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Critiques de Anne Boquel (100)
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Le Berger

Premier roman d'une autrice à suivre ! A travers le personnage de Lucie, une plongée dans le mécanisme d'emprise d'une secte : du suspens, de l'effroi, dans ce récit que j'ai lu d'une traite. On découvre tous les aspects de la manipulation, son caractère insidieux et progressif. Les émotions de Lucie sont décrites avec précision, les personnages du groupe et leur rapports bien campés : on y croit et on est happé.
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Le Berger

C'est avec une certaine anticipation que jai commencé cette lecture, étant fan d'histoires de cultes et sectes.. Et c'est avec une déception certaine que je le referme. Tristement consciente de mon ennui, je me suis retrouvée plusieurs fois à espérer que la fin de histoire arrive vite, tant je la voyais arriver sans trop de rebondissement.

Si l'écriture est fluide, elle n'a rien de réellement spécial ne s'attardent ni sur le versant psychologique du récit, ni sur la religion, ni sur les descriptions, ni sur les personnages.

Ça reste une intrigue originale aboutie notamment grâce à un suspens qui va crescendo mais qui manque pour moi d'un peu de travail de profondeur.
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Le Berger

Lucie est conservatrice dans un petit musée d'art religieux. Sa vie est douce et calme, mais sans profondeur. Elle cherche quelque chose que visiblement elle ne trouve pas. Quand Mariette lui parle de la Fraternité, elle l'écoute d'une oreille attentive, et finalement accepte de la suivre là-bas, découvrant la Foi. Elle va faire la connaissance de tous les membres de cette "église" pas comme les autres, où règne une telle chaleur que Lucie en est ébranlée et, petit à petit, elle prend sa place à la Fraternité et surtout aux côtés du Berger. Thierry est le Berger, un homme à l'aura et au charisme envoûtant qui va réussir à faire faire à la jeune fille tout ce qu'il désire.



Evidemment, nous sommes en plein dans le monde des sectes, avec absolument tous ses "clichés". C'est un peu ce que je reproche à ce roman, assez dénué de sentiments finalement. Il raconte, et c'est très bien de l'entendre, la déchéance, la descente aux enfers de Lucie, ses questionnements vite balayés... mais il s'attarde à peine sur ses ressentis. Parfois je l'ai trouvé trop descriptif, d'autres fois pas assez.

Néanmoins la démarche d'intimidation, de perte de repères, est bien narrée. La fin est un peu abrupte, mais tout à fait crédible.
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Le Berger

Un premier roman édifiant qui nous fait entrer de plein pied dans le monde nébuleux des sectes. C’est un sujet qui m’a souvent laissée perplexe tant je crois au libre arbitre de chacun mais devant le nombre des dérives sectaires, je dois bien reconnaître que la recherche de fraternité, de spiritualité peut s’avérer être un piège. L’auteur nous propose de suivre le parcours de Lucie, conservatrice dans un musée de province. A l’initiative de Mariette, elle va se retrouver dans groupe de prière qui va lui apporter beaucoup et finir par lui prendre encore plus. J’ai trouvé l’analyse des étapes mis en place par «la Fraternité » en la personne de son berger Thierry particulièrement bien amené, lentement mais surement. Son manque de confiance en soi, son besoin de reconnaissance et d’amour en font une victime toute trouvée. Puis vient une alternance de chaud / froid qui déstabiliserai n’importe qui. Sans compter des outils efficace comme la privation de nourriture, de libre arbitre, de sommeil, de vie sociale et j’en oublis tout cela est fort bien huilé et porté par une écriture soutenue qui rend le récit glaçant. Une lecture qui fait mal, qui met mal à l’aise entre incompréhension et colère. Une descente vertigineuse allant de la joie sincère des débuts et la dégradation irrémédiable du final. La lente transformation de cette jeune femme est d’une efficacité à toute épreuve. J’avais hâte de savoir si Lucie arriverait à se relever de cette expérience au combien douloureuse. J’ai eu le sentiment d’être à l’intérieur de la secte tant l’auteur nous fait vivre la psychologie du groupe tout autant que celle de Lucie. Une analyse qui ne peut laisser indifférent, où l’on comprend que cela peut arriver à n’importe qui et c’est tout bonnement effrayant. Bonne lecture.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
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Le Berger

Conservatrice d’un petit musée, Lucie est une jeune femme comme l’on en croise tous les jours dans la rue, qui ne se distingue en rien du commun des mortels. Sa vie s’organise autour de son boulot, de ses collègues et de sa famille. Et comme tout un chacun elle a ses convictions, ses envies et ses vulnérabilités. En somme, son histoire pourrait être celle de n’importe qui.



C’est par le biais d’une amie et collègue qu’elle fera ses premiers pas dans la Fraternité. Des locaux qui ne payent pas de mines voire pas du tout engageant mais un groupe chaleureux et soudés qui soulève l’intérêt auréolé de méfiance de Lucie. Mais ce sera surtout la rencontre avec le Berger qui sera décisive. Ce n’est pas immédiat, mais quelque chose en lui capte l’attention de Lucie, quelque chose vient combler un manque, vient répondre à un besoin.



Sans être dans l’analyse et l’explication, Anne Boquel met à l’œuvre les mécanismes qui sous-tendent les dérives sectaires, ici à caractère religieux. Un mélange de séduction-répulsion, d’acceptation-rejet, d’exploitation des failles, d’isolement-intégration, etc. Autant d’ambivalences qui déstabilisent une personnalité, qui la fragilise pour mieux en déconstruire les fondements et créer à la fois une dépendance, une soumission et une aliénation totale.



La Lucie des premières pages s’effacent, s’étiolent et disparaît, entièrement consumée par un homme qui incarne alors aisément le mythe du vampire et le transpose dans la réalité.



Sa couverture et son résumé n’auraient pas retenu mon attention en librairie et pourtant j’ai dévoré ce roman en deux jours seulement. Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour ce premier roman d’Anne Boquel. Les pages filent entre les doigts et nous tiennent avec ce qu’il faut de suspense et de tension jusqu’au dénouement.
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Une histoire des parents d'écrivains

Après avoir lu et adoré "Une histoire des haines d'écrivains", je ne pouvais que me précipiter pour lire ce livre qui est, on peut le dire d'emblée, tout aussi génial. Car, on s'en doute un peu, les parents ont une influence énorme sur leur rejeton, qu'il soit écrivain ou autre. Dans le cas présent, il est curieux voire délectable de constater que les réactions quant à la vocation de leur fils, fille sont on ne peut plus contrastées. Entre les parents de Robbe-Grillet qui jubilent des publications de leur fils et les parents de Lamartine ou Baudelaire qui, au contraire sont déçus du choix de carrière de leur fils, il y a un monde. En effet, choisir d'être écrivain n'est pas anodin surtout pour des parents espérant un salaire assuré dans des métiers plus convenables, plus établis aux yeux de la société.



Outre les réactions épidermiques de ces parents tourmentées, il y a ceux qui collent à la trace à la réputation faite dans les livres comme la mère de Jules Renard avec qui les relations sont tendues comme il l'exprime dans Poil de carotte. Et encore plus poussé, il y a Hervé Bazin dont la mère semble bien être une Folcoche des plus détestables. Par ailleurs, il y a aussi des parents qui lisent avec attention toutes les œuvres parues et qui s'offusquent lorsque la fiction ne rejoint pas la réalité. Ainsi, la mère de Sartre nie l'enfance telle qu'elle est racontée dans Les mots.

D'un autre point de vue, j'ai adoré la réaction de Madame de Lamartine (encore elle) à la lecture de ses vers :



Déjà l'herbe qui croît sur les dalles antiques

Efface autour des murs les sentiers domestiques

Et le lierre flottant comme un manteau de deuil,

Couvre à demi la porte et rampe sur le seuil.



Où celui-ci est-il allé pêcher l'idée du lierre? Pour ne pas laisser courir les commérages sur l'infidélité à la réalité, Madame de Lamartine décide donc de planter du lierre. C'est assez touchant de prêter tant de crédit aux mots !



Tout au long de cet essai, on constate que les écrivains ne sont pas égaux devant la littérature ni surtout devant leurs géniteurs. Tandis que certains sont soutenus (ainsi de Pierre Verne qui peu à peu laisse sa chance à Jules et le corrige même dans ses innombrables fautes d'orthographe), d'autres suscitent l'indifférence (comme la mère d'Apollinaire qui disait que "rien [ne la poussait] à s'intéresser à la littérature, surtout à la[si]ienne") voire l'hostilité pure et dure.



J'ai appris beaucoup de choses avec ce livre et ai trouvé particulièrement instructives les notices biographiques, en fin de livre, qui donnent un autre éclairage sur l'écrivain engendré ainsi que sur ses œuvres. En effet, ces repères concrets m'ont permis de mieux cerner le contexte dans lequel évoluent ces écrivains de tout temps mais tous influencés par une famille omniprésente.
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L'enfant de la rage

Un coup de fil nocturne fait voler en éclat la sérénité d’une famille tranquille et sans histoire. Yohan , le fils de 17ans est dans le coma. Une échauffourée a éclaté avec des CRS dans la ZAD voisine et il a été touché par une balle perdue. Pour Laurence et Loïc, ses parents, c'est la sidération. Bien sûr il passait de plus en plus de temps chez ces encombrants voisins. Bien sur ils l'ont bien vu changer au cours des derniers mois, mais pour eux, ce n'était pas un activiste. Ils ont accueilli avec scepticisme d'abord, puis avec agacement sa révolte contre la société de consommation et ses élans écologistes un peu radicaux. Mais ils préfère mettre en cause l’influence néfastes de ces jeunes extrémistes ou l'inévitable crise d'adolescence, plus qu'un engagement sincère et profond. Et puis comment comprendre ce rejet du confort pour lequel ils ont trimé, mettant de coté chaque euro pour payer les traites du pavillon et s'offrir enfin des vacances. Un confort vu comme un aboutissement devenu source de conflit.

Mais voilà, face au corps inerte de leur fils, face aux questions de sa petite sœur, ils vont prendre des voies opposées. Loïc se consacrera tout entier à ranimer le corps de son ainé, à le veiller nuit et jour comme pour rattraper le temps perdu et reduire la distance qui s'était imposée entre eux. Laurence, elle, aura le plus grand mal à reconnaître son enfant dans ce gisant sans réaction, et elle aura à cœur de « faire un retour vers lui » en interrogeant sans relache ceux de la ZAD, Rox, Sylvain ou Louise Michel, ces inconnus qui avaient pris tant de place dans la vie de son fils et qui semblaient le connaître plus qu'elle.

Des cheminements opposés qui mettront en péril le fragile équilibre de cette famille ordinaire.

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Connait-on vraiment ses enfants ? Est-on prêt à les voir remettre en cause les valeurs, les fondements sur lesquels on a construit leur vie ? Est-on capable de questionner nos certitutes pour leur bonheur ? Et comment tenir bon quand ils vacillent, quand leur vie ne tient plus qu'à un fil ?

Quel parent ne s'est pas un jour posé la question, et à travers cette histoire dramatique, Anne Boquel y répond avec délicatesse et virtuosité.

Ce roman m'a bousculé, m’a remuée. En tant que mère, les questions qu'il pose m'ont profondément émue.

Aux côtés de ces deux parents perdus, j'ai oscillé entre tristesse et colère, entre espoir et regrets. Parce que la grande réussite de ce roman c'est surtout d'être tout en nuance. En le lisant, impossible de prendre partie pour Loïc ou pour Laurence, impossible d'en vouloir à Yohan ou de remettre en cause les engagements des membres de la zad. Avec une égale attention, elle nous donne à voir leurs points de vue, leur points d'achoppement et leur principal point commun à tous qui est finalement la quête d'un idéal, qu'il soit sociétal, personnel ou familial. Avec beaucoup de douceur, elle nous aide à nous construire notre propre avis, et c'est une réussite. Dernier point sur l'écriture de l'auteur que je découvre avec ce titre. Très sobre et très précise, très belle, elle a su me séduire, avec une mention particulière pour les dialogues, très réussis.

Un roman très actuel pour les points de contexte abordés, notamment l’urgence écologique dont s’empare la jeune génération, mais intemporel aussi dans les thématiques qu’il explore autour de la parentalité. Je vous le conseille sans réserve
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Le Berger

Anne Boquel dissèque dans ce premier roman le lent embrigadement dans une secte d’une jeune femme que rien n’y prédestinait. Lucie est une trentenaire instruite mais solitaire que son éducation par des parents universitaires ne l’avait pas conduite vers la religion. Elle s’ennuie dans sa vie rangée et manque totalement de confiance en elle.

L’auteure ne porte aucun jugement, se contentant de raconter les faits. Elle part du mal-être de la jeune femme pour arriver à l’incompréhensible (pour moi) état de soumission à un gourou. Il n’y a pas vraiment de suspense, on s’attend bien à tout ce qui va arriver. Le gourou se fait appeler le Berger et quoi de plus inoffensif qu’un berger! Petit à petit il tisse sa toile. Il a l’art de faire ressentir à chacun de ses adeptes combien il est unique, précieux, tout en le coupant de son entourage. C’est une spirale infernale mais Lucie s’y recroqueville comme dans un cocon. Elle se sent bien dans la fraternité des adeptes et n’a plus qu’à obéir, se laisser porter jusqu’à une certaine béatitude. Le jeûne imposé ne fait que réduire ses forces et abolir tout son discernement.

Lucie n’attire pas vraiment la sympathie, trop froide, je ne sais si c’est volontaire de la part de l’auteur. J’aurais eu envie de la secouer, de lui dire de reprendre le cours de sa vie en main. L’intérêt de ce récit est qu’il dérange. Lucie est si ordinaire, si peu prédestinée à ces pratiques, qu’il montre combien il faut être vigilant. Un moment de solitude, une rupture sentimentale, une phase de mal-être et l’on peut se retrouver son l’emprise d’un pervers. L’endoctrinement par manipulations mentales est le moyen de recrutement de tous les groupes sectaires.

Lu dans le cadre d’un Masse Critique

Merci aux éditions Seuil et à Babelio
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Le Berger

Attention, livre stressant et angoissant. Oui, il ne faut pas avoir peur des mots. Parce que ceux qui embrigadent les autres savent très bien les utiliser - pour manipuler des personnes "vulnérables". Lucie, pourtant, ne semble pas une personne vulnérable. Elle a fait de brillantes études - dont ses parents s'attribuent tout le mérite. Elle est conservatrice dans un petit musée de l'Oise - en attendant mieux, parce que les temps sont durs disent ses parents. Oui, Lucie semble ne vivre que sous le regard de ses parents, qu'elle appelle par leur prénom dans ce récit. Oui, c'est comme si Lucie n'avait pas de désir ou d'envie propre, ou plutôt si, elle en a, elle a toujours eu des rêves, et l'existence qui est la sienne ne la satisfait pas. Elle voulait autre chose, et sa première déception amoureuse a donné le ton de sa vie sentimentale - sa dernière relation amoureuse est "dans l'air du temps", avec un homme qui ne veut pas réellement s'engager et trouve leurs relations très bien comme elle est. Un jour, une collègue de travail, peut-être la seule personne qui se rapproche un peu d'une amie, lui propose de participer à un groupe de prières. Lucie a été élevée par des parents athées, qui lui ont cependant donné une culture religieuse. Elle accompagne Mariette, cela ne coûte rien, et peu à peu, elle se lie avec les membres de la Fraternité.

Je ne vous cache pas que, par moment, j'avais envie de secouer Lucie - et les autres - de me dire que ce n'était pas possible de se laisser endoctriner ainsi, de se laisser peu à peu glisser jusqu'à accepter ... d'aller trop loin ? Le rythme du récit est lent, parce que l'endoctrinement ne se fait pas en un jour, parce que tous les membres de la Fraternité ont pour point commun une immense solitude - et l'impression de se sentir enfin utile aux autres, même si c'est à un "Berger".

Merci aux éditions Seuil et à Babelio pour ce partenariat.
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Le Berger

J’ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération spéciale de Masse critique de chez Babelio. J’ai hésité à le demander car le thème du religieux et de l’embrigadement est un thème sensible pour moi… et que je préfère en général m’en tenir éloignée. Mais la curiosité l’a emporté. L’histoire ? Lucie est conservatrice dans un petit musée de l’Oise, malheureusement peu fréquenté et peu doté. Malgré son professionnalisme, elle ne peut donc guère s’épanouir dans son métier, ayant par ailleurs une vie de célibataire assez terne. Alors, quand sa collègue et amie lui parle avec enthousiasme de son groupe de prière et l’encourage à l’accompagner, Lucie accepte. Tout d’abord réticente, sur la réserve, elle se laisse assez rapidement prendre par l’atmosphère du groupe. Elle y trouve de la chaleur et sans doute un sens à une vie qui en manquait jusque là. Peu à peu cependant, elle inquiète ses proches. Elle perd beaucoup de poids et a peu de temps pour sa famille. Lucie est fascinée par celui qu’on appelle Le Berger et qui guide les fidèles de La Fraternité. Pour lui plaire, pour que le groupe voit en elle un membre sur lequel ils peuvent compter, elle sera prête à tout, même à se mettre en danger professionnellement… Ce roman décrit très bien comment une âme solitaire, raisonnable et intelligente, peut se laisser prendre par un mouvement sectaire. Le lecteur reste tout de même étonné que les doutes récurrents de Lucie ne prennent jamais le dessus. Il faut dire que Thierry, Le Berger, sait y faire pour la maintenir sous son emprise. J’ai été prise par le côté implacable du récit qui fonctionne très bien, et donne envie de reprendre sa lecture, sans doute pour voir jusqu’à quelle extrémité ira Lucie. Je n’ai pas trouvé l’ambiance glauque ou gênante, le style étant assez simple et fluide. J’aurais d’ailleurs justement aimé un peu plus de relief dans l’écriture je pense, ce qui m’aurait permis de l’apprécier encore davantage. C’est un roman qui a l’intérêt de pointer du doigt la solitude de nos sociétés modernes, solitude qui fait le lit de tels mouvements, bien sûr, mais aussi de toutes les emprises, comme celles des pervers narcissiques par exemple. Il y a d’ailleurs un peu de ce phénomène dans la relation que Thierry, Le Berger, entretient avec Lucie, sa proie.
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Le Berger

Je viens de finir de lire et de rédiger mon avis sur A l'ombre des loups d'Alvydas Slepikas, j'enchaîne avec Le berger, tout à fait par hasard. À croire que la vie n'est qu'une histoire de chasse, de domination et de prédation. Pour rester dans le domaine de ces canidés, s'il y a bien un phénomène qui me fait horreur, sur le plan de l'homme cela va sans dire, c'est celui des meutes et ce roman en est l'illustration parfaite. Le thème des sectes, on peut se dire que c'est un sujet vu et revu. Et pourtant, ce roman est incroyablement prenant, pour peu, on se laisserait embrigader par les illuminés en question, pour peu que l'on soit fragile ou que l'on traverse une phase difficile, à l'image de Lucie au cœur de cette malheureuse aventure.



C'est une histoire que je suppose un nombre trop élevé d'entre nous ont vécu et en sont sorti traumatisés, d'autres sont encore pris dans les filets de ces gourous, d'autres en sont même morts. La qualité du roman ne repose pas tant sur sa trame narrative, je crois que c'est une histoire d'endoctrinement, tellement courante qu'elle en devient banale, chacun d'entre nous a pu voir un reportage ou a pu lire précédemment les témoignages de ceux qui en sont sorti. Lucie la victime n'a rien de spécialement remarquable : elle est seulement une jeune femme très peu liante, un peu seule, sans compagnon vraiment fixe, des parents un peu trop occupés par leur propre existence pour vraiment s'inquiéter de celle de leur fille, une fille empreinte d'une certaine mélancolie, qui s'est laissée un peu trop envahir par la routine du travail, dans un petit musée. Mais la jeune femme est marquée par un manque de lien social, d'attention, une faille émotionnelle, elle possède donc une personnalité encline à se laisser entraîner dans un cercle de faux-semblants. Le talent d'Anne Boquel va se greffer à cette histoire et va s'illustrer dans les détails du mécanisme d'endoctrinement.



Car c'est tout l'enjeu de ce roman et de l'écriture si fine et précise de l'auteure : décortiquer les fragilités des victimes, de leurs manques en tout genre, d'une certaine fragilité existentielle, que le Berger, l'un de ces prédateurs, sait parfaitement repérer et exploiter. Pour cela elle déploie tout un panel de personnages qui ont eu la faiblesse d'accorder trop facilement leur confiance. Lucie mais aussi Véronique, Arthur ou Mariette. Avec le même talent, Anne Boquel épluche le processus d'intégration et de l'emprise progressive, qu'un homme cachant de bien mauvaises intentions derrière son charisme et son aura, grâce à laquelle il vampirise ses victimes consentantes. Et c'est bien ça le drame, d'une fille intelligente et rationnelle, le berger le bien nommé en fait une voleuse. Ce qui m'a le plus marqué peut-être, c'est la façon dont le regard de Lucie évolue, s'obscurcit, en considérant d'abord le gourou d'abord comme un homme repoussant puis comme une figure sainte. L'exploitation des failles à travers des apparences trompeuses d'amitié, de bonté, de bienveillance donneraient presque des airs de fête du village à ces réunions. Elles-mêmes se transforment vicieusement en un club fermé ou les places se méritent et chacun est prêt à se battre pour la sienne au soleil auprès du Berger.



Sous la plume habile de l'auteur, le rêve devient un cauchemar qui n'en finit pas. Le malaise que le lecteur peut ressentir, que j'ai ressenti, va croissant à mesure que les personnages abandonnent leur propre volonté, leur vie et cèdent à l'emprise avilissante que les figures tutélaires exercent sur eux sans vergogne ni remord. J'ai frémi pour la pauvre Lucie, sachant ou plutôt supposant le nombre de personnes qui ont été dans la situation de Lucie. Car à un moment donné, cette emprise se double d'un affaiblissement redoutable qui finit d'achever les dernières résistances de la victime. Pas de temps mort dans ce roman, la tension va crescendo jusqu'au point final de non-retour. Encore une fois, Anne Boquel excelle à y décrire les étapes progressives qui mènent à la soumission complète de l'endoctriné au sein de leur secte.



De là où nous sommes, avec le recul qui est le nôtre, il serait tentant de juger Lucie qui glisse tellement facilement dans cette communauté, qui évidemment l'accueille à bras ouverts. Mais Anne Boquel use de la focalisation interne justement pour comprendre les mécanismes de sa pensée, qui la font progressivement quitter sa réalité. Le Berger éponyme, nous ne le voyons justement qu'à travers les yeux de Lucie, qui occupe cependant la totalité du roman, est paradoxalement présenté comme sujet du récit. Le Berger, s'il est manipulateur et mauvais, on s'en doute bien, a davantage attiré mon attention par la capacité qu'il a à réunir et unifier les gens autour de lui. L'écriture d'Anne Boquel, très précise dans son attachement à disséquer le processus de sectarisation, présente les techniques de manipulation, la fraternité, l'entraide, l'intérêt alternant avec désintérêt, et ses étapes successives : approche, séduction, persuasion, aliénation.



Je me suis laissée prendre par ce récit quasi-hypnotique, où cette gentille et honnête Lucie, un peu banale, mais posée et intelligente, se laisse entraîner dans un destin qu'elle avait tout pour éviter. C'est à la fois criant et effrayant de vérité, effroyable de constater à quel point la ligne de l'emprise peut-être vite franchie, celle qui fait de vous un être aliéné, qui a perdu toute capacité à réfléchir par vous-même. Il est effarant de constater à quel point on peut se laisser trop facilement bernés par certains qui dissimulent trop habilement leur vicissitude derrière de faux-semblants.



Je remercie les Editions du Seuil et Babelio pour la découverte de ce beau roman!

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Le Berger

ème de couv' : "Lucie est conservatrice d’un petit musée de l’Oise. Rien ne va vraiment mal dans sa vie, rien ne va vraiment bien non plus. Le jour où une amie l’embarque dans un groupe de prière, son existence prend une couleur plus joyeuse. Elle se sent revivre. D’autant que le Berger et maître à penser de la communauté lui fait intégrer le cercle restreint des initiés. Sans le mesurer, elle consacre bientôt toute son énergie à la Fraternité, négligeant son entourage. L’incompréhension gagne ses proches, qui, désarmés, la voient s’éloigner d’eux. Mais, lorsqu’ils s’en inquiètent, leurs questions se heurtent au silence.

Dans son désordre enfiévré, jusqu’où Lucie poussera-t-elle le zèle ?"



MON AVIS: J'avoue que le début de cette histoire m'a semblé assez fade, commun et peu entrainant. Et puis au fil des pages, ce style totalement dépouillé m'a emmené au plus profond de l'âme de Lucie. Et c'est assez effrayant et angoissant en fait car j'ai vu sous mes yeux se dérouler le mécanisme de l'endoctrinement, insidieux, sournois et profondément destructeur.

L'emprise est subtile et ne fonctionne pas vraiment sur n'importe qui. Mais il suffit que la personne soit isolée, un peu perturbée, apeurée et les serres du prédateurs se referment, en douceur d'abord et puis plus ferme si vous reprenez un tant soit peu conscience de ce qui vous arrive.

Finalement ce fut une trés bonne découverte



Merci à Babelioet à sa masse critique prévilégiée ainsi qu'aux éditions Seuil pour ce partenariat

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Les plus jolies fautes de français de nos gra..

Si vous avez des difficultés avec l’orthographe, la grammaire et la conjugaison, sachez que d’autres sont passés par là avant vous, et que certains grands écrivains sont aussi de grands auteurs de… fautes de français ! Ce livre est une amusante et réjouissante compilation des erreurs et des bourdes commises par les auteurs célèbres, comme Victor Hugo, Honoré de Balzac ou encore Jules Verne (qui, dans une lettre à ses parents, évoque par exemple des « maisons criblées […] de bal », confondant ainsi le mot bal avec son homonyme balle, et oubliant, en outre, de mettre au pluriel le mot erroné !)…
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Le Berger

A 29 ans, Lucie se cherche dans une vie sans saveur.

Bien qu'elle exerce un métier qu'elle aime et dans lequel elle s'investie pleinement, rien d'autre ne la fait vraiment vibrer.

Elle a peu d'amis, plus de compagnon, la relation qu'elle mène avec ses parents est tout juste cordiale. On dirait presque que Lucie n'est pas faite pour ce monde.

Elle a une très faible estime d'elle même et c'est surement ce peu de confiance en elle qui la rend discrète, quasi invisible.

Sa collègue Mariette de son côté, semble affronter la vie plus paisiblement malgré ses tracas personnels. Et ça, c'est depuis qu'elle a rejoint "un groupe de parole" : La Fraternité.



Elle invite Lucie à se joindre à elle pendant les sessions de prières.

Enfin ! Lucie fait partie d'un groupe, se sent à sa place.



Vous le comprenez, dans ce premier ouvrage @anne.boquel nous fait entrer dans l'intimité d'un groupe sectaire.

Après avoir cerné le personnage de Lucie, jeune femme vulnérable et perdue, nous imaginons que la nouvelle énergie qu'elle découvre en elle depuis sa fréquentation du groupe de prière ne peut mener à rien de bon.

A travers ce récit, l'autrice va lever le voile sur le processus d'endoctrinement des sectes pour contrôler leurs fidèles.

Petit à petit, Lucie va vouer sa vie à la communauté et surtout au Berger (le leader).

Elle va suivre le processus d'adhésion religieusement jusqu'à être enfin acceptée. Se sentant enfin pleine, au cœur d'un groupe qui vient en aide aux âmes égarées, sans savoir qu'elle perd déjà le contrôle sur la vie, la vraie.



Régime alimentaire strict, privation de sommeil, alors que Lucie pense que toutes ces restrictions sont bénéfiques pour être au plus près de Dieu, nous comprenons qu'un individu carencé, désorienté et fatigué n'en devient que plus malléable.



Jusqu'où Lucie va-t-elle aller pour le Berger ?

Va-t-elle ouvrir les yeux ? Ecouter ses proches qui se questionnent ?

C'est sous apnée que les pages se tournent. On a autant envie que Lucie se réveille que de savoir jusqu'où la Fraternité va la mener. Un sujet intéressant et bien traité qui nous fait comprendre qu'il en faut si peu pour basculer.
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Le Berger

🕯 « Lorsque je vous vois, frères et sœurs, je vois l’Ennemi qui tente de vous détruire, et je vois Dieu qui vous tend les bras pour vous sauver. Je crois en vous, frères et sœurs, et je n’abandonnerai cette mission que lorsque vous tous serez sauvés. » (p.33)



🕯Lucie est une jeune femme qui a perdu le goût de la vie. Elle n’a pas vraiment d’amis, ses parents l’ennuient et son travail ne la passionne pas outre mesure. Alors, quand sa collègue Mariette lui parle de ces « réunions » religieuses, bien que récalcitrante au début, Lucie finit par céder et se rend à sa première réunion. Très vite, elle est embarquée dans un engrenage qui la dépasse, savamment mené par le Berger : il est la voix de Dieu et parle en son Nom, et ceux que Lucie appellera désormais ses frères et sœurs lui vouent un culte démesuré, total. Ceux qui refusent d’obéir sont bannis ; ceux qui sont sages et raisonnables sont récompensés. Et Lucie découvrira à quel prix ...



🕯 Si le thème de l’endoctrinement m’a séduite, la manière dont l’auteure a abordé le sujet ne m’a malheureusement pas convaincue. Trop superficiel, sans jamais vraiment développer la torture psychologique que ce genre de secte peut créer, je n’ai jamais réussi à me passionner pour cette histoire, ni même à ressentir quelque compassion que ce soit pour cette pauvre Lucie. Déception, donc, car tout est trop survolé pour moi.



🕯Si ce thème vous intéresse, je vous conseille « Par le feu » de Will Hill, qui explore avec brio le trouble psychologique généré par le gourou d’une secte sur une adolescente, ou encore « Éden Spring » de la grande Laura Kasischke qui romance la véritable histoire d’une secte des États Unis à travers des articles de presse qu’elle a réunis.

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Le Berger



Lucie n’a ni une vie exubérante ni merveilleuse. Elle vivote tant bien que mal entre son travail de conservatrice et son appartement. Côté sentimental, sa dernière relation bat de l’aile. Côté familial, la relation avec ses parents est instable, voire conflictuelle par moment. Elle n’a jamais sur trouver sa place. Lucie commence à s’ennuyer et tombe progressivement dans un accablement dont elle a du mal à immerger. Lucie n’est pas le genre de femme expansive et n’aime pas déblatérer sur sa vie monotone. Son amie et sa collègue du musée, Mariette, lui propose de participer à un groupe de prière.

Jusqu’à présent, elle ne s’est jamais questionnée sur la religion. Ni athée, ni pratiquante, ce domaine-là ne lui est pas familier. Cette première réunion se déroule dans un brouillard déconcertant. Décontenancée par l’étrange et mystérieux Berger, par l’engouement des fidèles, elle ne s’avoue pas convaincue mais pas non plus repoussée. La curiosité l’emporte, elle se rend ainsi aux autres rencontres. Puis une sorte de magie s’opère, les prières, la manière de vivre correspondent aux attentes de Lucie. Poussant l’introspection bien plus loin, elle intègre le cercle très fermé des fidèles. Ainsi commence la nouvelle vie de Lucie avec un regard nouveau sur ses attentes personnelles et morales. L’aide fraternelle, financière s’ajoutent à tout ses efforts. Peu à peu apparaît une Lucie décharnée, envoûtée par le Berger (voire amoureuse), manipulée et toujours poussée vers des limites innommables. Une chute cruelle où, seule, elle pourra s’en sortir.





Le sujet des sectes est largement répandu dans la littérature. Ce n’est donc pas la première fois que je l’aborde au cours de mes lectures. Anne Boquel propose un roman axé sur les émotions du personnage principal. Accentuée, la descente en enfer est insidieuse et véritablement bouleversante. Tous ces sentiments mis en exergue, reflètent l’état émotionnel et instable de Lucie. La frontière est réellement floue entre la manipulation psychique, l’enrôlement et la volonté propre due au libre arbitre de l’héroïne. Anne Boquel suit un schéma simple et terriblement efficace des quatre grandes phases de l’endoctrinement qui sont l’approche, la séduction, la persuasion et l’aliénation. Ces dernières sont remarquables tout au long du roman. Je sors de cette lecture terriblement mitigée. A mon sens l’auteure a survolé le sujet sans véritablement exercer un certain développement du personnage. J’ai eu cette impression de rester en surface du thème. Finalement il n’y a rien d’hors norme, d’atypique. La présence des parents est quelque mise de côté et le rôle masculin « du sauveur » n’apparaît qu’à la fin et encore minimisé. Un léger goût d’inachevé même si toutefois le personnage de Lucie est remarquable tout comme la mise en scène. Un scénario vraiment trop simple pour cette thématique conséquente. Mais souvent la simplicité suffit à faire réagir et à apprécier le sujet à un lecteur novice.
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Le Berger

Lucie est plutôt solitaire, conservatrice dans un petit musée de l’Oise. Elle voit sa vie ordinaire et sa routine un peu changée par une rencontre et par le sermon de celui qui se fait appeler le berger.

C'est un bien être qu'elle va trouver au sein d’une fraternité.

Elle rencontre des personnes qui étaient à la dérive que la fraternité a sauvées. Cette fraternité est menée par le charismatique berger.

Lucie passe par la consécration pour faire partie de cette fraternité qui va jusqu'à définir le régime des membres.

Le bien être et les belles rencontres se tarissent doucement, la fraternité devient envahissante, possessive.

Lucie est de plus en plus sollicitée, fatiguée, son physique change. Elle perd pied. Mais elle doit obéir malgré tout et à ses dépends.

Le côté mystique est très appuyé. Il m'est arrivé d'être mal à l'aise.

J'avoue que je ne connais pas ces milieux mais toute la dimension de ce qu’on peut appeler une secte a été bien cernée et exploitée par l'auteur. Je dois reconnaître le talent de l'écriture qui mène l'histoire avec fluidité.

Si je ne connais pas beaucoup de choses sur les sectes, j'ai trouvé l'histoire immersive, l'inquiétude monte, les choses qui paraissaient belles au début laissent place à un monde terrifiant. J’ai été agréablement surprise.

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Le Berger

A 29 ans Lucie, conservatrice dans un petit musée d'art religieux, est déjà lasse d'une vie sans entrain, plate et banale. Entraînée par une amie et collègue à assister à la cérémonie d'un groupe évangélique, elle y est accueillie si chaleureusement par les "petits frères" et les "petites sœurs" qu'elle finit par intégrer la Fraternité. Là, elle va retrouver énergie et bien être, s'investir de plus en plus au point d'être "élue" par le Berger...

Le glissement progressif dans un mouvement sectaire a déjà été raconté, mais on vit ici les choses du point de vue de Lucie, et jamais par exemple du point de vue de son entourage, on ne sait donc jamais à quel point celui-ci s'est inquiété ni ce qu'il a entrepris pour la sortir de là. Ce que l'on sait en revanche, c'est à quel point l'amour grandissant, pur et désintéressé, de Lucie pour Thierry, le maître de la Fraternité, l'aveugle au point de ne pas réaliser l'engrenage dans lequel elle est maintenant coincée jusqu'à mettre son emploi, sa famille, sa santé, sa vie en péril, ni l'emprise psychologique dont elle est la victime. Il est parfois difficile de comprendre comment l'homme, dont la description est tout sauf séduisante, arrive avec ses manières doucereuses à fasciner, à embrigader voire même à provoquer des rivalités entre ses adeptes, mais c'est le propre des manipulateurs de savoir repérer des personnes souffrant d'un vide, même temporaire, et de s'engouffrer insidieusement dans leurs failles. Si j'ai trouvé que le personnage de Lucie manquait un peu d'épaisseur, nous empêchant de nous attacher à elle et nous gardant à distance, son édifiante histoire a valeur d'exemple et d'avertissement.
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Le Berger

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une opération Masse Critique Babelio en partenariat avec les Editions Seuil.

L'histoire : une jeune femme, Lucie, est conservatrice dans un tout petit musée d'une petite ville de province. Elle ne s'y plait plus trop, ça l'ennuie, on sent chez elle un vide sidéral. Dans les transports en commun, les gens l'agacent. Dans sa vie sentimentale, elle n'a pas de relations suivies, parce qu'elle les laisse s'effilocher. Elle n'a pas d'amis. Ses parents sont professeurs, mais elle ne s'entend pas avec eux. Elle ne parle qu'à sa collègue Mariette, qu'elle méprise par ailleurs. Étant née dans une famille athée, le fait que sa collègue aille dans une communauté évangélique lui semble complêtement idiot. Elle qui a été élevée dans l'athéisme a tout de même une idée de la culture catholique de par ses études d'histoire de l'art. Lorsqu'un vieil homme décide de faire don de sa collection d'objets pieux de valeur, c'est Lucie qui est chargée de les installer dans une pièce, les mettre en valeur.

Un beau jour, l'idée (sortie d'on ne sait où) d'accompagner Mariette à son groupe d'évangélistes la prend. C'est dans un hangar vide d'une zone industrielle, froide, avec des chaises en plastique, et il y a beaucoup de Sénégalais.. il y a une "masse de monde", ou une "foule massée", ou même "la masse", c'est ainsi que sont "décrits" les fidèles. Elle tombe sous le charme du Berger, un certain Thierry, et lui obéira en volant les objets religieux du musée pour les lui donner. Voilà.

Je pensais tomber sur un livre qui parlait d'une secte. C'est ce que promettait la 4e de couverture et la présentation de l'éditeur. Je crois que l'auteure n'a qu'une vision très vague des mouvements sectaires et de leurs dérives. Elle n'a visiblement pensé qu'à l'attirance d'une personne seule pour un groupe religieux, le jeûne, et le profit du leader. Je crois qu'elle a juste suivi la présentation "comment reconnaitre une secte" sur le site Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) sans plus se documenter...



Comme les dérives sectaires sont un sujet qui m'intéresse depuis toujours, je connais bien de nombreuses sectes, américaines comme celle de Jim Jones, David Koresh (Waco), les Mormons, les Témoins de Jéhovah, les cultes du Doomsday, Heaven's Gate...les adventistes, pentecôtistes et autres escrocs évangélistes.... et aussi en France : toujours les Témoins de Jéhovah, les Enfants de Dieu, le Temple du Soleil. le Mandarom, Raël, les Béatitudes, sans parler encore et toujours des Évangélistes, ces escrocs à grand spectacle, etc.

Cette lecture a été un vrai pensum. Un purgatif. Lucie, le personnage principal est vide, creux, et encore je suis gentille. Dans la "masse" indistincte des personnages, il y en a 4ou 5 dont on fait la connaissance, et pareil, aucun relief, aucune épaisseur. le "berger" est "émacié" et sa peau est "jaunâtre", et on veut me faire croire qu'elle a été séduite le jour même ? Il n'y a pas de mécanisme d'emprise décrit, pas de description des chants, de l'ambiance, pas de sensation de piège qui se referme. L'auteure passe son temps à s'emmêler les pinceaux et dire tout et son contraire dans une seule page. Il y a des tics d'écriture du genre "elle avait le sentiment que", et aussi des adjectifs en négatif, comme " n'était pas sans charme", "n'était pas dépourvue d'efficacité", " parlait sans conviction"... On n'a aucun "enseignement" du Berger, car les sessions de prières sont en général de grands et interminables sermons et envolées plus ou moins lyriques, plus ou moins menaçantes, dans les cas de gourous... là, rien. Dieu qui devrait être au centre de ces prières et des sermons du Berger est vraiment, vraiment peu présent.

Ce n'est pas crédible, cette histoire, pas du tout. Les bras m'en tombaient. Aucune ambiance, les personnages sont totalement insipides, les décors, rien, aucune tension, aucun suspense, aucune scène qui semble réaliste, encore moins à la fin. D'ailleurs, l'auteure va même jusqu'à nous faire un sacrifice humain à la fin !!!! Alors qu'aucune violence ne transparait à aucun moment dans le récit. le personnage, amoureux du Berger, est enfin exaucé, il veut la prendre pour maitresse, et ensuite, l'auteure va nous parler de viol, à la fin. le style est affreux, c'en est effrayant. C'est plein de bouts de phrases absconses comme "penser sans aménité"..... Lucie, l'"héroine", "tressaille" un nombre incalculable de fois. Elle est détestable, molle, jalouse, niaise, etc. J'ai souffert mort et passion pendant toute cette lecture, tant c'était creux et mal écrit.



J'ai très récemment vu un beau film sur le sujet, qui s'appelle "Les Eblouïs", et je peux vous dire que ce brave Jean-Pierre Darroussin est bien plus crédible en "Berger" que le personnage du livre d'Anne Boquel. Et ça, c'est fort !

Mon conseil : économisez votre argent en n'achetant pas ce livre.


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Le Berger

Je remercie Babelio, Masse Critique et les Editions du Seuil pour l’envoi de ce roman.



Anne Boquel a publié plusieurs essais sur la littérature et les écrivains. Elle signe ici son premier roman que j’ai trouvé particulièrement réussi.



Le personnage principal, Lucie, est conservatrice d’un petit musée de province consacré à l’art religieux. Sa vie est plutôt morne et solitaire, son dernier petit ami venant de rompre. Elle n’a pas d’amis, entretient des relations sans véritable chaleur avec ses parents.



Sa collègue de travail, Mariette lui propose un soir de l’accompagner à la soirée de prière de la Fraternité qu’elle fréquente depuis peu. Lucie se laisse convaincre mais regarde d’un oeil critique le hangar vide et froid, la composition de l’assemblée venue écouter « le berger »,



Lorsque celui-ci monte sur scène et commence à prêcher, Lucie ressent une répulsion :



« Un grands corps mince, qui bougeait d’une façon saccadée, maladroite et un peu ridicule. Lucie le trouva déplaisant. Elle n’identifiait pas bien ce qui la mettait mal à l’aise. Le visage émacié, très pâle, tirant sur le jaune, ou bien quelque chose dans ses yeux, trop fixes, trop brillants. Et cette voix douce, presque susurrante, cette façon un peu trop convenue de dérouler ses phrases ; un manque de spontanéité qui éloignait un peu. (…) Malgré elle, elle écoutait, saisissant des bribes au vol : Lorsque je vous vois, frères et soeurs, je vois l’Ennemi qui tente de vous détruire, et je vois Dieu qui vous tend les bras pour vous sauver. Je crois en vous, frères et soeurs, et je n’abandonnerai cette mission que lorsque vous tous serez sauvés. (…) Elle lui trouvait décidément une drôle de figure, des yeux trop bleus dans un visage émacié, avec cet air d’exaltation qui lui avait déjà déplu tout à l’heure. A chacun, il s’adressait d’une voix douce, presque caressante, qui n’était pas sans bonté. Il paraissait heureux, grave et recueilli à la fois. »



On dit souvent que la première impression est toujours la bonne. Lucie aurait dû écouter son instinct et ne plus revenir à la Fraternité. Mais sa solitude la fragilise et elle a l’impression de trouver de la chaleur humaine au milieu des frères et soeurs. Et puis, le berger va finir par exercer une attraction sur la jeune femme.



Lucie sera alors complètement sous l’emprise psychologique, puis physique du berger.



Anne Bloquel décrit fort bien les mécanismes mis en place par ce genre d’individus pour repérer les failles psychologiques des autres afin de s’y engouffrer et profiter d’eux financièrement et sexuellement.



Dès les premiers pages, le lecteur est happé par cette histoire et a envie de savoir qu’elle en sera la finalité pour Lucie.



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