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Citations de Benoîte Groult (595)


Nous n'avons pas envie de danser ce soir, ni de faire l'amour, seulement d'être ensemble à ne rien faire, comme si nous avions la vie devant nous. Je ne sais plus lequel des déchirants poèmes de Cohen nous fendait l'âme cette nuit-là "Let's be married one more time" ou "I cannot follow you ,my love", quand la chose a commencé. Je me souviens seulement que j'étais debout devant la fenêtre, appuyée à Gauvain, et que nous regardions les premières neiges de l'automne voleter en tous sens devant la vitre. Nos visages se touchaient mais ne s'embrassaient pas. Et soudain, nous nous sommes trouvés ailleurs. Nous avions décollé. Nos peaux ne nous délimitaient plus, nos sexes n'étaient plus mâle et femelle, nous nous sentions hors de nos corps, un peu au-dessus plutôt, nous balançant très vaguement, âme à âme, dans une durée indistincte.
J'ai entendu Gauvain murmurer d'une voix méconnaissable : "Ne dis rien surtout…" Mais je n'étais pas en état de dire et qu'aurais-je pu dire ? Chaque seconde qui passait été 'éternité.
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Tous se trouvaient ce soir-là, dans cet état d'extrême fatigue qui confine à l'ivresse, unis dans la satisfaction du travail accompli, de la récolte rentrée, baignés par ce crépuscule de fin juillet qui ne se décidait pas à faire place à la nuit, comme il arrive en cette saison en Bretagne quand l'obscurité ne réussit pas à venir à bout de la lumière. Le jour se traîne, se défend et l'on caresse l'espoir qu'enfin, une fois, il va vaincre les ténèbres.
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Cinquante ans avant les saint-simoniennes, cent cinquante ans avant Simone de Beauvoir, elle rejette le mariage, "tombeau de la confiance et de l'amour", et se déclare en faveur de ce qu'elle appelle "l'inclination naturelle".
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Combien de temps encore serons-nous dupes des grands principes, des beaux discours ou des vilains sentiments concernant notre dignité et notre salut, sans voir ce qu’ils dissimulent, ce qu’ils ont toujours dissimulé : le refus de notre liberté, le refus de nous laisser déterminer ce que nous jugeons digne ou indigne? Sommes-nous dépourvues de jugement, de courage, du sens des responsabilités?
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Chaque matin, je me lève comme si de rien n'était, pleine d'ardeur et d'amour pour la vie comme je me suis toujours levée, même aux pires jours, et puis je me croise dans la glace de ma salle de bain et c'est le choc :
" C'est moi, ça ? " Certainement pas. Alors je change d'angle, j'arque les sourcils, je prends ma tête à miroirs, complètement falsifiée. Ah bon ! C'est mieux ainsi. Mais dans la journée, on rencontre toujours une glace imprévue, celle de la boucherie notamment. je ne sais pas pourquoi je suis toujours hideuse dans la glace de la boucherie ! Et c'est chaque fois le coup de matraque.
J'ai fini par traverser la rue où la lumière est impitoyable pour éviter certaines vitrines et ménager mon moral. Je ne voulais pas la voir, cette femme là. De l'intérieur, je me sentais si formidablement jeune, ou disons
sans âge, que je ne parvenais pas à intégrer ces disgrâces naissantes à mon image intime. J'ai une santé de fer, d'acier inoxydable et je n'ai mal nulle part sinon à ma cinquantaine. Il fallait donc agir, refuser ce vieillissement insidieux, lui intimer l'ordre de repasser dans dix ans.
J'allais m'offrir une nouvelle tête.
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Le féminisme n'a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours !
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L'effort physique est en général un facteur de classe, non de sexe. Les tâches les plus pénibles sont toujours réservées à ceux d'en bas, qu'ils soient robustes ou non.
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Le sexisme est plus profond et plus endémique encore que le racisme.
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Contrairement à ce qu'il est reposant de croire, la condition féminine ne va pas en s'améliorant. Ni dans le monde, on le sait, ni même en France. L'hégémonie masculine en Europe, après trente ans de "victoires féminines" reste impressionnante. Ne pas le voir, accepter d'enterrer le féminisme de maman au magasin des accessoires, c'est prendre le risque de voir stagner ou même régresser la place des femmes dans la société, si difficilement acquise.
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Je suis, hélas ! une personne à la fois dénuée d'amour-propre et douée d'une grande tolérance au malheur : j'ai donc mis des années avant de trouver mon état conjugal insupportable et, ce qui est plus grave, nocif. Du moins en ai-je tiré le sentiment d'avoir épuisé jusqu'à la lie mon capital-souffrance.
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Moi je préférais avant, lui, après. C'était peut-être en cela que résidait la fameuse différence entre les sexes.
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En somme, en Orient, en Afrique ou en Europe, la religion et la science habilement manipulées ont toujours fourni les justifications nécessaires à l'asservissement physiologique, moral et intellectuel des femmes.
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Paul fait des siestes interminables : l'alcool le rend cotonneux. Il ressemble à une holothurie quand il se déplace.
p 261
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Il faut vraiment être deux fois plus gaie, deux fois plus drôle, deux fois plus riche et deux fois plus généreuse pour ne pas basculer dans le camp des vieillards.
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En avançant en âge, on aurait tendance à étouffer ses anciens personnages sous la personnalité qu'on croit la vraie. Mais en fait ils sont tous là, n'attendant qu'un geste engageant, qu'une occasion, pour apparaître au grand jour dans toute leur insolente fraîcheur.
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Le guide indien les avait mis en garde dès leur arrivée :
《 Si vous commencez à donner un bonbon ou même un sou ,vous êtes perdus.Ils sont cinq cent mille mendiants ici:Ils vous mettraient en pièce. 》
Mais comme il faisait nuit et qu'on ne voyait pas d'autre enfant alentour,Alex glissa cinq roupies à la petite fille qui s'en empara comme une pie,les fit disparaître sous ses linges,puis s'assit par terre pour les regarder gravir la passerelle.Le Moana resplendissant de tous ses hublots éclairés ,image presque intolérable du luxe.L'occident dispensait là ses banals bienfaits ,de l'autre côté de cette passerelle qui séparait deux mondes: quarante mètres de luxe sur douze,avec un salon climatisé ,un maître d'hôtel qui attendait pour servir une dernière collation et un lit moelleux préparé pour chaque corps.Des alcools leur offrirent l'evasion;des pilules leur assurèrent un bon sommeil.Le spectacle de la misère les avait mis à plat.
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Troublant de découvrir que, vers la quarantaine, vos enfants prennent leur vrai visage. Ils se débarrassent de ce qui ne leur convenait pas dans notre éducation, ne cherchant plus à nous faire plaisir si cela fait violence à leur nature.
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Condorcet fut presque seul, lors de la révolution, à prôner l'égalité des droits comme fondement unique de toute institution politique. "Pourquoi des êtres exposées à des grossesses et à des indispositions passagères ne pourraient-ils exercer les droits dont on n'a jamais imaginé de priver les gens qui ont la goutte tous les hivers, ou qui s'enrhument aisément ?".
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Je veux m'en aller, ma hotte lourde de souvenirs et les yeux pleins de fierté d'avoir vécu vivante jusqu'au bout.
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C'est pour toutes ces raisons que, l'âge venant, on se met à préférer les promesses de l'aube aux sortilèges de la nuit. Tout soit qui tombait rendait Marion triste. Rien que ce verbe : "tomber" ! Le soir lui semblait une journée vieillie, comme elle-même, bientôt finie, et elle subissait le départ de la lumière du jour comme celui de sa jeunesse. Mais chaque matin elle se levait toute neuve, oubliant les mélancolies de la veille. Elle s’émerveillait que la vie eût ce pouvoir tout simple.
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