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Citations de C Pam Zhang (26)


C Pam Zhang
J'ai fumé et rougi et envisagé de dire que ce qui était drôle, c'est que lui et des milliers d'autres venaient d'arriver l'année passée pour ravager cette terre, et que maintenant ils se l'appropriaient, alors que c'était ma terre et la terre de Billy, et la terre des Indiens, et la terre des tigres et des bisons qui était en train de brûler. A cet instant, le mot de ta Ma s'est allumé dans ma tête : Justice. J'ai souhaité une bonne nuit à l'homme.
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Comme des milliers d'autres, il a cru que l'herbe jaune de cette région, ses reflets d'or au soleil promettaient des richesses plus étincelantes encore. Mais aucun de ceux qui sont venus creuser l'ouest n'a envisagé la soif inextinguible de cette terre.
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Un jour qu'elles chevauchent, tout à coup la lumière disparaît à moitié. Elles lèvent les yeux à travers la pénombre. Il est là. Comme si un pan des collines avait bougé, s'était rapproché. L'une ou l'autre respire-t-elle ? Même le vent s'arrête. Vieille créature avec sa fourrure devenue blonde aux extrémités, corps brun frangé d'or. Ses sabots sont plus larges que la main de Lucy. Elle lève la sienne pour comparer. La maintient en l'air pour saluer. Puis le bison bouge, lâche son doux souffle d'herbe, et son poil effleure la paume de Lucy. A ses côtés, Sam lève aussi une main. Le bison passe et repart se fondre dans les collines qui ont sa couleur et sa forme. Je croyais qu'ils étaient tous morts. Moi aussi.
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Voilà ce qu'elles trouvent au crépuscule dans le bosquet :
Un feu mourant.
Un cheval attaché à un pieu.
Un homme mort à moitié enterré sous des feuilles.
Pas de puanteur encore, bien que des mouches bourdonnent autour de sa barbe. Il est emmitouflé dans un manteau fait de plusieurs peaux, comme quelque créature sortie d'un conte. C'est l'heure du chacal, quand les contours s'estompent et que la frontière se brouille entre le réel et l'irréel.
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Le squelette du bison dépasse de l'herbe comme une grande île blanche. Autour de lui, le silence s'accroît. La respiration de Sam est secouée d'un hoquet, proche du sanglot.
Les orbites scintillent, un jeu d'ombres. Sam pourrait marcher dans la cage thoracique intacte sans se baisser.
Lucy imagine les os habillés de poils et de chair, l'animal debout. Ba prétendait que ces géants parcouraient jadis les collines, et les montagnes, et les plaines au-delà. Trois fois plus grands que n'importe quel homme, et néanmoins d'une douceur inimaginable. Un fleuve constant de bisons, disait Ba. Lucy laisse cette image ancienne l'inonder.
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Puis vient la nuit où Nellie manque de s'évader.
Lucy ne saura jamais exactement comment, mais elle aime à penser que ç'a commencé comme la plupart des évasions : au cœur de la nuit. Ce qu'on appelle encore l'heure du loup. Des décennies auparavant, avant que les bisons soient massacrés et que meurent aussi les tigres qui s'en nourrissaient, un cheval solitaire, dans ces collines, eût frémi de peur face aux carnivores venus saliver. Bien qu'il n'y ait pas de tigres, Nellie tremble comme ses ancêtres. Elle est plus intelligente que la plupart des gens, disait son maître. Elle sait qu'il est des objets à craindre pires que n'importe quelle menace vivante. L'objet sanglé sur son dos, par exemple, cette chose morte dont elle ne peut se débarrasser. Nellie attend que les étoiles regardent à travers leur judas dans le ciel et que les eux dormeuses ne bougent plus. Puis elle se met à creuser.
Nellie creuse pendent les heures du loup, du serpent, du hibou, de la chauve-souris, de la taupe, du moineau. A l'heure où les vers de terre s'agitent dans leurs trous, Lucy et Sam sont réveillées par les coups de sabot de Nellie contre le piquet.
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Le soleil les vide. Milieu de la saison sèche, la pluie désormais lointain souvenir. Leur vallée n'est que terre nue, coupée en deux par un tortillon de ruisseau. De ce côté sont les pauvres cahutes des mineurs, de l'autre les bâtiments des riches avec de vrais murs, des fenêtres en verre. Tout autour, qui encerclent, les collines infinies dorées par la chaleur ; et cachés parmi les hautes herbes desséchées, les campements disparates des prospecteurs et les Indiens, les groupes de vaqueros, de voyageurs, de hors-la-loi, et la mine, et d'autres mines, et plus loin, et plus loin.
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Trop souvent, la vérité ne se trouve pas dans ce qui est juste, ma petite Lucy ; parfois elle est chez celui qui la dit, ou l'écrit. Les sbires avaient des fusils, et je les ai laissé parler.
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Il était une fois où ces collines étaient désolées. Et ce n'étaient pas encore des collines. C'étaient des plaines. Pas de soleil, uniquement de la glace. Rien ne poussait, jusqu'à l'arrivée des bisons. Certains disent qu'ils ont franchi un pont de terre par-dessus l'océan de l'Ouest, et que le pont s'est effondré sous leur poids.
Les sabots des bisons ont labouré la terre, et leur souffle l'a réchauffée, et dans leurs gueules ils transportaient des graines, et dans leurs peaux des nids d'oiseaux. Leurs sabots ont creusé des rigoles pour retenir les rivières, leurs souilles ont fait des vallées. Ils se sont répandus à l'Est, au Sud, par les montagnes, les plaines et les forêts. A travers tout les territoires, si bien qu'il fut un temps où ils parcouraient presque chaque arpent de ce pays, plus grand à chaque nouvelle génération, s'étirant jusqu'à emplir le ciel pur.
Et puis, bien après les Indiens, sont arrivés des hommes nouveaux, venus d'une autre direction. Ces hommes semaient des balles à la place des graines. Ils étaient chétifs et pourtant ils ont repoussé les bisons, toujours plus loin, jusqu'à ce que le dernier troupeau se retrouve encerclé dans une vallée près d'ici. Une jolie vallée, traversée par une rivière profonde. Les hommes voulaient capturer les bisons plutôt que les tuer. Ils voulaient les apprivoiser, et les mêler à leur bétail. Les rapetisser.
Mais, au lever du soleil, les hommes ont vu que les collines avaient grandi pendant la nuit.
Ces collines étaient les corps de mille milliers de bisons morts qui avaient marché dans la rivière et s'étaient noyés. Les collines sentaient si mauvais que les hommes ont dû partir. Même après que les oiseaux ont nettoyé les bisons, la rivière n'a plus jamais coulé, et ce qui a repoussé entre les os n'était plus la même herbe verte. Elle était jaune, maudite, sèche. Impropre à la culture. Personne ne pourra habiter ces collines comme il convient tant que les bisons n'auront pas décidé de revenir.
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Des bouts d'os de bisons, elles en ont vu le long de la piste, mais jamais en entier. Au fil des ans, les voyageurs ont brandi maillets et couteaux, ennui et besoin, prenant ce qui était facile à trouver pour faire du feu, ou des piquets de tentes, ou pour sculpter à leurs heures perdues. Ce squelette-là n'a pas été touché. Les orbites scintillent - un jeu d'ombres. Sam pourrait marcher dans la cage thoracique intacte sans se baisser.
Lucy imagine les os habillés de poils et de chair, l'animal debout. Ba prétendait que ces géants parcouraient jadis les collines, et les montagnes, et les plaines au-delà. Trois fois plus grands que n'importe quel homme, et néanmoins d'une douceur inimaginable. Un fleuve constant de bisons, disait Ba. Lucy laisse cette image ancienne l'inonder.
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Mort, la mort, est mort.
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"- N'est-on pas tous de passage ? Cet endroit n'appartient à aucun de nous autres voyageurs."
Sam se crispe. Lucy s'attend à l'entendre rétorquer, Notre pays. Au lieu de quoi, Sam dit : "C'est vrai. Il appartient aux bisons."
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Qu'est-ce qui fait un homme ? Elles font basculer la malle. est-ce un visage à montrer au monde ? Des mains et des doigts pour le façonner ? Deux jambes pour le parcourir ? Un cœur qui bat, des dents et une langue qui chantent ? A Ba, il ne reste plus grand chose de tout cela. Il lui manque même la forme d'un homme. Il a la forme de la malle comme le ragoût celle de la casserole
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Tout ce qui comptait, ma petite Lucy, c'est qu'il fut un temps où ta ma n'avait d'yeux que pour moi.
J'ai oublié plein de choses de ma vie : le visage de Billy, la couleur des pavots, comment dormir paisiblement pour ne pas se réveiller avec les poings serrés et déjà une douleur dans les épaules, le mot pour dire l'odeur de la terre après la pluie, le goût de l'eau propre. Et il y a d'autres choses que j'oublie dans la mort : quand je balançais mon poing et que je sentais les phalanges craquer, la boue qui clapotait entre mes doigts de pied, ce que ça faisait d'avoir des doigts, des orteils, et la faim. Je pense qu'un jour viendra où j'oublierai tout de moi, après que Sam et toi m'aurez enterré - non pas seulement mon corps, mais le peu de moi qui est dans votre sang et votre langage. Mais. Même si un jour je ne suis plus qu'un vent errant dans ces collines, je pense que ce vent se souviendra encore d'une chose et la chuchotera à tous les brins d'herbe : ce que je ressentais quand ta ma ne regardait que moi. C'était si puissant qu'un homme plus faible aurait pu s'en effrayer.
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Si Lucy était assez rapide, les poings de Ba l'effleuraient à peine.
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Puisque Ba meurt dans la nuit, il leur faut trouver deux dollars d'argent.
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Sam s'approche du lac salé en courant. Le soir c'est comme si une grande lune blanche était tombée par terre, en laissant dans le ciel une plus petite qui s'élève, faiblarde.
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Parce que cette contrée est une contrée de choses disparues. Une contrée dépouillée de son or, de ses rivières, de ses bisons, de ses tigres, des ses chacals, de ses oiseaux, de sa verdure et de sa vie.
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Le soleil brûle ; l'eau abandonne Lucy a une vitesse stupéfiante. Où est-elle passée, toute cette eau perdue ? Un lac peut-il sans enterrement digne de ce nom, devenir un fantôme ? Un lieu peut-il se souvenir , et souffrir et fulminer contre ce qui le fait souffrir ? Elle pense que c'est possible. Elle pense : Pas moi je ne t'ai pas fait souffrir. Aide-moi.
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Ba serre les poings. Les hommes derrière lui se rapprochent ,commencent à hurler. Tu ne sais pas compter, mon gars ? Dis plutôt que tu n'y vois rien. Pas avec ces yeux là ! Quelqu'un dit : Autant essayer de faire entrer une vache dans un citron.
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