Je n'arrive pas à comprendre pourquoi les Blancs sont si prompts à blâmer les Noirs. Peut être la peur en fait elle des coupables tout désignés ? Ainsi, ayant trouvé un bouc émissaire, les Blancs n'ont plus autant besoin de se flageller ou de chercher un coupable parmi eux. p341
Junk arrive et reste debout à écouter. Il est poli avec sa mère, pas comme moi avec la mienne. Je lui réponds avec insolence et lui dis tout ce que j'ai sur le coeur. Mais une pensée me vint alors : c'est vrai que je dis à Ida ce que je pense, mais je ne dis jamais ce que je ressens.
Les mères, avec leur force et leur faiblesse, transmettent tout. Elles apprennent à leurs filles, qui apprennent à leurs propres filles et ainsi de suite, un cortège de douleurs identiques.
Ils gémissent faiblement et bougent à peine. Quand je trie les petits corps, trois sont morts et les autres geignent comme des musareignes. Ils sont pitoyables et on leur voit les côtes tellemnt ils ont faim. Je creuse un trou dans la neige à la main et i enterre les cadavres, car je ne peux pas supporter l'idée des vautouts et des faucons. Puis j'enveloppe les autres dans la couverture en laine qui a l'odeur de leur mère. Chacun pèse moins qu'une cuillère en argent.
Je ne peux que continuer à conduire bien que je meure d'envie de sauter du camion et de le regarder emporter Ida à travers champs, jusque dans la rivière. Quelle dette avons-nous donc à payer pour ainsi croire que nous devons nous occuper des vieux?