Brandon Mull

- Satisfaire des besoins est le fardeau des pauvres. Les riches et les puissants peuvent se permettre d'exaucer leurs souhaits et leurs caprices.

Les gens intelligents tirent profit de leurs erreurs, mais ceux qui le sont encore plus apprennent de celles des autres.

Kendra se demanda si les horloges grand-père s'appelaient ainsi parce que seuls les grands-pères en possédaient.

Alors que sa vision s'étendait au-delà des murs de la maison, Kendra ressentit la même chose que si elle était en pleine descente sur des montagnes russes, sauf qu'elle tombait dans toutes les directions à la fois

Le garçon qui lui plaisait s'était révélé être un dragon maléfique.

- Et toi?, demanda-t-elle.
Tanu haussa les épaules.
- J’ai un peu mal à la tête, mais c’est ma fierté qui a pris le plus gros coup.
- Ta fierté?, releva Warren, la diction ralentie. Toi au moins, tu n’as pas été vaincu par un cerf!
- Un cerf magique, géant et volant!, précisa Seth.
- Ça sonne un peu mieux, agréa Warren. Je choisis Seth comme responsable de ma pierre tombale.

-Absolument. Wyrmroost est un sanctuaire de dragons, et c'est un dompteur de dragons prodige. Ce sera votre deuxième rendez-vous dans un endroit mortel! La prochaine fois, vous feriez mieux d'aller au mini-golf.

Il allait s'introduire seul dans la forteresse secrète des centaures, armé seulement d'une banane

-Je crois que quelqu'un en pince pour toi, déclara Seth d'un ton détaché.
Kendra élargit les yeux.
-Tu ne lui as rien dit?
Seth haussa les épaules.
-Il doit vraiment t'avoir dans la peau parce qu'il n'a pas été étranglé par son collier.

- Et nos parents ? demanda Kendra. Vous avez eu de leurs nouvelles ?
- Je leur ai dit que nous vous renverrions chez vous Jeudi prochain, répondit Grand-Père.
- Jeudi ? s’exclama Kendra.
- On est Vendredi, dit Seth. On va rentrer dans moins d’une semaine ?
- En fait, on est Samedi matin, fit remarquer Dale. Minuit est passé depuis longtemps.
- C’était le seul moyen de les calmer, déclara Grand-Père. Vous reprenez l’école dans un peu plus d’une semaine. Nous trouverons quelque chose d’ici là.
Seth se frappa la tempe d’un air pensif.
- Si on enfermait Papa et Maman dans les cachots, on pourrait peut-être rater la rentrée.
- Nous ferons ce qui sera le mieux, répondit Grand-Père en soupirant.
Manifestement, il ne prenait pas la plaisanterie de Seth à la légère.

Allongé par terre près de son lit, Seth était courbé sur un vieux journal, survolant une page après l’autre en quête de noms comme Graulas et Kurisock. Il regarda la pendule. Presque minuit. Kendra pouvait arriver d’une minute à l’autre. Il ne voulait pas qu’elle découvre qu’il s’était mis à lire les journaux de Patton. Sinon, il pouvait être sûr qu’elle ne le lâcherait pas avec ça.
[…]
Des pas résonnèrent dans l’escalier du grenier. Seth sursauta et replia maladroitement le journal avant de le glisser sous son lit. Il s’efforça d’adopter une attitude détachée quand Dale ouvrit la porte et passa la tête à l’intérieur.
- Ils sont rentrés !
Seth se leva, heureux que ce soit lui et non sa sœur. Kendra possédait un don mystérieux pour deviner qu’il mijotait quelque chose, et il ne voulait pas qu’elle sache qu’il avait craqué et était devenu un lecteur assidu pendant qu’elle était partie vivre des aventures fabuleuses.

- Les brownies sont des crevettes. Tout ce qu’il me faudrait, c’est de grosses chaussures, des protections pour les mollets et une binette.
L’image fit rire Kendra.
[…]
- Comment suis-je censé dormir ? demanda Seth au bout de quelques minutes.
- Fais comme si de rien n’était. Ils sont tellement silencieux que ça devrait être une nuit normale.
- Je vais essayer.
- Bonne nuit, Seth.
- Brownuit.

- Certains de ces fils étaient vraiment trop proches, commenta Seth en s’essuyant de la sueur sur son front.
- Je croyais que tu étais immunisé contre la peur, le taquina Kendra.
- La peur magique, précisa-t-il. J’ai toujours des émotions normales. Je n’ai pas plus envie que n’importe qui d’être écrasé par une horloge.

Oh, Kendra, avant que je n'oublie : Gavin m'a demandé de te donner cette lettre.
Il lui tendit une enveloppe grise.
-Joyeux anniversaire ! s'exclama Seth, la voix pleine de sous-entendus.
Kendra essaya de ne pas rougir en mettant la lettre dans sa poche.
-Chère Kendra, improvisa son frère, tu es la seule fille qui me plait vraiment, tu sais, et je trouve que tu es très mure pour ton age ...
-Bon, et si nous mangions le gâteau coupa Grand-Mère en tendant la première part à Kendra et en lançant un regard sévère à Seth.

Il tendit le bras. (Coulter)
-Je suppose que c'est à nous trois de sauver les autres.
-Patton Burgess nous aide, annonça Seth.
Coulter ricana.
-D'accord, et j'imagine que Sylvester Stallone doit passer nous donner un coup de main. On pourrait peut-être appeler Robert de Niro pour voir s'il est disponible?

_Alors, dit Grand-Père en s’asseyant derrière son bureau, comment se fait-il que tu connaisses les brins-de-lutins, Seth ?
_Parce que tout le monde les connaît ? suggéra le jeune garçon.
Il se sentait mal à l'aise dans le grand fauteuil. Il se jura en silence de faire payer ça à Kendra.
_Non, loin de là. Je garde le silence sur les brins-de-lutins car ils sont terriblement vulnérables. Et de plus, ils vivent très loin du terrain. Tu connais un secret qui les concerne ?
_Peut-être, se défila Seth. Si je te le dis, tu me promets que je n'aurai pas d'ennuis ?
_C'est non, répondit Grand-Père en croisant les mains sur son bureau.
_Alors je ne dirai pas un mot de plus avant d'avoir consulté un avocat.
_Tu ne fais que t'enfoncer davantage,le prévint Grand-Père. Je ne négocie pas avec les délinquants. D'un autre côté, il m'est arrivé de montrer de l'indulgence face à la franchise.
_Les satyres m'ont dit que les brins-de-lutins étaient en guerre les uns contre les autres, lâcha Seth.
_En guerre ? Ils doivent se tromper. Je ne connais pas de peuple plus paisible dans tout Fablehaven, à part peut-être les brownies.
_C'est la vérité, insista Seth. Newel et Doren les ont vus. Les Sixième et Septième Royaumes attaquaient les autres. Les méchants brins-de-lutins disent qu'ils ont un nouveau maître, et ils ont la peau grise et les yeux rouges.
_Les Satyres t'en ont fait une description très précise, nota Grand-Père, soupçonneux.
_Peut-être qu'ils me les ont un peu montrés, avoua Seth avec réticence.
_Ta grand-mère sauterait au plafond si elle savait que tu passes du temps avec Newel et Doren, et je serais d'accord avec elle. Difficile d'imaginer pire influence sur un garçon de douze ans que ces deux satyres. Suis leur exemple et tu finiras clochard. Attends une minute, est-ce qu'il ont de nouveau volé les brins-de-lutins ?
Seth essaya de garder une expression impassible.
_Je ne sais pas.
_J'ai déjà sermonné Doren et Newel parce qu'ils volaient de l'or aux brins-de-lutins. On m'avait dit que ces derniers avaient réussi à remédier à la situation. Laisse-moi deviner... Tu as vendu d'autres piles aux satyres, alors que je te l'ai interdit, ce qui les as obligés à trouver un moyen de retourner dans les Sept Royaumes ?
Seth leva un doigt.
_S'ils ne l’avaient pas fait, on ne saurait pas que les
brins-de-lutins sont en guerre.
Grand-Père le fixa.
_Nous avons déjà parlé ensemble d'or volé. Il a tendance à causer plus de problèmes qu'autre chose, par ici.
_Techniquement, il n'a pas été volé, se défendit Seth. Les gentils brins-de-lutins l'ont donné à Newel pour le récompenser d'avoir repoussé les Sixième et Septième Royaumes.
Grand-Père se pinça les lèvres.
_Je te suis reconnaissant d'avoir partagé ceci avec Kendra et qu'elle t'ait aidé à me l'avouer. Je te suis reconnaissait de m'apprendre qu'il se passe quelque chose d'inhabituel chez les brins-de-lutins. Néanmoins, je suis déçu de savoir que tu as vendu des piles à ces éternels adolescents, que tu as accepté de l'or acquis d'une façon douteuse en échange, et surtout que tu sois allé si loin du terrain sans permission. Tu ne seras plus autorisé à sortir de cette maison sans être accompagné pour le reste de l'été, et tu ne participeras à aucune excursion pendant trois jours, ce qui signifie que tu ne joindras pas Tanu et Coulter cet après-midi pou aller voir les brins-de-lutins. En outre, tu me rendras l'or afin que je puisse le restituer à ses propriétaires.
Seth baissa les yeux sur ses genoux.
_Je savais bien que j'aurais dû me taire, marmonna-t-il, misérable. J'étais juste inquiet...
_Seth, tu as bien fait de m'en parler, mais tu as mal agi en désobéissant aux règles. A présent, tu devrais savoir combien cela peut-être désastreux.
_Je ne suis pas idiot! rétorqua Seth en relevant farouchement la tête. Je suis bien rentré, et avec des informations utiles. J'ai été prudent, je suis resté sur les sentiers, et les satyres étaient avec moi. C'est vrai, j'ai commis des erreurs avant de bien connaître cet endroit, des erreurs terribles, et j'en suis désolé. Mais j'ai aussi fait de bonnes choses. Dernièrement, je me suis promené tout le temps sans rien dire à personne. Je m'en tiens aux endroits que je connais et je n'ai jamais de problèmes.
Grand-Père prit un bibelot sue son bureau, un minuscule crâne humanoïde incrusté dans une boule de cristal, et le fit passer distraitement d'une main à l'autre.
_Je sais que tu as beaucoup appris de Coulter et des autres. Tu es plus capable qu'avant de te rendre sans danger dans certaines zones de Fablehaven. Je peux comprendre que cela accroisse ta tentation d'ignorer les limites. Mais nous vivons une période dangereuse, et il existe de nombreux périls dans ces bois. T'aventurer aussi loin du terrain, dans un endroit qui ne t'était pas familier et en te fiant au jugement de Newel et Doren, montre un manque de bon sens troublant de ta part. Si je choisissais un jour d'étendre les zones de Fablehaven où tu peux te rendre seul, je devrais te mettre en garde contre de nombreuses régions interdites qui doivent être évitées, même si elles sont attirantes. Seth, comment puis-je me fier à toi pour respecter les règles les plus compliquées si tu refuses obstinément d'observer les plus simples ?
_Oh oh, fit Seth, dépité, je crois que je comprends. Pourquoi tu ne m'as pas dit que rester sur le terrain était un
test.
_D'abord, parce que mes interdictions t'auraient paru encore moins importantes.
Grand-Père reposa la boule à fond plat contenant le crâne.
_Rien de ceci n'est un jeu.si j'ai établi ce règlement, c'est pour une bonne raison. De mauvaises choses peuvent vraiment t'arriver si tu t'aventures dans les bois sans être accompagné, et même si tu penses que tu sais ce que tu fais. Seth, tu te conduis parfois comme su tu pensais que grandir signifie que les règles ne s'appliquent plus. C'est le contraire : grandir consiste en grande partie à apprendre à se contrôler. Travaille là-dessus, et nous pourrons reparler de tes droits.
_Est-ce que je peux gagner de points pour bonne conduite ?
Grand-Père haussa les épaules.
_On ne sait jamais ce qui peut arriver lorsqu'un miracle se produit.

«Kendra espérait qu'il avait raison. Elle ne put s'empêcher de se rappeler que seule une personne et demie sur trois qui était rentrées dans cette chambre forte la dernière fois en était ressortie.»

Un seul objet reposait dans le coffre,une sphère dorée d'environ trente centimètres de diamètre. Sa surface polie présentait plusieurs boutons. Seth ne voyait pas du tout à quoi servait cet appareil.
Il sortit la sphère du coffre, la trouvant plus lourde qu'elle n'en avait l'air. Il faisait froid dans la pièce lorsqu'il était entré, mais à présent, la température tombait rapidement. A quelle distance se trouvait l'apparition ? Peut-être était-elle juste derrière la porte.
Seth se précipita vers une fenêtre et ouvrit vivement les volets. Il n'y avait pas de toit sous la fenêtre, juste un abîme de deux étages. Désespéré, Seth se mit à presser les boutons de la sphère.
Soudain, il ne fut plus seul dans la pièce.
Un grand homme portant une moustache apparut devant lui. Il avait une chemise blanche au manches roulées, un pantalon gris avec des bretelles et des bottes noires. Il était assez jeune et bien bâti. Seth le reconnut aussitôt d'après ses photographies: c'était Paton Burgess.

- Seth ! cria-t-elle.
- Kendra ? fit-il en s'arrêtant net.
- Tu n'es pas mort !
- Bien sur que si. Je suis un fantôme. J'ai été renvoyé sur terre avec gun avertissement.
Kendra ne pouvait cesser de sourire.
- Je pensait que je ne t'entendrais plus jamais raconter des idioties !
- Qui d'autre est avec toi ?
- Juste Mendigot et Warren. Viens, entre vite.
- Mendigo ? Et puis quoi encore ? fit Seth en continuant vers le cottage d'un pas nonchalant.
- Je suis sérieuse. Entre. Des choses graves sont arrivées
- Je suis sérieux aussi, dit-il. Muriel m'a appelé de sa tombe pour me confier un télégramme en chanson.

- À ton avis, il faut attendre combien de temps ?
- Plus longtemps que tu ne le penses, répondit Kendra. La pendule indique 10 h 47. Je propose d'attendre une heure avant de monter, par sécurité.
- Dans ce cas, je vais me faire un sandwich.
- Pas question, dit fermement Kendra.
- Tout ce que j'ai mangé depuis deux jours, c'est de la pulpe de cocon, se plaignit Seth.
- Tu as mangé des biscuits chez Warren.
- Oui, des biscuits. Je n'avais pas faim à ce point-là, alors. Maintenant, j'ai l'impression que mon estomac se digère lui-même.
- S'ils t'entendent farfouiller, on risque de mourir. Je te conseille d'attendre.
- Et si ils nous attrapent ? demanda Seth. On sera condamnés à manger du glop ! Tu as sentis ce truc ?
- Si on est pris, ce ne sera pas notre plus gros problème.
- Je te paris que je pourrais me faire un sandwich en faisant dix fois moins de bruit que toi quand tu chuchotes.
- Tu essaie de me mettre en colère ?
- Tu essaie de me faire mourir de faim ?
- C'est d'accord, accorda Kendra. Vas te faire un sandwich. On a une heure. Tu peux peut être aussi faire cuire des petits gâteaux tant que tu y es.
- J'ai une meilleur idée. Je vais nous préparer des laits frappés avec plein de glaçon. Dans le mixer.
- Ça ne m'étonnerais pas de toi.
- Tu sais quoi ? Tu as gagné, Kendra. Je vais rester ici à mourir de faim.
- D'accord. Mais meurt en silence.