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Citations de Ariane Charton (23)


Catherine Pozzi

Chirurgien célèbre et mondain, Samuel Pozzi est mort à71 ans, assassiné dans la rue par un ancien patient. Sa fille Catherine (1882-1934) qui se trouvait à Montpellier écrivit ces lignes le lendemain du drame

15 juin 1918
Papa admirable, étonnant Papa, qui es dans l'univers légendaire comme un prince de fées, comme un triomphateur [...]tu as réussi devant mes yeux de bébé, d'enfant, de femme, de mourante, la lutte pour laquelle il me semble que seulement j'ai l'intelligence; tu as mille fois et mille fois encore, plié le hideux hasard. Rien autour de toi qui ne devienne esprit et cohérence, rien en toi qui ne soit grâce souple, sourire, bonté, beauté, succès, bonheur. Tu n'as rien touché que tu ne rendisses vivant. Tu riais en disant: " Penser, panser". Tu as guéri, compris. Tu ne croyais pas en Dieu et tu dispersais sa puissance.
(Journal) (p.32)
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La journée d'aujourd'hui, ce sont des camélias et les volubilis que j'ai planté avec mon père. Rarement, au cours de mes trente ans de vie, je ne me suis senti aussi cohérent, aussi confiant, qu'auprès de ces soixante-dix années en train de jardiner. La vue de mon père, de son corps incliné vers la terre, emplit de confiance et de paix la plus délirante inquiétude. - Miguel Torga, en franchise intérieure, pages de journal, 1933-1977. (p. 60)
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"En vérité, on n'y peut rien, on a l'âme que vous ont léguée un tas de gens parfaitement inconnus, et qui, à travers les descendances, agissent sur vous sans que trop souvent, vous y puissiez grand chose." Si Debussy, à la veille de ses cinquante ans, parlait ainsi de ses origines, toute sa vie prouvait pourtant combien il avait su se démarquer de ses aïeux.
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Fournier parlera plusieurs fois d'Yvonne de Quiévrecourt comme d'une demoiselle hautaine. Ce caractère, réel ou supposé, interdit à l'écrivain de lui faire des reproches. Elle le domine par sa cruelle pureté. Elle est une âme mystérieuse, telle qu'il en rêve. Une âme qui, croit-il, serait capable de le suivre "pour le royaume inconnu".
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Henri Fournier s'abandonne toujours si facilement à ses chimères qu'il conclut sa lettre à Jacques Rivière du 25 juillet par un "je suis content". Il est ainsi capable de s'inventer des vies, des projets fous auxquels il croit quelques heures, quelques jours, à la différence de Rivière qui, même dans ses instants d'exaltation, garde un discours réaliste.
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Le peu de considération pour des contemporains obtenant un succès populaire est une attitude fréquente chez bon nombre d'artistes. Elle est à la fois compréhensible, souvent justifiée, tout en étant discutable par le mépris et l'enfermement qu'elle implique. Vaut-il mieux se couper de son temps et composer pour la postérité qui saura mieux apprécier l'oeuvre ou vaut-il mieux essayer d'éduquer ses contemporains pour en être compris ? Debussy, au caractère aristocratique, fit son choix dès sa jeunesse et ne changea jamais.
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Entre lui et moi, il y a la distance d'un premier amour que je n'ai jamais pu vivre jusqu'au bout [...] Sur sa photo je me suis efforcée de retrouver la présence qui m'émouvait tant: le visage est intelligent, intense, les yeux ont le regard court des miens et leur fausse dureté. Mais que sait-on d'un être perdu à treize ans si ce n'est confirmé par le témoignage des autres ? Ici, ce que je crois et ce que l'on me dit concorde. Ma mythologie n'a pas été atteinte. (Clara Malraux- Le bruit de nos pas 1- apprendre à vivre)
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« Plusieurs femmes ont apporté de chez elles des casseroles de soupe. On m'explique qu'en Toscane une soupe est souvent servie en début de repas, que ce soit au déjeuner ou au dîner. Personne ne semble se soucier que cela refroidisse, pendant que nous dévorons les pici. J'apprends alors qu'on déguste ici le potage à la température de la pièce, agrémenté d'un filet d'huile d'olive et d'une pincée de pecorino, du fromage de brebis râpé. « Le goût est meilleur quando la minestra è servita tiepida, me dit Floriana, qui est assise en face de moi. Les gens veulent toujours que ce soit servi très chaud, mais ils se brûlent le palais et perdent le véritable goût. Tiède, c'est mieux. » »Mille jours en Toscane, Marlena de Blasi
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« Paysage toscan, agréable et noble. Les blés en herbe sont éblouissants de fraîcheur ; au-dessus d'eux s'ordonnent des files d'ormeaux chargés de vignes, bordant la rigole qui les arrose. La campagne est un verger que les eaux aménagées viennent fertiliser. On voit ces eaux venir abondamment des montagnes et se tordre bleues et limpides sur leur lit trop large de cailloux roulés. Partout des traces de prospérité. Le versant des montagnes est piqué de mille petits points blancs ; ce sont des maisons de campagne et de plaisance ; elles sont là chacune dans son bouquet de châtaigniers, d'oliviers et de pins. On voit des marques de goût, de bien-être dans celles qu'on aperçoit en passant ; les fermes elles-mêmes ont un portique au rez-de-chaussée ou au premier étage pour prendre le frais du soir. » Voyage en Italie, Hippolyte Taine
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Mon père ne m'a jamais rien dit. Je me suis contenté de l'observer. ça suffisait. C'est comme ça que j'ai appris tout ce que je sais.[ Eric Neuhoff, Comme hier (p. 62)]
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Mon père était en Angleterre à cette époque-là, pour moi c'était encore ce qu'il y avait de pire. Je me disais que j'allais mourir, je l'appelais à haute voix et je gémissais, l'idée que je ne le reverrais jamais était pire que les souffrances . [...] Puis j'entendis sa voix, il s'était approché de moi par-derrière, j'étais couché sur le ventre, il prononça mon nom à voix basse, il contourna le lit, je le vis, il me posa la main doucement sur les cheveux, c'était bien lui et je n'avais plus mal. (Elias Canetti, Histoire d'une jeunesse (1905-1921), la langue sauvée) (p; 49)
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J'ai fait des enfants. Qu'à leur tour ils fassent de moi un père. Ils sont mes seules certitudes. Ils m'emmerdent, ils m'empêchent de dormir, de travailler, mais il n'existe pas de mot assez fort pour exprimer le sentiment que je leur porte. Avec eux, l'herbe repoussera plus dru; Je les aime avec démesure. (p. 110- Eric Neuhoff, Barbe à papa)
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« À force d'indifférence et d'insensibilité, il arrive qu'un visage rejoigne la grandeur minérale d'un paysage. Comme certains paysans d'Espagne arrivent à ressembler aux oliviers de leurs terres, ainsi les visage de Giotto, dépouillés des ombres dérisoires où l'âme se manifeste, finissent par rejoindre la Toscane elle-même dans la seule leçon dont elle est prodigue : un exercice de la passion au détriment de l'émotion, un mélange d'ascèse et de jouissance, une résonance commune à la terre et à l'homme, par quoi l'homme comme la terre, se définit à mi-chemin entre la misère et l'amour. Il n'y a pas tellement de vérités dont le coeur soit assuré. Et je savais bien l'évidence de celle-ci, certain soir où l'ombre commençait à noyer les vignes et les oliviers de la campagne de Florence d'une grande tristesse muette. Mais la tristesse dans ce pays n'est jamais qu'un commentaire de la beauté. Et dans le train qui filait à travers le soir, je sentais quelque chose se dénouer en moi. Puis-je douter aujourd'hui qu'avec le visage de la tristesse, cela s'appelait cependant du bonheur ? » Noces, « Le désert », Albert Camus
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J'ai en ce moment l'âme, gris fer, et de tristes chauves-souris , tournent au clocher de mes rêves ! Je n'ai plus d'espoir qu'en Pelléas et Mélisande et Dieu seul sait, si cet espoir n'est pas que de la fumée. (p. 123)
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L'instabilité matérielle du compositeur est le reflet d'une instabilité d'artiste écartelé entre ses aspirations et ses idéaux et la pression de ses amis ou des gens du monde théâtral et musical prêts à lui proposer tout et n'importe quoi contre de l'argent, argent dont il a pourtant toujours besoin. (p.142)
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Alain-Fournier doute de lui. Il se sent prêt à renoncer à son grand projet littéraire qu'il n'est pas inspiré. Ecrire ou ne pas écrire son roman prend la forme d'une question métahysique sur le but de l'existence. Pourquoi écrire ? Pour quoi ? Pour qui ? L'image d'Yvonne de Quiévrecourt entrain de le lire le hante.
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Henri Fournier [...] porte un regard critique sur les professeurs et le contenu de leurs leçons. Il s'insurge ainsi contre ces "gens dont le métier est de mettre le coeur et l'âme du passé en formules". A ses yeux, l'enseignement universitaire, ce n'est pas le présent, ce n'est pas la littérature et à aucun moment il n'exprimera une quelconque vocation de professeur. Les cours vont, certes, participer à sa formation mais, bien souvent, il verra en Lakanal une prison, non pas physique comme à Brest ou à Bourges, mais intellectuelle. [...] Sa scolarité est un lent mais irrémédiable échec.
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Il est curieux que le fait d'assembler des sons le plus harmonieusement possible donne comme retentissement : des cris d'animaux et des vociférations d'aliénés ! (p.236)
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C'était la nuit sur le pont de Solférino. Très tard dans la nuit. Un grand silence. Je m'étais accoudé à la balustrade du pont. La Seine sans une ride, comme un miroir terni. Des nuages passaient lentement sur le ciel sans lune, des nuages nombreux ni trop lourds, ni trop légers : des nuages. C'est tout. (p. 152)
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Il suffirait que la musique force les gens à écouter, malgré eux, malgré leurs petits tracas quotidiens et qu'ils soient incapables de formuler n'importe quoi ressemblant à une opinion, il faudrait qu'ils ne soient plus capables de reconnaître leur face grise et fade, qu'ils pensent avoir rêvé, un moment, d'un pays chimérique et par conséquent introuvable.

p. 173
(Claude Debussy à Paul Dukas, 11 février 1901, au sujet de l'auditoire prompt à juger en bien ou en mal de son oeuvre).
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