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Citations de Anne B. Ragde (457)


Il était sale et négligé, tombé plus bas que terre. Heureusement que Krumme n'assistait pas à ça! Son grand frère. On aurait dit un mendiant et il puait l'ancien temps oublié. (P. 240)
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- Les Norvégiens adorent tout ce qui est pisseux. Ils sont bouche bée devant la pauvreté, se complaisent dans leur propre objectivité. Ils ont honte de rire tout haut, honte s'ils apprécient la bonne chère ou cultivent un peu l'opulence ou la joie de vivre.
-Je crois qu'il y a peut- être pas mal de Norvégiens qui ne pensent pas comme ça. Toi, par exemple.
- Mais je suis Danois. Devenu Danois.
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Ce fut aussi dans ces années-là [vers la fin des années 1960] qu'elle commença à évoquer ce qu'elle appelait un désir inconnu. La première fois, c'était un dimanche après-midi, assise sur une chaise, elle regardait par la fenêtre quand soudain, les larmes lui vinrent aux yeux .
- qu'y a-t-il, maman?
- rien. J'ai comme éprouvé soudain un violent désir, un désir inconnu .
- et tu désires quoi?
- je ne sais pas, il ne serait pas inconnu, sinon .je désire, je crois, partir d'ici, avoir une autre vie, tout recommencer à zéro. -Mais tu nous as, Elin et moi.
-Oui, c'est vrai, dit-elle en tournant la tête vers moi et en m'adressant un faible sourire qui ne m'inspira aucune confiance.
Elle était souvent prise de ce désir inconnu en fin de weekend, quand tous les travaux ménagers étaient accomplis et qu'elle regardait venir par la fenêtre la semaine qui allait reprendre et qui était presque toujours la répétition de la précédente.
-Tu le ressens maintenant, ton désir inconnu, maman? demandais je souvent.
- Oui, mais ça va passer, comme tout le reste.
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Elle avait cessé de lire, avait cessé de faire des mots croisés . elle avait cessé quand elle avait reçu le diagnostic à l'hôpital, après Noël. Non pas comme une décision consciente et mûrement réfléchie: c'était comme un feu qui, à cet instant précis, s'était éteint.
-Tu sais, Anne, le vide que les livres ont laissé en moi est énorme, colossal. Cet appétit de découvrir des livres toujours nouveaux et passionnants, cette fièvre que je ressentais à la lecture d'un bon livre, se réveiller le matin, heureuse de me lever, de préparer du thé avant de reprendre ma lecture. Peut-on rêver meilleur commencement pour une journée? ce n'est pas que ça me manque tant que ça, non, je pourrais prendre ce livre et lire. Non, je regarde seulement ce grand vide, à distance, en quelque sorte sans pouvoir rien y faire. La seule chose que je veux, c'est parler, parler, parler, je veux que les choses sortent et non plus qu'elles entrent .maintenant que je sais que cela ne sert à rien .cela ne sert à rien d'emmagasiner davantage à l'intérieur.
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Peu importe que j'aie besoin de quelque chose, que je me pose une question ou que je veuille faire quelque chose, elle était là, plein d'énergie, pleine de solutions, pleine de réponses. Pas servile, oh que non, rien que des idées à la pelle et une capacité de travail à revendre.
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Elle dormait sans faire de bruit, comme elle l'avait toujours fait, même lorsqu'elle était en bonne santé et couchée sur le dos .
une petite vieille femme voûtée qui n'avait jamais été ma mère. Ce mur auquel je n'avais jamais fait attention avant de devoir m'appuyer contre lui et qui, désormais avait disparu pour toujours.
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On avait été aux petits soins pour elle, mais à son désespoir, elle ne pouvait pas rendre la pareil. Rien ne les obligeait à faire cela pour elle, elle qui toujours avait témoigné de l'attention à tout le monde à sa manière, malgré son manque d'empathie, dû au fait qu'elle n'avait jamais su ce qu'était l'amour inconditionnel d'une mère.
Elle comblait ce manque de son mieux en jouant la maîtresse de maison irréprochable, déployant là une énergie considérable. Sa manière de manifester son affection se traduisait précisément par la nourriture. En la préparant, la servant, en partageant le repas avec tous les convives auxquels elle tenait, et qui sinon ne seraient pas là .
pour maman, la nourriture était une façon de s'offrir, d'offrir ce qu'elle savait faire, tout ce qu'elle parvenait à obtenir avec un effet maximal, tout ce qu'elle désirait faire passer aux autres sur le plan de l'émotion et du plaisir. Le repas était pour elle un moment de bonheur déposé sur la table des plats copieux et pleins de couleurs, qui sentaient bon et faisaient envie. Elle se souvenait toujours de ce que chacun aimait particulièrement, de ce qu'il avait apprécié lors du dernier repas.(...) Elle n'avait jamais l'air fatigué ou fâché quand elle préparait à manger.
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C'était pour rendre service, rien d'autre. Elle aimait laver, se sentir utile. Ah, mélanger le savon à l'eau, voir l'écume bouillonner dans le seau en plastique ! Après, quelle satisfaction elle avait de vider l'eau devenue noire ! Plus celle-ci était sale, plus c'était la preuve qu'elle avait fait du bon travail. C'est pourquoi elle se réjouissait de voir le savon mousser au fur et à mesure que le seau se remplissait et que l'odeur d'ammoniaque, qui promettait monts et merveilles, lui chatouillait les narines. Et puis, au fond, elle avait aussi le temps de s'occuper de la propreté de l'escalier, puisqu'elle et Egil n'avaient pas d'enfant.
Elle ne comprenait pas pourquoi les autres prenaient ça comme une offense personnelle quand elle lavait les marches jusqu'au palier du premier, même si rien ne l'y obligeait. Bien sûr que c'était toujours plus sale devant chez elle et Egil, vu qu'ils habitaient au rez-de-chaussée et que tout le monde passait par là. Mais quand elle se donnait la peine d'en faire un peu plus, ils pouvaient au moins... Ils ne voyaient donc pas qu'elle faisait ça par pure gentillesse ? Non, elle ne comprenait pas leur logique, à ces gens-là. Depuis qu'elle était toute petite, on l'avait élevée en lui inculquant que mieux valait en faire toujours un peu plus, aller au-delà de ce qu'on était en droit d'attendre de vous. Et c'était devenu pour elle presque une question d'amour, ou disons, de bienveillance, de sollicitude. Mais ici, dans cet escalier, la sollicitude semblait être un gros mot.
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À la ferme, de toute façon, tout ce qui était beau était mis de côté pour des jours qui ne viendraient jamais.
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-... Il y a pires ici sur terre.
- Les gens ne passaient pas leur temps à comparer leurs traumatismes avec ceux des autres. Si on était traumatisée, on l'était, un point c'est tout, et ça n'aidait en rien de penser que pour d'autres c'était pire encore. On pouvait le dire, prétendre que la souffrance des autres rendait son propre désespoir plus facile à porter, mais ce n'était que des mots et de la connerie, ça ne marchait pas comme ça.
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Un minuscule pas-d'âne pointait tout à côté de sa chaussure droite, un modeste tussilage qui avait réuni assez d'énergie pour se tourner vers la lumière, une nouvelle vie qui puisait ses forces dans les ruines de ses congénères de l'année passée, mortes depuis longtemps. Un petit symbole jaune vif de la Création, de la vie au milieu de la mort.
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Torunn ne leur avait pas donné signe de vie. Cela faisait bientôt quinze jours qu'elle était partie. Tous les soirs il appelait Erlend pour savoir s'il avait eu des nouvelles.
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Tout à coup il eut un frisson. "Il y a quelqu'un qui marche sur ta tombe", avait coutume de dire sa mère.
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Vu l'âge de l'église, il ne se sentait pas mal à l'aise d'y venir. Il n'entrait pas dans une maison de Dieu, le mensonge au coeur, il entrait dans un site historique, dont les murs reflétaient les joies et les peine d'un nombre incalculable de générations, le cours difficile de la vie de gens ordinaires.
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Un chien ne souhaite qu'une seule chose, trouver sa place dans le groupe, faire ce qui convient pour s'y intégrer. Alors il se sent en sécurité. Et un chien rassuré apprend plus cite qu'un chien apeuré.
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Dire qu'elle les aimaient au point d'être terrorisée qu'il leur arrive du mal, et qu'elle avait préféré s'en charger elle-même.
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Ce sont des personnes âgées, voyons ! Elles ne sont allergiques à rien. c'est un truc nouveau, ça, que les gens soient devenus allergiques à toutes sortes de choses : nourriture, animaux, pollen et je ne sais quoi encore. Sur ce plan, nos pensionnaires sont bien plus résistants ! (p. 316)
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Ne pleure pas sur ma tombe. Je ne suis pas là, je ne dors pas. Je suis les mille vents qui soufflent, je suis la lumière du soleil sur les collines boisées. Je suis la douce caresse de la neige, je suis la pluie fraîche de l'automne. (p. 245)
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Elle n'est que le fruit (...) de notre enfance (p.223)
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Sa canette de bière était toujours sur le balcon avec ses mégots à l’intérieur ; il aimait la regarder, elle n’avait qu’à rester là, ça donnait l’impression que quelqu’un habitait ici, quelqu’un avec des vices humains et une vie bien remplie.
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