AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Amélie Cordonnier (391)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Pas ce soir

Une nouvelle fois, Amélie Cordonnier s'empare avec réussite d'un sujet rare en littérature et socialement tabou : la perte de désir et l'abstinence conjugale. Il est bien plus inimaginable d'avouer à ses amis qu'on ne fait plus l'amour avec son épouse ou son mari, beaucoup plus difficile que d'avouer une adultère dans une société hypersexualisée où l'injonction au bonheur passe par une sexualité conjugale épanouie.



Elle aurait pu choisir d'adopter le regard féminin. A contre-pied de l'évidence, elle embrasse au contraire le point de vue du mari en se glissant littéralement dans sa tête et son corps. Amélie Cordonnier trouve les mots justes pour dire ce qu'il se passe dans l'intimité d'un couple une fois la porte fermée. Avec une écriture incisive très aboutie, elle ausculte tous les détails et raconte avec précision les émotions qui traverse cet homme dont la femme ne veut plus faire l'amour, décidant de faire chambre à part après plus de vingt ans de couple, à l'aube de la cinquantaine.



Le très subjectif « je » du mari envahit les pages, son profond désarroi qui se mue en folie obsessionnelle et en hargne de ne plus être touché, meurtri dans sa chair et son âme au point de compter les jours sans rapport sexuel, au point de tenter toutes sortes de stratagèmes désespérés pour essayer de « réparer » au plus vite cette anomalie au sein d'un couple qui a, jusqu'à présent, aimé faire l'amour dans la connivence.



« Il y a quelque chose d'abrasif dans le manque affectif. Est-ce que l'on peut en parler, du corps fourbu parce qu'on ne le désire plus, de la souffrance que peuvent infliger des mains qui plus jamais ne vous touchent ? De la violence qu'il y a à essuyer tous ces refus de la part de la personne qu'on aime ? (...) Pauvre type. Piteux, il se lève pour pisser, se dépêtrer au plus vite de ce sexe en épée. Croise son visage dans le miroir. Empâté et pelé. Sa peau s'écaille à force de ne plus être touchée. S'en rend-elle compte, Isa ? Il n'est plus que l'ombre de son chien. Un vieux chien galeux dont la fidélité la gêne, l'encombre et l'exaspère même, il le sent bien. La queue entre les jambes en revenant des W.-C., il aperçoit un filet de lumière sous la porte de Roxane ? Ne peut s’empêcher de la pousser et découvre Isabelle lovée dans les bras de Morphée qui ne mesure pas sa chance, l'enfoiré. »



L'auteure ne tombe jamais dans la facilité de se moquer de cet homme, de le charger, même lorsque le récit glisse dans la drôlerie ( l'épisode des bandelettes anti-ronflements ) ou le sordide avec certains expédients compensatoires. Le lecteur est touché par la détresse de cet homme, prend presque le parti de cet homme injustement privé de tendresse. Et puis, l'auteure déplace très intelligemment le curseur par un habile glissement vers la compréhension du point de vue de l'épouse dont le désir s'est fait la malle et qui a renoncé à la sexualité. Ce contrechamp est très important pour apprécier le travail narratif précédent et à suivre.



Lui n'était que dans l'instant alors qu'elle voit les choses de façon moins immédiate. En mettant en lumière ces divergences du désir, Amélie Cordonnier fore avec acuité les zones grises de la sexualité ainsi que la solitude entre un homme et une femme quand bien même ils s'aiment, lorsque les silences gênées remplacent les dialogues constructifs. Qu'est-ce qui disparait avec la sexualité ? Le sujet est passionnant. C'est pour cela que je regrette une conclusion un peu molle et sans doute un peu trop convenue alors que le traitement romanesque était jusque là très singulier et acéré.

Commenter  J’apprécie          13218
En garde

°°° Rentrée littéraire 2023 # 35 °°°



En garde est né d'un événement réel survenu dans la vie de l'autrice. Au sortir du premier confinement, Amélie Cordonner a été dénoncée par un appel anonyme passé au 119, à la protection de l'enfance, soupçonnée du jour au lendemain de maltraitance sur ses deux enfants. Un choc, une déflagration qu'elle raconte remarquablement dans la première partie de façon à la fois très factuelle et très intime. Elle décrit très précisément la sidération, « horde déchaînée de peurs, difficiles à tenir en laisse et impossibles à faire taire, qui aboient à la mort non-stop. », avec la prose nette et incisive que j'avais déjà appréciée dans ses romans précédents.



Mais malgré son point de départ autobiographique, En garde est pourtant bien un roman. Amélie Cordonnier s'empare du traumatisme vécu pour faire basculer son récit dans une deuxième partie fictionnelle aux airs de thriller domestique dystopique au-dessus duquel plane l'ombre de 1984.

En fait, ce n'est pas raconter sa vie qui intéresse l'autrice mais plutôt interroger sur la question de l'intimité et de la surveillance dans nos sociétés actuelles. En fait, la deuxième partie n'apparait pas si dystopique que cela, si on songe que ce qui est imaginé ressemble fort aux protocoles mis en place par la dictature chinoise pour surveiller, persécuter et faire plier la population ouïghoure.



Amélie Cordonnier cite le philosophe Michaël Foessel : « L'intime est la part de l'existence sur laquelle ni l'Etat, ni la société, ni la médecine ne devrait avoir d'autorité. » Et c'est avec beaucoup d'acuité allié à un humour acéré qu'elle pousse les curseurs dans un délire kafkaïen lui permettant de décortiquer les ressorts d'un individu, d'un couple, d'une famille face à une société paranoïaque devenant de plus en oppressante et injonctive.



« Je pense aux hommes et femmes des tableaux de Hopper, seuls, assis au bord du lit ou du canapé, tête baissée, épaules voutées, et j'envie l'abandon de leur corps qui, une fois la porte fermée, échappe à la société, se dérobe à ses regards autant qu'à ses jugements. C'est de relâchement que nous sommes privés. »



Les sentiments et émotions sont ainsi mis à nu au scalpel jusqu'à l'absurde. Je regrette toutefois une fin un peu fade par rapport au piquant du corps narratif, un peu expédié aussi. Mais si je dois apporter un vrai bémol à cette lecture, il vient de la réception du roman et de sa compréhension. Ce bémol est apparu bien après ma lecture, en lisant des chroniques de lecteurs ( assez nombreux ) qui n'ont pas perçu la dimension fictionnelle de la deuxième partie et ont cru que ce que décrivait Amélie Cordonnier, le flicage délirant de sa famille, avait réellement eu lieu.



Cela m'a dérangée car cela laisse penser qu'en France l'ASE ( qui connait de vrais dysfonctionnements, certes ) peut agir de façon dictatoriale totalement folle. Cela m'a dérangée car cela signifie que l'autrice n'a pas été assez claire pour rendre son écrit lisible et éviter cet imbroglio. Et cela compte la réception d'une œuvre au-delà de sa qualité littéraire intrinsèque. Bref, reste un certain malaise, pas totalement dissipé, après une lecture que j'ai vraiment appréciée sur le coup. Rare qu'une lecture me laisse aussi perplexe et partagée.

Commenter  J’apprécie          12424
En garde

Je découvre l'auteure , à travers ce le livre, si ses précédents sont dans la même lignée, je vais remédier de suite cette lacune. L'auteure a mis trois ans, pour avoir le courage de mettre par écrit, ce qu'elle, son mari , Alexandre, et ses deux enfants Gael et Lou ont vécu, Un appel anonyme au 119, aux assistantes sociale les accusant comme étant des parents maltraitants envers leurs enfants. Qui a pu faire une chose pareille. Une première lettre envoyée, leur demandant de prendre en rendez vous, auprès des services sociaux, Amelie prend cela à la légère, pense à une mauvaise plaisanterie, Une deuxième arrive plus sanglante, qui va entraîner la famille dans un véritable cauchemar. Amelie son mari et ses enfants vivaient une vie paisible sans anicroche, ont beaucoup de mal à comprendre ce qui leur arrive, Suite à cet entretien Amelie pense être sortie de ce malentendu, et rependre le cour de sa vie,

Malheureusement, une trêve, très courte , le calvaire que cette famille va vivre au quotidien est au dessus de l'impensable, Un homme alias le cousin, délégué par les services sociaux, s’installe peu à peu au sein de leur vie, des rencontres fortuites , il impose ses règles ,il régére tout et vient vivre avec eux,. Cet homme détruit peu a peu, la psychologie de cette famille, Une descente aux enfers; Pourquoi doivent-ils vivre cela? La première partie commence par une réalité de son vécu de .La deuxième partie est plus une fiction, mais qui fait froid au dos, Arriveront ils à se sortir de ce cauchemar? Attention , l'auteure ne renie pas l'appel du 119 pour la dénonciation, des enfants maltraités, bien au contraire. Il ne faut pas hésiter mais il faut agir, La plume est percutante, fluide, et visuelle, , entraînant une lecture addictive, oppressante , bouleversante, j'ai ressenti une sensation de faire partie de cette famille, Une histoire qui nous prend aux tripes, une histoire avec une tension qui monte crescendo , au fil de la lecture, On ne peut pas sortir indemne d'un tel récit, qui me laisse dans un questionnement.
Commenter  J’apprécie          1149
Trancher

« La violence d'Aurélien est revenue. Par la fenêtre, peut-être bien. C'est une surprise qui te foudroie. Depuis l'épisode des miettes, ses mots te fauchent comme une gifle. T'écorchent et t'humilient. Sa main ne se lève pas, mais de sa bouche les torgnoles tombent de nouveau. Et c'est une claque au coeur, chaque fois. Tu tournes le thermostat de la douche à fond. Mais cela ne suffit pas. Ça fait des jours que tu as froid. Il y a en toi quelque chose de glacé que rien ne parvient à réchauffer. Et dans ta tête, la phrase assassine qui a tué tes pauvres rêves de paix et de petits bonheurs tranquilles n'en finit plus de tourner. « Ferme ta gueule une bonne fois pour toutes, connasse, si tu veux pas que je la réduise en miettes. » »



Pour son premier roman, Amélie Cordonnier a le culot d'aborder de façon très cash un sujet peu abordé : la violence verbale dans le couple, la violence cachée, sourde, sournoise, insoupçonnable des mots qui terrasse et tabasse aussi sûrement que des coups.



Le tutoiement du récit, imposé par la narratrice qui se parle à elle-même, crée immédiatement une proximité qui ne lâchera jamais le lecteur et le lie à elle. Amélie Cordonnier trouve les mots justes pour raconter le piège qui se referme sur cette femme qui s'enlise lorsqu'après sept années de calme son mari rechute et l'agonit d'insultes qui tombent de façon imprévisible. L'auteure a l'intelligence de ne pas assommer le lecteur sous un tombereau d'injures, mais de doser son effet en les faisant débouler au bon moment pour renforcer l'effet de sidération.



Forcément, on s'interroge durant tout le livre, pourquoi ne part-elle pas fissa ? Toute la complexité de la situation est parfaitement rendue. Ce n'est plus une affaire de couple mais de famille maintenant qu'il y a deux enfants, un ado et une petite fille. Le mari est un bon père aux yeux de la société qui ne sait rien, mais peut-on vraiment l'être quand on transmet cette violence à ses enfants ? Les accès de violence verbale sont épisodiques et laissent de la place à l'espoir de s'installer. La narratrice n'est ni lâche, ni faible mais ficelée de partout par la honte et l'effroi comme une bête traquée, croyant encore possible à un sauvetage par l'amour.



Si le roman tourne parfois un peu en rond en même temps que la narratrice hésite sur le choix à effectuer, j'ai apprécié le fait qu'Amélie Cordonnier laisse beaucoup de place au lecteur pour se construire sa propre opinion. Par exemple, jamais elle ne tombe dans la lourdeur psychologisante voire moralisatrice qui consisterait ( par facilité ) à poser un diagnostic sur la pathologie dont souffre ce mari maltraitant, jamais on ne comprend vraiment ce qui l'anime ni pourquoi il est aussi violent. Et n'importe comment, rien ne pourrait l'excuser. De même, la fin est extrêmement ouverte avec son ambiguïté qui permet plusieurs interprétations sur le choix final de la femme, partir ou rester.
Commenter  J’apprécie          1112
Trancher

TRANCHER, 1er roman d'Amélie Cordonnier, journaliste - Ed. Flammarion- Lu en janvier 2019, mon premier livre de l'année.

Trancher : séparer quelque chose en deux, couper avec un instrument, trancher toute attache familiale, régler une difficulté.

Je dirais que dans ce roman, la narratrice doit trancher un nœud gordien.

L' héroïne utilise la seconde personne du singulier pour raconter son histoire, elle se parle à elle-même, ce qui est déroutant au début, puis on s'y fait tellement bien qu'on entre dans les pensées de celle-ci.

Elle note tout, ses livres, ses courses, ses rdv, ses films, elle fait des listes, elle écrit tout... sauf les insultes de son mari.

Aurélien et ? (l'auteure ne la nomme pas) sont mariés, ils ont deux enfants, Vadim et Romane. Le couple s'aime.

Aurélien est apparemment un homme sans problème. Peu après la naissance de Vadim, il se met à agresser verbalement sa femme, en lui crachant des insultes épouvantables. C'était la première fois.

S'ensuit une dépression, une thérapie d'Aurélien, un calme apparent qui dure sept ans. Naissance du deuxième enfant.

Et puis, un jour "c'est revenu sans prévenir" (page 13), lors d'un séjour à Cabourg dans la maison de la grand-mère d'Aurélien.

"Personne ne s'y attend, ni toi (toi étant la narratrice) ni les enfants, qui se figent instantanément . "Je suis chez moi quand même, alors ferme ta gueule une bonne fois pour toute, connasse, si tu ne veux pas que je te la réduise en miettes." (page 15).

Elle lui avait simplement demandé de diminuer la musique qu'il avait mise très fort, pour que Vadim puisse faire sa dissertation.

"Quelque chose, mal recollé en toi il y a des années s'est brisé net" (Page 16)

N'oubliez pas qu'elle se parle à elle-même !

Elle est sonnée, mais continue sa journée vaille que vaille pour donner le change à ses enfants .

Et cela se répète, encore et encore, les insultes sont de plus en plus violentes. Elle commence à les noter.

Entre deux périodes, Aurélien s'excuse, promet, jure qu'il ne recommencera plus, mais il recommence.

Et cela dure, elle est à bout. Un jour, elle ose en parler à son amie Marie qui

tombe des nues et lui conseille de partir, qu'elle ne peut pas continuer ainsi à se faire humilier, il faut protéger les enfants.

"Tout à l'heure, tu as frémi en tournant la clé dans la serrure. Sur le qui-vive : voilà comment tu vis depuis l'âge de vingt ans. Aujourd'hui, tu réalises, que même s'il y a eu une période de répit, tu n'as jamais vraiment connu la tranquillité. Tu ressembles à une bête traquée. Aux aguets. Tu as pris l'habitude que ça dérape. Tu as toujours passé ton temps à redouter le moment où ça bascule... Le déferlement qui te fracasse. T'accuse d'abord puis te défonce... Et finit par t'abandonner, enfin, pantelante et exténuée" (page 84)

Mais elle a pris une décision, elle va trancher, au bout de toutes ces années d'humiliations, c'est le seul moyen qu'elle voit pour rester debout. Mais les enfants? Déjà elle se demande si elle aura la force. Elle doit prendre sa décision le jour de ses quarante ans, c'est la date qu'elle s'est fixée.

Ce roman vous prend à la gorge, c'est un livre bien d'actualité, il s'agit de violences conjugales verbales, une violence sournoise, qui ne laisse pas de trace comme les coups. Une étude psychologique aussi sur la relation époux-épouse, sur la relation parents- enfants, et sur la manière dont les enfants gèrent cette violence du père envers leur mère.

La violence conjugale commence toujours par la violence verbale, on ne meurt pas que sous les coups, on peut être détruit par les mots et même vouloir en mourir.

Un thème dur que j'ai abordé là pour une première lecture de l'année, mais qui mérite qu'on y prête attention.

C'est un roman, mais Amélie Cordonnier est tellement bien entrée dans la tête de cette femme, que je me pose des questions, comment raconter de telles choses avec autant de réalisme quand on ne les a pas vécues.

A lire pour ceux que le sujet intéresse.

Commenter  J’apprécie          1088
En garde

Psychose sociale



Avez-vous déjà lu une vivisection ?

C'est une expérience plus tranchante que l'autofiction, une mise à nu des sentiments et des émotions sous la lame du scalpel.

Une expérience née d'un traumatisme.

La réception d'un premier courrier de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) que la narratrice ne prend pas au sérieux. Un courrier mal adressé, étrangement formulé. Une mauvaise blague.

Puis un second courrier, légèrement modifié mais toujours mal fagoté, qui reprend les termes ahurissants du premier. Quelqu'un a fait appel au 119 et dénoncé la narratrice et son époux pour des actes de maltraitance envers leurs deux enfants.

L'écriture frénétique restitue alors parfaitement la sidération qui laisse progressivement place à une situation cauchemardesque.

Plus on avance dans le récit , plus la frénésie se fait hystérie. L'air devient irrespirable, oppressant. On a une envie irrépressible d'ouvrir les fenêtres. En faire profiter la narratrice, touchée dans son intimité, qui sort de la réalité pour rejoindre les fictions dystopiques de "1984" et "Fahrenheit 451". Dénoncer les dérives d'une administration autoritaire et suspicieuse, qui sans vergogne, sous prétexte de transparence, vous dépouille de tous vos secrets.

La réalité devient absurde et le récit prend des allures Kafkaïennes. Malgré la mise en garde qui n'apparaît qu'une fois le récit terminé et qui invite le lecteur à ne pas remettre en cause l'utilité de la protection de l'enfance, on se dit tout de même que l'ASE en a pris pour son grade.

Une administration toute puissante et monstrueuse avec ses assistantes sociales (Madame Trajic et Madame Brune) au profil sanguinaire ( "L'hydre à deux têtes" ). Certes tout cela reste de la fiction, mais avec ce zeste de réalisme tout devient ambigu et me laisse finalement dubitatif après cette lecture bue comme un shot.

Commenter  J’apprécie          8913
Trancher

L’histoire est celle d’une femme ordinaire, mariée, mère de deux enfants pour qui tout irait bien dans le meilleur des mondes si son mari préférerait lui offrir des fleurs plutôt que de lui trancher la gorge à coups d’insultes. C’est pathologique. Chronique. Bipolarité ? Dépression ? Syndrome de Gilles de la tourette ? Méchanceté pure et dure ? Malgré des années de psychalyse, sept ans d’acalmie, Aurélien recommence. Sans raison, n’importe où, souvent devant les mômes, il insulte sa femme. Elle, pantoise, blessée, nouée, tranchée, elle note les insultes dans son calepin comme pour analyser la fréquence, la violence, ou bien pour y apercevoir une chance que ce soit la dernière fois. Elle veut y croire parce qu’elle n’aime que lui et qu’elle y tient à sa famille.



Jusqu’où peut-elle se faire trancher avant de trancher.

Trancher. Choisir. Partir ou rester. Trancher. Dans les insultes comme dans son couple.



C’est l’histoire d’une femme à bout, une boule de ping pong, un nuage entre la pluie et le soleil, un funambule sur un fil, une bougie sans oxygène, une poupée chiffonnée, un désaccord dans le prélude de Bach. Une femme entre deux rives. Ça tourne un peu inlassablement en rond.



Turpitudes élastiques entre violence et amour.



Je t’aime moi non plus.

Requiem pour un ange.

Je t’ai suicidée mon amour.

Bang bang my baby shot me down.

Et parce que le temps perdu ne se rattrape plus.



Trancher.
Commenter  J’apprécie          895
En garde

Amélie Cordonnier, avec son dernier roman chez Flammarion, dépeint le cauchemar vécu suite à une dénonciation anonyme de maltraitance envers ses enfants. Une seconde lettre évoque un rendez-vous imminent à la protection de l'enfance. Qui? Pourquoi? La peur et la culpabilité s'installent. Sont-ils de mauvais parents ?



On espère que cette situation se résolve rapidement, mais la procédure s'enclenche et plonge la famille dans un calvaire imprévu. Un inspecteur, Cousin, s'insinue insidieusement dans leur quotidien jusqu'à effrayer. L'injustice est palpable.



Le récit d'Amélie est glaçant et questionne tout au long de cette procédure malsaine. Elle adoucit son histoire avec l'amour porté par son mari Alexandre. Certaines scènes apportent une fraicheur nostalgique, comme celle du portable silencieux d'Alexandre devant leur appartement avec des tulipes flétries. J'ai souri.



J'ai apprécié cette lecture mordante qui dénonce les pratiques honteuses de dénonciation gratuite. En quelques mois, tout vole en éclat - c'est effrayant!



J'espère qu'après cet épisode difficile, la famille d'Amélie a retrouvé sa voie dans l'amour et l'intimité qui leur reviennent.
Lien : https://coccinelledeslivres...
Commenter  J’apprécie          887
Un loup quelque part

Epouse heureuse et mère comblée d’une fillette de huit ans, la protagoniste du roman accueille avec bonheur la naissance d’Alban. Mais tout s’écroule lorsqu’elle découvre des zones de pigmentation foncée de plus en plus nombreuses sur la peau du bébé…





Vivement mené à la manière d’un thriller qui fait monter l’inquiétude pour le sort d’un enfant aux mains d’une mère de plus en plus inquiétante, ce roman rythmé aux phrases courtes et percutantes se lit facilement et agréablement. Le fond s’avère toutefois un peu moins convaincant. La narration s’attaque à un thème peu commun : le rejet de son enfant sang-mêlé, par une mère qui découvre à cette occasion son adoption et son propre métissage. Frappée de stupeur mais aussi de honte et de peur du qu’en-dira-t-on, la jeune femme s’enferme dans un comportement irrationnel qui déborde dans la plus pure maltraitance. Face à cet enfant sans handicap qui fait très vite figure d’impuissante victime d’un faux drame, il est globalement difficile de ressentir de l’empathie pour « elle », cette femme sans prénom qui nous entraîne dans son délire, sans même l’excuse d’un état dépressif.





Ajoutons à cela l’improbable passivité d’un entourage totalement aveugle et un dénouement aux allures quelque peu miraculeuses, et l’on referme ce livre un rien déçu. L’ensemble reste néanmoins très plaisant, pour un moment de détente malheureusement pas très marquant.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          816
Trancher

Elle fait des listes.



Comme toi.



Mais as-tu déjà fait des listes d’insultes ?



Elle oui. Des insultes. Celles qui l’assomment et l’écrasent autant que des poings dans la gueule. Celles de l’homme qu’elle aime. Celles du père de ses enfants.



Pourtant, Aurélien (comment des mots orduriers peuvent-ils sortir de la bouche d’un si joli prénom…), n’est pas un méchant ogre. Il ressemble à Monsieur Tout Le Monde justement. Brillant. Prince Charmant pas si mignon qui lorsque la pression devient trop forte abreuve sa belle de noms d’oiseaux …



Amélie Cordonnier dissèque le couple et tranche dans le vif dans ce court premier roman douloureux, et terriblement prenant.



Ses mots laissent des traces sur le cœur du lecteur.



Ses références me parlent. Barbara hante ses pages… Avec sa terrible et magnifique mélancolie.



Je me suis surpris à apprécier un livre écrit à la deuxième personne du singulier. Et foi de Juju, ce n’était pas gagné car j’ai souvent énormément de mal à rentrer dans le récit lorsque l’auteur choisit cet exercice de style. Ici, ça paraît naturel, le tutoiement pour vérité …



L’histoire d’une femme. Epouse. Mère. Femme. Face à cette insoutenable obligation que de trancher. Se taillader l’amour pour revenir vers soi. Vers quelque chose de soutenable.



C’est l’histoire d’un compte à rebours. Celui vers cette décision intime …



Partir.



Rester.



Trancher.

Commenter  J’apprécie          796
Un loup quelque part

Un sujet difficile et peu abordé et pourtant à l’origine de tant de drames. Il n’est pas facile d’être mère et il est encore plus difficile d’avouer en être incapable.



Pour elle, jusque là, tout se présentait plutôt bien, un mari sympa, une merveille de petite fille, pas de tracas matériels notoires. Cette deuxième grossesse inattendue, elle s’y était faite. L’arrivée du bébé se déroule aussi bien que possible. jusqu’à cet examen médical, qui lui fait découvrir une grain de beauté dans le cou de son fils. C’est banal, mais ce qui l’est moins, c’est que l’enfant se couvre peu à peu de ces marques tandis que sa peau fonce de plus en plus . Le verdict tombe, l’enfant est métis. Bien entendu de nombreuses interrogations surgissent , avec à la clé un secret de famille qui tombe. Le désarroi de cette mère qui se sent bafouée, se fonde sur ces révélations qui font basculer toutes ses certitudes. Et la conséquence est sans appel, l’ocytocine qui a du inonder son organisme à la naissance du petit, ne persiste plus guère après ces découvertes.



Il paraît incroyable que l’on ne puisse s’attacher à un petit être issu de ses propres entrailles , et de n’en voir que les aspects négatifs : les contraintes, la dépendance, les cris. Et ce qui est pour Alban une différence sans handicap, dans ce qu’elle a révélé de sa famille, n’est pas acceptable pour elle. Ce n’est même plus de l’indifférence mais de la haine.



Certes ce qu’elle vit est douloureux, mais j’ai été plus touchée par les sévices subis par l’enfant, au delà de la simple négligence, que par les états d’âme de cette femme au bord de la folie.



Quelques invraisemblances : il est difficile de croire que l’entourage ne réagisse pas plus aux tentatives de masquer l’évidence, et ne perçoive le danger immédiat pour le petit .



Le roman se lit comme un thriller, tant on craint pour la survie de ce petit Alban. La résolution est peut-être un peu rapide, mais il n’est pas facile de conclure une telle histoire



Lecture intéressante, à part quelques vices de forme.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          712
Pas ce soir

Le narrateur a la cinquantaine et un problème : il est marié depuis vingt-trois ans mais sa femme ne veut plus qu’il la touche. C’est venu comme ça, tout à coup elle s’est mise à refuser ses avances et même à faire chambre à part. Les mois passent, et il reste avec son désir frustré, car du désir, il en éprouve encore énormément pour elle, lui. ● La situation est donnée d’emblée et elle n’évolue guère au long de ce roman dont l’autrice aurait mieux fait de faire une nouvelle – à condition de retravailler aussi la chute, mollassonne... ● Même si le roman est très bien écrit et aborde un sujet original, il piétine, il tourne en rond, et la vraisemblance psychologique n’est pas vraiment au rendez-vous : je n’ai pas cru à la résignation de cet homme pendant aussi longtemps. Peut-être ne suis-je pas suffisamment fleur bleue… A mon avis, il aurait cherché ailleurs beaucoup plus vite que ça ! ● Bref, je me suis plutôt ennuyé…
Commenter  J’apprécie          647
Pas ce soir

Un homme et une femme.



Un homme, une femme, et déjà des milliers de livres sur le sujet. Des milliers de films.



Ici, point de chabadada, ou alors, comme sonnent les derniers accords de la mélodie du bonheur et que la triste réalité vient rattraper les amants. Lorsque l’usure, le quotidien et la vie de chaque jour vient peu à peu grignoter le grand amour.



C’est l’histoire d’un homme, qui aime sa femme. Mais elle, l’aime-t-elle encore ?



Car la femme en question délaisse la couche conjugale, sous des motifs insignifiants qui semblent dissimuler un gouffre.



Ce roman, c’est l’histoire d’un homme qui compte et décompte les jours sans amour. Jusqu’à l’obsession. Ce roman, écrit par une femme, décortique la tête d’un homme toujours amoureux et que le manque de chair obsède …



Amélie Cordonnier, avec tendresse, croque la réalité de cet époux obsédé par la perte de celle qu’il aime encore. Lorsque la chair est triste mais que le cœur bat encore fort et que tout autour de lui le ramène à cette perte.



Un roman délicat, tranchant et réaliste, où Amélie Cordonnier décrit les tourments intérieurs d’un homme et des hommes en général. Et petit plus, j’ai adoré découvrir des chansons du répertoire français disséminées ici et là …



Sans tomber dans la facilité ambiante de dézinguer la gent masculine, l’auteure offre un portrait d’homme touchant et obsédé par ce sexe qui déserte sa vie et qui pourtant est partout autour de nous.



Alors, si ce soir, vous avez la migraine, je vous conseille ce roman pour mieux avaler la pilule.
Lien : https://labibliothequedejuju..
Commenter  J’apprécie          631
En garde

Amélie Cordonnier a la surprise de découvrir dans son courrier une lettre du service de protection de l’enfance de la ville de Paris lui demandant de se présenter à un rendez-vous. Elle pense à une erreur et n’en tient pas compte. Mais une seconde lettre arrive et, après une vérification téléphonique, aucun doute ne subsiste : il n’y a pas d’erreur, elle a été dénoncée au 119 pour maltraitance de ses enfants Lou, sept ans et Gabriel, quatorze ans. Commence alors une enquête dont elle n’imagine pas la nature et les rebondissements. ● Le livre commence très bien et toute la première partie m’a paru excellente. On imagine l’angoisse de la mère devant les deux assistantes sociales toutes-puissantes. Mais peu à peu cela se gâte. ● ● Je n’avais déjà pas beaucoup apprécié Pas ce soir, je crois que c’était là le dernier opus de cette autrice que je lis.
Commenter  J’apprécie          587
Un loup quelque part

Drôle de roman, qui mérite la palme de l’originalité quant au sujet traité. Une lecture bien surprenante dès le départ. Ne connaissant rien au sujet d’enfants métis qui naissent blancs et qui sont susceptibles de foncer voire devenir noirs, je me suis empressée d’aller vérifier si ce phénomène était possible et courant.

J’ai alors pu constater que l’auteure était bien documentée sur la question. Pour exposer le problème, elle présente une femme que l’on peut qualifier de femme Lambda puisqu’elle n’est pas nommée contrairement à ses enfants et son mari ou tout autre personnage rencontrés au court du récit. Femme Lambda qui pourrait être vous mesdames, ou moi… Femme Lambda qui doit soudainement admettre une situation peu banale, et on n’en doutera pas, plus que contrariante : son bébé de cinq mois va pigmenter jusqu’à devenir noir, ce qui mène notre héroïne à une véritable révolution intérieure jusqu’à en devenir folle de rage, de désespoir, qui va se livrer à des actes de maltraitance malgré elle sur cet enfant, prête à rompre avec son entourage. Et ce bébé cache un autre secret de famille, un fait tout aussi grave que je tairais.







Tout au long de ce livre, je me suis sentie à la fois révoltée par ce coup du sort que subit cette femme, révoltée également par son comportement, agacée parfois par son refus d' accepter les faits, par ses délires, par les idées saugrenues qui germent dans son esprit même si on comprend que l'inconscient ne trie pas les idées et ne s’embarrasse pas de la notion de délire pour dicter les actes d'un individu.





Puis j’ai compris…ce roman est la description d'un travail de deuil : deuil d’un enfant qui sort de la destinée qu’on lui trace en tant que parents, deuil d’une vie tranquille si on imagine les écueils rencontrés au quotidien quand on est un couple blanc et qu’on élève un enfant de couleur, les questions, les regards, les contrariétés qui surgissent jour après jour, deuil de ce que l'on a jusqu'ici construit et que l'on voit s'effondrer comme un château de cartes.





On ne manquera pas de constater que l’éternelle question de l’instinct maternel se pose à nouveau. Existe-t-il réellement ? Il sera permis d’en douter en lisant ce roman, oui elle aime son fils, elle le montre dès le début, puis elle le rejette parce qu’elle ne se reconnaît pas dans cet enfant.







J’ai apprécié ce roman, toutefois, sans vraiment parler de monotonie, j’ai trouvé que l’histoire s’éternisait sur le problème de cette femme incapable de réagir, pour qui l’aide psychologique survient tard, qui ne reçoit aucune aide d’un mari absent, qui ne mesure pas l’étendue du problème et ne s’aperçoit pas de la relation que la mère entretient avec son enfant.



Un livre qui n'est pas exempt de ce suspens qui pousse le lecteur à poursuivre et que je ne regrette pas d'avoir lu.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
Commenter  J’apprécie          550
Pas ce soir

Chronique de la misère sexuelle



Avec cette capacité à humer l'air du temps, Amélie Cordonnier aborde la question de la lassitude sexuelle au sein du couple en se mettant dans la peau de l'homme délaissé. Un roman qui dérange, mais qui sonne très juste.



Amélie Cordonnier a cette faculté de nous proposer des romans qui éclairent les évolutions de notre société. Après les violences conjugales dans Trancher, elle avait posé quelques questions essentielles sur la filiation, l’amour maternel, la transmission et le racisme dans Un loup quelque part où un bébé avait la peau qui noircissait jour après jour. Avec Pas ce soir, elle s’attaque à la question des relations sexuelles au sein du couple. Et pour pimenter la chose, prend la place de l’homme.

Difficile de dire comment et même quand cela a commencé. Peut-être que la fameuse usure du couple aura eu raison de leur amour? Même si au sein du couple qu'il forme depuis 23 ans avec Isabelle rien ne semble avoir changé, c'est un cataclysme qui s'est abattu sur le narrateur. Après avoir constaté que la fréquence de leurs rapports sexuels diminuait petit à petit, Isa vient de lui asséner le coup de grâce. Elle a décidé de s'installer dans la chambre de leur fille Roxane, partie à Boston. Elle a beau répéter que ce sera mieux ainsi, qu'elle ne subira plus ses ronflements, il comprend que leur relation vient de prendre un tour funeste. À 50 ans passés, son désir est pourtant toujours là, sa femme toujours aussi belle. Alors, il tente de la reconquérir, multiplie les attentions, mais sans succès. Pour l'anniversaire de leur rencontre, il va proposer un week-end à Étretat, là où ils s'étaient déjà donné rendez-vous des décennies auparavant. À sa grande surprise, Isa le félicite pour cette initiative. Il est vrai qu'on a déjà fait rejaillir le feu d'un volcan qu'on croyait éteint. Mais à vouloir en faire un peu trop. Isa est malade et s'effondre dans le lit de leur chambre d'hôtel à Honfleur.

De retour de cette escapade qui se voulait amoureuse, le constat est amer. Voilà déjà plus de huit mois qu'ils n'ont pas fait l'amour. Et quand Isa entreprend de réaménager la chambre de leur fille, le drame est consommé. «C'est comme si en retirant le tapis, la table de nuit, ses livres et tous ses habits, Isabelle avait fait sauter une digue, comme si plus rien ne retenait sa souffrance longtemps diluée dans la nonchalance de la routine et qu'elle s'écoulait maintenant dans un torrent déchaîné. La douleur irradie en lui, se propage à une vitesse fulgurante dans tout son corps. Ce qui le crible à ce moment-là, ce n'est ni la désolation ni le manque, mais le sentiment abyssal de la perte. (...) Il prend tout à coup conscience qu'une partie de lui a disparu en même temps que tous les gestes qu'Isabelle ne fait plus. En s'éteignant, le sexe a tué bien plus de choses entre eux qu'il ne l'avait imaginé, et sûrement bien plus encore qu'il n'accepte de l'admettre. Son histoire avec Isa hoquette, leur vie à deux crève sans bruit. Et cette agonie l’anéantit.»

En déroulant la chronique de la misère sexuelle au sein du couple, Amélie Cordonnier réussit un double exploit. D'abord celui de se mettre à la place de ce quinquagénaire en mal d'amour sans que jamais la crédibilité ne soit prise en défaut et ensuite parce que, bien mieux qu'une étude sociologique, elle explore la frustration et tous les succédanés inventés pour tenter d'y remédier, le porno, les sextoys, les sites de rencontre.

Une écriture d'une belle inventivité est mise au service de cette histoire d'aujourd'hui qui mêle les slogans d'une société de consommation qui impose ses diktats jusque dans l'intime, des paroles de chansons et quelques punchlines bien senties. Quand on a que l'amour à s'offrir en partage…




Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          540
Trancher

Quand les mots frappent au coeur plus que des maux physiques ne frappent le corps ; comment vivre le désamour ?



Amélie Cordonnier décrit une vie de couple qui se délite lorsque les mots frappent, salissent, abîment : "Ferme ta gueule une bonne fois pour toutes, si tu veux pas que je la réduise en miettes" éructe-t-il... Bien entendu, devant les enfants, Romane et Vadim. Ils doivent absolument être témoins des colères d'Aurélien.



La violence est revenue. L'auteure construit sa narration à la troisième personne cela donne hauteur et recul pour dire le choc, les événements les plus terribles. Comme un scientifique disséquerait un corps en énonçant ce qu'il découvre.



7 petites années de rémission puis brutale la rechute ! les abominations, insultes qui se vomissent à nouveau de la bouche d'Aurélien.



Rester ou partir ? il va falloir trancher. Combattre pour ne pas se laisser abattre.



Comment ? Un compte à rebours, avant son quarantième anniversaire, pour rassembler des forces, dérouler des listes de noms en "asse" pour les lui asséner, qu'il comprenne combien ils blessent, ratatinent l'ego, salissent l'amour qu'ils se portaient. Il l'aime, le lui dit, demande pardon, pleure puis cela recommence encore et encore... pour des petits riens du quotidien.



Trancher ! rester ou partir... Puis les souvenirs remontent, la cour reprend, les fleurs et les parcs, le printemps, les sourires... les larmes.



Amélie Cordonnier offre un traitement peu ordinaire d'une violence conjugale qui se cache derrière les portes, n'a pas de visibilité physique.Indétectable.



La distance dans le récit rend les mots implacables, l'émotion intense.



Le lecteur a envie de dire STOP, de crier à cette femme "prend tes enfants, sauves-toi, sauve-les". Incrédulité devant tant de mots ignobles crachés pour faire mal et poésie des mots de Barbara pour décrire la fin d'une période heureuse, c'est d'un tel paradoxe. On en reste perplexe.



La fin du roman est inattendue. Après un tel roman, touchant. Impossible de rendre un avis tranché sur le choix des femmes qui vivent cet enfer. Les dialogues, les situations sonnent juste sous la plume d'Amélie Cordonnier. Raisonnent fort chez le lecteur malgré le TU qui distancie.



Une écriture directe, journalistique, poétique sublime une histoire d'amour d'une noirceur incroyable.



Une auteure à suivre, un roman marquant à ne pas manquer, malgré le sujet qui émeut profondément.

Commenter  J’apprécie          510
Pas ce soir

Pour faire simple : je ne l'ai pas lâché. Quelle précision sur les sentiments, sur la situation, et c'est une femme qui l'écrit cette histoire d'homme. Mille bravos. Tant à dire sur ce roman. L'histoire ? Une femme décide de faire chambre à part avec son mari. Pour lui, c'est la dégringolade. Pourquoi ? Pour qui ? Il compte les jours de leur dernière relation sexuelle, il passe par tous les stades, de la compréhension à la colère, une certaine méchanceté même. Ça doit être le premier roman que je lis (limite interdit aux enfants) qui est aussi éloquent sur la sexualité d'un couple alors même que les rapports sont inexistants : l'autrice parle sans détour du grand absent : le cul (enfin, la bite plutôt). Mais pas seulement. Il paraît que lorsque la sexualité va dans un couple tout va, alors l'inverse ?! Sa femme étant libraire, on ne souhaite qu'une chose : qu'elle tombe sur ce livre et entende son époux. Énorme coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          502
Trancher

****



En couple depuis plus de 15 ans, avec deux beaux enfants, la narratrice se voit obligée de se fixer un ultimatum : rester ou le quitter. Elle doit trancher une bonne fois pour toute... Aurélien, son mari, si beau, si présent, l'insulte de tous les mots quand bon lui chante. Jamais il ne lève la main, jamais il ne la touche, mais les phrases qu'il lui jettent au visage sont toutes aussi meurtrières... Est-il encore possible de tout supporter, de pardonner et d'oublier ?



Quel premier roman réussi !!! Amélie Cordonnier signe ici un livre fort, puissant, percutant, tout comme les insultes qu'Aurélien balance au visage de sa femme. En écrivant à la deuxième personne, Amélie Cordonnier nous plonge dans l'univers des couples parfaits, qui une fois la porte verrouillée, ne cherchent plus à sauver les apparences. Elle tente de nous éclairer sur la honte, l'humiliation, mais aussi les doutes et l'amour de cette épouse. Elle ne juge pas les mots et la violence non contenue de cet homme qui lâche prise.

La narratrice va-t-elle avoir la force ? Mais celle d'endurer et de garder une famille unie pour ses enfants, ou celle de quitter un homme qui la rabaisse et qui la tue à petit feu... On est totalement happé par cette souffrance et on ne peut que la regarder de loin, se débattre seule...



Amélie Cordonnier est une auteur à ne pas manquer et à soutenir !! Merci aux 68 premières fois pour cette découverte et cette mise en avant !!
Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
Commenter  J’apprécie          503
Pas ce soir

Les filles sont parties et la vie a tourné. Vingt-trois ans qu’ils sont en couple. Vingt-trois ans qu’ils partagent l’amour et les galères. Et les galères, justement, en voilà une de taille : fatigue, ménopause, lassitude, Isa n’éprouve plus désir. Mais alors plus du tout ! A tel point qu’elle investit la chambre vide de leur ainée.



Que fait-on avec un désir non partagé ? Un corps en manque ? L’envie de peau, de tendresse, de sexe ?



Amélie Cordonnier décortique l’absence dans la présence, le corps de l’autre que l’on côtoie sans pouvoir l’effleurer, les mots tus et l’amour qui se musèle. Elle dissèque le doute et l’incompréhension, le quotidien qui s’effrite et la douleur de n’être plus personne. Elle désosse une à une les blessures de cet homme devenu invisible pour celle qu’il aime encore. Il est un corps sec, une peau rugueuse, un animal en rut honteux de ses pulsions.



Ce roman se lit en quelques heures tant on suit avec compassion ce couple à la dérive, cette femme fatiguée, cet homme malheureux. La perte du désir sans désamour. L’auteure offre un roman enlevé et vif sans tralala qui aurait pu le rendre mièvre ou pathétique. Loin de là, il est pétillant et aborde avec beaucoup de finesse un sujet plus que tabou.



Une lecture prenante, actuelle et juste.
Lien : https://aufildeslivresbloget..
Commenter  J’apprécie          426




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Amélie Cordonnier (910)Voir plus

Quiz Voir plus

Autobiographies de l'enfance

C’est un roman autobiographique publié en 1894 par Jules Renard, qui raconte l'enfance et les déboires d'un garçon roux mal aimé.

Confession d’un enfant du siècle
La mare au diable
Poil de Carotte

12 questions
163 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}