Valery Gergiev, un des plus grands chefs d'orchestre vivant et directeur du théâtre Mariinsky de Saint Petersbourg depuis près de trente ans, répond dans ce livre, aux questions de B.Detmoncourt, journaliste et critique musicale.
Issu d'une famille originaire du Caucase, il entame très jeune une carrière de pianiste pour passer très rapidement à celle de chef d'orchestre. Un grand musicien, un grand philanthrope, qui traverse les grands bouleversements de l'histoire socio-politique de la Russie en ayant toujours comme ambition et objectif, servir la musique et son pays.
On suit avec passion l'évolution du Mariinsky, qui avec sa nouvelle salle de concert inauguré en 2006 et son second opéra en 2013, devient un complexe gigantesque de 80000 mètres carrées, doté de sa propre maison de disques. Non seulement Gergiev est un chef d'orchestre hors pair, mais aussi entrepreneur et un excellent administrateur.
Un livre intéressant pour tous les curieux en général, et le bonheur total pour les mélomanes, car foisonnant de références musicales et techniques.
Le seul bémol pour moi est qu'il semble être un sympathisant de Poutine et répond aux questions délicates sans se mouiller ou carrément à côté. Est-il vraiment sincère ou en est-il obligé vu sa position stratégique ? Dieu seul le sait, vu que dans ces pays où sévit la dictature, la vie est dure ou quasiment impossible pour tout opposant. Dans ces cas faire preuve de courage servirait-elle à une cause, ça c'est une autre question.
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Chef d'orchestre exceptionnellement doué, Valery Gergiev méritait une confession. Elle fait l'objet d'un livre passionnant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
À cette époque, l’URSS se désagrégeait…
Oui. Et, comme le pays, notre organisation risquait à tout moment d’imploser. L’administration du Kirov fonctionnait très mal. Le directeur, un gestionnaire célèbre dans le milieu de la culture, avait été nommé par Moscou et se moquait éperdument du théâtre et de ses artistes. J’ai d’abord voulu faire équipe avec lui, puis j’ai compris qu’il ne s’intéressait qu’au pouvoir et à l’argent : la musique n’était rien pour lui.
Chaque fois que je découvre de nouveaux rivages, un pays inconnu, une ville encore jamais visitée, chaque fois que je me lance dans une aventure improbable, je pense à la première fois où j’ai vu la mer. J’avais douze ans, c’était en Géorgie. Nous avons entrepris un long voyage avec mes parents, pour aller voir des amis à Batoumi, une ville proche de la frontière turque. J’ai couru comme un fou pour apercevoir la mer. J’ai découvert un autre monde, incroyable. J’ai été sidéré par l’immensité des flots, cet espace qui paraît sans limites. Un profond mystère s’en dégageait.
Quel est au fond le secret d’un orchestre ? Que le chef fasse en sorte que tout le monde s’écoute… Alors, et seulement à cette condition, le son d’ensemble sera bon. Voilà une leçon pour le monde, la vie en général, et les relations internationales en particulier.
“J’achèterai tout”, a dit l’or;
“Je prendrai tout”, a dit l’épée.
Alexandre Pouchkine, L’Or et l’Épée.
La direction est à la fois une activité horizontale et verticale. Le partage avec les musiciens voila qui est horizontal. Et pour être responsable il faut préparer à agir verticalement. Si quelque chose tourne mal, c'est bien la faute du chef,et de personne d'autre. Si tous vas bien, c'est grâce à tous. La direction est donc un processus permanent d'apprentissage, un balancement entre ces deux dimensions
TOUT VERDI par Betrand Dermoncourt et Jérémie Rousseau
2013, Année Verdi. La collection « Bouquins » propose un ouvrage inédit et unique en son genre, faisant le tour complet de l'homme et de son oeuvre à l'occas...