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Critiques de Arthur de Gobineau (22)
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La vie de voyage

Tiré du recueil Nouvelles asiatiques, La Vie de voyage est plutôt un court roman, qui conte les tribulations d’un jeune couple parti à l’aventure sur les routes de Perse suite à un revers de fortune. Sans suivre une trame bien définie, Gobineau utilise ce prétexte pour compter de nombreuses anecdotes et décrire les paysages d’un pays sous le charme duquel il est manifestement tombé, puisqu’il y a lui-même séjourné longtemps. La plus grande partie du récit, même s’il est amené par une introduction un peu longue qui part d’Italie, suit une caravane aux confins de la Turquie, et l’on y apprend ce qui a conduit certains des membres de cette société temporaire à mettre ses pas dans ceux de Kerbelay-Houssein, le maître muletier. Des gens sans racine, des gens poussés par un certain amour du voyage, des gens tenus par des promesses ou des espoirs. Il y a un peu de tout, et Gobineau expose les motifs, les situations, sans prendre partie, comme un auteur jouissant de sa plume et de ses souvenirs, laissant le lecteur libre de faire l’usage qu’il veut de ces tranches de vie.



La fin du récit est quant à elle porteuse d’un message, assez ambivalent lorsque l’on sait que Gobineau a longtemps, en qualité de diplomate, vécut à l’étranger, notamment en Orient, et que, je cite l’article que lui consacre Wikipédia, ma seule source sur le personnage, qu’« il se fait « plus Persan que les Persans ». Sa maîtrise de la langue, sa remarquable adaptation à des conditions de vie très exotiques lui apportent l'estime de la population et des notabilités locales. (…) C'est néanmoins sans regrets que, rappelé, il quitte la cour de Perse en 1858. ». Lucie semble à l’image de l’auteur. D’abord fascinée, s’intégrant presque naturellement dans cette autre culture, elle se rend finalement compte qu’elle ne peut que rester à la surface des choses, qu’elle ne comprend en réalité rien à cette culture qui ne peut que lui échapper quelques soient les efforts et la bonne volonté qu’elle fasse. (Et parce que c’est une femme, cela la mène tout droit vers la crise de nerfs et elle ne peut que se laisser submerger par une angoisse qu’elle ne peut contrôler, mais cette nouvelle n’est pas le lieu d’un débat féministe…).

Je n’ai pas lu le fameux essai problématique de Gobineau, son Essai sur l’inégalité des races humaines qui aurait été une des sources d’inspiration des théories nazies et qui l’a fait tomber en disgrâce littéraire, et je ne suis pas non plus partisane de lire les œuvres à la lumière de la façon dont elles ont été utilisées par les générations passées, mais s’il n’est à aucun moment question de supériorité et d’infériorité des gens, des peuples ou même des cultures dans La Vie de voyage, Gobineau exprime par les mots et les réactions de Lucie la vision selon laquelle les cultures ne sont pas miscibles, qu’elles restent irrémédiablement étrangères l’une à l’autre, et même qu’elles sont en définitive impénétrables, qu’il est impossible d’aller au-delà d’un émerveillement de surface. Bien sûr, il parle alors de pays « pour lequel nous sommes faits, et qui est fait pour les natures que nous avons reçues du ciel », mais je ne suis pas sûre d’y voir du racisme, surtout l’idée que l’on ne connait effectivement que la culture dans laquelle on naît.

Une vision très pessimiste et fataliste, d’autant qu’elle vient d’une personne qui s’est frotté à l’autre, à la culture étrangère et a essayé de les comprendre même si ses thèses scientifiques sont souvent fantaisistes. C’est une vision que l’on retrouve aujourd´hui dans beaucoup de discours sur l’immigration, cette idée que les cultures ne peuvent se mêler, pas même souvent cohabiter, ce qui fait de la dernière partie de cette nouvelle un texte relativement actuel, que l’on soit en accord ou non avec ce point de vue.

Entre globalisation d’une certaine culture et immiscibilité, le débat reste entier et la direction que nous prendrons n’est pas encore définie, mais cette nouvelle m’a fait me poser la question de comment je suis moi-même perméable aux autres cultures, de la mesure dans laquelle je comprends les cultures qui me sont étrangères et que j’approche. Je dois avouer que je ne suis pas de celle qui à Rome fait comme les Romains, pas entièrement en tout cas. J’aime préserver un bout de sol français quand je suis au-delà des frontières et je n’ai pas même fait l’effort d’apprendre les langues de certains des pays que j’ai traversés. Je n’ai pas toujours apprécié leurs cultures non plus, même quand elles m’ont intéressée. Suis-je donc une Lucie qui s’ignore, ou bien simplement une personne jonglant tant bien que mal entre ses racines et son environnement, toujours dans un équilibre précaire, de cet équilibre instable qui fait le sel de la vie de voyage ?
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Jean de La Tour-Miracle

Ce livre, soyons claire, je n'avais absolument aucune envie de le lire. 10 ans qu'une de mes tantes me l'avait offert, 10 ans qu'il trainait dans ma PAL, 10 ans qu'il ne me tentait PAS DU TOUT.

Pourquoi ne m'en suis-je tout simplement pas débarrassée, me demanderez-vous (pour celles/ceux (peut-être qu'il y en aura) que ça intéresserait éventuellement) ? Tout simplement parce que c'est un cadeau et, même si je ne porte pas particulièrement ma tante dans mon cœur, je me sentais obligée de le lire un jour...



Alors, je vais commencer par le style de l'auteur si vous voulez bien. Enfin même si vous ne le voulez pas, je fais comme je veux, après tout c'est mon article ! Na ! :p

Comme je m'y attendais pour un livre écrit en 1846, c'est un style que je n'aime pas du tout et qui n'est pas sans me rappeler celui de Dracula de Bram Stoker.

Les dialogues sont ampoulés et très lourds avec de la flatterie par-ci puis par-là et encore un peu par ici... Résultat, il leur faut tout un paragraphe pour dire quelque chose qui aurait pu l'être en une phrase ou deux. Ce genre de perte de temps m'irrite...

Par contre dû à l'époque, je dois avouer que cette lecture m'a fait découvrir de nouveaux mots (même si je les ai oubliés depuis...).

Un autre point positif, c'est qu'il y a beaucoup de descriptions et que, visuellement, on arrive à bien "voir" ce que l'auteur veut nous montrer.



Concernant les personnages, je dois avouer que je ne me suis attachée ou identifiée à aucun d'entre eux.

Jean est imbu de lui-même, sûr de lui, manipulateur par la parole, têtu, volage... Quelle que soit la situation, il arrive à en tirer à avantage à son profit. A part son intelligence, je n'ai pas réussi à lui trouver une seule qualité...

Barbillon est juste un fieffé coquin qui "aime" autant son maître qu'il le trahit pour son propre profit... Bon, il lui sauve souvent la mise aussi, j'avoue...

Magdelaine me tapait sur le système avec ses airs de sainte-nitouche...

Quant à Corisande, c'est peut-être le personnage le mieux construit : belle à se damner, intrigante, intelligente, prête à tout pour obtenir ce qu'elle veut...



Concernant l'histoire en elle-même, je dois avouer qu'elle contient pas mal d'action mais, malheureusement tout cela finit par devenir grandement répétitif : amour refusé par les parents, voyage, capture, amour, libération, capture, libération...

Je n'ai jamais vu un personnage se faire autant capturer et toujours arriver à "séduire" ses geôliers qui se contentent de sa promesse qu'il ne tentera pas de s'enfuir... O_O

Sinon le livre couve en son sein moult complots sous le couvert de la religion et du pouvoir. Après, vous me direz, c'est logique vu que ce livre se passe durant la Guerre des Religions...



En résumé, vous l'aurez compris, je n'ai pas du tout été séduite par ce livre, comme je m'y attendais. Je me suis beaucoup ennuyée, surtout lorsque j'ai vu que l'histoire ne cessait de se répéter. Le personnage principal m'a tapé sur les nerfs tout le long de l'histoire et je n'avais qu'une hâte : arriver à la dernière page pour le refermer, le ranger et ne plus jamais l'ouvrir !

Si vous aimez ce genre de littérature, lancez-vous. Il y a des gens qui y sont sensibles et qui trouveront sûrement des qualités à ce livre. Ce ne fut pas mon cas, désolée...

Pour les autres, passez votre chemin, vous économiserez ainsi du temps pour des lectures qui vous plairont certainement plus !
Lien : http://booksfeedmemore.eklab..
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