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Citations de Antonio Muñoz Molina (509)


Antonio Muñoz Molina
« Je suis européen parce que m’importent la liberté tout autant que la justice, parce que j’aime partager plusieurs identités, parce que je défends passionnément la raison et crois à la compatibilité de l’intransigeance et de la modération : l’intransigeance qui ne tolère ni censure, ni abus, ni injustice; la modération qui sait que les choses sont difficiles à résoudre et requièrent patience et longueur de temps, et qu’il n’y a pas de paradis terrestres, et qu’ils ne sont même pas souhaitables. »
(Le Monde, entrevue du 05/05/2019)
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 Il regardait sans beaucoup d’attention les vitrines des boutiques et se rappelait l’étonnement de Socrate devant la profusion du marché d’Athènes : « Tant de choses existent dont je n’ai pas besoin.  »
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La poésie d'une nouvelle ville court le risque de s'évanouir sans laisser de trace dès lors qu'on doit s'y installer.
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Dans beaucoup de sociétés, disparues ou non, la notion d'heures et de minutes n'existe pas, et les langues de certaines cultures primitives n'ont pas de termes pour mesurer les années. Personne ne connait son âge.
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Le niveau de tolérance face à l'incertitude, la conscience de la fragilité de sa propre vie et du provisoire de toutes choses est plus faible en Amérique du Nord que n'importe où ailleurs : les Européens d'un certain âge se rappellent que leur civilisation fut détruite en peu de temps par le totalitarisme et la guerre et que les villes les plus belles peuvent se transformer du soir au matin en un paysage de ruines [...].
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Toutes ces années, j'ai acheté plus de livres que je ne pouvais en lire. Je devais parfois me contenter du métro ou d'une salle d'attente, quelques minutes avant un rendez-vous, furtivement comme on s'empresse de tirer sur une cigarette. Maintenant les ouvrages sont prêts et disponibles pour moi et pour Cecilia quand elle sera là. Je suis capable d'identifier ceux que nous avons achetés chacun de notre côté et ceux que nous nous sommes offerts l'un à l'autre et, dans la plupart des cas, je me rappelle même où et quand. Ce mélange nous garantit une diversité qui nous épargnera l'ennui, à l'image d'une sélection d'aliments non périssables préservant longtemps leur saveur et leurs qualités nutritives. S'il le faut, en cas de catastrophe, je pourrai passer le restant de ma vie sans mettre les pieds dans une librairie.
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Elle a tout doucement fermé la porte et elle est sortie sans faire de bruit comme lorsqu'on quitte, à minuit,  un malade qui vient de s'endormir. J'ai écouté ses pas s'éloigner lentement dans le couloir,  redoutant ou désirant qu'elle revienne, au dernier moment,  poser sa valise au pied au pied de mon lit et s'y asseoir avec un air de renoncement ou de lassitude, comme si déjà elle rentrait de ce voyage qu'avant ce soir elle n'a jamais pu faire. Quand la porte s'est refermée,  ma chambre a été plongée dans l'obscurité, et seul m'éclaire encore un mince rayon de lumière venu du couloir, qui se glisse jusqu'à mon lit; mais dans l'embrasure de la fenêtre le ciel est bleu sombre, et les volets ouverts laissent entrer un air de nuit d'été tout proche, une nuit déchirée,  au loin, par le sifflet des express qui suivent la livide vallée du Guadalquivir (...).

(Incipit)
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Tu changes de ville, de chambre, de visage, de ville, d'amour, mais même quand tu te dépouilles de tout, il reste toujours quelque chose de permanent, qui réside en toi depuis que tu es doué de mémoire et depuis bien avant que tu aies atteint l'âge de raison, le noyau ou la moelle de ce que tu es, de ce qui jamais ne s'est éteint, non pas une conviction ni un désir, mais un sentiment, parfois amorti comme la braise du feu de la veille cachée sous les cendres, mais presque toujours très vif, qui palpite dans tes actions et qui colore les choses d'un éloignement durable dans le temps; tu as le sentiment d'être déraciné, étranger, de ne jamais être tout à fait nulle part, de ne pas partager les certitudes d'appartenance qui pour d'autres semblent si naturelles ou faciles, ni l'assurance avec laquelle beaucoup d'entre eux s'accommodent ou possèdent, ou bien tiennent pour acquises la solidité du sol où ils marchent, la fermeté de leurs idées, la durée future de leur vie.
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La lecture est compatible avec l’attente. Lire est un acte paresseux sans monotonie. Ce n’est qu’en cessant de travailler que j’ai découvert avec étonnement le vaste royaume de liberté que me garantissaient les matinées de la semaine. Si j’en ai envie, je peux m’asseoir et lire après avoir fait la vaisselle du petit déjeuner et ramené Luria de sa promenade. Lorsque je sors, j’emporte un livre avec moi. Les rares fois où je vais au restaurant, je lis en attendant mon plat, en buvant mon café ou en finissant mon verre de vin. Le vendredi midi, je lis au Mascote do Sacramento, à deux pas de chez moi, où on sert le meilleur bacalhau a bras de la ville. Je déniche une petite place silencieuse avec un banc, sous un des immenses acacias protecteurs qu’on trouve à Lisbonne, et je m’y installe pour lire un moment.
La lecture trompe, écourte le temps de l’attente, un élément à prendre en considération dans cette ville où tout peut se dérouler à un rythme très lent. Quand je lis, le temps est suspendu.
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Il voyait autour de lui des visages inconnus qui s'agglutinaient devant le bar et autour des tables voisines avec leurs classeurs et leurs manteaux qui semblaient les protéger avec la même efficacité de l'hiver et du moindre soupçon de peur, plein d'assurance dans l'air chaud et la brume de tabac et des voix, bien fermes sur leurs noms,  leur avenir choisi, ignorant la sourde présence parmi eux des émissaires de la tyrannie, aussi irrévocablement qu'ils ignorent, ces fils de l'oubli, que les pinèdes et les briques rouges qu'ils viennent de traverser ont été,  il y a trente ans, un champ de bataille.
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Les choses n'existent que s'il y a quelqu'un, interlocuteur ou témoin, qui nous permette de nous souvenir qu'un jour elles ont été vraies.
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- J'ai écouté ce morceau, Lisboa. Cela m'a rappelé le voyage que vous aviez commencé ensemble.
- Ce voyage, a-t-il répété. C'est à ce moment-là que je l'ai composé.
- Mais tu m'as dit toi-même que vous n'étiez pas allés jusqu'à Lisbonne.
- Non bien sûr. C'est pour cela que j'ai fait cette chanson. Toi, est-ce que tu ne rêves jamais que tu te perds dans une ville où tu n'as jamais été?
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Je me suis installé dans cette ville pour y attendre la fin du monde.

(Incipit)
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Mes yeux se ferment, le livre me glisse presque des mains pendant que Will Münzenberg marche, perdu dans la foule qui se répand sur les routes, qui se disperse dans les champs voisins comme un vol d'insectes chaque fois que s'approchent les avions de chasse allemands volant en rase-mottes, d'abord les moteurs au loin, puis des silhouettes métalliques brillant dans le soleil de juin, et enfin leurs ombres, grands oiseaux de proie aux ailes immobiles et ouvertes, mitraillant un convoi de véhicules militaires en fuite, larguant leurs bombes sur un point où s'entassent les fugitifs, ralentis dans leur avancée par un camion en panne. Des insectes en fuite, c'est ce que verront les pilotes depuis le ciel : silhouettes minuscules, griffonnages noirs obliques. Mais chacune de ces créatures infirmes est un être humain, il a son nom et sa vie, un visage qui n'est semblable à celui de personne d'autre. C'est parmi eux que Willi Münzenberg veut se cacher, il veut n'être personne pour échapper aux grandes mains et à la gueule du cyclope. Mais l'œil du cyclope qu'il connaît le mieux et qu'il craint le plus, Joseph Staline, voit tout, scrute tout, ne permet à personne de s'échapper ni de sauver sa vie, même en se réduisant à la taille de l'insecte le plus lamentable, un condamné ne peut pas échapper à sa poursuite.
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Chaque livre est une invite excitante et aussi un début de remords anticipé, une promesse de sensations, de mots de savoirs et de mondes, et l'avertissement de ce que l'on ne peut pas lire tous les livres qu'on voudrait. Le temps manquera toujours et celui qu'on consacrera à l'un on le refusera à un autre, et on ne pourra jamais tenir pour satisfait cet appétit de lecture, ce vice impuni selon Valery Larbaud.
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Ce qui arrive après une ... longue attente semble ne pas être vraiment arrivé, ou pis encore puisque la réalisation à contretemps de ce qu’on a tellement désiré finit par avoir un arrière-goût de dérision. 
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Al-Mansur avait utilisé le luxe comme une arme de propagande politique, ‘Abd al-Malik, lui, s’y complaisait avec excès comme tous ceux qui l’entouraient et l’on dit qu’à Cordoue, jamais il n’y eut plus grand commerce de soieries et de métaux précieux que durant les sept années qui précédèrent le désastre.

p. 199
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L'ampleur de ce qu'on est soi-même capable de ne pas voir est surprenante, surtout lorsqu'on s'entête dans un aveuglement d'autant plus implacable qu'il est volontaire. Personne ne vous attache les mains, ne vous pousse à l'intérieur d'une cellule, ne ferme ensuite du dehors la clef et le verrou, personne ne vous met de force un bandeau sur les yeux et ne vous le noue si serré derrière la tête que vous ne puissiez pas vous en débarrasser sans que vous ayez pour autant les mains attachées. On tisse soi-même son bandeau, on tresse sa propre corde, on tend délibérément les mains pour que le nœud soit bien serré, on construit soi-même les murs de la cellule en la fermant de l'intérieur et en s'assurant que le cadenas est bien en place. On fait les pas nécessaires, l'un après l'autre, et si quelqu'un attire votre attention pour vous avertir du danger, il ne parvient qu'à renforcer votre entêtement plus encore du désastre. Parfois on est soulagé de savoir qu'on n'a pas encore touché le fond, d'autres fois qu'il n'y a pas de retour en arrière possible. Le doute devient une trahison inavouable qu'au fond de soi on ne reconnaît même pas.

Page 190
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Ses principes laïques, antimilitaristes et antitaurins sont à ce point solides que son plus grand cauchemar serait une messe militaire dite dans des arènes.

Page 93
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N’importe quel regard peut être celui d’un innocent ou d’un coupable, pensait-il en se rappelant les regards calmes et francs qu’on trouvait sur chacune des photos de l’affiche des terroristes les plus recherchés. En fin de compte, le visage n’est pas le miroir de l’âme. 
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