AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Camara Laye (59)


Femme noire, femme africaine,
Ô toi ma mère, je pense à toi...
Ô Daman, ô ma Mère,
Toi qui me portas sur le dos,
Toi qui m'allaitas, toi que gouvernas mes premiers pas,
Toi qui la première m'ouvris les yeux aux prodiges de la terre,
Je pense à toi.

Ô toi Daman, Ô ma mère,
Toi qui essuyas mes larmes,
Toi qui me réjouissais le cœur,
Toi qui, patiemment, supportais mes caprices,
Comme j'aimerais encore être près de toi,
Etre enfant près de toi !

Femme simple, femme de la résignation,
Ô toi ma mère, je pense à toi.
Ô Daman, Daman de la grande famille des forgerons,
Ma pensée toujours se tourne vers toi,
La tienne à chaque pas m'accompagne,
Ô Daman, ma mère,
Comme j'aimerais encore être dans ta chaleur,
Etre enfant près de toi...

Femme noire, femme africaine,
Ô toi ma mère,
Merci, merci pour tout ce que tu fis pour moi,
Ton fils si loin, si près de toi.
Commenter  J’apprécie          7774
En décembre, tout est en fleur et tout sent bon; tout est jeune; le printemps semble s'unir à l'été, et la campagne, longtemps gorgée d'eau, longtemps accablée de nuées maussades, partout prend sa revanche, éclate; jamais le ciel n'est plus clair, plus resplendissant; les oiseaux chantent, ils sont ivres; la joie est partout, partout elle explose et dans chaque coeur retentit.
Commenter  J’apprécie          3691
A la nuit tombante, mon oncle Lansana rentrait des champs. Il m’accueillait à sa manière, qui était timide. Il parlait peu. A travailler dans les champs à la longueur de la journée, on devient facilement silencieux; on remue toutes sortes de pensées, on en fait le tour et interminablement on recommence, car les pensées ne se laissent jamais tout à fait pénétrer; ce mutisme des choses, des raisons profondes des choses, conduit au silence; mais il suffit que ces choses aient été évoquées et leur impénétrabilité reconnue, il en demeure un reflet dans les yeux: le regard de mon oncle Lansana était singulièrement perçant, lorsqu’il se posait; de fait, il se posait peu: il demeurait tout fixé sur ce rêve intérieur poursuivi sans fin sans les champs.
Commenter  J’apprécie          2610
Nos hommes politiques d'aujourd'hui, à l'exception de quelques-uns, sont-ils de grands hommes? C'est douteux: ils font de la politique une entreprise sanglante. Ils affament nos peuples, exilent nos cadres, sèment la mort!
Commenter  J’apprécie          1660
C'est cette année-là, cette première année-là puisque la précédente ne comptait plus, que je nouai amitié avec Marie.
Quand il m'arrive de penser à cette amitié, et j'y pense souvent, j'y rêve souvent - j'y rêve toujours ! -, il me semble qu'il n'y eu rien, dans le cours de ces années, qui la surpassât, rien, dans ces année d'exil, qui me tint le coeur plus au chaud. Et ce n'était pas, je l'ai dit, que je manquais d'affection ; mes tantes, mes oncles me portèrent alors une entière affection ; mais j'étais dans cet âge où le coeur n'est satisfait qu'il n'ait trouvé un objet à chérir et ou il ne tolère de l'inventer qu'en l'absence de toute contrainte, hormis la sienne, plus puissante, plus impérieuse que toutes. Mais n'est-on pas toujours un peu dans cet âge, n'est-on pas toujours un peu dévoré par cette fringale? Oui, a-t-on jamais le coeur vraiment paisible.

164 – [Press Pocket n° 1249, p.182]
Commenter  J’apprécie          1340
- Chaque matin, avant d'entrer en classe, tu prendras une petite gorgée de cette bouteille.
- Est-ce l'eau destinée à développer l'intelligence ? dis-je.
- Celle-là même ! Et il n'en peut exister de plus efficace : elle vient de Kankan !
J'avais déjà bu de cette eau : mon professeur m'en avait fait boire, quand j'avais passé mon certificat d'études. C'est une eau magique qui a nombre de pouvoirs et en particulier celui de développer le cerveau.
Commenter  J’apprécie          1111
" la coutume ressortit à une foncière indépendance, à une fierté innée ; on ne brime que celui qui veut bien se laisser brimer, et les femmes se laissent très peu brimer"
Commenter  J’apprécie          1111
« Il fallait que le désir d’apprendre fût chevillé au corps, pour résister à semblable traitement. » (p. 85)
Commenter  J’apprécie          920
Si quelqu'un fait semblant de pourrir, il faut faire semblant de l'enterrer...
Commenter  J’apprécie          710
« Des hommes ! Oui, nous étions enfin des hommes, mais le prix en était élevé ! » (p. 142)
Commenter  J’apprécie          680
Dans la société où je me trouvais, société ultra-moderne, où tout repose sur le capital, si l'ambition et l'intelligence ne s'appuient pas sur lui, elles s'effritent peu à peu et tournent finalement au néant.
Commenter  J’apprécie          631
Ma mère était née immédiatemment après mes oncles jumeaux de Tindican. Or on dit des jumeaux qu'ils naissent plus subtils que les autres enfants et quasiment sorciers; et quant à l'enfant qui les suit et qui reçoit le nom de « sayon », c'est-à-dire de « puinè des jumeaux », il est, lui aussi, doué du don de sorcellerie; et même on le tient pour plus redoutable encore, pour plus mystérieux encore que les jumeaux, auprès desquels il joue un rôle fort important : ainsi s'il arrive aux jumeaux de ne pas s'accorder, c'est a son autorité qu'on recourra pour les départager; au vrai, on lui attribue une sagesse suppérieure à celle des jumeaux, un rang supérieur; et il en va de soi que ses interventions sont toujours, sont forcément délicates.
C'est notre coutume que les jumeaux doivent s'accorder sur tout et qu'ils ont droit à une égalité plus stricte que les autres enfants : on ne donne rien à l'un qu'il ne faille obligatoirement et aussitôt donner à l'autre. C'est une obligation qu'il est préférable de ne pas prendre à la lègère : y contrevient-on, les jumeaux ressentent également l'injure, réglent la chose entre eux et, le cas échéant, jettent un sort sur qui leur a manqué. S'élève-t-il entre eux quelque contestation - l'un, par exemple, a-t-il formé projet que l'autre juge insencé - ils en appellent à leur puiné et se range docilement à sa décision.

784 - [Press Pocket n° 1249, p. 75]
Commenter  J’apprécie          590
« Toujours, je l’ai vu intransigeant dans son respect des rites. » (p. 33)
Commenter  J’apprécie          580
Chez nous, on ne parle guère des défunts qu'on a beaucoup aimés ; on a le cœur trop lourd sitôt qu'on évoque leur souvenir.
Commenter  J’apprécie          510
Le plus souvent on imagine dérisoire le rôle de la femme africaine, et il est des contrées en vérité où il est insignifiant, mais l'Afrique est grande, aussi diverse que grande.Chez nous, la coutume ressortit à une foncière indépendance, à une fierté innée ; on ne brime que celui qui veut bien se laisser brimer, et les femmes se laissent très peu brimer.
Commenter  J’apprécie          340
J'étais enfant et je jouais près de la case de mon père . Quel
âge avais-je en ces temps-là ? Je ne me rappelle pas exactement . Je devais être très jeune encore :cinq ans , six
ans peut-être .Ma mère était dans l'atelier ,près de mon père ,et leurs voix me parvenaient ,rassurantes, tranquilles ,
mêlées à celles des clients de la forge et au bruit de l'enclume .
Commenter  J’apprécie          300
Pas une seconde je ne mets en doute la présence du monstre. Qui pourrait rassembler, certaines nuits, une troupe aussi nombreuse, mener pareil sabbat, sinon Kondén Diara ?
"Lui seul, me dis-je, lui seul peut ainsi commander aux lions. Eloigne-toi, Kondén Diara ! Eloigne toi ! retourne dans la brousse !..."
Mais Kondén Diara continue son sabbat, et parfois il me semble qu'il rugit au-dessus de ma tête même, à mes oreilles même.
"Eloigne-toi, je te prix, Kondén Diara !..."
Commenter  J’apprécie          280
Le plus souvent on imagine dérisoire le rôle de la femme africaine, et il est des contrées en vérité où il est insignifiant, mais l’Afrique est grande, aussi diverse que grande. Chez nous, la coutume ressortit à une foncière indépendance, à une fierté innée ; on ne brime que celui qui veut bien se laisser brimer, et les femmes se laissent très peu brimer. Mon père., lui, ne songeait à brimer personne, ma mère moins que personne ; il avait grand respect pour elle, nos voisins aussi, nos amis aussi. Cela tenait, je crois bien, à la personne même de ma mère, qui en imposait ; cela tenait encore aux pouvoirs qu’elle détenait.
Commenter  J’apprécie          190
La coutume ressortit à une foncière indépendance, à une fierté innée ; on ne brime que celui qui veut bien se laisser brimer, et les femmes se laissent très peu brime.
Commenter  J’apprécie          180
Le griot s'installait, préludait sur sa cora, qui est notre harpe, et commençait à chanter les louanges de mon père. Pour moi, ce chant était toujours un grand moment. J'entendais rappeler les hauts faits des ancêtres de mon père, et ces ancêtres eux-mêmes dans l'ordre du temps; à mesure que les couplets se dévidaient, c'était comme un grand arbre généalogique qui se dressait, qui poussait ses branches ici et là, qui s'étalait avec ses cent rameaux et ramilles devant mon esprit. La harpe soutenant cette vaste nomenclature, la truffait et la coupait de notes tantôt sourdes, tantôt aigrelettes.

Où le griot puisait-il tout ce savoir ? Dans une mémoire particulièrement exercée assurément, particulièrement nourrie par ses prédesseurs, et qui est fondement de notre tradition orale.

785 - [Press-Pocket n° 1249, p. 25]
Commenter  J’apprécie          170



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Camara Laye (1491)Voir plus

Quiz Voir plus

Autobiographies de l'enfance

C’est un roman autobiographique publié en 1894 par Jules Renard, qui raconte l'enfance et les déboires d'un garçon roux mal aimé.

Confession d’un enfant du siècle
La mare au diable
Poil de Carotte

12 questions
48 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..