La cruauté à l’égard des animaux est un marqueur prédictif d’actes beaucoup plus graves.
Quel effet cela ferait-il de sortir la nuit et de hurler pour trouver un partenaire sexuel ? Il y avait quelque chose de séduisant dans le fait d’exprimer ainsi son désir sans détours, sans petit jeu. La femelle disait : « J’en ai envie. Qui peut me satisfaire ? » Les mâles se portaient candidats et elle choisissait.
Chaque fois que vous marchez sur un trottoir bondé, vous croisez des tueurs en puissance. La guerre leur en donne la permission. Nous nous plaisons à croire que les hommes sont communément bons, mais en avons-nous seulement la preuve ? Personne n'est bon par principe ; il y a juste une majorité de gens qui n'ont pas eu l'occasion de se comporter autrement".
Chaque fois que vous marchez sur un trottoir bondé, vous croisez des tueurs en puissance. La guerre leur en donne la permission. Nous nous plaisons à croire que les hommes sont communément bons, mais en avons-nous seulement la preuve ? Personne n'est bon par principe ; il y a juste une majorité de gens qui n'ont pas eu l'occasion de se comporter autrement.
"Rappelle-moi : c'est quoi, déjà, la différence entre les primates et les humains ?
- Les primates tirent des leçons de l'expérience, sourit Attila.
Le coyote la regarde. Elle a failli ne pas le voir tant son pelouse moucheté se confond avec la végétation. Seul le reflet argenté de ses jarres permet de distinguer ses formes. La frontière entre son corps et les jeux du vent dans l'herbe est impalpable. Elle s'immobilise autant qu'elle le peut, soutient son regard. Pendant de longues minutes, sa conscience se réduit à sa respiration, à l'air qui entre et qui sort de ses poumons, aux iris pailletés d'or de l'animal. Un souvenir remonte, suffisamment viscéral pour être réel : l'odeur de sa fourrure le jour où elle l'a endormi pour lui passer le collier, la chaleur qui émanait de lui, les pulsations du sang dans ses veines.
Comme dans son monde à elle , il n 'y avait pas forcément de règles strictes; parfois, il valait mieux laisser les situations s'équilibrer d'elles-mêmes. Plus on intervenait, plus on risquait de perturber les variables infinies.
Des hommes jeunes se jetant à corps perdu dans les combats, envoyés par des hommes mûrs qui ne tenaient un fusil que le week-end pour chasser le canard, et des hommes comme lui, dont le travail consistait à tenter de faire en sorte que ces jeunes recrues conservent leur santé mentale alors que ce qu'on leur demandait était de la pure démence.
Avec le temps, les loups et les hommes avaient appris à chasser ensemble : les premiers rabattaient les proies et les acculaient, les seconds les tuaient avec leurs couteaux et leurs lances. Un pacte fut scellé, qui dura des millénaires, dont furent exclus les loups encore sauvages, que les humains traquèrent sans pitié. De nos jours, les hommes et les chiens n'avaient plus grand chose en commun avec ce qu'ils étaient alors, mais le pacte tenait toujours. Tandis que le reste du règne animal luttait dans la nature pour sa survie, les chiens avaient leur place au coin du feu, leurs propres marques de nourriture, des salons de toilettage et des petits manteaux en tissu écossais.
Mardi, j'avais déjà levé la main pour frapper à la porte de la maison bleue, quand j'ai entendu Grace et Laura parler à l'intérieur.
"Pas par ici, mon enfant."
"Alors où ?"
"Beaucoup plus loin. Où vivaient les musulmans. Ce n'est même plus le même pays de nos jours. Des choses comme ça n'arrivent pas ici, sinon nous n'aurions pas acheté cette maison, n'est-ce pas ? Penses-y. Bref, c'était il y a longtemps. Tu viens de naître, tout le monde a oublié depuis longtemps."
J'ai frappé à la porte. Laura s'est retournée. "Voilà Duro. Demande-le-lui, si tu ne me crois pas."
"Que veux-tu savoir ?"
"Grace a toutes sortes de choses en tête. J'ai tout juste dit qu'il n'y a pas eu de combat ici, que ça s'est passé loin, très loin. Dans un autre pays. Les gens ici sont décents et gentils, tu les as rencontrés toi-même."
Grace n'a pas répondu. Elle m'a regardé. J'ai dit sans la moindre hésitation : "A Gost, on est en sécurité. Tu n'as rien à craindre."
"Tu vois, mon enfant. Maintenant tu l'entends dire par quelqu'un qui sait. Il n'y a pas de raison d'avoir peur. Bonté divine, nous ne sommes pas en Afrique."
"Je n'ai jamais dit que j'avais peur !" a dit Grace. Et elle m'a demandé : "Alors où étaient les combats ?"
"Dans l'est", ai-je dit, "très loin d'ici, comme le dit ta mère"
Grace a hoché la tête, elle me croyait.