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Critiques de Boris Vian (1485)
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L'écume des jours

Vian à été et reste l'un de mes auteurs préférés : je me suis toujours délectée de ses fantaisies littéraires, et je m'aperçois en le lisant, quelques trente ans après la première lecture de cette œuvre grandiose que mon attitude face à ce texte, n'a pas changé, je reste à l’affût du moindre jeu de mot, de la moindre situation cocasse, de la plus petite invention de ce génie du surréalisme, de ce "Picasso littéraire" qui, à l'instar du grand peintre dont la peinture doit être décryptée, interprétée, analysée, ne se prive pas de bousculer les habitudes du lecteur, peut se permettre des extravagances qui ne sont pas données à n'importe quel écrivain qui ne se serait pas réclamé du surréalisme et qui ne serait pas parvenu à cette maîtrise de la langue permettant ces prouesses (...)



Pourquoi j'aime Vian ? je répondrai à cette question par une question : pourquoi j'apprécie tout autant Queneau, Caroll, Italo Calvino : parce que j'aime en les lisant, partir dans un monde ou l'imagination permet tout, les histoires n’ont que faire de la réalité, ou les objets, les animaux ne sont pas différents de nous, ou les mots prennent la valeur qu'on veut bien leur donner.



Que voir dans l’écume des jours ? des représentations Vianesque de la vie, de l’amour, de la mort : le travail est envisagé comme une exploitation des individus et le côté inhumain en est dénoncé, la religion est l’affaire d’hommes cupides qui déploient leur énergie dans le cas du mariage de Chloé et Colin qui dispose de richesses suffisantes pour satisfaire les hommes d’Eglise.

L’amour est envisagé sous des aspects divers : amour incestueux entre Nicolas et Isis, amour platonique voir impossible entre Chick et Alise, Amour avec un grand A entre Colin et Chloé, On peut d’ailleurs y voir un certain pessimisme de Boris Vian puisque cet amour vrai sera détruit par la mort.



La mort : elle est invincible, destructrice, inéluctable, elle vient détruire ce qui est beau, l’atmosphère du roman change lorsqu’elle devient omniprésente et étend son action sur l’environnement : les carreau se ternissent, l’escalier devient de plus en plus étroit, le plafond descend, un personnage se met à vieillir. Elle est aussi envisagée en fonction de la relation que les personnages ont créée entre eux : La mort du quidam de la patinoire,du chef d’orchestre, des libraires ou même de Jean Sol Partre considéré du point de vue d’Alise devient banale et sans intérêt.



Je comprends les personnes qui peuvent avoir des difficultés pour rentrer dans ce genre de roman, le surréalisme, ça passe ou ça casse, il faut chercher au-delà des faits, des descriptions, des fantaisies, je dirais même pour venir à bout d’une telle œuvre, il faudrait la lire et la relire afin de maîtriser tous ses aspects.

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L'écume des jours

Que dirait Boris Vian en apprenant que "L'écume des jours" figure désormais parmi les classiques de la littérature française que l'on étudie en classe ? Quelle ironie du sort pour celui qui tenait tant à s'en démarquer !



Replaçons-nous dans le contexte de l'époque. En 1947, "L'écume des jours" tombe comme un ORNI* dans le paysage littéraire : une histoire farfelue mettant en scène des duos amoureux étonnamment modernes pour l'après-guerre, des néologismes à foison et une caricature outrée des structures sociales et des courants de pensée de l'époque. Les personnages évoluent dans une ambiance tour à tour lumineuse ou glauque, mais toujours étrange, selon une chorégraphie aussi imprévisible qu'un solo de jazz.

Certes, ce n'est pas le roman le plus contestataire ni le plus choquant de Boris Vian ; "l'Arrache-Cœur", ou "J'irai cracher sur vos tombes", par exemple, sont en ce sens plus marquants. Ici, l'auteur cultive l'absurde pour lancer diverses piques sur l'organisation du travail, la religion, le pouvoir de l'argent et la société de consommation. Citons pour cela le personnage de Chick, l'ami de Colin : tellement obsédé par son adoration compulsive pour Jean-Sol Partre (l'avatar romanesque de Sartre), il en oublie tout le reste, au grand désespoir de sa fiancée Alise qui n'hésitera pas à se venger dans les grandes largeurs.



Or avec le temps, l'étrangeté des situations a pris une dimension onirique et le vernis de rébellion s'est écaillé au profit d'une poignante histoire d'amour et d'amitié. Ce thème universel a créé la légende du roman, suscitant par la suite l'engouement croissant des lecteurs. Car ce dont on se souvient toujours, même des années après la lecture, c'est bien que Colin aime Chloé, et réciproquement !

On ne peut qu'être touché par ce premier amour, pur, débordant et malheureux, car ravagé par la maladie et la présence oppressante de la mort. Le nénuphar qui dévore les poumons de Chloé étouffe en même temps leur bonheur. Colin se ruine pour acheter les fleurs censées la soigner, tandis que le chagrin rétrécit et assombrit inexorablement leur logement. Les adolescents se reconnaîtront dans ce parcours initiatique qui mène à l'âge adulte, à ses responsabilités et à ses drames face à la cruauté de l'existence.



Comme un fauve qui se laisse apprivoiser, ce roman fantasque est ainsi devenu un classique malgré lui. Joliment rééditée en poche pour quelques "doublezons", cette Love Story extravangardiste** n'a pas fini de remuer ses lecteurs.



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(*) Objet Romanesque Non Identifié

(**) Extravagante et avant-gardiste
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L'écume des jours

L' Écume des jours m' a marqué pour toujours.

Encore aujourd'hui, je suis avec Colin et Chloé dans une histoire d'amour qui tourne mal..

Je remet toujours à demain, le moment de rouvrir le superbe écrin des mots qu'est ce livre.

Oui. J'ai lu L'écume des jours à vingt ans et ne m'en suis pas "remis".

Et je n'ai pas envie de m'en remettre, comprenez-vous?

Ainsi sont, pour moi, ces livres qui touchent profondément l'âme: je crains qu'une seconde lecture n'en fane le souvenir, n'en efface irrémédiablement la fragrance subtile.

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L'écume des jours

Les plats exquis de Nicolas laissent un arrière-goût d’amertume et les jours se suivent et deviennent écumeux dans une atmosphère marécageuse où les objets changent et les lieux étouffent. Rien ne dure jamais dans cette vie précaire où toute initiative devient absurde.



Dans "L’écume des jours", tout se passe comme dans un rêve, un très beau rêve presque réaliste qui tourne en cauchemar surnaturel. La vie paisible de Colin, héros sans qualité spécial, avec son cuisinier habile, disciple de Gouffé, sera bouleversée le jour où il décide de tomber amoureux et de chercher une femme. Il quitte son paradis et retombe sur terre où il doit travailler. Or, travailler fatigue, asservit, humilie l’homme dans une société où l’argent (les doublezons) règne en maître. Il fait tout cela par amour pour Chloé.



Pour son ami Chick, la vie ne vaut rien sans Jean-Sol Partre. Son amour obsessionnel pour cet auteur prolifique est plus fort que son amour pour cette pauvre fille Alise, qui accepte son existence misérable aux côtés de cet homme sans ambition et sans avenir, qui la néglige. Seul demeure cette relation charnelle qui vient sans que personne ne l’encourage ou l’assume entre Nicolas et Isis.



"Les choses ont une vie bien à elles", avait dit Garcia Marquez, ici les lieux reflètent l’état d’âme de leurs habitants. De son côté, la souris compatit avec Colin plus que les êtres humains ; ces directeurs, ces employeurs ou ces religieux et fossoyeurs.



Avec "L’écume des jours", Boris Vian a écrit l’un des romans les plus originaux du XXème siècle.

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J'irai cracher sur vos tombes

Boris Vian prend un pseudonyme et se livre dans un roman policier noir (sans aucune once de racisme !) sur la condition des Noirs face au racisme des Blancs.



Le titre est évocateur et clair, on intègre rapidement qu'il s'agit d'une histoire de vengeance. Mais cela va plus loin ! Il s'agit du refus d'accepter d'être marginalisé et de la nécessité viscérale de se délivrer d'une douleur trop violente en faisant mal à son tour.

C'est un cri de rage et de désespoir pour défendre ses origines, sa couleur de peau.



C'est une lecture dérangeante. La crudité des propos est là pour mieux accentuer ce qu'elle veut dénoncer.

Acide, grinçante, parfois l'écriture est quasi automatique, sans fioritures ni demi-mesure, dans un style brutal qui transmet une sorte d'énergie bestiale.

Cet instinct animal tapi à l'intérieur de chaque être est prêt à tout pour calmer la colère, la tristesse, la frustration.



La rage qui pousse à la vengeance.



L'étude de la psychologie des personnages est très fine, et sans les absoudre, l'auteur essaye de comprendre les comportements abjects qui les placent autant comme victime que comme bourreau.



Tragique et enragé Boris Vian veut qu'on regarde de front la noirceur d'un monde sans concession et condamne le racisme sous toutes ses formes, dans une période historique marquée par l'antisémitisme et l'apartheid.





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J'irai cracher sur vos tombes

"Je la renversai sur le divan et j'arrachai le devant de sa robe. Elle se débattait comme un beau diable. Ses seins jaillirent de la soie claire.

- Lâchez-moi. Vous êtes une brute !

- Non, dis-je. Je suis un homme."



Ça, c'est pour le ton du roman, ça me semble tout à fait représentatif.



Publié en 1946 (et interdit aux Etats-Unis, pays où se déroule l'action), "J'irai cracher sur vos tombes" est un roman coup de poing qui frappe le lecteur avec la violence et la soudaineté d'une balle de revolver (enfin, j'imagine, n'ayant jamais reçu de balle de revolver).



Sud des Etats-Unis, Lee Anderson tient une librairie dans une petite ville où les adolescents sont aussi crétins que leurs copines sont belles, de vraies pin-up. Nouvel arrivant, il se lie facilement avec les jeunes du coin, ne lésinant pas sur les bouteilles de whisky pour se faire accepter. Bien que plus âgé, il séduit par son assurance et son physique. Très vite, il devient la coqueluche des ados. Mais sous ses dehors agréables, Lee cache un secret, celui d'une vengeance contre la société dominatrice, celle des Blancs.



Âmes sensibles s'abstenir !

Sexe, alcool et violence, voilà le programme. Un roman tellement cru et direct qu'on doit faire un véritable effort pour ce rappeler la date et le contexte de sa publication. Vous me direz, est-il plus violent que les six années de guerre qui venaient de s'achever ?



Malgré la dureté des thèmes abordés, j'ai été complètement hypnotisée par le roman et par le style de Boris Vian. Impossible de lâcher ma lecture. Voilà ce que j'aime, une littérature qui dérange, qui me sort de ma zone de confort, qui me heurte même mais qui me réveille aussi.



Un coup au coeur.





Challenge Petit Bac 2016 - 2017

Challenge MULTI-DÉFIS 2017

Challenge 1914-1968 2017
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L'écume des jours

Ah qu'on aimerait vivre la vie de Colin et Chloé, s'aimer, déjeuner dans un rayon de soleil, s'aimer, danser, s'amuser, planer sur un beau nuage, s'aimer... Comment résister à cette saine oisiveté et à l'enthousiasme de nos jeunes héros?

Malheureusement, voilà que le ciel s'assombrit, que les coins de la maison s'obscurcissent et que les rayons de soleil ne peuvent plus pénétrer. Les sous s'envolent, Chloé est malade.

L'Ecume des Jours fait partie maintenant des classiques des romans d'amour et a sans aucun doute transporté des milliers d'adolescents comme moi à leur première lecture. Mais ce n'est pas que ça: c'est aussi la découverte de tout ce que l'écriture permet, de cette liberté de l'écrivain, de cette imagination sans limite et qui donne des ailes.

Lu et relu, ce livre me touche toujours autant, même quand je le commence blasée. Quant au film, je ne l'ai pas trouvé si mal, mais de toute manière j'accepterais tout de Gondry. Il m'a replongé dans l'atmosphère de l'Ecume des Jours dès les premières images avec un grand plaisir.
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J'irai cracher sur vos tombes

1946 , première parution en date sous le pseudonyme de Vernon Sullivan .

1949 , interdiction prononcée pour atteinte aux bonnes mœurs assortie d'une condamnation de principe .

Si ce genre de mésaventure prête à loler comme un ouf' de nos jours , il nous faut , cependant , nous replonger dans le contexte d'époque , spécifiquement dans ce bon vieux Sud , terre d'accueil toujours aussi emblématique pour le frère de couleur en mal d'amitié sincère et durable qui se voyait immanquablement , dès son arrivée , chaleureusement offrir une petite cagoule blanche en pointe du plus bel effet quand ce n'était pas la corde de l'amitié voire le petit braséro de la St Jean , signe d'une camaraderie indéfectible en devenir !



Lee Anderson , 26 balais , vient s'échouer à Buckton pour y tenir une petite librairie .

Ses hobbies ? Le triple B : écouter ou jouer du blues , boire et baiser .

Son histoire , sa quête , son inaccessible espoir , il va l'inscrire dans le stupre et le sang , un seul leitmotiv comme moteur de vie : la vengeance obsessionnelle !



J'irai cracher sur vos tombes est effectivement d'une rare violence . Brutalité des mots , furie libidineuse des corps et des âmes . Ici , point de héros susceptible de susciter la moindre empathie car tout n'est que débauche , luxure et dépravation . Ah , elle est belle la jeunesse , tiens !

On aime ou on déteste . J'ai plutôt accroché !

Une écriture , certes , scabreuse , faisant parfois dans la facilité et la démonstration à outrance mais largement compensée par un récit ultra prenant à la tension palpable allant crescendo .

Vian impose un scénario malsain que l'on pressent très rapidement tout en parvenant à scotcher un lecteur n'attendant plus qu'un dénouement hors norme .Une écriture entêtante , véritable petite musique funèbre pour un final magistral !



J'irai cracher sur vos tombes : m'en fous , je compte faire don de mon corps à la science histoire de partir sur une dernière blagounette...

Au crachat , je préférerai...

http://www.youtube.com/watch?v=hEuVWnKMMSM

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Un poisson d'avril

"Un poisson d'avril

est venu me raconter

Qu'on lui avait pris

Sa jolie corde à sauter"





C'est un poisson d'Avril, déposé à marée basse, par "L'écume des jours", car Boris Vian était du signe des Poissons, il naquit un 10 mars 1920 (il y a 100 ans...)

"On n'oublie rien de ce qu'on veut oublier, c'est le reste qu'on oublie". Boris Vian)





C'était un cheval

Qui l'emportait sur son cœur

Le long du canal

Où valsaient les remorqueurs





Et alors un serpent

S'est offert comme remplacant

Le poisson très content

Est parti à travers champs

(dans... "L'herbe rouge"?)





C'est une poésie et un "Conte de fées à l'usage des moyennes personnes", que j'ai repêché, au bout de mon hameçon... Alors, " En avant, la zizique!"





Il saute si haut

Qu'il s'est envolé en l'air

Il saute si haut

Qu'il est retombé dans l'eau Boris Vian.





"Une sortie, c'est une entrée que l'on prend dans l'autre sens." Boris Vian. Et c'est un vrai... "L'arrache-coeur."
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L'arrache-coeur

« L’arrache cœur », le dernier roman de Boris Vian dont le flop en librairie provoqua son abandon de la carrière d’écrivain n’en est pas moins mon préféré. Une auto analyse ? Peut-être…une tentative de vengeance vis-à-vis d’une mère castratrice ? Peut-être…

Reste un village bien étrange et un psychanalyste, Jacquemort, arrivé là comme par hasard. Il débarque opportunément chez Angel et Clémentine qu’il aidera à accoucher de trois garçons : Noël, Joël et Citroën. Lorsque l’enfant paraît… vous connaissez la suite ; alors trois, enfantés dans la douleur… Clémentine développera un syndrome de rejet à l’encontre d’Angel.

Un village bien étrange disais-je : il y a bien le curé, comme dans tous les villages, mais on met les enfants en cage pour ne pas qu’ils volent après consommation de limaces bleues, on leur met des fers aux pieds, on organise une foire aux vieux… et puis Jacquemard, arrivé « vide d'émotions » au village, entend bien se remplir de celles des autres…

Il y a également le ruisseau… rouge ; le ruisseau dans lequel la Gloïre repêche le fruit de la honte des villageois qui le payent pour ça…



« L’arrache-cœur », un grand roman dans la lignée de « L’écume des jours » ; mais tellement plus noir, tout en restant poétique, onirique… Bref, du grand Boris Vian.







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L'écume des jours





Après 356 critiques, je vais quand même donner mes impressions. C'est un livre, que Bernacho m'a choisi, pour la pioche de décembre, dans ma bibliothèque. C'est une pioche, juste entre nous. Je suis contente depuis le temps, que je veux aller à la rencontre de cet écrivain connu, qu'est Boris Vian.







Créatif, Innovateur, Philosophique



Un petit peu de biographies:

J'apprends que «L'écume des jours» est plus un conte enchanteur, qu'un roman. Je découvre qu'il est classé à la dixième place des cent meilleurs livres du XXe siècle.

Il est publié en 1947, il obtient l'appui de Jean-Paul Satre et ce n'est qu'à sa mort, que son conte est reconnu. C'est également incroyable, que son oeuvre prend le chemin aussi d'une adaptation cinématographique, malgré le peu d'intérêt qu'on lui portait à sa publication.

En lisant sa biographie, je m'aperçois que c'était un auteur polyvalent, il avait plusieurs cordes à son arc.



Qu'est-ce que l'écume des jours ?

C'est un univers à part, où vivent des personnages attachants, où même les souris, les chats ont place à la parole également. Chaque personnage raconte sa propre histoire, et il fait ce qu'il peut, selon leur moyen. L'auteur aborde inévitablement des sujets importants tels que : l'amitié, l'amour, la famille, le travail ainsi que la santé.



Mes ressentis :

Je découvre une plume à la fois douée, éveillée et raffinée. Au cours de l'histoire, je sens l'intérêt grandir et je m'attache aux personnages. Ils se considèrent, comme une famille, malgré le statut de chacun. C'est une histoire émouvante, que je découvre au fil des pages. L'auteur Boris Vian réussit à maintenir mon attention, tout au long du récit. Je me laisse émouvoir par ce que les personnages vivent. Je suis également surprise de voir comment les événements se déroulent.

Je me laisse alors transporté dans le quotidien de nos personnages.



Quand je termine la dernière page, je me sens émotive. Je constate donc que l'auteur Boris Vian fait très bien passer ses messages et il sait transmettre des émotions au lecteur. Je remarque aussi qu'il sait donner une vie propre à la nourriture, aux habitats, et aux objets selon la situation.

Je dois avouer que je me suis laissé subjuguer par l'intrigue, et qu'au final, ce que je perçois, c'est qu'on ne peut pas se fier aux apparences. On ne connait jamais bien une personne. Une question que je me pose : «Est-ce qu'il faut toujours être sur nos gardes ?»



Je relève quelques passages qui me marquent :

- Je me rends compte que les fleurs sont également importantes dans le récit. On peut l'interpréter de différentes façons tout dépendant si elles sont reliées aux joies ou aux maladies.

- Quand il aborde la passion, voilà comment je l'interprète : «C'est beau d'avoir une passion mais il ne faut pas que celle-ci te dévore et qu'il ne te reste que celle-ci dans ta vie.»

- Il s'exprime aussi sur le travail, on voit qu'il traite le sujet autant d'une manière positive que négative.

- Lorsqu'il mentionne la maladie, et qu'elle touche la femme : «Quand une femme est malade, elle ne sert plus à rien.»



Voilà quelques citations, je les cache :





Pour terminer, je découvre Boris Vian, un auteur d'une autre époque, c'est un conte enchanteur que j'ai pris plaisir à découvrir. À travers son histoire, il véhicule effectivement ses idées, il peut y avoir des passages également qui peuvent choquer. Mais si on regarde, quand il a écrit son texte, on peut alors comprendre mieux le contexte.

Je confirme alors, que je garde une très bonne impression de ma lecture. Je souhaite découvrir d'autres livres de cet auteur renommé.



Isabelle

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J'irai cracher sur vos tombes

"J'irai cracher sur vos tombes" fut écrit en deux semaines - en août 1946 - par Boris Vian, sous l'identité du fictif romancier américain Vernon Sullivan, à la demande de son ami Jean d'Halluin pour sa toute jeune maison d'édition “Scorpion” qui recherchait alors des oeuvres dans la veine des romans noirs américains, et le texte fut conçu comme un pari à la fois littéraire et commercial - l'idée étant de susciter le même scandale et les mêmes rentrées financières que le “Tropique du Cancer” de Henry Miller qui venait de paraître aux Etats Unis.



Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le sexe et la violence - ingrédients incontournables du roman noir américain - soient au coeur de ce roman de Boris Vian, ou plutôt de Vernon Sullivan. Pourtant, Vian va bien au-delà du canular et du simple pastiche à vocation commerciale et construit ici une véritable oeuvre littéraire dont l'intérêt perdure par-delà le parfum de scandale et la curiosité suscitée par sa censure et la condamnation de son auteur. Car le sexe et la violence qui lui furent alors reprochés au nom de la morale et de la bienséance n'ont certes là rien de gratuit ni d'aguicheur.



“S'il n'y avait pas de rapports sexuels entre les Blancs et les Noirs, il n'y aurait pas de métis, il n'y aurait pas de problème”, déclara Boris Vian à propos de "J'irai cracher sur vos tombes" lors d'un entretien radiophonique en 1959. Et c'est bien là, effectivement, que se situe le problème, dans le roman comme dans cette Amérique puritaine, raciste et ségrégationniste de l'immédiat après-guerre aux yeux de qui le peuple Noir, à mi-chemin de l'esclave et de l'animal, ne saurait appartenir pleinement à la race des humains.



Avec ce texte délibérément transgressif, dérangeant et brutal qui brandit la provocation jusque dans son titre, avec le personnage de Lee Anderson, sa rage froide et sa haine, son immoralité et la violence de sa vengeance, Boris Vian - bien loin de toute pornographie facile et racoleuse - proclamait alors au monde, et particulièrement aux Etats Unis où le livre fut immédiatement interdit, sa révolte et sa colère face au traitement infligé à tout un peuple, lui qui vouait un tel amour à une autre Amérique - celle de ses grands auteurs, de ses cinéastes, de ses joueurs de blues et de ses jazzmen afro-américains.



Un grand livre où l'on retrouve le meilleur de Boris Vian : son écriture, son intelligence et l'intransigeante pureté de son insoumission et de ses engagements.



[Challenge Multi-Défis 2020]

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J'irai cracher sur vos tombes

Buckton, sud des Etats-Unis, nous sommes en pleine ségrégation raciale. Dans cette petite ville débarque un jour Lee Anderson, une lettre de recommandation et un dollar en poche. Ayant tout laissé derrière lui, il devient gérant d'une petite librairie et s'apprête à changer de vie.

Il s'ennuie un peu et décide d'aller voir dans le bar d'en face. Là, il fait la connaissance de quelques adolescentes, les Bobby-soxers, et leurs amis. Finalement, ils passent le plus clair de leur temps ensemble, près de la rivière à se baigner, boire et faire l'amour.

Mais derrière cette belle apparence se cache un homme, avide de vengeance, pour les punir de ce qu'ils ont fait au "gosse"...



Encore une lecture qui ne peut nous laisser de marbre...

A la fois dérangeant, troublant, parfois écoeurant, intrigant, violent, cru... les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce roman de Boris Vian.

L’auteur raconte, dans les moindres détails, les scènes de sexe en passant par la violence et la haine qui habite son anti-héros. Porté par ce mystérieux personnage, le roman sait nous dévoiler progressivement l'intimité de cet homme blessé et animé d'une soif de vengeance. Vengeance qui ira crescendo au fil des pages et qui se terminera par un final assez époustouflant.

L'écriture est acérée et âpre, avec des dialogues incisifs et percutants et des scènes à l'aune d'un titre provocateur.



Un bon roman dé-Vian ...
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J'irai cracher sur vos tombes

Une écriture poignante et d'une agressivité maniaque ou presque sauvage. De ce genre violent découle aussi une vérité bouleversante. Surtout s'il faut situer le livre à son époque, il a mérité d'être censuré.

Dans le contexte historique auquel est vouée l'histoire notamment pendant la ségrégation raciale, on peut dire que voir un noir être maltraité, fouetté ou tuer une autre chose mais voir un noir développer sa rage de vengeance et de parvenir à l'appliquer, c'en est aussi autre chose. Alors que les germes de la violence se transmettent dans la société comme les gènes de l’hérédité des parents aux enfants. Une haine n'enfante que de la haine. Et que Lee Andersen en est le bon fruit.

Voulant venger son frère tué sauvagement, Lee Andersen s'infiltre dans la communauté blanche, déguisé en un blanc, afin de tendre ses pièges et de pouvoir mettre à exécution tous ses plans...

Aussi qu'il est emporté par la folie des choses, tout est entaché de violence dans cette histoire. L'amour à la violence, la sexualité à la violence....

Le plaisir ici ne ressemble en rien à un ressentir plutôt obéit à l'apaisement d'une obsession

J'ai aimé ce livre très osé et je dis chapeau à Boris Vian d'avoir oser.
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J'irai cracher sur vos tombes

Ce livre m'a permis de découvrir la plume de Boris Vian. J'ai eu un véritable coup de cœur pour ce petit livre. Il a été écrit sous le pseudo Vernon Sullivan et fut le best-seller de l'année 1947. Ce roman noir a été considéré comme immoral et dérangeant. J'ai lu ce livre d'une traite, J'irai cracher sur vos tombes est un véritable chef-d'œuvre qu'on oublie pas, la plume est captivante mais peut paraître brusque et dérangeante. Boris Vian nous propose une histoire originale et moderne, publiée suite à un pari. Lee Anderson, âgé de 26 ans, est un manipulateur qui a faim de vengeance. Il décide de changer de ville puis devient libraire à Burkton. Il se fait un ami prénommé Dexter, il va lui présenter les sœurs Asquith, deux jeunes bourgeoises que Lee va s'empresser de séduire. L'auteur décrit le racisme de l'Amérique de l'époque, d'où le scandale à la sortie du livre. Ce livre a été un coup de cœur, je le recommande chaudement.
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L'écume des jours

Colin est un jeune homme heureux, il possède assez de doublezons pour ne pas avoir à travailler, il ne lui manque que de tomber amoureux. Il rencontre la délicieuse Chloé, tombe amoureux. Ils se marient. Hélas ! la santé de celle-ci se dégrade.

Le début du livre serait enchanteur, avec la souris grise à moustaches noires, qui vit chez Colin, si en arrière-plan, le monde de Colin ne paraissait pas déjà angoissant.

L’écume des jours est un livre inclassable et il faut accepter l’univers dépeint par Boris Vian.

Il y a tant de choses dans ce livre, qu’il est difficile de ne pas trouver un thème touche, que ce soit l’histoire d’amour tragique de Chloé et Colin, l’amitié sincère (Nicolas et Colin) ou intéressée (Chick et Colin), les références au jazz et j’en passe (tous les thèmes ne m’ont pas touchée).

Bien que le livre ait été écrit en quelques semaines, j’ai savouré chaque ligne. Une relecture plaisir.


Lien : https://dequoilire.com/lecum..
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Vercoquin et le plancton

Du grand Boris Vian, surréaliste à souhait, ce qui ne peut surprendre quand on sait que l’écrit fut confié à Raymond Queneau, alors directeur de la collection « la plume au vent » de Gallimard, qui trouva ce récit « très à son goût ». Hasard ou non, un des personnages principaux se nomme Zizanie, peut-être Queneau s’en sera-t-il servi douze ans plus tard pour baptiser Zazie, son héroïne du métro ?



Résumer … oui mais ? Est-ce bien utile ? car je pense que l’histoire fait office de ligne conductrice pour organiser le désordre et y greffer toutes sortes d’artifices littéraires.

L’ouvrage se divise en quatre parties durant lesquelles le Major prépare une surprise partie à la mode de 1945, qu’il tombe amoureux de Zizanie, qu’il s’ingénie à se débarrasser de Fromental de Vercoquin son concurrent, lui aussi amoureux de Zizanie, qu’il doit demander la belle en mariage à l’oncle de cette dernière, qu’il se retrouve engagé au Consortium National d’Unification ou travaille l’oncle. Le roman se termine par une surprise-party comme on n’en connut jamais de mémoire de danseur.







La première partie est légère, comique, polissonne, on swingue, on boit, on se retrouve dans le baisodrome. On s’y met dans les situations les plus cocasses. Cette première partie est fort divertissante : comique généré par la surprise du lecteur, par l’absurde qui agrémente l’écrit : ajout d’éléments divers dans le décor, dans les objets du quotidien : bouteilles de Nansouk, cristal basané... dans les aliments : pyramides de gâteau, cylindre de phonographe, carrés magiques, hautes sphère politiques …,

la présence d’un mackintosh (imperméable) apprivoisé vient ajouter du comique de répétition tout au long des deux premières parties.

L’auteur y ajoute une sorte de guide hilarant sur la façon de se débarrasser de ses concurrents dont le major se servira sans scrupule.



Les deux parties centrales contrastent avec le début : lourdes, pénibles à lire, répétitives, et ce n’est aucunement un problème d’écriture de la part de Vian, au contraire, il le fait exprès : des pages et des pages de procédures, de paperasse administrative dans un univers de ronds de cuirs, de fonctionnaires soit zélés comme Miqueut (sous ingénieur principal), soit tire-au-flanc comme les autres, des réunions interminables pour ne rien dire et surtout ne prendre aucune décision, belle illustration de la lourdeur administrative, il faut également y voir une partie très autobiographique, Vian ayant travaillé pour l’Association Français de Normalisation.



Il paraît donc évident qu'il se moque ouvertement de l’administration : dans cette partie, le major se voit engagé pour monter un dossier sur les surprise-parties, tout cela pour obtenir de Miqueut, oncle de Zizanie, le consentement au mariage du major et de sa dulcinée. On notera que ce milieu de travail vient s’opposer au monde de fête et de distraction de nos héros.



Dans la dernière partie on swingue à nouveau, d’abord avec des gens sérieux, trop sérieux, puis dans un appartement ou l’on assistera à toutes les débauches possibles.



On remarquera les jeux de langage, les calembours dont l’auteur use et abuse, les nom propres qui subissent quelques changement ( Guère souigne), les allusions à certains auteurs (Corneille), ou encore la présence de personnages de l’entourage de l’écrivain : Claude Abadie dont il rejoint l’orchestre en 1942. Attention lorsqu'il est question de musique, de bien lire les titres des morceaux diffusés , il y a là de quoi se réjouir lorsqu’on lit par exemple : « Mushroom in my red nostrils ».





Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce roman, mais évitons de trop dévoiler et laissons de la place pour la prose des babéliotes.

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai retrouvé l’un des mes auteur favoris capable de d’écrire du-grand-n’importe-quoi, révélant une parfaite maîtrise de la langue de Molière.




Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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J'irai cracher sur vos tombes

Mais quelle mouche a donc piqué Boris Vian ? Tel ce bon Dr Jekyll, le voici transformé en Mr Hyde sous le nom de plume de Vernon Sullivan. L’auteur de L'Ecume des jours écume de rage. Je ne vais pas tenter de raconter le pitch car ce serait déjà trop dévoiler l’intrigue, l’intérêt du livre reposant en grande partie sur de réels effets de surprise – concernant les noirs desseins du narrateur, ses motivations et son jusqu’auboutisme qui n’apparaissent que très tardivement dans le roman. On a lu partout que J’irai cracher sur vos tombes est le récit d’une vengeance (ça n’apparaît pas immédiatement, mais c’est exact) et une dénonciation du racisme et de l'intolérance (cet argument me semble déjà plus hasardeux, mais on peut l’accorder au bénéfice du doute). Car on pourrait tout aussi bien y voir une certaine complaisance, un panégyrique de la violence, de l’auto justice, de la haine, des déviances sexuelles, et j’en passe, mais c’est impossible, puisque l’on sait aujourd’hui qu’il s’agit d’un texte de Boris Vian, tout ceci n’est donc que de la dénonciation de bon aloi, et procède de l’envie de jouer un bon tour au lecteur. Si le livre fut interdit à sa sortie, pour pornographie et immoralité, et si son auteur fut condamné pour outrage aux bonnes mœurs, c’est parce que les censeurs de 1949 n’avaient pas compris l’intention réelle de l’auteur et sont tombés dans le panneau en prenant tout au premier degré.

Vernon Sullivan piège le lecteur en proposant au départ un héros agréable et sympathique (le narrateur du roman) qui se dévoile peu à peu dans le rôle du vengeur masqué (mais qui reste encore sympathique à ce moment là, les vengeurs masqués sont toujours sympathiques), et qui révèle ensuite, en fin de parcours, sa vraie nature, d’où le malaise ressenti, puisqu’on veut le croire encore sympathique, mais sans vraiment y parvenir, pour le coup. Les cartes sont mélangées. Qui est la victime ? Qui est le coupable ? Qui est noir ? Qui est blanc ? Mais j’en ai trop dit. Disons que Dr Jekyll et Mr Hyde, c’est aussi dans le roman.
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J'irai cracher sur vos tombes

Livre trouvé dans une poubelle, entre Gavalda, Proust et quelques autres !

Je n'étais pas particulièrement attiré par les romans de Boris Vian. Je n'avais lu jusqu'alors que « Un automne à Pékin ». Bon, autant dire que je suis encore sous le choc ! Incroyable qu'en 46, on puisse écrire ça. Pas étonnant que le livre fut interdit.

Je pensais avoir fait le tour du sexe et de la violence en littérature mais je dois avouer que j'ai été très surpris. de plus, toute cette histoire n'est absolument pas gratuite, puisque l'intrigue nous plonge jusqu'aux oreilles dans le problème racial de l'après guerre aux États-Unis. C'est un cours roman de 200 pages qui se lit d'une traite et qui tient en haleine du début à la fin. Je ne connais quasiment pas la littérature américaine de cette période dont s'est inspiré l'auteur, mais je vais commencer à y regarder de plus près.

Je recommande ce livre de toute urgence ! Et dorénavant, je fouinerai un peu plus du côté des poubelles. On y fait parfois des trouvailles littéraires inattendues.
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L'écume des jours

L'écume des jours m'attendait depuis un bon moment dans ma pile à lire, et j'ai l'impression qu'il aurait pu attendre encore longtemps sans la sortie du film de Gondry (que j'ai trouvé très bon par ailleurs, contrairement au reste du monde si j'en crois les critiques).



L'histoire est assez simple : Colin et Chick sont deux amis. Colin est riche, Chick se ruine en œuvres de Jean-Sol Partre, le célèbre philosophe. Dans un meeting, Chick rencontre Alise. Jaloux de leur amour, Colin essaie lui aussi de tomber amoureux... et rencontre Chloé. Si le mariage se passe au mieux, Chloé tombe malade pendant la lune de miel. S'engage un combat perdu d'avance dans lequel le couple jettera toutes ses forces.



Si j'ai parfois une fâcheuse tendance à lire en diagonale (je plaide coupable et je me soigne), impossible ici, ça serait du gâchis ! Sous chaque phrase se cache une pépite : on passe du poétique à l'humour absurde, du rêve aux vérités cruellement assénées. La fin est particulièrement terrible à lire. L'écume des jours est un roman qui ne s'oubliera pas facilement !
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