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Citations de Anna Seghers (74)


Mes amis souffraient de l'humiliation de leur pays. Une défaite, on s'en relève vite, quand on est fort et jeune, mais la trahison ça paralyse. Nous nous sommes avoué, la nuit suivante, que nous avions la nostalgie de Paris. Là-bas, nous voyions de nos yeux un ennemi dur et redoutable, et c'était presque intolérable, nous le croyions tous; maintenant, nous pensions que cet ennemi visible était peut-être moins redoutable que le mal invisible et mystérieux, ces rumeurs, cette corruption, cette duperie.
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Il n'y avait plus qu'une entreprise pour m'aiguillonner : le retour au pays.
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Je crains qu’il ne puisse pas venir à bout de ce chagrin si facilement. Rien n’est plus difficile à surmonter que les peines et les souffrances qu’on a traversées dans sa jeunesse. Les oublier est à jamais impossible. On prétend généralement le contraire : on pense que la peine des jeunes années est facile à oublier. Je ne le crois pas.
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On souffre plus d’un mensonge que d’une vérité accablante.
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Oui, il y a des années que je suis attaché à une femme. Il est presque impossible qu’elle vienne un jour, mais je ne peux pas me déshabituer de l’attendre.
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Mais le soir où la baraque des prisonniers fut chauffée pour la première fois, et que fut consumé le petit bois dont nous pensions qu’il provenait des sept croix, nous nous sentîmes plus proches de la vie que jamais par la suite et aussi plus que tout ce qui s’était senti vivant.
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Des dix ou douze platanes qui auparavant se dressaient à gauche de la porte, tous avaient la veille encore été abattus sauf les sept arbres dont on avait besoin. Devant ses SA, Zillich lança l’ordre d’y attacher les quatre évadés vivants. Chaque soir, quand cet ordre retentissait, un frémissement courait parmi les détenus qui au plus profond d’eux-mêmes se mettaient à trembler, faiblement, comme l’ultime frisson avant que tout se fige. Car les SS veillaient strictement à ce que nul ne bouge même le petit doigt. Mais les quatre hommes attachés aux arbres ne tremblaient pas.
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Il était sur le point de s’endormir quand il sursauta un peu. Il se releva, ou tenta de le faire. Il embrassa la vallée du regard. Mais cette vallée ne lui apparaissait pas dans l’habituelle lueur de midi, dans la douce lumière de tous les jours. Une clarté froide et austère se répandait sur le village, éclat et vent réunis, si bien que tout prit soudain une netteté inconnue et de ce fait, tout redevint étranger. Puis une ombre épaisse s’abattit sur le paysage. Plus tard dans l’après-midi, deux petits paysans vinrent cueillir des noisettes. Ils poussèrent des cris aigus. Ils coururent retrouver leurs parents qui étaient aux champs. Le père considéra l’homme. Il envoya un des enfants chercher un autre paysan, Wolbert, dans le champ voisin. Et Wolbert s’exclama : “Mais c’est Aldinger !” Alors, le premier paysan le reconnut aussi. Grands et petits, dans le bosquet, contemplaient le mort. Puis les deux hommes confectionnèrent une civière au moyen de quelques bâtons.
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Pour la première fois depuis qu’il avait revu Georg, et peut-être même depuis l’enfance, il éprouvait dans la région du cœur une sorte de froid que bien sûr même en ce moment il ne qualifiait pas de peur. Il avait plutôt l’impression d’être menacé par une maladie contagieuse, lui qui depuis toujours était en bonne santé. Cela lui était particulièrement pénible et il résistait. Il descendit l’escalier d’un pas ferme pour chasser l’impression que ses genoux allaient flancher. La femme du chef d’immeuble l’attendait au bas des marches : “Chez qui vouliez-vous aller ?”
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Il dit : “Une chose est certaine : toutes ces vestes ont été livrées au même moment par l’usine. Il suffit à la Gestapo de leur téléphoner. Les fermetures éclair sont identiques au millimètre près. Les poches sont toutes les mêmes. Mais si par exemple une clé ou un crayon a fait un trou dans la doublure, même la Gestapo ne peut rien prouver, c’est ça la différence, tu dois t’y cramponner dur comme fer.”
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Franz se demanda un instant, un seul instant, si ce bonheur simple ne pouvait pas contrebalancer tout le reste. Un peu de bonheur ordinaire, tout de suite, au lieu de cette lutte terrible, impitoyable pour le bonheur ultime d’une humanité dont lui, Franz, ne ferait alors peut-être plus partie.
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Tout être devant qui se dresse l'éventualité du malheur se rassure aussitôt en pensant à la force indomptable qui est la sienne. Pour l'un, c'est son idéal, pour l'autre sa foi, un troisième pensera seulement à sa famille. Bien des gens n'ont absolument rien. Pas de force indomptable, le vide. Toute la vie extérieure et ses horreurs peuvent les envahir, les remplir jusqu'à les faire exploser.
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Une clarté froide et austère se répandait sur le village, éclat et vent réunis, si bien que tout prit soudain une netteté inconnue et de ce fait, tout redevint étranger. Puis une ombre épaisse s’abattit sur le paysage
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Jamais peut-être n’ont été abattus en notre pays des arbres aussi étranges que les sept platanes plantés sur le côté de la baraque III
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« L’espace d’un instant, Zillich resta figé à la porte. Personne ne l’avait jamais regardé avec un tel calme, dans un tel rapport d’égalité. C’est la mort, se dit Wallau. Lentement, Zillich referma la porte derrière lui

Il existe tout de même d’autres moyens pour venir par la ruse à bout d’une citadelle qui meurt de faim, rongée d’épuisement. Oberkamp les connaît tous, ces moyens. Il sait en user. Wallau de son côté sait que cet homme devant lui connaît tous les moyens possibles
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Ce village tranquille, propre, est pauvre, d’une pauvreté extrême, comme tout village qui exhale la pauvreté par tous ses pores
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Devant la porte de la maison, les voisins étaient déjà rassemblés, et il y avait une sentinelle en faction devant cette porte, et deux qui venaient de prendre leur faction à l’entrée de la rue du village ainsi que trois SA qui étaient à l’auberge, et les jeunes fiancés revenant de chez le curé
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Le brouillard s’était désormais levé au point de flotter tel un ciel bas et floconneux au-dessus des toits et des arbres
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Par-delà la clôture, ils regardaient l'eau où leurs ombres se mêlaient aux reflets des montagnes, des nuages, et du mur blanc de l'auberge. Ils ne se parlaient pas, ils étaient sûrs que rien ne pouvaient les séparer, ni les rangs par quatre, ni le départ d'un vapeur, ni même, plus tard, la mort qu'ils trouveraient ensemble, dans une vieillesse paisible, au milieu de nombreux enfants.
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Tout comme maintenant, elle était beaucoup trop écervelée pour soupçonner que le destin des jeunes hommes et des jeunes filles constituent tous ensemble le destin du pays, le destin de la nation, et que pour cette raison, tôt ou tard, le chagrin ou le bonheur de sa camarade de classe laisseraient tomber sur elle-même l’un sa nuit ou l’autre sa lumière.
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