Citations de Carina Rozenfeld (230)
Elle reporta ses pensées sur ce qu'elle était en train de faire, et écouta la pluie qui tombait. Le rythme de ses coups sur la vitre. Ticatac. Ticatac. Tac, tac. Le tintement des gouttes rebondissant sur le cadre de la fenêtre. Tsing. Tsing. Elle se surprit à sourire. Wilrick pouvait prêcher tant qu'il le voulait, la musique était là, partout, si on voulait l'entendre. Et cela, même Braden et son titre tout-puissant ne pourraient le lui enlever.
" "Zec se pencha en avant.son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Il avait attendu ce moment si longtemps. Dans sa bêtise ,il avait failli le gâcher,l'empêcher d'arriver un jour. Mais, finalement, la vie était plus forte que tout. Elle apaisait les douleurs,refermait les blessures et permettait au meilleur de rejaillir..."
Et dans toute cette houle, un seul point d’ancrage : les yeux d’Eidan dans les miens. Comme s’il chantait pour moi, que j’étais seule dans la pièce.
Jouer avec Eidan aujourd’hui, c’était comme fusionner, devenir un seul être, voler sur la cime de la mélodie, donner corps à notre amour. Un accord majeur parfait.
Je me tournai vers l’arrière de son coupé.
-Il n’y aura pas de place pour caser mon violoncelle dans ta voiture.
Il se pencha encore, mais cette fois ses lèvres effleurèrent ma joue, tout près de mon oreille. Un long frisson parcourut ma peau, hérissant tous les petits poils dans mon dos, sur ma nuque.
-J’en ai une autre. Une grosse. Je suis certain qu’elle te satisfera.
Il se recula, un sourire narquois aux lèvres.
Mon ventre s’était noué à ces mots et je me sentis devenir encore plus pivoine que tout à l’heure, si c’était possible. Je détestais ce type. D’un geste rageur, je fourrai les partitions dans ma poche et ouvris la portière. Une bourrasque de vent souleva mes cheveux, les entortilla, ils claquèrent sur le visage d’Eidan qui en attrapa une mèche et la caressa entre ses longs doigts fins. Pendant un dixième de seconde, ses yeux parurent devenir tout noirs. Pas de blanc, de l’obscurité partout.
Zec appela son ami,malgré l'heure,Louis décrocha tout de suite:
-Alors ton rencart avec Eden?9a c'est bien passé?Tu as assuré?
-Ça dépend ce que tu appelles assurer.
-Chais pas moi,tu l'as embrasée?
-je lui est sauvée la vie aprés que l'Avaleur de Mondes a tenté de nous tuer.Est-ce que ça rentre dans tes critères?
Il ne voulait surtout pas imaginer ce qui se produirait le jour où ses proches découvriraient qui il était réellement.
Tous ces mondes... Ils sont tellement classiques. Tu vois, je pense à tous ces créateurs qui ont eu ce pouvoir incroyable de modeler des univers entiers à partir de rien ! Et ils de sont contentés de reproduire ce qu'ils connaissaient déjà. Rome, une plage, l'océan, une ville... Quoi de nouveau ? Ce ne sont que des déformations ou des projections de ce que l'on connait déjà...
Retourner au laboratoire sans son corps, sans pouvoir agir, toucher, parler, interroger ne lui serait d'aucune utilité. Sa décision était prise : dès qu'il pourrait il s'enfuir ait loin d'ici.
Était-ce cela, devenir humaine? Connaître le doute, l'indécision?
L'amour n'est pas une valeur sûre ou éternelle. C'est quelque chose de fluctuant. Et il arrive que les sentiments disparaissent sans qu'il y ait une explication rationnelle. Et parfois ils reviennent. Souvent, ils s'enfuient définitivement.
- On ne peut pas empêcher l'océan de chanter, ma chérie. On pourra nous bâillonner tant qu'on voudra, les abysses continueront à fredonner, leur symphonie retentira toujours pour ceux qui veulent bien l'entendre...
La mélodie était alors devenue plus grave, plus triste. Un regret, une nostalgie qui avait pris Aby aux tripes. Quelque chose vivait là-dessous, quelque chose qui avait le droit de chanter, de faire de la musique, sans frontière, sans limite. Quelque chose qui l'attendait, elle, Abrielle.
Il avait relié mes grains de beauté entre eux par un trait de marqueur. Et le dessin formé représentait une sorte de symbole : « æ ».
Sand laissa passer un silence, cherchant ses mots. Comment exprimer ce qu’il avait au fond du cœur, comment lui faire comprendre que l’amour qu’il ressentait à son égard n’avait jamais été une question de physique ? Quand ils étaient Neutres, ils étaient laids, l’un et l’autre, et pourtant ils s’aimaient. Et quand ils avaient eu peur que leur choix au moment de l’Injection change quelque chose entre eux, c’était pour leurs âmes, pour ce qu’ils étaient au fond d’eux-mêmes et qui les rendait beaux à leurs yeux.
Il savait qu’il ne pouvait pas vivre sans elle. Elle ne pouvait pas mourir sans lui.
- Ézéchiel, je pense en effet que tu es en âge de voler de tes propres ailes.
Le jeune homme failli éclater de rire. Son père ne croyait pas si bien dire !
Zec avait très peur de l'échec. Il craignait d'avoir sur la conscience le poids des âmes de personnes qui, dans leur long sommeil, comptaient sur lui pour reprendre le fil de leurs vies ; il trouvait ça angoissant, écrasant même.
Éden soupira et saisit la main de Zec, immense à côté de la sienne.
- Au moins, on aura essayé. L'échec, c'est quand on baisse les bras, qu'on abandonne.
-Qu'est-ce que t'as, Alex? T'as peur de fondre d'amour pour une Slibuth poilue?
Il ricane. J'ai envie d'écraser mon poing sur son nez en trompette. Au lieu de cela, je rougis de plus belle et ce que je craignais le plus se produit: je vois une lueur de compréhension s'allumer dans les yeux d'Olivier.
- Et nous avons perdu le chemin de l'amour, du partage...
- De tout, Sa, de tout. Ce monde qui nous façonne... il est tellement étroit, tellement... entouré de barrières qui nous brident à chaque instant de notre vie.
- Peu importe ce que tu seras, je t'aimerai toujours. Ton enveloppe extérieure n'est que cela, une enveloppe. Ce qui te définit c'est ce qu'il y a là...