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Citations de Boubacar Boris Diop (74)


Boubacar Boris Diop
"Etre noir et africain reste une circonstance aggravante"
Interview de Katia Touré pour Bibliobs le 29-09-2015
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Notre existence est brève, elle est un chapelet d'illusions qui crèvent comme des petites bulles dans nos entrailles. Nous ne savons même pas à quel jeu elle joue avec nous, la vie, mais nous n'avons rien d'autre. C'est la seule chose à peu près certaine sur cette terre.
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Je vais vous dire ceci : vous avez souffert mais cela ne vous rend pas meilleurs que ceux qui vous ont fait souffrir. Ce sont des gens comme vous et moi. Le mal est en chacun de nous.
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Le quatrième génocide du siècle restait une énigme et peut être fallait il en chercher la clé dans la tête d’un fou ou dans les mystérieux mouvements des planètes. Cette orgie de haine allait très loin au-delà de la lutte pour le pouvoir dans un petit pays. Il songea à un Dieu soudain pris de démence, écartant les nuages et les étoiles à grands gestes rageurs pour descendre sur la terre du Rwanda.
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"Dans ces pays-là, un génocide ce n'est pas trop important..." François Mitterrand, été 94.
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Boubacar Boris Diop
Cornélius, écoute bien ceci : après un génocide, le vrai problème ce ne sont pas les victimes mais les bourreaux. Pour tuer près d'un million de personnes en 3 mois, il a fallu beaucoup de monde. Il y a eu des dizaines ou des centaines de millers d'assassins et la plupart étaient de bons pères de famille.
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En Afrique, en Europe, partout, les rares rêveurs qui ont encore envie de changer le monde ont comme honte de l'avouer, ils ont peur de passer pour des idiots.
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Notre existence est brève, elle est un chapelet d'illusions qui crèvent comme de petites bulles dans nos entrailles. Nous ne savons même pas à quel jeu elle joue avec nous, la vie, mais nous n'avons rien d'autre. C'est la seule chose à peu près certaine sur cette terre.
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Ils appellent ça l'opération Turquoise. Il s'agit, parait-il, de se porter au secours des Tutsis menacés de génocide. On verra comment ils s'y prendront pour sauver des gens morts depuis si lontemps.
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Il voulait dire à la jeune femme en noir - comme plus tard aux enfants de Zakya, que les morts de Murambi font des rêves, eux aussi, et que leur plus ardent désir est la résurrection des vivants.
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- Colonel Perrin, nous sommes dans le même sac. Ce qui arrivé au Rwanda est, que cela vous plaise ou non, un moment de l'histoire de France au XXème siècle. Figurez-vous que je ne suis pas un amateur : je suis au courant de ce qui est arrivé à votre convoi de Butare, hier à l'aube. Vous aviez demandé au général canadien Dallaire d'avertir le commandant du FPR : interdiction absolue d'entrer dans Butare, vous ne le permerttriez pas. Vous faisiez votre petit numéro de grande puissance. Les types du FPR ont répondu : Ah oui ? On va voir ça. Et on a vu. Cela ne vous était jamais arrivé. C'est le début de la fin, mon cher ami. Vous quitterez l'Afrique par la petite porte.
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Notre existence est brève, elle est un chapelet d’illusions qui crèvent comme de petites bulles dans nos entrailles. Nous ne savons même pas à quel jeu elle joue avec nous, la vie, mais nous n’avons rien d’autre.
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La Coupe du monde de football allait bientôt débuter aux Etats-Unis. Rien d'autre n'intéressait la planète.
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Et puis, soudain, il y a eu cette inoubliable vision d'horreur. Je me souviendrais toujours de l'instant où, m'apprêtant à porter la cuiller à ma bouche, j'ai vu frémir les antennes brunes d'un insecte au-dessus de la sauce épaisse du "buraxe", puis apparaître, tel un monstre préhistorique s'arrachant lourdement des profondeurs de la terre, un énorme cancrelat ébloui par la lumière et pas encore tout à fait assommé par la chaleur. Pourquoi donc avais-je immédiatement pensé que cette bestiole était vieille de plusieurs millions d'années ? Ce fut ma première idée, une idée assurément idiote. Après tout, je ne suis pas censé savoir que ces choses-là, ces petites bêtes immondes, personne n'en sait jamais rien, on les écrase sous son talon avec une grimace de dégoût et c'est tout. L'idée qu'elle condensait dans son corps tout le temps du monde me fascinait. J'avais peut-être besoin d'ajouter une sorte de prestige mythologique à la situation pour en apprivoiser l'insoutenable abjection. Étourdi par la chaleur, le cancrelat se retrouvait parfois sur le dos et se débattait, les élytres péniblement entrouvertes par moments. Peut-être voulait-il s'enfuir et je me dis, dans ma stupéfaction, que j'allais entendre pour la première fois de ma vie le cri du cancrelat. Le hurlement de douleur du cancrelat. Nous regardâmes la choses noire et velue grimper vers le rebord du plat puis retomber, le ventre de nouveau en l'air, sur la sauce gluante où elle resta emprisonnée. Elle s'agita un peu, se raidit et demeura inerte entre un morceau de manioc et un bout de piment. Morte. Le regard de Khadidja et le mien se croisèrent.
*
Si vous n'avez jamais entendu un flic vous parler avec autant de naturel des goûts culinaires du cancrelat, vous ne savez rien de la vraie misère.
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Il se découvrait brusquement sous les traits d'un Rwandais idéal : à la fois victime et coupable.
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Il était stupéfiant pour Cornélius de constater que les événements de 1994 n'avaient laissé nulle part de traces visibles. Où avait-on installé, sur cette avenue, la fameuse barrière de Nyamirambo ? Est-ce que là, juste à l'entrée du Café des Grands Lacs, il y avait des cadavres que venaient dévorer les chiens et les charognards ? Seule la ville elle-même aurait pu répondre à ces questions qu'il ne pouvait encore poser à personne. Mais la ville refusait d'exhiber ses blessures. Elle n'en avait pas beaucoup, d'ailleurs. Kigali ne sortait pas d'une guerre, il n'y avait pas eu de tirs d'obus, des bombardements aériens et des fusillades de part et d'autre de quelque ruelle étroite. Les Interahamwe, qui voulaient de la viande vivante, avaient laissé les arbres tranquilles. Le long des avenues, rescapés et bourreaux se croisaient. Ils se regardaient un instant puis chacun s'en allait de son côté, pensant à Dieu sait quoi.
Cornélius ne se souvenait même pas d'avoir aperçu au cours de ses promenades des éclopés ou des malades mentaux. Le pays était au contraire intact et chacun juste occupé à vivre sa vie. Des rendez-vous amoureux. Un tour chez le coiffeur. La routine des jours ordinaires. Franky et les jeunes employés du Café des Grands Lacs faisaient leur travail comme les serveurs du monde entier. Ils prenaient les commandes, disparaissaient derrière le comptoir ou dans la cuisine, puis se faufilaient de nouveau entre les tables, le sourire aux lèvres. Ce mépris du tragique lui paraissait presque suspect. Était-ce par dignité ou par habitude du malheur ?
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Cornélius commença à trier et classer ses papiers : des documents et des livres sur l'histoire du Rwanda. Il en avait beaucoup lu au cours des années précédentes, moins pour connaitre le passé lointain de son pays que pour comprendre le génocide. Il avait l'impression que tout le ramenait aux tueries de 1994. Même les savantes spéculations sur la formation des couches géologiques au Rwanda l'y conduisaient, par des sentiers secrets et tortueux. C'était comme si le génocide irradiait tout de sa sombre lumière, aspirait vers lui les faits les plus anciens et les plus anodins pour leur donner une dimension tragique, un sens différent de celui qu'ils auraient eu ailleurs.
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C’était le temps où le temps, ivre de haine, titubait à reculons. La mort précédait la vie.
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Ne pouvant prétendre rivaliser avec la puissance d'évocation de Siméon Habineza, il se réservait un rôle plus modeste. ll dirait inlassablement l'horreur. Avec des mots-machettes, des mots-gourdins, des mots hérissés de clous, des mots nus et - n'en déplaise à Gérard - des mots couverts de sang et de merde. Cela, il pouvait le faire, car il voyait aussi dans le génocide des Tutsi du Rwanda une grande leçon de simplicité. Tout chroniqueur peut au moins y apprendre - chose essentielle à son art - à appeler les monstres par leur nom.
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Entre notre avenir et nous, des inconnus ont planté une sorte de machette géante. Vous avez beau faire, vous ne pouvez pas ne pas en tenir compte. La tragédie finit toujours par vous rattraper. Parce que des gens sont arrivés chez vous une nuit et ont massacré toute votre famille. Parce que, dans les pays où vous vivez en exil, vous finissez toujours par vous sentir de trop.
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