Citations de Bertrand Dermoncourt (24)
À cette époque, l’URSS se désagrégeait…
Oui. Et, comme le pays, notre organisation risquait à tout moment d’imploser. L’administration du Kirov fonctionnait très mal. Le directeur, un gestionnaire célèbre dans le milieu de la culture, avait été nommé par Moscou et se moquait éperdument du théâtre et de ses artistes. J’ai d’abord voulu faire équipe avec lui, puis j’ai compris qu’il ne s’intéressait qu’au pouvoir et à l’argent : la musique n’était rien pour lui.
Quel est au fond le secret d’un orchestre ? Que le chef fasse en sorte que tout le monde s’écoute… Alors, et seulement à cette condition, le son d’ensemble sera bon. Voilà une leçon pour le monde, la vie en général, et les relations internationales en particulier.
“J’achèterai tout”, a dit l’or;
“Je prendrai tout”, a dit l’épée.
Alexandre Pouchkine, L’Or et l’Épée.
Chaque fois que je découvre de nouveaux rivages, un pays inconnu, une ville encore jamais visitée, chaque fois que je me lance dans une aventure improbable, je pense à la première fois où j’ai vu la mer. J’avais douze ans, c’était en Géorgie. Nous avons entrepris un long voyage avec mes parents, pour aller voir des amis à Batoumi, une ville proche de la frontière turque. J’ai couru comme un fou pour apercevoir la mer. J’ai découvert un autre monde, incroyable. J’ai été sidéré par l’immensité des flots, cet espace qui paraît sans limites. Un profond mystère s’en dégageait.
Frapper fort, sans peur de choquer, à l’aide des effets théâtraux les plus impressionnants : l’éloquence dramatique du premier opéra de Krzysztof Penderecki (1969) a peu d’équivalents. Une certaine folie, même, émane de ces trente scènes qui mêlent l’obscénité, la bouffonnerie, la cruauté et les prières.
Les Diables de Loudun
Frapper fort, sans peur de choquer, à l’aide des effets théâtraux les plus impressionnants : l’éloquence dramatique du premier opéra de Krzysztof Penderecki (1969) a peu d’équivalents. Une certaine folie, même, émane de ces trente scènes qui mêlent l’obscénité, la bouffonnerie, la cruauté et les prières.
Billy Budd est, avec Peter Grimes, le plus « humain » des opéras de Britten, celui dont le plaidoyer pour la liberté est le plus aveuglant. L’action se passe à bord d’un voilier de la marine de guerre anglaise. Billy, jeune marin victime des circonstances, sera sacrifié au seul respect des règles et de l’ordre militaire. Cet opéra réussit la gageure de tenir deux heures trente sans une voix féminine. Son admirable atmosphère, sa véracité, sa vie intense en font une œuvre majeure.
Les lâchetés dont Chostakovitch s'accusait lui-même ne l'ont pas empêché d'être un de ceux qui ont tenté de rendre en XXe siècle un peu de la dignité qui lui a manqué.
Chez Chostakovitch, cette présence du monde fut plus sensible et plus impérieuse que chez tout autre artiste. La violence et l'angoisse exprimée par ses grandes symphonies, ses quatuors, ses mélodies ou ses opéras ne sont donc pas seulement la marque d'une vie gagnée par l'amertume et la peur. Ses œuvres témoignent aussi de la grandeur des hommes, dont les hésitations et les compromis sont le signe d'un combat durement mené. Là se trouve le véritable Chostakovitch, avec ses contradictions et ses faiblesses mais aussi des gestes décisifs qui appartiennent autant à l'Histoire de la musique qu'à celle du destin tragique des hommes de Russie.
À Rostropovitch qui lui demandait pourquoi il signait les textes de propagande, Chostakovitch fit la réponse suivante: Quand on me donne ces lettres à signer voilà ce que je fais: je les mets la tête en bas et je les signe à l'envers. Les gens apprendront beaucoup plus à travers ma musique qu'a travers ma signature.
En 1786, Mozart entendit à Leipzig le Motet BWV 225 et fut, semble-t-il, à nouveau si stupéfait, qu'il demanda à lire l'ensemble des motets de la bibliothèque. Il écrivit alors : "Pour la première fois de ma vie, j'apprends quelque chose !"
La transparence de la hauteur méditative qu'atteint Richter (qu'on écoute seulement les Prélude et fugue en ut dièse mineur ou mi bémol mineur du Premier Livre du Clavier bien tempéré, dont l'enregistrement intégral le satisfait plus que celui du Deuxième Livre) illustre à merveille sa pensée de l'interprétation, qui ne consiste pas à "verser sa dégoûtante individualité dans la musique". Ainsi, l'interprète "n'apporte rien qui ne soit déjà dans l'œuvre. S'il a du talent, il laisse entrevoir la vérité de l'œuvre qui seule est géniale et se reflète en lui. Il ne doit pas dominer la musique, mais se dissoudre en elle." (Écrits, conversations, p. 185). "On doit, dit encore Richter, retrouver intacte la pensée, le cœur, la vérité nue de l'auteur qui crée l'œuvre. Il faut la méditer, la sentir et mettre sa technique au service de son ami disparu…"
Les musiciens amoureux du répertoire romantique, remarque Reich, sont ceux qui jouent le moins bien ma musique. Par contre, si je demande à un musicien "baroque" la même chose, il y parviendra quasi-instantanément.
La direction est à la fois une activité horizontale et verticale. Le partage avec les musiciens voila qui est horizontal. Et pour être responsable il faut préparer à agir verticalement. Si quelque chose tourne mal, c'est bien la faute du chef,et de personne d'autre. Si tous vas bien, c'est grâce à tous. La direction est donc un processus permanent d'apprentissage, un balancement entre ces deux dimensions
Quel est le rôle de l'artiste dans nos sociétés ?
il est rappeler que nous vivons dans un monde souvent très beau et qui peut parfois devenir laid, par notre faute.
Comment définiriez vous votre mission au Marrinsky ?
Plus qu'une mission, c'est une devoir. Celui d'exerser pleinement mon sens des responsabilités.
Quel ont été vos plus grands soutiens ?
Les compositeurs russes. Ils nous ont donné cette arme puissante qu'est la grande musique russe, et nous (Mariinsky) avons appris à la jouer à son meilleur niveau.
Mes professeurs étaient des gens étonnants, qui s'impliquaient d'une façon incroyable dans leur enseignement. Non seulement ils m'ont fait aimer la musique, mais ils m'ont surtout fait comprendre pour quelle raison l'aimer.
J'ai fais des réserves d'énergie pour ma vie entière, comme si la force brute de la nature coulait désormais dans mes veines.
Les formes musicales les plus développées trouvent leur plus ample expression dans le complexe orchestral.