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Citations de Ana Maria Matute (93)


P. 28 : Uno no vive casi nunca la vida que quiere sino la que puede.
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La nuit, seule dans ma chambre, je lui demandais quand il
reviendrait. Je lui disais que je n'avais plus peur, que je l'attendais,
car en dehors de lui, rien ne comptait pour moi. J'étais devenue une
île, et rien ne pouvait plus m'arracher à ce qui avait été notre monde.
Il ne me répondait pas, mais de temps à autre, son rire s'infiltrait par
une fente invisible. Ce n'était pas un rire d'enfant. Cela ne l'avait
jamais été.
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Je me voyais, malheureux brimborion dans l'immense solitude d'un
amour que je ne pouvais partager.
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On peut passer des jours, des années, au cœur d'une nébuleuse sans
avoir idée de ce qui se passe autour de soi. Tel fut mon cas. Depuis
ma rencontre avec la petite fille dans l'ascenseur, temps et espace
furent si imprécis que je n'ai pour ainsi dire aucun souvenir des
événements qui révolutionnèrent mon pays au cours de ces annéeslà. Mon anniversaire tomba en cette période et ma mère y prêta une
attention toute particulière.
J'ignore combien de temps je restai sans parler, car tout ce pan de
ma vie semble s'être effacé de ma mémoire. Mais un jour, je dus dire
quelque chose, car je revois ma mère me serrant très fort dans ses
bras, si fort que je me plaignis : " Tu me fais mal ". Alors, contre toute
attente, elle éclata en une symphonie de joyeux sanglots et me serra
encore plus fort.
Des bribes de ses conversations téléphoniques avec Felisita me
reviennent : " Elle est triste, tu sais bien... mais à cet âge les chagrins
s'oublient vite. Qui n'a pas été enfant et n'est pas passé par... ! ".
Assise dans le fauteuil à ses côtés, je pinçais sa jupe entre deux doigts
et la suivais partout. Je me souviens de ces gestes, mais pas de mes
sentiments, je n'ai aucune idée de ce qui m'incitait à m'accrocher à
elle tel un naufragé à une planche de salut. Je scrutais de façon
presque obsessionnelle les motifs du tapis, comme si j'y cherchais
des losanges et des cercles bleus et marron, mais n'y trouvais que des
fleurs, ou d'étranges dessins.
Je me souviens vaguement de la station balnéaire comme d'une série
de cartes postales, je m'y revois en permanence dans les jupes de
Maman. Sans pensées, ni sentiments. Tout l'été, j'éprouvai une
sensation de vide, d'absence, de néant. Avant de disparaître, le soleil
du mois de septembre embrasait les arbres du Paseo del Mar, c'est
ainsi que je sus que nous rentrions à Madrid, que les vacances étaient
finies.
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À cette époque, les gens procréaient, naissaient, mouraient chez eux,
et souvent dans le même lit. Un lit que l'on se transmettait parfois de
père en fils. Et le cercueil quittait le porche de la maison, sous les
yeux des voisins qui, eux, savaient toujours qui avait rendu l'âme.
Surtout les domestiques, les fournisseurs et les vieilles bonnes. Tout
comme ils se pressaient pour voir une jeune mariée se rendre du
porche à la voiture. En ces occasions, l'entrée se remplissait de
fleurs : lys et fleurs d'oranger pour les mariages, chrysanthèmes pour
les autres occasions.
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A peine quelques instants plus tôt, on aurait dit que la cuisine, Tata
Maria et moi avions retrouvé l'atmosphère sereine d'autrefois, épicée
par les commérages du quartier ou les lamentations d'Isabel et ses
histoires de " fiancés-bandits ". Mon apprentissage de la vie je l'avais
fait dans la buanderie, derrière le guignol d'Eduarda où je me
réfugiais si souvent, avec mon goûter. Comme s'il était désormais
possible d'attraper au vol les aigrettes des dents-de-lion.
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Tout ce qui m'entourait gardait l'empreinte invisible, presque
palpable, de Jerónimo et Fabián. Il y avait longtemps, Papa nous
avait emmenés au musée où j'avais vu des bas-reliefs. Dès que je
découvris que, selon l'endroit d'où je les contemplais, la lumière se
faisait ombre, puis l'ombre lumière, et que les silhouettes revivaient
sous de nouvelles formes, je fus fascinée par cet effet magique. Je me
souvins aussi des ombres de Gavi et de Tsar au plafond, près de la
fenêtre. A présent, je voyais le creux, l'empreinte que Jerónimo et
Fabián avaient laissés dans la pièce : leurs corps courbés sur la table,
à moitié assis sur les chaises... Un écho sans voix, la trace de leurs
mots. Et cela changeait, selon l'endroit d'où je regardais. Comme les
bas-reliefs du musée. Une bousculade de découvertes, confuses et
inquiétantes. Il y avait à peine une demi-heure que Tomasa était
partie, et Ulalia avec elle.
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Je me tournai alors vers Tomasa, et en voyant ses yeux rivés sur son
Ulalia, une sorte de tristesse envieuse me saisit : Tomasa regardait sa
fille comme jamais Maman ne m'avait regardée. Sans doute ce regard
était-il celui que dans le secret de mon cœur je souhaitais voir un
jour.
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J'observais Papa et je perçus ce que, au fil des ans, j'ai identifié comme un sentiment de solitude en compagnie. Il avait beau sourire, ses grands yeux noirs semblaient attendre quelque chose. Je me précipitai vers lui, je n'avais qu'une envie le serrer dans mes bras, enfouir mon visage dans son cou, comme je le faisais avec Tata Maria, mais quand je touchai ses genoux, je restai paralysée par une soudaine timidité, proche de la honte, même si je ne savais pas de quoi j'avais honte. Sans doute parce que tous s'étaient tus et me fixaient dans un épais silence. Et, à l'époque, pas plus qu'aujourd'hui, je ne pouvais supporter que l'on me regardât. Que n'aurais-je donné pour avoir à proximité l'une ou l'autre de mes cachettes ou pour disparaître tel un gnome derrière la tige d'une fleur, comme je l'avais lu dans les contes d'Andersen.
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Mais Gavi ne guérissait pas, et soir après soir, en posant la joue sur
l'oreiller, je pleurais. Seule Tata Maria, venue voir si je dormais bien,
s'en rendait compte. Jamais elle ne se déferait de certaines
habitudes, ainsi resterais-je à jamais, pour elle, sa dernière enfant.
Tout comme Maman et Eduarda resteraient à jamais ses premières.
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Ainsi pendant les repas pris dans la salle à manger, où j'étais
désormais admise, Maman ne perdait-elle pas une occasion de me
faire la leçon sur les bonnes manières à table, mais personne ne
remarquait mon désespoir silencieux. Qu'il fût de mon choix ou qu'il
fût imposé par cette éducation rigide, le silence était de rigueur. Le
désespoir n'entrait dans aucun programme éducatif. Dans cette
maison, du moins.
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Je courus jusqu'à notre porte et montai. Gavi m'attendait. Il me
saisit par la main et m'entraîna vers un escalier dont je ne
soupçonnais pas l'existence. Voici que je découvrais le toit-terrasse
dont il m'avait parlé. Tomasa y étendait le linge.
En haut des marches, je vis une porte avec une imposante serrure.
Au-dessus, les carreaux d'une lucarne filtraient la lumière matinale,
onctueuse.
Gavi tira de sa poche une vieille clé. On se serait soudain cru au
temps des gravures de Rose Blanche et Rose Rouge, ces livres de
contes que Maman et Eduarda lisaient, enfants, dans le français
fleuri et démodé de Saint-Maur.
La porte s'ouvrit et le grincement des gonds interrompit cette
évasion vers la nostalgie.
Gavi remit la clé du toit dans la poche de son pantalon.
--- Entre... chuchota-t-il.
A vrai dire, nous sortîmes plutôt que nous n'entrâmes, et aussitôt un
torrent de lumière blanche déferla sur nous. Tout autour de nous,
des draps mouillés se balançaient sur des cordes, ondoyant en vagues
neigeuses... On respirait la mer, on entendait la mer. Tout comme
dans les coquillages. Palpable et transparent, l'air sentait le savon,
l'indigo, les mains écarlates, à vif de Tomasa, la blanchisseuse. La
lumière elle aussi paraissait avoir été frottée à vif, endolorie. Je me
souvins alors de Robinson, frottant deux brindilles l'une contre
l'autre pour qu'en jaillisse du feu. Nul doute que Tomasa s'escrimait
avec fureur, jusqu'à obtenir cette lumière crue, aveuglante. Oui, la
lumière pouvait faire mal. J'avais l'impression d'évoluer dans un
espace sans limites, à l'abri de toute intrusion, fait de toits, de
cheminées et d'arbres. Je fermai les yeux et me laissai pénétrer par
cette blanche immensité, griser par ce battement de " draps-ailesvoiliers " au-dessus de nos têtes.
L'air était imprégné de savon de Marseille, d'eau de Javel et d'indigo.
Aucune autre odeur ne peut me faire revivre ce premier " tourenvol " inoubliable, aussi éternellement inoubliable que la redoutable
Tomasa, qui scandalisait Tata Maria et amusait Isabel. Puissante et
unique, la voix de Tomasa, Reine de la Terrasse que tuèrent des
vauriens, sitôt la guerre terminée.
Ce jour-là, elle passa sa tête des mauvais jours par la porte de la
buanderie, le visage embrasé par une fureur mal contenue.
--- Méfie-toi, mon garçon, je te connais... ! Je viens d'étendre les
draps : s'il y a une tache, une seule, je te garantis que tu te
souviendras de Tomasa pour le restant de tes jours... !
Gavi riait tout bas.
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En bas, par toute la ville, les lumières s'allumaient à l'unisson,
comme si elles obéissaient à une consigne. En ces instants où Gavi
me hissait par la main, j'eus un avant-goût des frissons de l'envol, je
crus entendre le froufrou des papiers de soie rouges, jaunes et bleus
des fenêtres de notre théâtre, discerner les couleurs d'une lune
ronde, insécable, flottant sur le bateau du Pirate Repenti, saisir les
paroles chagrines du Petit Chaperon Gris (ancien Petit Chaperon
Incarnat, à présent grand-mère du Petit Chaperon Bleu). Un flot de
souvenirs qui affluaient à mesure que Gavi me tirait sans merci, vers
la mystérieuse fenêtre d'où l'on embrassait l'immensité : un ciel sans
commencement ni fin débordait de son ogive. Un ciel qui n'avait rien
de comparable avec celui qui l'entourait et s'étendait au-dessus de
nos têtes. Cette fenêtre avait pris en ses rets un ciel immense, un ciel
où nous retournions à notre tapis aux losanges bleus et marron sur
lequel nous écoutions, plutôt que nous ne les lisions, les histoires ou
les rêves qui avaient peuplé notre enfance.
Là-haut, la nuit couvrait d'un voile délicat les paillettes de la pierre
alors qu'en bas, sous la patte griffue du lion, s'allumait la ville qui
m'effrayait. Serrée contre Gavi, il me semblait entendre des voix
menaçantes qui parlaient de méchants, d'un monde qui s'étendait
au-delà de ce que j'étais arrivée à en connaître. Mon ignorance me
donna le vertige, je pris soudain conscience de tout ce qu'il m'était
interdit de savoir, de ce qui existait par-delà l'appartement aux zones
nobles et moins nobles. Le monde et la vie étaient d'une complexité,
d'une incompréhensibilité qui dépassaient, et de loin, les
abominables faits divers concernant les couvents incendiés, les
méchants qui tabassaient l'Impératrice de Chine, les filles aux
grosses jambes qui chapardaient des goûters et vous frappaient à
coups de ballon, ou même ces " bandits " de fiancés. Ce fut juste un
éclair, en voyant le bras et la main de Gavi levés vers la fenêtre du
ciel, un éblouissement suivi d'une sensation de douillet et joyeux
bien-être.
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Je me dis que ce que tout le monde
appelait années ou temps et que je ne savais, moi, comment appeler
était un dragon vorace, un loup, une hyène --- les images du chocolat
Nestlé me revenaient à nouveau. J'avais peur du monde qui
m'attendait la gueule grande ouverte, le monde horrible dont
j'entendais dire qu'il grouillait de méchants prêts à mettre le feu, à
rouer de coups des êtres aussi bienveillants et attendrissants que
Teo. Le monde où des filles comme Margot, aussi expertes à lancer le
ballon qu'à décocher une plaisanterie blessante, faisaient la loi dans
les collèges. Enfin et surtout, le monde qui nous interdisait à Gavi et
à moi de continuer à nous voir dans son appartement sous les toits,
(Kay et Gerda, qui vous teniez la main dans votre petit Jardin sur le
Toit, où vous étiez-vous enfuis ?) Le monde aux aguets, vorace. Le
monde que je ne connaissais pas. Le monde auquel peu importait
que le printemps fût en avance.
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Tout ne fut pas si simple. Pour commencer, on me fit déménager de
ma petite chambre pour m'installer dans celle d'où, quelques années
plus tôt, m'avait expulsée cette même Cristina qui, à présent, me
réclamait. La chambre confortable, pour ne pas dire luxueuse et
impersonnelle, de Cristina. Dont les fenêtres ne donnaient pas sur un
patio où s'invitait la neige, où fuguait la Licorne, où s'ébattait à
l'occasion une créature aux boucles blondes en tire-bouchon, mi-
archange batailleur, mi-Flash Gordon. Non, la chambre que l'on me
forçait désormais à partager avec Cristina était celle d'une fillette que
je sentais de plus en plus inquiète. Elle-même avait suggéré à Maman
cette cohabitation :
--- C'est ma petite sœur, la seule que j'ai, elle a grandi, elle me
comprend à présent...
Je n'étais pas du tout sûre de la comprendre, mais je compris que
Cristina était très seule. " Comme c'est bizarre ", pensai-je. Que la vie
était bizarre ! Quel étrange et complexe écheveau que celui des mois
et des années ! J'étais ainsi passée du stade d'avorton insupportable
à celui de fillette digne de l'appréciation, voire de la complicité
ambiguë, de Cristina.
On nous transporta donc, mes livres et moi, au royaume de ma sœur
aînée. Je crus mourir de chagrin.
On ne m'avait pas vraiment installée dans la chambre de ma sœur,
mais dans une petite pièce adjacente, qu'on appelait " la penderie ",
dont le seul meuble était une grande armoire. Un simple arceau, et
non une porte, nous séparait. Je ne pense pas que Cristina ait jamais
eu une garde-robe assez fournie pour utiliser cette pièce et son
armoire.
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Mais pourquoi et contre quoi devait-elle me défendre ? Contre la
violence, la virulence, les ravages du monde qui m'entourait ? Je
n'avais rien fait de mal --- à présent, je le savais, ce n'était plus
comme dans ma petite enfance où j'avais fini par croire que j'étais
méchante. Si punition il y avait --- et pour moi la pire de toutes,
c'était de me tenir à l'écart de la cuisine, de la buanderie, du patio
intérieur, des chauffeurs et d'Isabel... Et surtout de Teo et de Gavi ---,
je n'étais pas prête à m'y résigner. Je n'étais plus souffrante, j'avais
grandi, pas beaucoup, mais j'avais grandi et surtout, rien ni personne
ne pouvait me séparer de Gavi, j'entendais encore son " j'aimerais
que nous soyons siamois ".
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Aux premières mesures, Gavi leva les bras et se mit à les agiter,
marquant la mesure, imprimant l'élan, vibrant au moindre frisson.
Il ne dirigeait pas ce qui était déjà dirigé, il le rendait visible. Tout
son corps reproduisait les sons, la partition, c'était lui.
--- Tu la vois... ? me dit-il comme s'il venait de faire une grande
découverte. Je dessine la musique.
Il se pencha au-dessus du gramophone, l'arrêta, retira le disque et
remit le couvercle comme s'il l'enterrait.
--- Regarde... Ce n'est pas encore fini ! s'exclama-t-il.
Et c'était vrai, il continuait à remuer les bras et la musique se voyait,
avec une telle netteté, une telle vigueur qu'on aurait cru l'entendre,
mais ce n'était plus Tchaïkovski, c'était Gavi. La musique, c'était ses
bras, ses mains, la mèche de cheveux qui retombait sur son front, et
qu'il chassait en arrière à chaque silence. Ou à chaque soupir.
Assise par terre, je n'étais bonne qu'à l'observer. La musique
m'entrait par les yeux. La musique de Gavi. Gavi lui-même. Elle
s'emparait de moi. Je la respirais, je la sentais se frayer en moi des
chemins encore inconnus. Je la dessinais.
J'ignore combien de temps cela dura. Quand il laissa retomber ses
bras, ses mains ressemblaient à deux oiseaux morts. Il était en sueur.
--- Tu l'as vue ? murmura-t-il, presque gêné.
Je fis oui de la tête parce que j'avais l'impression de ne plus avoir de
voix.
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Soudain, il leva la tête, me fixa, triomphant, et dit, avec une gaieté
inattendue :
--- Adri, je me suis coupé les cheveux, mais ça fait longtemps que
personne n'a coupé les tiens... Heureusement, parce que je les aime,
surtout quand ils sont décoiffés. Comme ça, on voit ce que tu es, toi
et moi nous sommes les seuls à le savoir... Des créatures de la forêt,
qui peuvent se cacher derrière une feuille... Tu es une vraie sauvage,
oui, une vraie sauvage ! Comme moi !... Et je t'aime.
Il dit ces deux derniers mots de sa voix rauque, après une pause, tout
bas. Avec une infinie douceur.
Ce fut la première déclaration d'amour que je reçus. Et la plus
sincère, je pense. Même prononcée et accueillie au milieu de
prosaïques carottes, elle me révéla qu'un cœur pouvait s'arrêter sans
pour autant abandonner la vie et, bien au contraire, se fondre en elle.
En quelques secondes, la vie ouvrait grand ses fenêtres, bondissait
sur les terrasses, sur les toits avant de prendre son essor, de s'envoler
comme la ballerine ou son fils qui, le printemps venu, m'enseignerait
à moi aussi les secrets de l'envol.
J'étais tellement persuadée d'y arriver que franchir cet obstacle
mystérieux qui me séparait du monde des Géants représentait pour
moi une étape incontournable de ma " guérison " et de mes désirs. A
ce moment précis, j'écrasai deux gousses d'ail et un grain de poivre
dans le mortier, et je dois avouer que le souvenir de cette
éblouissante déclaration, de cette lumineuse révélation,
s'accompagna toujours d'une odeur d'ail écrasé avec un grain de
poivre.
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En un clin d'œil, j'étais prête. Elle me prit par la main. On me
donnait encore la main, on ne m'avait pas reléguée parmi les Géants ;
il restait encore des braises du petit feu qui nous tenait bien chaud au
cœur à la cuisine ou dans la buanderie... Tout n'était pas fini, ni
perdu.
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Une Cristina différente de celle que je connaissais. Ses cheveux
courts en bataille lui donnaient un petit air espiègle. Elle me prit les
mains, les secoua et les laissa retomber sur le revers du drap.
Au cours des dernières heures, il m'arrivait des choses pour le moins
inattendues qui sortaient de la routine et de ce qui avait été ma vie
jusqu'alors.
Tout était-il donc fini, tout ce qui faisait ma vie jusqu'à présent... ?
Tout ce qu'elle avait de bon et de moins bon ? C'en était trop pour
moi, je me couvris la tête avec le revers du drap.
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