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Anne Cheng (Autre)
EAN : 9782072870927
560 pages
Gallimard (04/02/2021)
3.41/5   11 notes
Résumé :
Que se passe-t-il en Chine ? Les publications se multiplient à foison sur la dictature du Parti communiste, ses ambitions, sa volonté de contrôler la pensée et d'exercer la plus sourcilleuse des censures. Mais que se pense-t-il en Chine ? L'originalité profonde de cet ouvrage collectif, qui rassemble les meilleurs spécialistes des différentes questions traitées, est de présenter au lecteur occidental les débats, enjeux, directives et chemins de traverse qui constitu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Passer des "Ecrits sur la Chine" de Simon Leys à "Penser en Chine", recueil d'essais réunis par Anne Cheng, c'est changer de monde et d'époque. Les écrits de Simon Leys sur le communisme chinois étaient faits par un auteur savant, cultivé, lucide et maîtrisant son sujet. Il n'était pas seulement sinologue, il avait aussi une vaste culture générale. L'ouvrage collectif (ou, comme écrit Anne Cheng dans sa préface, "le collectif réuni avec la complicité d'Eric Vigne") intitulé "Penser en Chine" donne d'abord à voir le désastre culturel subi par l'université occidentale. Bien sûr, les auteurs ont toujours de vastes connaissances, mais restent enfermés dans des spécialités aux frontières étanches, dont ils pratiquent le jargon (celui des sciences dites humaines) avec un enthousiasme pesant. Ce langage est d'ailleurs moins scientifique (les sciences, même humaines, ont besoin d'élaborer un langage propre) que journalistique, et témoigne de l'insouci absolu de toute clarté, de toute accessibilité et de tout agrément. Bien sûr, ces gens sont bardés de diplômes, et Anne Cheng a son rond de serviette à France Culture (est-ce une recommandation ?) et aux éditions des Belles-Lettres, où elle dirige la collection bilingue des classiques chinois. Cette foule de personnes titrées de l'EHESS , sociologues, anthropologues, historiens (historiens de quelque chose, jamais seulement historiens, ce qui en dit long) suffit à prévenir le lecteur de la qualité du langage et de la pensée de ce gros volume. On n'a accès à la pensée que par le langage, et qui s'exprime mal pense mal. Qui parle par clichés, pense par clichés.

Le titre est trompeur : "Penser en Chine" pourrait laisser croire à un tableau de la pensée chinoise, de la philosophie, de la littérature chinoises, telles qu'on espère qu'elles se sont relevées de leurs cendres après le communisme génocidaire maoïste. Après tout, les livres de Simon Leys les plus politiques parlent aussi de Lu Xun. Rien de tel ici : la "pensée en Chine", dans la première et la deuxième parties de l'ouvrage, est un "décryptage" (comme on dit à France-Culture) du "récit national" et des réécritures modernes de l'histoire en Chine. La "pensée" se confond pour ces auteurs avec l'idéologie et la propagande et ne révèle que les sombres menées du Parti Communiste dans les universités. Rien d'autre, rien de plus. Plus de littérature. Plus de philosophie. (Pour combler ces lacunes, on trouvera sur internet, par exemple, la magnifique thèse de Junxian Liu, "Poétique de la mort chez les poètes chinois suicidés, de Haizi (1964-1989) à Chen Chao (1958-2014)"). Nous devons cette misère culturelle, cette confusion de l'idéologie et de la pensée, au néo-marxisme qui pèse sur l'occident comme sur la Chine. Il est plaisant d'ailleurs de voir décrypter par de graves professeurs d'université les manipulations culturelles du pouvoir chinois, du haut de leur chaire, en des établissements de recherche et d'enseignement en proie à la Cancel Culture, à l'idéologie Woke et à une correction politique au moins aussi autoritaire qu'en Chine même.

Les troisième et quatrième parties relèvent plus de la géographie et de la description économique et politique, que de la "pensée" au sens humaniste du terme. Cette seconde moitié de l'ouvrage est très solidement documentée, à défaut d'être lisible et agréable. On y décèle un effort pour comprendre tous les problèmes théoriques que pose la Chine contemporaine : la tyrannie communiste a libéré l'économie, et fourni à la population de quoi vivre et s'enrichir, au lieu de la réduire à la famine comme dans les années 50 et 60. Ce communisme est fortement nationaliste, ce qui est très mal d'un point de vue occidental. Donc, on se penchera dans le livre sur le sort malheureux des musulmans du Xinjiang, où la rumeur de génocide vaut certitude (mais rien à ce propos sur le Tibet). Rien non plus sur les pratiques impitoyables, néo coloniales, de ce régime en Afrique. Ce point, bien entendu, subit le même sort que la littérature et la poésie : il est passé sous silence. Oublions enfin les essais nébuleux comme "Enquêter ensemble sur ce qu'on peut penser", qui semble inspiré par un IUFM de province, ou sur "L'invention du cinéma chinois" écrit par une dame qui n'a pas regardé avec attention les films dont elle parle.

Ce livre agaçant et inégal ouvre donc des perspectives intéressantes au lecteur qui sera capable de le lire attentivement et d'en tirer profit, s'il en oublie le titre, les silences et les tares.
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Masse critique mars 2020 - Merci aux éditions Gallimard pour ce deuxième livre reçu depuis mon inscription sur ce site, datant d'il y a une année !

"Penser en Chine" est un recueil de textes sur la question de la pensée. le nom est préférable au verbe car la lecture nous renseigne sur différents sujets et non une globalité, qui m'a en tout cas échappé. En tant que lecteur débutant sur cette question, cet ouvrage me semble plus une compilation de textes, certains s'éloignant de la question centrale. Tel un orchestre, chaque partie est un instrument : certains sont audibles, d'autres insaisissables, rendant le tout énigmatique pour un auditeur curieux. J'applaudis l'érudition ; les musiciens sont experts en la matière, sauf pour avertir qu'un certain niveau de culture est exigé avant de les écouter

J'ai trouvé ainsi cette lecture disparate, avec des passages très pédagogiques et intéressants (avec des sujets qui résonnent plus en moi, comme le système de Crédit social, le Xinjiang chinois ou la marginalisation des intellectuels d'élite). D'autres sont des partitions de lettres, voire des tintamarres, qui s'assemblent et donnent le vertige sur mon inculture totale, ne laissant qu'une note amère sur une assourdissante incompréhension...
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Ce livre, avec une promesse assez séduisante (ne pas s'arrêter ni aux clichés véhiculés par les médias occidentaux, ni à la fable racontée par le parti communiste ce afin de mieux comprendre la Chine), rassemble plusieurs prises de paroles (environ 15) de spécialistes de la Chine.
Si il y a des éléments très intéressants pour mieux saisir la Chine, je ne vais pas y aller par 4 chemins : ce livre est incroyablement mal écrit (ok chaque "spécialiste" ne se promeut pas écrivain, mais il y a quand même une limite à ne pas franchir : un élève de lycée saurait mieux maitriser l'écriture) et cela le rend totalement inaudible.
Le langage est confus, on ne saisit pas le sens de l'écriture, il n'y a que très peu de cohérence même au sein d'un même chapitre. Peut être est-ce du à la traduction ?
Bref : je recommande fortement de ne pas lire ce bouquin, un des pires que je n'ai jamais lu dans le genre (et pourtant, je n'ai pas de réticences aux pavés).
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J'ai toujours pensé à la Chine avec ce sentiment paradoxale unique la concernant. le résumé de ce livre exprimait ce que je ressentais. Ça me paraissait évident de le lire afin de comprendre pourquoi son histoire et ses grands penseurs me fascinent tandis que la Chine actuelle et ce qu'il s'y passe m'effraie. Autant vous le dire, il ne faut pas se fier au résumé.

J'en suis moi-même navrée mais j'ai abandonné ma lecture. Pourtant, j'ai insisté me disant que je finirai bien par le comprendre ou que quelque chose se passerait. Ce livre n'est pas fait pour les personnes n'ayant pas de connaissances sur la Chine. J'en ai très peu me concernant et il m'a été difficile de le lire au point de l'abandonner. Je lisais un passage pour l'oublier le lendemain. de ce fait, il m'a été impossible de le continuer. Cet essai est fait pour des personnes vraiment calé sur la Chine et s'intéressant à la géopolitique.

En bref, ce livre n'est pas fait pour tout le monde. Avec moi, c'est perdu mais je pense qu'il doit être passionnant pour les personnes intéressées.
Lien : https://lessortilegesdesmots..
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Un ouvrage important pour comprendre la Chine contemporaine. Anne Cheng fournit un résumé opportun des contributions, qui permet au non-spécialiste de choisir sa lecture, qui n'a pas besoin d'être exhaustive. le chapitre de Séverine Arsène est particulièrement bien documenté pour rappeler ce qu'est exactement le système de crédit social si critiqué en Europe.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"Le système de crédit social ou la gestion technocratique de l'ordre public" (Séverine Arsène)

Le recours à un système de récompenses et de punitions, destiné à renforcer l'application universelle de la loi, ne manque pas d'évoquer les principes fondateurs de la pensée légiste de l'Antiquité chinoise. Le principe même de gouvernement par la loi ("Rule by law", qui traduit mieux que "Etat de droit" la notion de yi fa zhi guo) évoque ce courant de pensée, moins connu aujourd'hui que le confucianisme, mais qui a influencé les méthodes de contrôle social en Chine depuis la période des Royaumes Combattants (IV°-III°s av. J.C.) et qui est très présent aujourd'hui dans la pensée politique de Xi Jinping.

Partant d'une conception de la nature humaine comme étant animée seulement par des intérêts égoïstes, la pensée légiste conçoit le gouvernement efficace comme la manipulation de ces intérêts à travers des châtiments et des récompenses. Cette pensée, plus préoccupée d'efficacité que de justice, exige que la loi s'applique à tous les sujets de la même manière, et non selon leur rang...

On retrouve cette conception presque mécanique du comportement humain dans le système de Crédit social, avec l'idée que le (non-) respect des lois est seulement le produit d'un calcul d'intérêts, et qu'en augmentant le coût de la transgression, alors les sujets sont automatiquement amenés à rentrer dans le rang. La propagande, qui insiste sur le nombre de personnes sorties des listes noires après avoir corrigé leur comportement, abonde dans ce sens (sans qu'il soit possible de juger du lien de cause à effet).

pp. 339-340
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"un Occidental ne peut imaginer le gouvernement du monde que sous la forme d’une Organisation des Nations unies parce que, du fait de l’histoire européenne, il ne peut penser qu’en termes d’États-nations. L’Occident ne peut pas penser le monde comme Un, mais seulement par des relations entre les nations, de plus en plus rivales ; il n’en émergera jamais un véritable gouvernement mondial. Selon [Zhao Tingyang] il faut donc penser directement « monde » […] et remplacer l’ « internationalité » des Occidentaux par une « mondialité » (worldness -).
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Elle se retrouve exposée sous son vrai visage, sans masque (pour ainsi dire !), tel le roi nu de la fable d'Andersen auquel faisait déjà allusion Simon Leys en 1971 dans "Les habits neufs du président Mao". Cinquante ans après la parution de ce livre prophétique, allons-nous continuer à accorder un quelconque crédit aux constructions fantasmatiques du "rêve chinois" ?
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Tous ceux qui expriment une opinion publique qui n’est pas exactement dans la droite ligne définie par le parti se font d’abord taper dessus, métaphoriquement ou non, et carrément arrêter ou, selon la mode chinoise, se « font » disparaître.
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Malgré le peu de véritables informations qui nous arrivent de Chine, en réalité on en est inondés, ce sont des informations assez partiales ou qui se cantonnent au domaine géopolitique.
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Vidéo de Anne Cheng
Anne Cheng, professeure du Collège de France et titulaire de la chaire Histoire intellectuelle de la Chine, introduit son cours de l'année 2023-2024 : « La Chine est donc un État despotique, dont le principe est la crainte »
Découvrez la suite du cours : https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/cours/la-chine-est-donc-un-etat-despotique-dont-le-principe-est-la-crainte/la-chine-est-donc-un-etat-despotique-dont-le-principe-est-la-crainte-1
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