à dédicacer son livre, c'est surtout une réflexion et une mise en abyme sur le travail de l'écriture. D'où vient un livre ? Comment naît l'idée du livre, de son sujet, de sa composition ? Mais en particulier, comment faire d'un épisode banal, ennuyeux, presque inintéressant, un livre que l'on tient et que l'on ne relâche qu'après l'avoir dévoré de la première à la dernière ligne ?

Avec Glykos, le sujet le plus insignifiant devient un récit surprenant, nourri de nombreuses références picturales, littéraires, mythologiques, porté par un style pur et clair, guidé par un ton piquant, ironique, mais toujours affectueux. Alors n'hésitez plus, à défaut d'assister à sa séance de dédicace, vous pouvez toujours lire son livre...
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