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Citations de Boubacar Boris Diop (74)


Ils appellent ça l'opération Turquoise. Il s'agit, parait-il, de se porter au secours des Tutsis menacés de génocide. On verra comment ils s'y prendront pour sauver des gens morts depuis si lontemps.
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- Colonel Perrin, nous sommes dans le même sac. Ce qui arrivé au Rwanda est, que cela vous plaise ou non, un moment de l'histoire de France au XXème siècle. Figurez-vous que je ne suis pas un amateur : je suis au courant de ce qui est arrivé à votre convoi de Butare, hier à l'aube. Vous aviez demandé au général canadien Dallaire d'avertir le commandant du FPR : interdiction absolue d'entrer dans Butare, vous ne le permerttriez pas. Vous faisiez votre petit numéro de grande puissance. Les types du FPR ont répondu : Ah oui ? On va voir ça. Et on a vu. Cela ne vous était jamais arrivé. C'est le début de la fin, mon cher ami. Vous quitterez l'Afrique par la petite porte.
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Boubacar Boris Diop
Cornélius, écoute bien ceci : après un génocide, le vrai problème ce ne sont pas les victimes mais les bourreaux. Pour tuer près d'un million de personnes en 3 mois, il a fallu beaucoup de monde. Il y a eu des dizaines ou des centaines de millers d'assassins et la plupart étaient de bons pères de famille.
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Il se découvrait brusquement sous les traits d'un Rwandais idéal : à la fois victime et coupable.
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Ce jour-là, une des survivantes explique avec calme pourquoi sa colère est restée intacte : « Depuis 1959, déclare-t-elle, chaque fois qu’il y a un massacre, le même homme, un de nos voisins, s’est directement dirigé vers notre maison avec ses fils pour tuer tous ceux qui s’y trouvaient. En 1994, ils sont revenus et je suis la seule à leur avoir échappé.
...
Chaque matin quand je vais au travail, je le vois assis sur le seuil de sa maison et il me suit du regard jusqu’à ce que je disparaisse au coin de la rue. » Lorsque la jeune femme arrive à la fin de son propos, sa voix paraît toujours aussi sereine mais on sent que cette évocation vient de réveiller brutalement dans son cœur une sourde colère et même de la haine et elle lance en détachant bien ses mots, le regard un peu fou, le doigt pointé sur sa poitrine : « Et on veut que, moi, je pardonne…? »
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Cela ne me plaît pas de le dire mais je dois bien avouer que c’est en Afrique même que le refus de s’intéresser aux Cent-Jours du Rwanda, d’en analyser les mécanismes spécifiques ou de simplement en parler, m’a toujours paru le plus manifeste.
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Qui était responsable de ces actes barbares ? Il avait entendu accuser les étrangers. Certains disaient : tout cela est leur faute. C’était peut-être vrai. Pourtant, lui Siméon voulait, encore une fois, qu’on lui explique l’allégresse des tueurs à Kibungo, à Mugonero ou à Murambi. Leur avait-on aussi ordonné d’être joyeux ?
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« Voilà l’Afrique, songea-t-il amèrement, tous ces types qui veulent vivre dans des maisons plus grandes que des écoles. Notre problème, ce n’est peut-être pas notre pauvreté, mais nos riches. »
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« Cornelius, ne regrette pas d’être parti, car tu as mérité plus que quiconque de vivre. » Il lui avait demandé pourquoi et Siméon avait répondu : « Parce que ta mère Nathalie t’a mis au monde en courant pour échapper à des gens qui voulaient la tuer. »
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La radio-télévision libre des Mille Collines dit : « Mes sœurs hutu, faites-vous belles, les soldats français sont là, vous avez votre chance, car toutes les jeunes filles tutsi sont mortes ! »
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Les bandes armées sont de plus en plus nombreuses et anarchiques, mais la ferveur des premiers jours est retombée. Ce n’est plus comme au début, quand ils ne voulaient rien comprendre. À ce moment-là, seuls les plus chanceux pouvaient négocier leur mort avec un Interahamwe. Ils lui disaient : je te donne tant d’argent et en échange tu vas me tuer avec une arme à feu et non avec une machette. Ce souci de dignité était alors payé au prix fort. À présent, les Interahamwe se laissent corrompre très facilement. Pour presque rien, ils vous laissent la vie sauve. Ils savent que c’est fini.
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— Tu sais ce que cela veut dire, Jessica Kamanzi ? Tu sais comment ils violent les femmes ?
Oui, j’avais vu cela. Vingt ou trente types assis sur un banc. Certains d’un âge respectable. Une femme, parfois juste une frêle gamine, est étendue contre un
mur, jambes écartées, totalement inconsciente. Il n’y a aucune violence chez ces pères de famille. Cela m’avait glacé le sang de les voir ainsi parler de choses et d’autres à l’instant où toute une vie se défaisait à jamais sous leurs yeux. Et parmi les violeurs il y a presque toujours, exprès, des malades du sida.
— Je sais comment ils font, fis-je.
— Quand ils ont fini, ils te versent de l’acide dans le vagin ou t’enfoncent dedans des tessons de bouteille ou des morceaux de fer.
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Il voulait dire à la jeune femme en noir - comme plus tard aux enfants de Zakya - que les morts de Murambi font des rêves eux aussi, et que leur plus ardent désir est la résurrection des vivants.
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Cornélius ne se souvenait pas d'avoir aperçu au cours de ses promenades des éclopés ou des malades mentaux. Le pays était au contraire intact et chacun juste occupé à vivre sa vie. Des rendez-vous amoureux. Un tour chez le coiffeur. La routine des jours ordinaires. Franky et les jeunes employés du Café du grand lac faisaient leur travail comme les serveurs du monde entier. Ils prenaient les commandes, disparaissaient derrière le comptoir ou dans la cuisine puis se faufilaient à nouveau entre les tables, le sourire aux lèvres. Ce mépris du tragique lui paraissait presque suspect. Etait-ce par dignité ou par habitude du malheur?
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Voilà l'Afrique, songea t'il amèrement, tous ces types qui veulent vivre dans des maisons plus grandes que des écoles. Notre problême, ce n'est peut être pas notre pauvreté mais nos riches.
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Notre existence est brève, elle est un chapelet d’illusions qui crèvent comme de petites bulles dans nos entrailles. Nous ne savons même pas à quel jeu elle joue avec nous, la vie, mais nous n’avons rien d’autre.
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C’était le temps où le temps, ivre de haine, titubait à reculons. La mort précédait la vie.
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Je me suis dit que je ne pourrais plus jamais voir le soleil sans penser à elle.
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C’est bien cela le drame, me dis-je, dans les pires tragédies humaines, il y a toujours des survivants et chacun pense qu’il suffit d’un peu de chance ou de lâcheté pour en faire partie.
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La crainte de mourir serait aujourd’hui, pour quelqu’un comme moi, presque une faute de goût. Ma vie ne vaut pas plus que celle des milliers de gens qui tombent chaque jour.
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