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EAN : 9782356080844
151 pages
Editions de L'Escampette (22/09/2015)
4.12/5   4 notes
Résumé :
Allain Glykos est un auteur phare des éditions L'Escampette. La sortie conjointe de deux livres pour la rentrée littéraire marque une volonté de la maison d'édition de souligner les liens de confiance qui se sont tissés avec l'auteur, et qui perdurent avec la nouvelle équipe en charge de L'Escampette. Poétique de famille ponctue une histoire, une histoire de famille. Pour Allain Glykos, la famille est la source de l'écriture. Ses différents textes jalonnent l'histoi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Aujourd'hui, papa est mort. Ou bien était-ce hier. Ainsi aurait pu commencer la Poétique de famille d'Allain (avec deux L, oui…) Glykos. Comme dans ses romans Parle-moi de Manolis ou encore Aller au diable, l'auteur bordelais, grand fidèle de L'Escampette (éditeur à Chauvigny), puise une nouvelle fois son inspiration dans la famille dont la vie est « une pièce de théâtre jouée par des fous ». On ne croit pas si bien dire.
Effectivement, d'entrée de jeu, rien que du très familier, du déjà vécu peut-être, d'où une identification quasi immédiate à ces personnages dont le sort et les décisions successives pourraient être nôtres en pareille circonstance, la mort d'un proche, celle du Père : les coups de fil, l'arrivée à l'hôpital, les pompes funèbres, le partage des meubles et des objets dans la maison du défunt…
Et voilà que les phrases s'enchaînent, des discussions sans tirets ni guillemets, ni même retour à la ligne. C'est au lecteur de prendre le texte en main, de savoir qui prend la parole. Un exercice de style exigeant qui offre cependant une entière liberté. Il a de quoi dérouter, mais le lecteur est vite absorbé, et on se laisse emporter par le rythme des échanges verbaux. On ne sait plus qui parle d'une phrase à l'autre, et cette confusion semble épouser celle des sentiments. Confusion face à la nouvelle de la mort du père, la terrible, l'accablante, la douce nouvelle, qui sait ? Face aux souvenirs qui remontent à la surface, aussi. C'est vif, pris dans le quotidien, ça ressemble à ce que tout le monde a vécu, des pleurs, des colères, du faux réconfort, des banalités et des pics vachards, le tout entrecoupé de considérations philosophiques. Les sottises proférées revêtent parfois une dimension mystique et se révèlent infiniment profondes : « Quand aura-t-il fini d'être mort ? » Avec les éruptions de vieilles rancoeurs, le chocs des émotions, des ressentis, des convictions, le lecteur assiste à de tordantes séances de lavage de linge sale. En famille, bien évidemment.
Les oppositions et les causes de querelles se mêlent davantage qu'elles ne s'entrechoquent. Les membres de la famille semblent dilués les uns dans les autres, du fait de cet enchaînement étonnant des phrases. Qui engueule qui ? Qui critique qui ? La lecture devient franchement ludique : on peut s'amuser à savoir quel personnage parle ; on repère ici – et assez souvent - le frère intellectuel cynique, et là la soeurette bigote – son opposée… On croit à un dialogue, et un troisième personnage se détache. On aurait presque envie de surligner les phrases avec plusieurs couleurs de Stabilo pour y voir clair. Mais, à vouloir tout maîtriser, il y aurait de quoi devenir… fou.
Finalement, le personnage qui se distingue le mieux, grâce aux souvenirs ressurgis, grâce aux évocations tendres mais pas toujours, c'est le défunt lui-même ; il se dessine bien dans notre esprit de lecteur ce bonhomme à forte personnalité, bien campé sur ses jambes et ses principes, ce patriarche ambigu qui a su traverser tout le siècle et ses turbulences (le XXe, s'entend…).
Avec la forme utilisée par Allain Glykos et le ton qui s'en dégage (tantôt doux-amer, tantôt franchement ironique), les discussions de la fratrie endeuillée (mais combien sont-ils exactement ces frangins-frangines, sans parler des beaux-frères-belles-soeurs ?) s'apparentent à un monologue. Malgré la dissonance des idées et la rivalités des sentiments, les phrases se suivent, se lient, et les paragraphes homogénéisent la tribu. Les rôles attribués s'effacent. C'est comme s'il n'y avait qu'une seule voix. La fratrie n'est plus qu'un seul individu, pétri par ses propres contradictions, ses paradoxes, ses doutes, ses reniements ; elle devient un personnage en introspection, une seule âme, morcelée et complexe. Dans le deuil, tous ces êtres déchirés entre eux, déchirés en eux, n'en forment plus qu'un, indécis, fluctuant, irrésolu. Comment mieux illustrer la solitude de l'être face au grand questionnement existentiel de la Mort, face au vide immense à combler ?
Les dernières pages sont une jolie pirouette narrative, surprenante et drôlement futée. Elle réjouit et éclaire beaucoup. Réconcilie avec la mort, et surtout avec la vie. le plaisir du jeu, comme ultime pudeur face à l'inéluctable. le pari vraiment fou, c'était de tenir cet équilibre entre rire, réflexion et méditation ; il est parfaitement tenu par A. Glykos.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
A cette époque, on ne prenait pas la pilule et dans tous les couples il y avait des histoires d'adultère. Tu veux dire que tout le monde était cocu. Tu peux le dire comme ça, ça ne change rien. Des demi-frères à la pelle. Une étude récente montre qu'un Français sur sept ignore qui est son père biologique. Un sur sept ! Mais... Oui, la France est une grande famille. Un Français sur deux est le demi-frère de l'autre et réciproquement. Pourquoi crois-tu que dans le devise de la République il y a "Fraternité" ?
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Qu'appelles-tu un salaud ? Pour moi, un salaud, c'est un con organisé.
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La différence entre nous deux c'est que tu es dans un espoir anxieux, et moi dans un désespoir serein.
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Quand aura-t-il fini d'être mort ?
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