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Critiques de Anne Cheng (14)
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Hériter, et après ?

Réunir une flopée d’intellectuels et développer une notion, c’est le pari de ce livre. Réussi car s’appuyant sur une rencontre nommée Forum Philo ayant eu lieu en 2016 et réunissant ces contributeurs et bien d’autres sans doute... C’est donc bigrement intéressant, profond comme on peut s’y attendre, même si le niveau et l’intérêt que l’on peut porter à certains apports s’avèrent inégaux. Un petit trait d’humour : il manque juste la vision d’un économiste pour circonscrire entièrement le périmètre de l’analyse. Un Piketty ayant de remarquables idées sur la question aurait clôt l’affaire. Mais il est vrai que le focus de cet essai se situe plutôt du côté culturel et civilisationnel.

Du « legs » inquiet de Renouard pour qui la langue est primordiale : « à chaque fois que nous perdons une forme, un temps verbal, nous perdons une nuance dans la façon de dire le monde ; à chaque fois que nous adoptons sans examen un mot de l’anglobish, nous diminuons la capacité d’invention de la langue, qui est notre principal et plus précieux héritage, puisque c’est par lui que nous pensons » à l’engagement culturel de Chantal Del Sol : « Les théories postmodernes de l’individu sans héritage ne valent même pas la peine d’être récusées, tant elles sont hors-sol, et discourent sur un monde qui n’existe pas. La récusation de tout héritage particulier pour gagner la liberté entière (par exemple : nous ne lui apportons aucune croyance, il choisira quand il sera grand) est un leurre manifeste. L’enfant apprend à aimer à travers l’amour imparfait qu’il porte à ses parents, il apprend à croire en adhérant pour commencer aux croyances de ses parents, il apprend à parler à travers la langue dite maternelle, etc. Tout apprentissage se réalise à travers un héritage particulier, donc imparfait, partiel et partial, subjectif. »

en passant par Mona Ozouf et la révolution française qui souligne que « la nation est faite de la longue sédimentation des habitudes communes » ainsi que la très belle interrogation de Anne Cheng sur le cas contemporain de la Chine : « sur l’ère actuelle de la prétendue « post-modernité », force sera de constater que l’opération en cours de réappropriation du passé et d’invention d’une « spécificité chinoise » sert en réalité à entretenir l’amnésie d’un passé récent » , ce tour d’horizon des différents questionnements relatifs à ce que nous sommes, à ce que nous souhaiterions que nos enfants soient, aux systèmes d’organisation pouvant permettre cette dualité du passé/futur émancipatrice est vraiment très bien questionné ici.

La conclusion est laissée à Pierre Rosenvallon qui rappelle fort à propos : « L’Europe a été le continent des totalitarismes. Réfléchir à la démocratie, c’est donc réfléchir à cet héritage problématique, tant à cause du flou de ses définitions que du fait de ses perversions. Cela veut dire une chose fondamentale : personne ne possède l’idée de démocratie. Personne ne peut dire : je sais ce que c’est que la démocratie. ». Pour éviter le piège de la dictature, qui naît bien souvent d’une mauvaise interprétation de l’accomplissement ultime de la démocratie, Pierre Rosenvallon met en garde « Si on veut être un bon « apprenti » en démocratie, il faut donc être extrêmement vigilant et comprendre qu’une critique, même radicale, doit aller de pair avec la reconnaissance du fait que c’est à l’intérieur de ce système qu’il faut travailler et non pas contre lui. »

A bon entendeur salut !

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Histoire de la pensée chinoise

Essai plutôt difficile à lire si tu n'as pas d'avance de bonnes bases en mandarin/culture chinoise. Je n'ai pas tout compris mais j'en ai tout de même beaucoup appris.



J'aurais aimé qu'y soit abordé la mythologie chinoise et du rôle qu'elle a joué dans l'avancement des idées.
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Penser en Chine

Passer des "Ecrits sur la Chine" de Simon Leys à "Penser en Chine", recueil d'essais réunis par Anne Cheng, c'est changer de monde et d'époque. Les écrits de Simon Leys sur le communisme chinois étaient faits par un auteur savant, cultivé, lucide et maîtrisant son sujet. Il n'était pas seulement sinologue, il avait aussi une vaste culture générale. L'ouvrage collectif (ou, comme écrit Anne Cheng dans sa préface, "le collectif réuni avec la complicité d'Eric Vigne") intitulé "Penser en Chine" donne d'abord à voir le désastre culturel subi par l'université occidentale. Bien sûr, les auteurs ont toujours de vastes connaissances, mais restent enfermés dans des spécialités aux frontières étanches, dont ils pratiquent le jargon (celui des sciences dites humaines) avec un enthousiasme pesant. Ce langage est d'ailleurs moins scientifique (les sciences, même humaines, ont besoin d'élaborer un langage propre) que journalistique, et témoigne de l'insouci absolu de toute clarté, de toute accessibilité et de tout agrément. Bien sûr, ces gens sont bardés de diplômes, et Anne Cheng a son rond de serviette à France Culture (est-ce une recommandation ?) et aux éditions des Belles-Lettres, où elle dirige la collection bilingue des classiques chinois. Cette foule de personnes titrées de l'EHESS , sociologues, anthropologues, historiens (historiens de quelque chose, jamais seulement historiens, ce qui en dit long) suffit à prévenir le lecteur de la qualité du langage et de la pensée de ce gros volume. On n'a accès à la pensée que par le langage, et qui s'exprime mal pense mal. Qui parle par clichés, pense par clichés.



Le titre est trompeur : "Penser en Chine" pourrait laisser croire à un tableau de la pensée chinoise, de la philosophie, de la littérature chinoises, telles qu'on espère qu'elles se sont relevées de leurs cendres après le communisme génocidaire maoïste. Après tout, les livres de Simon Leys les plus politiques parlent aussi de Lu Xun. Rien de tel ici : la "pensée en Chine", dans la première et la deuxième parties de l'ouvrage, est un "décryptage" (comme on dit à France-Culture) du "récit national" et des réécritures modernes de l'histoire en Chine. La "pensée" se confond pour ces auteurs avec l'idéologie et la propagande et ne révèle que les sombres menées du Parti Communiste dans les universités. Rien d'autre, rien de plus. Plus de littérature. Plus de philosophie. (Pour combler ces lacunes, on trouvera sur internet, par exemple, la magnifique thèse de Junxian Liu, "Poétique de la mort chez les poètes chinois suicidés, de Haizi (1964-1989) à Chen Chao (1958-2014)"). Nous devons cette misère culturelle, cette confusion de l'idéologie et de la pensée, au néo-marxisme qui pèse sur l'occident comme sur la Chine. Il est plaisant d'ailleurs de voir décrypter par de graves professeurs d'université les manipulations culturelles du pouvoir chinois, du haut de leur chaire, en des établissements de recherche et d'enseignement en proie à la Cancel Culture, à l'idéologie Woke et à une correction politique au moins aussi autoritaire qu'en Chine même.



Les troisième et quatrième parties relèvent plus de la géographie et de la description économique et politique, que de la "pensée" au sens humaniste du terme. Cette seconde moitié de l'ouvrage est très solidement documentée, à défaut d'être lisible et agréable. On y décèle un effort pour comprendre tous les problèmes théoriques que pose la Chine contemporaine : la tyrannie communiste a libéré l'économie, et fourni à la population de quoi vivre et s'enrichir, au lieu de la réduire à la famine comme dans les années 50 et 60. Ce communisme est fortement nationaliste, ce qui est très mal d'un point de vue occidental. Donc, on se penchera dans le livre sur le sort malheureux des musulmans du Xinjiang, où la rumeur de génocide vaut certitude (mais rien à ce propos sur le Tibet). Rien non plus sur les pratiques impitoyables, néo coloniales, de ce régime en Afrique. Ce point, bien entendu, subit le même sort que la littérature et la poésie : il est passé sous silence. Oublions enfin les essais nébuleux comme "Enquêter ensemble sur ce qu'on peut penser", qui semble inspiré par un IUFM de province, ou sur "L'invention du cinéma chinois" écrit par une dame qui n'a pas regardé avec attention les films dont elle parle.



Ce livre agaçant et inégal ouvre donc des perspectives intéressantes au lecteur qui sera capable de le lire attentivement et d'en tirer profit, s'il en oublie le titre, les silences et les tares.
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Histoire de la pensée chinoise

Comme le dit Simon Leys, sinologue de longue date, dans l'introduciton de ce livre : "C'est seulement quand nous considérons la Chine que nous pouvons enfin prendre une plus exacte mesure de notre propre identité et que nous commençons à percevoir quelle part de notre héritage relève de l'humanité universelle et quelle part ne fait que refléter de simples idiosyncrasies indo-européennes."

Et qui mieux que la fille de François Cheng, normalienne de surcroît, pourrait nous faire apercevoir les arcanes d'une vision du monde tellement différente de la nôtre ?

Evidemment, cela ne se lit pas comme un roman, mais c'est vraiment enrichissant.
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Histoire de la pensée chinoise

La cible est atteinte, le contrat est rempli. Dès l'introduction, ce livre se fixe comme but d'offrir un panorama, des cadres de références, une large introduction à la longue histoire intellectuelle chinoise.

Et c'est chose faite. L'érudition et la plume d'Anne Cheng, qui sait parfois expliquer des choses compliquées avec clarté, fait le pont en deux mondes mentales.

Ce livre apporte une réelle connaissance de la réalité qui se cache derrière des icônes globales que sont Confusius, Laozi, le Ying et le Yang, le Qi, le Dao et bien d'autres, loin de la vulgate new age tendance développement personnel, de la nouvelle propagande du régime de la république populaire en mal de légitimation, les films et les animes d'art martiaux et l'orientalisme romantique désuet.

Plus que de la ramener entre la poire et le dessert aux diner de famille, ce livre vous permet de découvrir l'inconscient d'une puissance montante.
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Histoire de la pensée chinoise

savoir envisager la culture chinoise avec un tout autre point de vue, celui de ceux qui savent pour en parler
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Penser en Chine

Masse critique mars 2020 - Merci aux éditions Gallimard pour ce deuxième livre reçu depuis mon inscription sur ce site, datant d'il y a une année !



"Penser en Chine" est un recueil de textes sur la question de la pensée. Le nom est préférable au verbe car la lecture nous renseigne sur différents sujets et non une globalité, qui m'a en tout cas échappé. En tant que lecteur débutant sur cette question, cet ouvrage me semble plus une compilation de textes, certains s'éloignant de la question centrale. Tel un orchestre, chaque partie est un instrument : certains sont audibles, d'autres insaisissables, rendant le tout énigmatique pour un auditeur curieux. J'applaudis l'érudition ; les musiciens sont experts en la matière, sauf pour avertir qu'un certain niveau de culture est exigé avant de les écouter



J'ai trouvé ainsi cette lecture disparate, avec des passages très pédagogiques et intéressants (avec des sujets qui résonnent plus en moi, comme le système de Crédit social, le Xinjiang chinois ou la marginalisation des intellectuels d'élite). D'autres sont des partitions de lettres, voire des tintamarres, qui s'assemblent et donnent le vertige sur mon inculture totale, ne laissant qu'une note amère sur une assourdissante incompréhension...
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Penser en Chine

J'ai toujours pensé à la Chine avec ce sentiment paradoxale unique la concernant. Le résumé de ce livre exprimait ce que je ressentais. Ça me paraissait évident de le lire afin de comprendre pourquoi son histoire et ses grands penseurs me fascinent tandis que la Chine actuelle et ce qu'il s'y passe m'effraie. Autant vous le dire, il ne faut pas se fier au résumé.



J'en suis moi-même navrée mais j'ai abandonné ma lecture. Pourtant, j'ai insisté me disant que je finirai bien par le comprendre ou que quelque chose se passerait. Ce livre n'est pas fait pour les personnes n'ayant pas de connaissances sur la Chine. J'en ai très peu me concernant et il m'a été difficile de le lire au point de l'abandonner. Je lisais un passage pour l'oublier le lendemain. De ce fait, il m'a été impossible de le continuer. Cet essai est fait pour des personnes vraiment calé sur la Chine et s'intéressant à la géopolitique.



En bref, ce livre n'est pas fait pour tout le monde. Avec moi, c'est perdu mais je pense qu'il doit être passionnant pour les personnes intéressées.
Lien : https://lessortilegesdesmots..
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Les grandes civilisations

Ce livre est particulièrement intéressant car il touche avec une pointe de savoir d'illustres professeurs du Collège de France sur les grandes civilisations du passé: les mythes de l'Eden, l'Egypte, Rome, la Chine, La Gaule de Vercingétorix, les civilisations amérindiennes et l'Orient arabe.

Ils nous font réfléchir sur divers aspects et quelles empreintes nous ont laissé ces civilisations; un exemple, connaissiez-vous le sens profane du mot paradis? Moi pas.

"Un paradis au sens propre est un jardin oriental pour palais de princes"; et si on va plus loin, le terme grec est un mot d'origine iranienne qui signifie "espace muré". Ou bien l'origine de l'écriture chinoise est divinatoire, le livre des mutations (Yi King), c'est à partir de la combinaison de deux traits (les fameux ying/yang) que se construisent les idéogrammes.

Une foule de détails aussi passionnants les uns des autres afin de reconstruire le mouvement des civilisations.
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La pensée en Chine aujourd'hui

Dans cet ouvrage collectif, deux chapitres sont à ne pas manquer : « Pour en finir avec le mythe de l'altérité (Anne Cheng) » et « De Confucius au romancier Jin Yong » (Nicolas Zufferey).



Lors d’une conférence intitulée « La Chine pense-t-elle ? », Anne Cheng indique "qu’il est de bon ton aujourd’hui de se gargariser de « dialogue entre les cultures », sans doute une manière quelque peu angélique de contrer le discours belliqueux sur le « choc des civilisations »".



Elle ajoute que ce type de comparatisme tend à « muséifier » la pensée chinoise et à la réduire au rôle de « l’autre » comme terme de comparaison pour mieux la sommer de répondre à des questionnements qui ne lui sont pas propres ».



J'apprécie beaucoup son approche, qu’elle décrit de la manière suivante : "j’aime me déplacer, aller et venir, circuler d’un bord à l’autre, avant même de comparer. Au pseudo-dialogue, je préfère les conversations à plusieurs. Plutôt que l’altérité qui fige le vis-à-vis, je recherche les différences qui saisissent les choses dans les couleurs et dans le mouvement mêmes de la vie, cette vie à laquelle il nous faut toujours revenir".



Dans le chapitre « De Confucius au romancier Jin Yong », Nicolas Zufferey s’interroge sur les relations entre démocratie et confucianisme. Pour lui, le confucianisme ne favorise ni s’oppose au régime démocratique.



L'auteur évoque une comparaison très intéressante entre un européen qui a tendance à appréhender l’homme « tel qu’il devrait être » et un chinois qui le perçoit davantage « tel qu’il est ».



Pour conclure, je recommande vraiment la lecture de l’article « Contre François Jullien, Réflexions sur le mythe de l’altérité de la Chine» de Jean-François Billeter. Ce dernier montre combien la « différence chinoise », souvent présentée dans une perspective essentialiste, est avant tout une idéologie élaborée par un système impérial, aujourd’hui bien instrumentalisée par le gouvernement.
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Histoire de la pensée chinoise

Quelle anthologie que celle ci, si exhaustive, riche en littérature et philosophie. Il peut paraître ardu pour un non initié de suivre et de comprendre les différentes étapes et l'evolution de la pensée chinoise depuis l'antiquité jusqu'à la révolution mais le jeu en vaux la chandelle! C'est plus qu'un débroussaillage mais cela peut le rester si on se laisse porter par les explications bien construites de l'auteure. La bibliographie est incroyable et a le mérite de vouloir prolonger l'aventure et de l'intensifier.
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Penser en Chine

Un ouvrage important pour comprendre la Chine contemporaine. Anne Cheng fournit un résumé opportun des contributions, qui permet au non-spécialiste de choisir sa lecture, qui n'a pas besoin d'être exhaustive. Le chapitre de Séverine Arsène est particulièrement bien documenté pour rappeler ce qu'est exactement le système de crédit social si critiqué en Europe.
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Penser en Chine

Ce livre, avec une promesse assez séduisante (ne pas s'arrêter ni aux clichés véhiculés par les médias occidentaux, ni à la fable racontée par le parti communiste ce afin de mieux comprendre la Chine), rassemble plusieurs prises de paroles (environ 15) de spécialistes de la Chine.

Si il y a des éléments très intéressants pour mieux saisir la Chine, je ne vais pas y aller par 4 chemins : ce livre est incroyablement mal écrit (ok chaque "spécialiste" ne se promeut pas écrivain, mais il y a quand même une limite à ne pas franchir : un élève de lycée saurait mieux maitriser l'écriture) et cela le rend totalement inaudible.

Le langage est confus, on ne saisit pas le sens de l'écriture, il n'y a que très peu de cohérence même au sein d'un même chapitre. Peut être est-ce du à la traduction ?

Bref : je recommande fortement de ne pas lire ce bouquin, un des pires que je n'ai jamais lu dans le genre (et pourtant, je n'ai pas de réticences aux pavés).
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Hériter, et après ?

La question de la « transmission » et de l’« héritage » revue par les intervenants du Forum Le Monde-Le Mans de 2016.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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