Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Après Pourquoi personne ne porte plus le caïman pour le mettre à l'eau, Christophe Merlin retrouve avec un bonheur évident la fantaisie mordante de Blaise Cendrars et de ses Petits Contes nègres pour les enfants des Blancs. Dans Le Mauvais Juge, on apprendra pourquoi le babouin court à quatre pattes et comment la fourmi est devenue rouge de rage. Très éloigné des illustrations naïves de Jaqueline Duhême, Merlin propose une version plus inquiétante de cette Afrique pauvre, où la Faim, qui habite sur le pas de votre porte, vous guette pour vous planter son couteau dans le dos. Il tire habilement parti de l'espace offert par l'album pour illustrer l'imbroglio et souligner le rythme du conte.
Variant la mise en pages et les techniques, il laisse affleurer sous la texture un peu grasse et colorée de sa peinture un fond brun ou une ébauche au crayon ; il inscrit parfois les pattes de mouches du récit dans le dessin, consacre tantôt une pleine page à un masque bariolé, tantôt une double page chaotique à la querelle des animaux qui, sans scrupule ni manières, sortent du champ, dans une cruelle et turbulente chaîne, pour notre plus grand plaisir. Charlotte Plat
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