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Philippe Bataillon (Traducteur)
EAN : 9782757808054
370 pages
Points (13/03/2008)
3.45/5   21 notes
Résumé :
Antonio Muñoz Molina est ici écrivain et personnage des rues de Manhattan, parcourues sac au dos et crayon à la main pendant des mois, de musées en cafés, de marchés en théâtres, de quartiers en galeries d'art et en librairies.
Ses fenêtres sont le cadre d'un tableau de Hopper, une aquarelle d'Alex Katz, elles s'ouvrent sur un film de Hitchcock ou d'Orson Welles, se font l'écho d'un morceau de Coltrane ou de Duke Ellington, renvoient le bruit du vent dans Cen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
New York est une ville fascinante, une métropole qui attire chefs d'État, hommes d'affaires, artistes, touristes, tout un chacun. Antonio Munoz Molina n'a pas échappé à sa force d'attraction. Les quelques séjours qu'il y a faits l'ont transformé en un familier des lieux. Cette ville qu'il aime, il a voulu lui rendre un hommage. Pendant ses promenades dans les rues fourmillantes, les cafés encombrés, les musées, les théâtres, les librairies, les marchés, etc., il a pris des notes (mentales et manuscrites) et c'est devenu ce Fenêtres de Manhattan.

De son hôtel où il s'est installé sitôt arrivé à l'Institut Cervantès, il observe. de sa fenêtre, évidemment, mais il ne s'y est pas limité. Il descend dans la rue, fait de multiples excursions jusque dans Harlem et le Bronx. Il rencontre une foule bigarrée, allant de l'homme le plus anodin au spécimen de l'espèce humaine, en passant par des « Africains en boubou et bonnet brodé, Sikhs avec leurs haut turbans couleur safran, Juifs ultraorthodoxes en gabardine noire et bas de soie noire, pâles comme des spectres sous leurs chapeaux noirs à large bord, le visage maigre comme un fuseau et encadré par les tire-bouchons rituels, femmes indiennes en sari avec un cercle rouge sur leur front brun, groupes d'Espagnols en vacances. » (p. 27)

Mais New York, c'est aussi un patrimoine architectural, des édifices comme le Rockefeller Center et l'Empire State Building, Central Park et d'autres comme les bureaux de NBC – je ne les énumerai pas, soyez sans crainte. Antonio Munoz Molina adore s'y promener. Pareillement pour les musées, pour admirer les chefs d'oeuvres de l'humanité (dont celles d'Alex Katz, de Leiro et d'Andy Warhol) et les salles de spectacles renommées qui ont entendu chanter Tony Bennett. New York est une oeuvre d'art en soi. Mais, c'est également des rencontres, réelles et imaginaires. L'auteur retrace les pas de Caufield Holden, le protagoniste de L'attrape-coeur de JD Salinger, et quelques autres. Il pense à des auteurs qui ont immortalisé cette ville où qui y sont simplement passés. Dans tous les cas, ils y ont laissé des traces…

Si c'est un plaisir, être dans cette cité formidable, c'est parfois quelques souvenirs douloureux. Fenêtres de Manhattan est paru en 2004, soit quelques années après les attentats du 11 septembre. Il est clair que cet événement a teinté un peu les impressions de l'auteur. Mais il ne s'y attarde pas trop, heureusement. de toutes façons, « Manhattan se détruit et se construit en permanence ». (p. 227) C'est une ville se renouvelle, qui change de peau constamment. Par exemple, la librairie Rizzoli où il aimait entrer, elle a fermé, a été remplacée par autre chose, probablement un café ou quelque chose dans le genre.

Ce vibrant hommage d'Antonio Munoz Molina est un peu lourd (et ennuyeux) à l'occasion. Mais quiconque a fait quelques séjours à New York se remémorera avec plaisir les très nombreux lieux auxquels il fait référence. L'ennui que j'ai ressenti à l'occasion s'est vite transformé en nostalgie et en une forte envie d'y retourner !
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Les premières fenêtres sont le hublot de l'avion qui a amené Molina à New York la première fois et la fenêtre de l'hôtel par laquelle il regardait la ville quand il n'était encore qu'un touriste effrayé, perdu avec la langue.
Fenêtres de Manhattan, c'est plusieurs années de déambulation, mais surtout plusieurs mois de l'année 2001 incluant le 11 septembre. Après avoir regardé le temps qu'il fait par la fenêtre de son appartement, après avoir décrit le ciel et les arbres et montré les changements de saisons, Molina déambule dans les rues des journées entières, parle du New York qu'il croise, buildings et passants. Certains passages correspondent à une époque antérieure au ménage du maire Giuliani, avant qu'il ne nettoie Manhattan des indésirables, de ceux qui gachent la carte postale. Molina nous décrit la ville de tous les extrêmes avec les yeux d'un Européen qui ne s'habitue pas à l'indifférence des gens. A New York, on ne voit pas l'autre, on ne lui parle pas, on ne le touche pas. J'ai aimé son empathie envers les plus démunis, ses réflexions sur une ville dans laquelle prédomine le commerce de tout ce qui peut se vendre.
Pendant ses pauses dans les cafés, Molina se poste devant les vitrines et observe encore les passants, note dans ses cahiers tout ce qu'il voit et ses réflexions qui donneront matière à ce roman. Les piétons sont les marcheurs de Giacometti, les arbres qui ploient sous le vent sont ceux des tableaux de van Gogh, les fenêtres sont celles des tableaux de Hopper.
J'ai apprécié les nombreuses références culturelles. Molina visite de nombreux musées et bibliothèques, surtout les plus petits d'entre eux que nous ne connaissons pas forcément. Mais ce n'est pas un guide touristique de la ville, c'est un roman très personnel et dans certains passages, Molina se livre complètement, se montrant timide face aux personnes qu'il doit rencontrer à New York, susceptibles de publier ses romans. On découvre un écrivain qui doute de lui et de ses écrits. Roman personnel aussi car c'est à New York qu'il a donné rendez-vous à une femme rencontrée depuis peu, ne sachant pas encore si cette rencontre pourra déboucher sur un amour durable. Cette femme l'accompagnera-t-elle plusieurs fois à New York ? Deviendra-t-elle la mère de ses enfants ?
Le roman est aussi une réflexion intéressante sur l'appartenance à un pays. « Voyager nous sert plus que tout à en apprendre sur le pays dont nous sommes partis ». Molina aime New York pour la ville, ses musées, ses bibliothèques et ses salles de spectacle mais il aime surtout la sensation d'être un inconnu dans cette ville.
Une fois n'est pas coutume, j'ai un petit bémol, tout petit. J'ai trouvé que le roman tournait un peu en rond parfois, surtout vers le milieu. Quelques passages, peu nombreux, m'ont un peu moins parlé. Mais beaucoup d'autres m'ont enchantée, évidemment. Et bien sûr, il y a cette écriture. Pas besoin d'en dire plus pour ceux qui la connaissent. Pour les autres, courez-y vite et vous ne pourrez plus vous en passer.
Je n'ai pas lu tous les romans de Molina, je les savoure à petites doses en redoutant le jour où je n'en aurai plus à lire. Et comme ce n'est pas un écrivain qui sort un roman tous les ans, cela pourrait venir vite. Je viens justement de voir qu'il en sort un qui fera certainement échos à Fenêtres de Manhattan puisqu'il y raconte ses périgrinations dans différentes villes.
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Dans ma province, écrit Molina, les fenêtres entretiennent avec l'extérieur une relation difficile faite de méfiance et de secrets. On perçait de petites fenêtres à travers des murs épais. A la nuit tombée avant d'allumer, les femmes disaient : ferme d'abord les volets que personne ne nous voie.
A Manhattan le regard s'élève vers les fenêtres exhibées à la curiosité des voisins, des passants. Se détache de ses fenêtres des chambres austères que l'on voit fréquemment dans les tableaux d'Edward Hopper mais aussi l'impression d'argent et de privilège extrême. Par son rectangle parfait, sans voilage, on voit aussi bien le dedans que le dehors.
C'est à une vision d'européen que nous invite Molina. D'un européen pris de vertige, pas les hauteurs des buildings, des ponts, par l'échelle des distances, par le bruit, cette rumeur forte qui ne s'arrête jamais. Manhattan ce bazar du monde comme avait dû l'être Samarcande ou Bagdad. le commerce est la sève de cette ville qui maintient ouvert 24/24h aussi bien les épiceries de quartier que les supermarchés grands comme des cathédrales. Une ville où être en train de voir sans regarder est un art. On est monsieur personne. Si tout bouge il suffit d'un Starbucks pour peut mener une vie de fainéant à regarder voir passer la vie. Molina est présent le 11 septembre 2001. Il dépeint la crainte de nouveaux attentats qui s'empare de la ville. La fragilité des américains que n'importe quel hasard déconcerte, habitués aux privilèges de la technologie, incapable d'admettre la rupture inédite de la norme qu'est l'apocalypse des Tours Jumelles. Enfin le Manhattan des fleurs, des bougies, des U.S.A. scandés par de jeunes hommes.
Il y a pour Molina le Manhattan nostalgique d'un amour clandestin. Celui des peintres, Hopper, Richard Estes, Alex Katz, du sculpteur Leiro. Mais aussi le New-York de l'exil du déracinement quand Molina endosse son habit de Professeur et lit un poème de Cenuda, des lettres de Federico Garcia Lorca à ses étudiants.

Antonio Muñoz est un Universitaire européen. Il est fasciné, au-delà de Manhattan, par la civilisation nord-américaine si riche et si dépaysante pour les habitants du vieux continent que nous sommes.
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Les lignes des regards se croisent dans le vide de manière complexe, sans jamais se rencontrer

Un écrivain à Manhattan. Une ville réelle et imaginée, telle celle de Woody Allen. Là, un noir et blanc mythique d'un certain cinéma, ici, des bruits, des musiques ou comme ces tâches de couleur marquant « l'échine noire et humide de l'asphalte »

Il n'y a pas de lecture objective d'une ville. Lecture d'insomniaque, lecture d'amoureux, lecture d'après le 11 septembre…

Un espagnol « accablé par l'écart désolant entre ce qu'il croit savoir d'une langue et ce que sa bouche maladroite parvient à articuler ». Un écrivain stupéfait de « l'impression d'espace », des personnes « comme s'ils ne se regardaient pas »…

Promenades et réflexions, les immigrant-e-s d'hier et d'aujourd'hui, « vaste délégation de l'humanité qui toujours veut entrer à New-York », retours de mémoire, la splendeur et la crasse, la vitesse et « il n'existe pas de littérature qui puisse raconter pleinement la richesse d'une seule minute »…

Le cinéma, Hitchcock et Fenêtre sur cour, la peinture, Edward Hopper, la musique, le jazz, Central Park et dans une calèche Orson Welles et Rita Hayworth aux cheveux courts, Harlem, Cinquième Avenue, l'agitation, Greenwich Village, le « double prisme des Tours Jumelles », les poètes, la « solitude la plus extrême au milieu de la foule », le New-York Times…

Des policiers et des pompiers parcourant « les rues à toute vitesse en déployant la puissance de leurs sirènes, de leurs klaxons et de leurs gyrophares », prendre la mesure de la journée intacte, l'exil et la capitale « de tant de déracinements, de tant de rêves d'un monde ou de vie meilleure, accomplis ou écroulés », la stratification et la ségrégation sociale, « l'exhibition de l'argent et du luxe maniaque de l'accumulation »…

Hier et aujourd'hui, « Aucun simulacre de permanence n'amortit bien longtemps la trépidante perception de l'écoulement incessant des choses », des lieux, un saxophone, un tableau, un film…

La ville, les mythes, l'imagination et les projections mentales. Manhattan peut-être, des fenêtres certainement. Et qui se penche aperçoit une partie de lui-même…

« Comment distinguer la vérité de la fable dans une ville où l'une paraissait aussi invraisemblable que l'autre »
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Je déteste abandonner la lecture d'un livre en cours de route,
mais c'est parfois nécessaire.

Ce livre, lu en espagnol, m'est tombé des mains. Trop premier degré.
Evocation du 11-Septembre sans intérêt. Style lourd et ampoulé. bref...

A rendre vite à l'expéditeur !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
En d'autres temps, En Égypte ou à Rome, dans l'Espagne que peignait Velasquez, dans la Hollande de Rembrandt ou de Vermeer, la peinture et la sculpture se consacraient à invoquer l'existence humaine, le mystère de l'identité, ce qui se révèle ou demeure indéchiffrable dans des yeux ouverts. Cette tâche, que pour quelque raison l'art moderne semble avoir abandonnée, seule la photographie continue de l'assumer. Ainsi la photographie, inventée si tard, est en définitive l'art le plus primitif et qui s'immerge le plus dans le sacré : le studio du photographe est aussi plein de sortilèges qu'une chambre funéraire égyptienne, et ses outils ressemblent, par la compétence et le secret qu'on met à les manipuler dans le noir pour préserver de la mort une présence humaine, à ceux qu'utilisaient en Égypte les embaumeurs et les sculpteurs des tombes.
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Le niveau de tolérance face à l'incertitude, la conscience de la fragilité de sa propre vie et du provisoire de toutes choses est plus faible en Amérique du Nord que n'importe où ailleurs : les Européens d'un certain âge se rappellent que leur civilisation fut détruite en peu de temps par le totalitarisme et la guerre et que les villes les plus belles peuvent se transformer du soir au matin en un paysage de ruines [...].
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Chaque livre est une invite excitante et aussi un début de remords anticipé, une promesse de sensations, de mots de savoirs et de mondes, et l'avertissement de ce que l'on ne peut pas lire tous les livres qu'on voudrait. Le temps manquera toujours et celui qu'on consacrera à l'un on le refusera à un autre, et on ne pourra jamais tenir pour satisfait cet appétit de lecture, ce vice impuni selon Valery Larbaud.
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Ici (à New York) je ne suis personne, ou plutôt je suis « Monsieur Personne » et pourtant je suis davantage moi-même que jamais, plus que n’importe où. Dépouillé des contingenes et d’ajouts extérieurs, sauf de la présence de « qui m’accompagne » comme dit la romance, je suis la chair et le sang de mon identité personnelle, ce que l’on est tout au fond de soi-même, une certaine manière de se trouver dans le monde, de revivre le plus précieux et le plus décisif de ce qu’on a déjà vécu, les épisodes de l’apprentissage qui ont conduit à être celui qu’on est, les découvertes et les enthousisames qui, dans la vie courante, occupent une place stable dans le passé et qui, ici, retrouvent la pure ferveur de la nouveauté
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Grâce aux Starbucks que l'on trouve partout, on peut mener à Manhattan une vie de café aussi fainéante que dans un chef-lieu de province espagnol d'il y a cinquante ou soixante ans.
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