“ Elle prend des notes en français ou en japonais.Parfois, juste un mot sur une page, parmi plusieurs pages blanches. Faut aérer. Il ne faut pas remplir, pas compter, c’est les pauvres qui font ça. La hantise de ma mère. Comme s’il suffisait de ne pas compter pour être riche et qu’elle était seule à avoir pigé ça. ”
“ On fait les choses correctement quand on manque d’imagination, c’est la pire tare au monde. ”
“ Tout est tellement vétuste, les moignons de robinets qu’on ne peut ouvrir qu’avec une clé anglaise, les fils électriques qui se baladent, les feuilles agrafées autour des ampoules en guise d’abat-jour... ”
“ Je peux quasiment tout supporter, sa connerie, sa méchanceté. Son désespoir, non, ça me terrasse. Je préfère quand elle m’emmerde. Au moins, ça fait diversion, ça brouille mon amour. ”
“ Tout ce qu’elle a intégré, elle peut le désintégrer. C’est aussi fascinant qu’observer les progrès d’un nourrisson, le même processus à l’envers. ”
“ Parfois j’aimerais qu’elle meure.Je me dis qu’il faudrait qu’elle meure là, tout de suite, qu’on en finisse. J’y pense dans la rue, quand elle traîne ou quand elle se fâche ou qu’elle prend son air harassé. Puis j’imagine le monde soudain vide d’elle. Non, impossible. Il faudrait qu’elle meure pour de faux, pas pour toujours. ”
“ Je me sens précipitée dans sa vieillesse et dans la mienne, par ricochet. ”
"Cet horrible cauchemar se transforme en rêve merveilleux. Cette sensation fait partie de moi. le bonheur confine à l'effroi et l'effroi au bonheur. Il n'y a pas l'un sans l'autre.
C'est la tempête.Je m'arrête et j'entre dans une chapelle,en attendant que ça se calme.Je regarde un type qui se signe et qui va s'asseoir pour prier.Je l'envie.Mois aussi ,je voudrais croire.
C'est la tempête.Je m'arrête et j'entre dans une chapelle,en attendant que ça se calme.Je regarde un type qui se signe et qui va s'asseoir pour prier.Je l'envie.Mos aussi ,je voudrais croire.
"Cet horrible cauchemar se transforme en rêve merveilleux. Cette sensation fait partie de moi. le bonheur confine à l'effroi et l'effroi au bonheur. Il n'y a pas l'un sans l'autre.
On va à la papeterie à côté. On prend le journal et des carnets. Elle adore les carnets, elle en a plein son sac. Elle note les numéros, les adresses de restos, des expressions, les films, les livres qu’on lui recommande. Et puis des phrases de quelques lignes, ce qu’elle a vu, ce qu’elle a entendu. Toutes ces notes, ces carnets qui ne donneront plus d’histoires, ça me serre le coeur, comme si Koumiko était un poulet sans tête courant dans tous les sens.
Elle prend des notes en français ou en japonais. Parfois, juste un mot sur une page, parmi plusieurs pages blanches. Faut aérer. Il ne faut pas remplir, pas compter, c’est les pauvres qui font ça. La hantise de ma mère. Comme s’il suffisait de ne pas compter pour être riche et qu’elle était la seule à avoir pigé ça.
Lui restait confiné dans sa salle de montage, une petite pièce aux volets constamment fermés, imbibée par l’odeur de ses cigarillos. La fumée s’enroulait autour des pellicules suspendues à des fils tendus entre les murs. C’était comme entrer dans une jungle : la jungle de son autarcie. Rien ne l’en détournait.
Tant qu'elle est en vie et qu'elle perd la tête, j'aurai envie d'écrire pour aller plus vite que l'oubli.
Je sors de la salle de bain. Elle dort. Je la couvre, elle se pend à mon cou. Oh, j’y crois pas ! Bon, o.k., t’as gagné. Je la prends dans mon lit, elle se blottit contre moi : « Ma maman, ma maman d’amour… Je veux que tu viens dans mon rêve. -Alors ferme les yeux. »Et elle s’endort, les bras et les jambes en étoile de mer.
J’avais la sensation que plus rien jamais n’arriverait, que j’étais bloquée, emmurée, que je rentrerai plus en France. Mais ça m’était égal. Tout m’était complétement égal, tant que les choses restaient en suspens. Ça dépendait de moi. Je veillais sur les miens comme un geôlier, je ne les laisserais pas s’échapper.