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Citations de Angelo Rinaldi (21)


Je tente ici de tenir la promesse que je me fis à moi-même quand j'avais un urinal entre les jambes, et guère d'autre distraction que de diriger précautionneusement entre les plis des draps, mes pets intimes vers la sortie. Il ne se pouvait pas que je meure sans avoir rien compris. Si j'obtiens un sursis - enfin, un sursis qui en vaille la peine - j'en profiterai pour donner un coup de sonde dans mon passé, me répétais-je chaque matin, quand le médecin entrait dans ma chambre pour s'éberluer que l'embolie pulmonaire qu'il redoutait m'eût accordé un nouveau répit.
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On se croit aimé, et l'on n'est qu'un objet de curiosité. S'en apercevraient-elles jamais, les personnes qui pensaient leur existence assez intéressante pour la raconter à tout venant ?
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C’est ainsi qu’un jour, par hasard, nous nous rappelons tant de visages, tant de choses, mais il n’y a plus personne pour se souvenir de nous, et nous sommes encore vivants.
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Angelo Rinaldi
Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous retenir par les basques au bord du menaçant oubli: si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité.
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Angelo Rinaldi
LAS dans laquelle Rinaldi demande à Maurice Nadeau son avis sur le manuscrit de son prochain livre, L'Éducation de l'oubli : "Paris, ce 17 octobre 73 Cher ami, Je vous avais annoncé imprudemment, il y a deux semaines, que je partais en vacances, mais si je propose, les puissants de la rue de Berri disposent... J'ai dû rester à Paris pour des raisons professionnelles, et maintenant je préfère attendre votre avis sur mon manuscrit avant d'aller dans un endroit où il y encore du soleil (j'en ai besoin, étant passablement fatigué par ces deux dernières années). Le livre lu, et l'affaire classée, je me reposerai mieux. Pensez à moi. Bien à vous, A. Rinaldi".
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«  Marie, c’est lorsque la vie t’aura tout donné qu’il te faudra avoir peur. Lorsque Dieu te refuse ce que tu demandes, c’est presque toujours un cadeau qu’il te fait. Parce que nous ne voulons jamais notre bien, Marie. Nous ne savons pas ce que nous voulons, voilà la vérité. »
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Le public, des fois on le paierait pour qu'il vienne. Être applaudi, si dans sa vie on n'a jamais connu ça, on n'a jamais vécu.
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On n'aide jamais personne; ou les gens se sauvent eux-mêmes, ou l'on se noie avec eux.
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L'amour-propre m'avait retenu de m'engager dans un métier où je voyais que le goût d'écrire, si remarquable pourtant chez quelques-uns, quand il n'était pas au service d'un projet de longue haleine et perdait de son influx dans les secousses sur commande du quotidien ou de l'hebdomadaire, conduisait tôt ou tard à la mélancolie, à l'ébriété sans gloire des nuits de bouclage, et au calcul des points de retraite, après tant de risques courus sur le théâtre de guerres oubliées.
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Le vert portait malheur, et s'habiller dans cette couleur équivalait à la défier, à lui infliger un affront direct; ni pour un gouvernement ni pour un spectacle, on ne se risquait à prédire le succès dans une édition du vendredi, jour où elle-même ne concluait pas plus d'affaires que d'achats; le calendrier du journal supprimait la fête des morts; on ne publiait jamais une photo de chrysanthèmes.
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La vie, c'est toujours comme ça à Paris : ou l'on se voit tout le temps, ou l'on ne se voit plus jamais.
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Angelo Rinaldi
(à propos des critiques littéraires) :
"Paisibles alligators dont l'œil blasé affleure, depuis le jurassique, à la surface du marigot des lettres."
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On s'était demandé à qui ou à quoi il avait pensé, ce 21 septembre 1972, en appuyant le canon d'un revolver sur sa tempe. La réponse qui nous parvient aujourd'hui ne nous était pas destinée. Quelque temps avant de passer à l'acte, de franchir en toute tranquillité, la porte de secours localisée depuis sa jeunesse, Montherlant, né en 1896, et qui d'habitude dormait sans faire de rêves, en avait fait un qui l'impressionnait : "Il m'a montré le seul être que j'aie aimé de toute ma vie, et surtout il m'a montré qu'il était le seul ; que les autres n'en avaient été que des caricatures."...

   Montherlant a sa logique ; il en tire un accroissement de sa liberté, un supplément d'audace et le refus des préjugés. L'académicien à qui, selon l'usage du quai de Conti, est revenu au moins une fois l'éloge annuel de la vertu insiste sur les bienfaits et bénéfices de la coucherie conçue à la manière d'un placement à long terme chez un banquier : " Que d'existences heureuses, comblées, ne le doivent qu'à la prostitution de leurs jeunes années." Ni Proust ni Balzac ne prouvent le contraire, et qui prétendrait n'avoir jamais vérifié autour de lui les effets des culbutes sur une carrière serait un hypocrite. Montherlant s'en amuse, comme de tant de choses, et à contempler la société, bien des milieux, la politique et les manèges amoureux, use d'un humour dont on n'a pas souvent imaginé qu'il était l'un de ses traits de caractère. Ici et là, à côté d'un ton NRF à subjonctif pointe même l'impensable : le style d'une traduction du latin qui eût été rechapée par l'inspecteur Bérurier. Et le livre, qui n'était pas voulu, et que nous avons à présent entre les mains, si on le place dans l'étendue de l'oeuvre officielle, y provoque un effet d'optique, une anamorphose : l'auteur plus grand verticalement qu'il ne l'est horizontalement.

   Paradoxal Montherlant, trop vite confondu avec son public, qui pour le panache défend et illustre les causes auxquelles il ne croit plus : la religion, la patrie, l'amitié. Que charme la vitalité se dégageant des cortèges du Front populaire et qui à l'occasion collabore sans rémunération à la presse communiste. Rien n'a diminué sa certitude ; tout ce que la main n'atteint pas est un leurre ; et sa main, sans espoir de la remplir encore, il l'a refermée sur une arme. Il est rare que nous sachions que l'au-revoir est un adieu et qu'un individu nous parle pour la dernière fois. Après la découverte, le silence qui suit en est approfondi comme après une détonation.
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Les aveugles apitoient, on les respecte ; des sourds, on s'en amuse.
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Pour rien au monde je n'aurais consenti à être de ces gens qui n'ont pas un talent à la hauteur de l'affection que leurs qualités humaines nous inspirent, et c'est pourquoi, au fond, nous étions tous soulagés de ne point fréquenter d'artistes, ou alors d'assez loin, pour que l'hypocrisie de nos compliments ne nous coûtât rien, associée qu'elle était, dans l'oreille des intéressés, à la rumeur des politesses de routine.
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Les femmes qui avaient été belles aimaient les couleurs sans violence près de leur visage qui avait vieilli et en recevait comme une ultime caresse, un dernier égard.
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En ce qui concerne mon physique, je n'avais jamais eu ni prétention ni susceptibilité, et les femmes me jugeaient dans l'ensemble gentil, quand je n'étais que reconnaissant. Dans ces occasions, qui s'offraient à nous plus que nous ne les recherchions — à moins que dans la vie se produise seulement ce que l'on mérite —, il s'établissait même un cérémonial destiné à préserver un reliquat de pudeur; l'un qui était le premier à se déshabiller et à se glisser entre les draps, l'autre qui s'approchait du lit, une serviette nouée autour des reins, et la fille de s'étonner : nous exigions de baisser la lumière au minimum, sans toutefois jamais l'éteindre complètement. Louise n'était pas au courant de nos aventures lorsqu'elles adoptaient cette tournure-là; si jamais elle avait appris ce qu'était un cockring, il n'y allait pas de notre faute.
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[…] C'est pour combattre cette fatalité qu'Edmond avait voulu créer un pris littéraire, formant, par testament, le veu qu'il fût « donné à la jeunesse, à l'originalité du talent, aux tentatives nouvelles et hardies de la pensée et de la forme ». Il n'excluait pas la poésie; il souhaitait simplement que, dans des conditions d'égalité, le roman eût la préférence. On sait ce qu'il advint. A quelques exceptions près, le prix n'est jamais allé qu'à la camelote et au conformisme dont son fondateur déplorait la diffusion. Il n'a jamais compté dans la vie des lettres ; il n'en est que la caricature. Cette année encore, on avance bien un ou deux noms dignes d'attention, mais c'est, comme toujours, pour sauver l'honneur, se donner un alibi, entretenir une agitation factice quand les jeux sont faits. Le jour dit, les suffrages iront à la soupe d'herbes sauvages, au roman d'espionnage à prétentions mystiques, à la lessive grammati- cale, à l'essorage des bons sentiments - bref, selon l'habitude, à la littérature de la mère Denis. On lira donc aussi les Goncourt pour oublier le Goncourt, si, toutefois, on attache encore quelque importance à un événement du commerce.
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Angelo Rinaldi
Lettre à Maurice Nadeau à propos de l'obtention du Prix Fénéon pour son premier roman, La Loge du gouverneur : "Nice, le 1er février [1970] Monsieur, Vous le savez, lorsque j'ai reçu ce prix, ma première pensée fut pour vous. La nouvelle m'a donné beaucoup de plaisir, et ensuite elle a augmenté mon inquiétude à l'égard du travail en cours. C'est, je crois, la fatale contrepartie des lauriers. La caisse des lettres m'a répondu vendredi dernier. M. Corlieu [secrétaire général de la Caisse des Lettres] m'adressait un formulaire qui complétera le dossier. J'avais scrupule à le remplir - puisque le Fénéon procure aussi un chèque - et puis j'ai passé outre... Que cet organisme m'accorde une aide, je suis décidé à prendre du champ par rapport au journal. Évidemment, par le biais d'un congé médical. Il ne sera pas tout à fait de complaisance, et je le regrette. J'aurai moins de temps, mais je m'en contenterai. M. Corlieu me demandait d'apporter une caution morale à mon dossier et - comme vous m'y avez autorisé - j'ai parlé de vous. Pour tout, merci encore. Respectueusement. A. Rinaldi".
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N.B. les parenthèses sont rajoutées ici par ce lecteur pour la compréhension.
Si peu que ce soit, je l'ai connu (mon père), et pourtant il est aussi lourd à manier que le serait pour moi un être de fiction. Quand bien même (...) je ne le séparerais pas du souvenir (de sa mort) dont je n'ai plus honte, de l'immense joie qui m’envahit alors, je pense que j'essaierais en vain de le comprendre, de m'exprimer à sa place. Il m'en coûterait tellement que je me l'imposerais comme une pénitence si j'étais croyant, sûr de retrouver bientôt, au bout de la route,dans la vision qui suivrait ce déchirement de l'être auquel je succomberai un de ces quatre matins, et ma mère et ma file (toutes deux décédées) qui 'impatienteraient de me voir tisonner la braises quand le feu ne prend plus (son mariage) au lieu de les rejoindre dans un amour qui ne finit pas. Mais je ne suis pas croyant et il n'y a d'amour que sur cette terre.
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