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Critiques de Antonin Artaud (116)
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L'Ombilic des Limbes suivi de Le Pèse-nerfs e..



Poète, écrivain, dramaturge... parfois compliqué à comprendre et des réflexions complexes ou il faut en décrypter tous les symboles.

Néanmoins c'est un très bon livre pour tout travail psychologique et pour des étudiants dans cette branche. Moi, je m'en suis servie comme références car malgré tout en creusant vraiment , les idées et pensées avancées, ne sont pas si farfelues.
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L'Ombilic des Limbes suivi de Le Pèse-nerfs e..

UN sacré "pèse l'être" !
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L'Ombilic des Limbes suivi de Le Pèse-nerfs e..

Un livre lu à une époque où je pensais que lire des livres incompréhensibles rendait intelligent... A déconseiller à tous ceux qui comme moi, veulent paraître cultivés. Je conseille d'autres textes d'Arthaud, plus accessibles....
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Van Gogh, le suicidé de la société

Publié en 1947, le livre de l'écrivain-artiste Antonin Artaud, diagnostiqué fou et asilaire pendant neuf ans, possède une double portée. Il s'agit à la fois d'un hommage au peintre Vincent Van Gogh, et d'une virulente attaque contre les psychiatres suite à son long séjour en asile achevé en 1946. Tout au long de cette courte oeuvre, on ne cesse de se demander si Van gogh est le pretexte pour attaquer la psychiatrie ou si le diagnostic commun aux deux hommes est un pretexte pour honorer le talent de Van Gogh. Il serait tentant de croire en la première hypothèse, mais probablement plus juste d'affirmer que l'auteur a voulu faire d'une pierre deux coups sans privilégier l'un ou l'autre aspect. Tout en affirmant que les psychiatres de Van Gogh étaient bien plus fous que le peintre lui-même (ce qui reste rationnel si l'on se base sur les écrits d'Artaud), l'auteur marque son admiration pour celui qu'il considérait comme "le plus peintre de tous les peintres", parce qu'il était le seul, en quelques mots, à avoir su réveiller l'âme du monde en y projetant sa propre tourmente, assimilée ici à de la lucidité.

Le style d'Artaud et la conviction qu'il semble mettre dans chacun de ses mots ne peut que nous persuader de prendre son parti, du moins momentanément. Il est vrai que l'on a du mal à dissocier la grande maîtrise littéraire du fond du propos et à ne pas haïr nous aussi les psychiatres de ces artistes qui, pourtant, ont également provoqué le meilleur tableau de Van Gogh peint trois jours avant sa mort: Les Corbeaux.
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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

Difficile de faire un essai sur un personnage tel qu'Héliogabale. Celui qu'on a voulu faire passer pour un être pervers et sanguinaire l'était-il réellement ? Extravagant, certes, il était connu pour ça. Mais cruel ? Les Historiens en viennent à se dire qu'on a voulu le faire passer pour, comme le dit Artaud, un fantoche, afin de privilégier son cousin, Alexandre Sévère. Encore une fois, tout n'est qu'une question de politique et, surtout, de religion. Car Artaud le met bien en relief ici. Héliogabale voulait faire un culte unique, un culte solaire... autre décision qui passera pour une excentricité.



Si le texte est plutôt complexe, ne nous voilons pas la face, il reste néanmoins très intéressant. Sous la plume d'Artaud, le personnage prend une dimension nouvelle. Cet essai permet également de mieux connaître cette période durant laquelle la décadence et la luxure régnèrent.



Un grand merci à Lili Galipette qui a eu la gentillesse de m'offrir ce livre.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Cahiers - Coffret, tomes 1 et 2 : Ivry, Févri..

Après un mélange de barbarismes, d'angoisses et de scatologie, on tombe sur cette ultime phrase, "cet envouté eternel etc etc.", comme une signature qui clôt l'oeuvre d'Antonin Artaud, sans y mettre un terme.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
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Oeuvres complètes, tome 14.1 : Suppôts et suppli..

Ne sont-ce que les délires paranoïaques d'un fou à lier ? Antonin Artaud, persuadé dans ses lettres d'être une sorte de dieu qu'on empêche de vivre en l'ensorcelant, ressasse un cri haluciné où se mêlent métaphysique et bassesse du corps blessé, scatologie et mystique, incantations dans une langue imaginaire et pseudo-discours philosophiques. Ce cri, ce vomissement de mots, par sa violence, par son indécence, par sa folie même, ne peut que frapper (au sens physique du terme, car tout, dans Artaud, est physique, corps affirmé, esprit nié) le lecteur qui voit le monde de sens dans lequel il se croit vasciller avec une telle permanence, avec une telle force de parole, qu'il finit par se demander, sachant pourtant qu'Artaud est fou, s'il n'a pas, à quelque part, raison. Vertige. Quel est ce quelque part ? Quelle est cette raison au coeur du délire ? Les mots d'Artaud échappent sans cesse, car sa pensée s'échappe à elle-même, et se confronter à la folie pure (et Dieu sait si Artaud se présente comme un pur au milieu des ignominies) ne peut pas ne pas ébranler le lecteur qui, par hasard ou par nécessité, lit, en guise de négatif et au même moment, la philosophie de Descartes.

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Héliogabale, ou, L'anarchiste couronné

La légende dit qu’Héliogabale est né dans « un berceau de sperme. » C’était en 204 après J.C. à Antioche, en Syrie. Et toute son existence sera un long sacrifice de sexe et de sang. Héliogabale était un roi fou et excessif, baignant dans le stupre, la débauche et la démesure. Il a conquis Rome avec violence et est monté sur un trône de sang. Anarchiste couronné selon Artaud, le tyran, empereur de Rome, n’a de cesse de tendre vers l’unité, à sa façon. « Et Héliogabale, en tant que roi, se trouve à la meilleure place possible pour réduire la multiplicité humaine, et la ramener par le sang, la cruauté, la guerre, jusqu’au sentiment de l’unité. » (p. 45) Que voulait-il réunir ? Tous les contraires, tout simplement. L’unité à laquelle il tente de parvenir passe par la réunion du principe féminin et du principe masculin. Il se veut représentant des deux. « Héliogabale, le roi pédéraste et qui se veut femme, est un prêtre du masculin. Il réalise en lui l’identité des contraires, mais il ne la réalise pas sans mal, et sa pédérastie religieuse n’a pas d’autre origine qu’une lutte obstinée et abstraite entre le Masculin et le Féminin. » (p. 67)

Dans un monde où la cruauté est ritualisée, institutionnalisée et légitime, Héliogabale se veut en rupture. Il est « un anarchiste-né, et qui supporte mal la couronne, et tous ses actes de roi sont des actes d’anarchiste-né, ennemi public de l’ordre, qui est un ennemi de l’ordre public. » (p. 96) Mais encore une fois, cette rébellion est organisée. Le tyran tend toujours à l’unité du monde et c’est en le retournant qu’il compte l’organiser. De l’anarchie naît une nouvelle unité, conforme aux goûts de l’empereur. « Rien de gratuit dans la magnificence d’Héliogabale, ni dans cette merveilleuse ardeur au désordre qui n’est que l’application d’une idée métaphysique et supérieure de l’ordre, c’est-à-dire de l’unité. » (p. 108) Ce que propose Héliogabale, ce n’est rien d’autre qu’une cosmogonie à son image : violente et unie dans la violence.

Héliogabale est l’empereur qui incarne le plus profondément la décadence de Rome. « Il poursuit systématiquement, […], la perversion et la destruction de toute valeur et de tout ordre. » (p. 121) Héliogabale va dans le sens de la décadence, il accompagne, accentue et précède ce mouvement descendant, cette chute de la société. Brutale fut sa vie, brutale fut sa mort, dans une continuité, une unité de cruauté. Il est mort comme il a vécu, incarnant sa propre vision du monde. « Ainsi finit Héliogabale, sans inscription et sans tombeau mais avec d’atroces funérailles. Il est mort avec lâcheté, mais en état de rébellion ouverte, et une telle vie, qu’une pareille mort couronne, se passe, il me semble, de conclusion. » (p. 127)

Héliogabale ou El Gabal, « Celui de la Montagne », porte un nom composite et trompeur pour les lecteurs d’aujourd’hui. « Héliogabale rassemble en lui-même la puissance de tous ces noms, où l’on peut voir qu’une seule chose, celle qui nous vient d’abord à l’esprit, le soleil, n’intervient pas. » (p. 89) Sa religion était celle de l’astre solaire, mais jamais Héliogabale ne s’est nommé d’après le soleil. Ce sont les Grecs qui, transcriptions après traductions de sa légende, ont modifié le nom du tyran. Une autre preuve, s’il en fallait, que l’histoire d’Héliogabale échappe aux historiens.

L’histoire d’Héliogabale est le prétexte à une certaine histoire de Rome, celle d’un empire sur la voie de la décadence, loin des empereurs fabuleux des temps classiques. Cette partielle histoire antique est aussi le prétexte à une réflexion théologique et métaphysique. Antonin Artaud oppose la religion d’Héliogabale, pourtant monothéiste, au christianisme. Ce qu’il appelle religion d’Ichtus est mauvaise : elle sépare l’homme du mythe, du magique, du religieux et du sacré. Les religions qui ont précédé le christianisme offraient davantage à leurs adeptes. « Les religions antiques ont voulu jeter dès l’origine un regard sur le Grand Tout. Elles n’ont pas séparé le ciel de l’homme, l’homme de la création entière, depuis la genèse des éléments. » (p. 55) Artaud est formel : les humains ont besoin de savoir. En creux de l’histoire d’Héliogabale, il faut lire une critique du christianisme et de l’obscurantisme dans lequel il a plongé ses fidèles.

Éblouissante et torturée, la vie d’Héliogabale était de celles qui méritent un hommage. C’est avec un talent éblouissant qu’Artaud s’est prêté à l’exercice. Ce n’est pas un texte facile. Les propos philosophiques et métaphysiques sont complexes. Mais ils répondent sans cesse à la vie du tyran qui a son tour se fait source de réflexions. Une lecture étourdissante.

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L'Ombilic des Limbes suivi de Le Pèse-nerfs e..

Apaisé par la drogue, remède souverain à ses angoisses existentielles, cet opium absorbé en 1917 lors d'un internement en maison de santé, alors qu'il peignait, Antonin Artaud, toute sa vie, malgré des cures de désintoxication, aura besoin de laudanum "seule substance capable de l'amener à un état normal".

Voilà ce qu' affirme dans L'ombilic des limbes ce poète maudit né en 1896 qui à seize ans brûle tous ses textes et offre ses livres à ses amis.

Dépression. Semi -guérison sur Paris.Publication de ses premiers poèmes en 1920(Le tric trac du ciel). Grande période théatrale de 1922 à 1924.

Adhésion au groupe surréaliste et publication de L'ombilic des limbes essentiellement en prose et parfois en vers, agrémenté de fragments de dialogues de théâtre dans lequel, Antonin Artaud égrène en images sa douleur interne.

Véritable catharsis, l'angoisse mise en mots "pince la corde ombilicale de la vie".

Le "poète noir, un sein de pucelle te hante, poète aigri, la vie bout et la ville brûle", c'est lui, avec sa solitude d'enfant malade,ses prières de mystique, sa révolte d'homme dépossédé en quête incessante d'identité, ses troubles de schizophrène auxquels la création littéraire sert d'étayage.

"Qui suis je? D'où viens je?"

Anarchie, désordre. "Je souffre" dit il "que l'Esprit ne soit la vie et que la vie ne soit pas dans l'Esprit".

"Je ne suis rien, je serai quelque chose "affirme t il comme pour s'adresser à sa mère magnifiée.

Quête de l'existence dans la non existence. Impossible harmonie du corps et de la pensée.

Marginal, poète,peintre,metteur en scène,comédien, Antonin Artaud après avoir quitté le groupe des surréalistes "Ils aiment la vie autant que je la méprise"), aura (entre 1927 et 1939) une intense période d'activité littéraire (L'art et la mort, Le moine, Héliogabale,Le théatre de la cruauté,Le théatre et son double...)

Son livre Les révélations de l'être sera publié en 1937.

Il mourra en 1948 dans un asile psychiatrique.

Triste fin pour ce poète fou mais génial qui dans La femme et l'oiseau (poème de L'ombilic des limbes écrivait:

Elle est l'horizon d'un quelque chose qui recule sans cesse.

Elle donne la sensation d'un horizon éternel.
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Messages revolutionnaires

Avant que le mot "révolutionnaire" ne devienne marketing, Artaud le sacralisait avec toute la modernité qui manque au XXI eme siecle.
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Le théâtre et son double

« Je souffre, y explique Artaud (dans une de ses lettres), d’une effroyable maladie de l’esprit. Ma pensée m’abandonne à tous les degrés (…). Je suis à la poursuite constante de mon être intellectuel. ». C’est cette expérience fondamentale qui déterminera sa volonté de créer « le théâtre et son double ».



Cette œuvre traite de la synthèse de tous les désirs et de toutes les cruautés. Mais il s’agit moins de cruauté physique que de cruauté métaphysique, de l’écrasement de l’homme sous son destin, et des forces cruelles auxquelles le créateur du monde est lui-même soumis.

Le créateur de théâtre l’est aussi, et c’est pourquoi, (disposant de tous les moyens, car il est en même temps metteur en scène), il fera souffrir et les acteurs et les spectateurs.

« La curation cruelle » est à ce prix !

Artaud veut débarrasser le théâtre du texte pour faire intervenir à côté « du langage visuel » des signes, et à côté « du langage auditif » des sons.



L’idée essentielle dans ce traité est, nous dit Artaud, de ne pas s’attarder artistiquement sur des formes, car c’est « être comme des suppliciés que l’on brûle et qui font des signes sur leurs bûchers ».

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L'Ombilic des Limbes suivi de Le Pèse-nerfs e..

« Ecrire avec sa vie » comme disait, Nietzsche. Antonin Artaud l’a fait : sa vie est si étroitement mêlée à son œuvre que l’on pourrait presque dire qu’il écrit son œuvre avec sa vie !

Et dans la phrase qui suit : « …Là où d'autres proposent des œuvres, je ne prétends pas autre chose que de montrer mon esprit… », se trouve toute la puissance et l’essence de ses poèmes !



« L’Ombilic des limbes » (suivi de, Le Pèse-Nerfs) atteste, parfaitement, Antonin Artaud en tant que le témoin de soi-même. C’est peut-être l’œuvre d’un fou mais c’est avant tout un homme qui va au bout de ses retranchements : comme une âme alourdie de ses chaînes qui plonge jusque dans ses propres limbes !

Maurice Blanchot l’a souligné : " Ce qu’il dit, il le dit non par sa vie même (ce serait trop simple), mais par l’ébranlement de ce qui l’appelle hors de la vie ordinaire. "

Le poète se livre, en effet, à l’âpreté de sa douleur provoquée par l’ « effroyable maladie de l’esprit » dont il souffre ; et au délire de sa propre pensée tourmentée et torturée…

Antonin a choisi le domaine de la douleur (une douleur interne érosive, sourde et aveugle qui se suffit à elle-même, et se montrant telle qu’elle est…) et de l’ombre pour en faire le rayonnement de sa matière poétique.

Inspirée des surréalistes, sa poésie mentale et psychotique, témoigne de sa difficulté à trouver le sens de son être, elle témoigne aussi de sa « déraison lucide » qui ne redoute pas le désordre et le chaos intérieur de son moi « inapplicable à la vie », tel est ce combat dont il mène contre !

Des thèmes métaphysiques tels que le désespoir, la Mort et le suicide (qu’il considère comme un moyen de se reconstituer et non comme une destruction !) jalonnent à la fin de ce recueil dont l’écriture fiévreuse inaugure encore plus les « raclures de son âme » et « les déchets de lui-même » .

L’exploration mentale de ses paysages intérieurs nous montre là, un texte écrit dans une langue toute en pulsions : ce recueil nous touche dans ce qui nous constitue le plus, à savoir la chair, le verbe et notre âme.

Son écriture est cathartique, et ses mots qui touchent à l’indicible sont non seulement chargés de sens mais sont aussi sensitifs !



L’auteur de « le théâtre et son double » a brisé des frontières et a su s’affranchir des choses établies par la société qui, malheureusement, fixe tout artiste novateur à la marginalité !

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Antonin Artaud illustré par Louis Joos

Un livre de littérature ET d'illustration présentant un choix de textes d'Artaud illustrés par le dessinateur belge Louis Joos.



Et voilà un fort beau livre plutôt culotté quand on y pense.



D'abord vouloir illustrer Artaud et accepter d'entrer dans ce monde là, c'est se frotter à la lisière coupante du monde sensible. Artaud était un corps, une voix et une écriture. Aussi un peintre à l'oeuvre singulière. À son sujet parler de la maladie mentale frise toujours un peu l'indécence, tant le poète s'est battu pour reconstruire un autre cosmos de cette sienne souffrance.



Et donc vouloir illustrer un univers qu'Artaud avait lui-même exploré par le dessin de son vivant présente un risque sérieux. Pour un dessinateur médiocre ce serait un peu comme pousser la chansonnette pour refaire la bande-son d'une copie muette d'Apocalypse Now… terrain miné.



Mais Louis Joos est un plasticien extrêmement habile pour suggérer. Sans expressionnisme grossier il ne craint pas de s'adresser au sensible et au sensuel. Voilà pourquoi le Jazz et la poésie lui vont si bien, de livres en livres.

Et une fois encore le résultat est superbe… pour tirer son épingle du jeu Louis Joos refait le pari de la liberté. Traits de plume arrachés, lettrines découpées, taches, fulgurances, couleurs, ombres et lumières… tout est de lui. Et dans cet écrin graphique ultra personnel nous pouvons nous replonger dans ce corpus bien terrible : une sélection de textes d'Antonin Artaud.



Édité avec élégance et amour à la "Renaissance du Livre" (Bruxelles)















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Van Gogh, le suicidé de la société

Et si la folie n'était, en réalité, que l'expression du génie ? Voici le postulat que prend Antonin Artaud dans ce texte. Cet écrivain, officiellement reconnu comme fou défend avec hardiesse le fait que Van Gogh n'était pas fou mais tout simplement un génie non reconnu par la société. Selon lui, les artistes de génie sont empoisonnés, martyrisés par la société qui ne cherche jamais à comprendre la profondeur ou la simple nature de leur travail.

Le texte part d'une simple contestation faite par Artaud à propos du diagnostic du Docteur Berr selon lequel Van Gogh n'était qu'un "schizophrène dégénéré". Artaud, lui, comprend viscéralement la peinture de Van Gogh et cherche, par ce texte, à réhabiliter le statut de génie artistique, trop souvent assassiné par la société médicale. Artaud pousse même plus loin sa réflexion en affirmant que le suicide de Van Gogh est dû au comportement des médecins de l'asile de Rodez qui lui ont fait subir des électrochocs à répétition.

Dans ce texte aux allures de poème, Artaud se place autant en dénonciateur qu'en victime de la société. Tout comme le peintre, il fut en proie à la folie, à cette folie créatrice qui rend l'artiste incompris du monde extérieur. Selon lui, "la folie est un coup monté et […] sans la médecine elle n'aurait pas existé". "Van Gogh le suicidé de la société" est avant tout un hommage de l'écrivain envers le peintre mais aussi un pamphlet contre les interprétations de la psychanalyse.
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Pour en finir avec le jugement de Dieu - Le..

Antonin Artaud tenait pour primordial le principe d’incarnation de la poésie. Mais cette incarnation nécessitait également pour présenter un quelconque intérêt une relation à l’espace, au théâtre, à l’autre, au cosmos et non pas à soi-même. La poésie devait donc être politique, pousser à la communion des individus et à l’oubli de soi par des chants rythmiques et incantatoires. C’est dans ce sens qu’il composa Pour en finir avec le jugement de dieu pour la Radiodiffusion française en 1948, année de sa mort.

Toute l’élaboration de ce projet est présenté dans cette édition par de nombreuses notes, des lettres de l’auteur, des écrits préparatoires mais également par une belle préface d’Evelyne Grossman, permettant au lecteur de mieux comprendre d’une part la poésie vibrante et vivante d’Artaud et d’autre part le formidable malaise que suscita son œuvre dans le petit monde respectable des notabilités parisiennes.

Peut-être aurait-il été judicieux de joindre au recueil un document audio de l’émission pour apprécier du mieux possible le génie rédempteur d’Antonin Artaud.

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L'Ombilic des Limbes suivi de Le Pèse-nerfs e..

Je suis resté interdit devant la puissance de cette langue. Ce recueil englobe plusieurs écrits (des années 20) d’Artaud : une correspondance avec Jacques Rivière (alors directeur de la NRF), L’Ombilic des Limbes, Le Pèse-nerf, L’Art et la Mort, et des textes de la période surréaliste. Il y a donc une multitude de thèmes abordés, où dominent les obsessions de l’auteur : son questionnement face à la maladie mentale (angoisses, phobies et dépressions nerveuses) ainsi que l’univers troublé des rêves. Ces différents univers sont marqués par la douleur, la mutilation des corps, l’étourdissement des esprits face aux immensités tant extérieures qu’intérieures. D’ailleurs, son intérêt pour les rêves le porte à s’appesantir sur son intériorité. Assumant pleinement son narcissisme et son égoïsme, il utilise quasi exclusivement la première personne du singulier. On entre alors dans son corps, dans ses cellules nerveuses, dans ses angoisses et dans son âme. Et c’est dans cette chair troublée qu’Artaud atteint le sublime par la force de ses images, celles d’un espace intérieur aux interminables ramifications et aux arborescences infinies et entremêlées, celles de ses orages spirituels confrontant les éléments antagonistes de son corps : le soufre et la glace, la lave et le gel.
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